"Pour un développement humain, intégral, solidaire et participatif, en harmonie avec le vivant"

 
 
 
 
 
 
 
 

Rencontres sur le terrain (FR)

ATEDD continue dans l’attente de reprendre tout son essor...

ATEDD continue dans l’attente de reprendre tout son essor...  

 

Le Secrétariat international du RIEH vient d'adresser à l'AFD une note d'intention en vue d'obtenir un financement pour la poursuite de l'action territoriale au Kivu. Cette requête est portée à la fois par les organisations RDCongolaises membres du RIEH et par les autorités locales coutumières. Une réunion de travail est organsiée avec l'AFD le 28 février prochain.
 

 

Delphin portrait

BAENI KABIONA Delphin 

Delphin a 36 ans, marié et père de 3 enfants. 
Licencié en Développement Rural depuis 2010 à l'Institut Supérieur de Développement Rural de Grand Lacs ISDR/GL, il habite en République Démocratique du Congo dans la Province du Nord Kivu, Ville de Goma, Commune de Karisimbi.
Il a été Nommé superviseur de l’Axe  MINOVA – BWEREMANA dans le cadre du Projet ATEDD, pour le compte de la Fondation MATENDO.
 

 

Depuis la fin de la convention avec le FID l’Action territoriale au Kivu ne bénéficie plus de moyens spécifiques, mais repose sur l’engagement volontaire de la population et des autorités locales, ainsi que sur celui des organisations membres du consortium. Or le contexte au cours de l’année 2023 et dans ces premiers mois de 2024 s’est encore dégradé avec à la fois des inondations catastrophiques ayant provoqué des centaines de morts et un afflux massif de personnes déplacées.

Malgré tout, les actions continuent. 

Le secrétariat international du RIEH a interrogé à ce propos Delphin qui au nom de la Fondation Matendo et de CADRE continue d’animer l’action territoriale à Minova et Bweremana.

 

Image1

Image2

Entretien et curage des rivières à Minova et Bweremana
Image3
Les arbres plantés le long de la routé National 2
Image4Exemple d'arbres plantés dans les parcelles à Bweremana et Minova
Image7Exemple d'arbres plantés en limite de champ à Minova et Bweremana.

 

 

Bonjour Delphin, peux-tu nous informer de la situation sur le terrain ?

Du côté tant de Minova que de Bweremana, les activités du projet ATEDD à travers les engagements signés par les structures pour accompagner les actions, sont toujours visibles.  

 

Les comités de pilotage sont-ils actifs ?

Après la réunion de clôture du projet ATEDD, le terme « Comité de Pilotage » a changé. A Bweremana les actions des activités ATEDD sont maintenant suivies par le « Comité local de paix et de développement » accompagné par le « Conseil Agricole Rural ». Tandis qu’à Minova les actions d’ATEDD sont suivies par le « Comité local de développement ». Cela signifie que, comme le Consortium l’avait voulu, l’action est prise en charge par les institutions locales existantes.

 

Les populations continuent-elles à entretenir les rivières ?

A la question de savoir si la population continue à entretenir les rivières, du côté de Bweremana je réponds oui. Les Groupes locaux RIEH mis en place, tant à Bweremana qu’à Mweya par le projet ATEDD sont toujours actifs et interviennent régulièrement sur la rivière Mweya, chaque Jeudi de la semaine.

 

Côté Bweremana à travers les travaux communautaires (Salongo) de chaque samedi, le CLPD et OPED, une structure de la place qui s’était engagée dans le curage et l’entretien de la rivière Renga, initient des travaux communautaires sur la rivière Renga.

 

Pour Minova les activités de curage continuent normalement, à travers le CLD et le groupe des Jeunes Volontaires de Minova.

Malgré un découragement latent par manque de matériel, les Jeunes Volontaires ont tenu parole et restent engagés sur les travaux communautaires du samedi sur les rivières Kilalo et Mubimbi. D’ailleurs, quand vous viendrez, vous pourrez constater les actions effectuées toujours visibles et leurs travaux du samedi.

 

Est - ce que les arbres plantés lors du projet, grandissent ? 

Les arbres plantés le long de la routé National 2 et les routes de desserte agricole du côté de Bweremana et de Minova, grandissent normalement. Leur croissance est surveillée par chaque propriétaire du champ riverain, qui s’occupe de leur entretien.

 

Pour les arbres plantés dans les parcelles, le long des limites de champs, aux écoles et églises, ils sont suivis par les propriétaires qui avaient signé une fiche d’engagement dans lequel était transcrit le nombre de plantules cédées et l’engagement de faire le suivi et s’occuper de leur entretien.

 

Durant les réunions de sécurité et de développement, organisées par le Chef de la Chefferie de Bahunde, celui-ci ne manque jamais de demander des nouvelles, au CLPD et CARG, sur l’évolution des plantules données à la population par le projet ATEDD.

 

A Minova, on a malheureusement pu constater que lors de la construction de la route qui va de Kasengesi à Nyamukubi, l’Organisation de Construction et Réhabilitation (ICOPT) a détruit près de 2500 plantules que l’Organisation signataire APEVI asbl avait planté le long de la voie qui va de Chungiri jusqu’à Buganga, sur 4 km. Constat est fait qu’ICOPT ne respecte pas la distance imposée qui sépare la route des champs !

 

 

 

 

 

Est - ce que les populations continuent à entretenir les arbres ? est - ce que les arbres grandissent normalement ? dans quel proportion ?

Pendant la distribution des plantules chaque personne a signé une fiche d’engagement sur laquelle sont consignés le nombre de plantules données et l’engagement personnel du suivi de plantation.

 

Par leur adhésion au Consortium, les agronomes de la chefferie des Bahunde et Groupement Buzi ont comme rôle :

- d’assurer le suivi et d’appliquer cette mesure sur le principe « je coupe un arbre, j’en plante 10 »,
- de sensibiliser la population sur la protection des arbres contre les animaux en divagation,
- et l’assurance d’entretenir au jour le jour, une bonne croissance des arbres distribuées et plantées,

Tous ces points sont en cours d’organisation, par les CLPD et CLD.

 

Dans quelle mesure les actions se sont poursuivies après la fin des financements" ?

A Minova, ces actions, mises en place par le projet ATEDD, se poursuivent avec les CLD et les Jeunes Volontaires. A Bweremana, c’est le CLPD et CARG qui maintiennent les actions, avec l’appui et le suivi permanent de l’Animateur CADRE et de la Fondation Matendo, présents dans la zone.  

 

Quelles sont les actions qui se sont poursuivies ? comment ? et par qui ? 

Les actions qui sont poursuivies jusqu’aujourd’hui sont :

 

- L’entretien des rivières à travers les structures comme AJVMI, RIEH Mweya et les travaux communautaires organisés par l’état.

 

- La fabrication des foyers améliorés est assurée par l’organisation ADIC pour Minova qui encadre plus de 8 jeunes dans ce domaine, payés selon le nombre de foyers fabriqués et vendus et IJC côté Bweremana qui encadre plus de 12 jeunes, payés également selon la quantité produite.

.

 - Le suivi et l’entretien des plantules gérés par chaque personne qui se sont engagée, en signant la fiche d’engagement, à les protéger durant leur croissance, contrôlés et vérifié dans sa mise en application par le CLD et CLPD / CARG et ses agronomes.

 

Quelles sont les perspectives attendues ?

La perspective principale est de voir les plantules pousser et que les rivières ne débordent plus. Il nous faut toujours veiller à sensibiliser les organisations qui s’étaient engagées à continuer les actions mises en place par ATEDD. 

 

- Rester en contact permanent avec les structures locales qui avaient pris les engagements pour pérenniser les actions d’ATEDD.

 

- Acquérir la certitude que la population puisse s’approprier ces actions.

 

- Encourager les CLD, CLPD/CARG à faire des visites permanentes pour s’assurer de la continuité des activités.

 

 

Merci Delphin pour ce travail de terrain réalisé malgré la situation difficile que vous traversez. 

 

 

Pour la Fondation Matendo à Minova et CADRE à Bweremana

Delphin BAENI

Point Focal 

 

 

 

 

 
Mis à jour le 16/02/2024

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La COFAD, des femmes remarquables au Kivu...

La COFAD, des femmes remarquables au Kivu...  

 

Dans la région du Kivu en République démocratique du Congo, les femmes jouent un rôle important dans le développement et le changement social, économique et politique.

Certes, elles sont le plus souvent les principales victimes des conflits armés et de la violence sexuelle dans la région. Malgré cela,  ont les retrouvent en actrices clés dans la construction de la paix et de la réconciliation. Commerçantes, agricultrices ou entrepreneuses, elles comptent dans l'économie de la région et travaillent dur pour subvenir aux besoins de leur famille,  souvent les seules, en ces temps de conflits, à assurer la survie de leur foyer.

 

Solidaires pour se rendre visibles, les femmes de la COFAD se sont réunies en collectif pour soutenir les victimes de violence sexuelle, défendre les droits de l'homme et promouvoir l'éducation des filles.  

Les femmes de la COFAD sont en première ligne, mais nous sommes avec elles. Développons cette action !

 

 

 

Photo Famille 4 (2) Photo réunion de travail (1)

 

En République Démocratique du Congo, plus précisément dans la province  Sud-Kivu,  3000 femmes volontaires se sont regroupées dans une association : la COFAD dénomme COllecte des Femmes volontaires pour l’Assistance humanitaire et le Développement durable. Cette association, dont le conseil d’administration est composé des femmes, a été enregistrée et reconnue officiellement par l’inspection provinciale du développement rural du Sud-Kivu le 18 février 2015. Les bénéficiaires de ces actions sont des femmes vulnérables ayant la charge d’enfants en bas âge et ou qui ont été victimes de violences sexuelles.

 

Ces femmes fournissent un travail harassant et très mal rémunéré, elles sont même souvent victimes de violences au travail. Leur situation est particulièrement difficile au Sud-Kivu où la déforestation accentue l’érosion de terres, les pratiques agricoles sont inadaptées et une forte explosion démographique due à l’accueil de nombreux réfugiés fait que la population dépasse par endroit les 500 habitants au km2.

 

Un projet qui s’inscrit dans la dynamique de la COFAD est aujourd’hui proposé au groupement de la localité de MBINGA-NORD/KINIEIZIRE. Le projet ATEDD c’est à dire : Action Territoriale pour un Développement Durable. Celui-ci s’appuie sur la prise de conscience et l’engagement de la plus large partie possible de la population de façon à renforcer l’esprit de communauté qui seul peut permettre un changement  réel et durable au niveau local et national. C’est dans ce cadre que les femmes du Sud-Kivu vont inscrire leur action, elles vont s’engager pour améliorer la qualité de la vie et la solidarité sociale de façon à lutter contre les catastrophes les plus fréquentes : les crues des rivières, les glissements de terrain, et la pénibilité d’une agriculture sur des terrains accidentés et trop exploités.

 

Ceci crée un abandon de ces terres, il s’en suit une insécurité alimentaire importante : 92% des personnes interrogées déclarent que leur revenus ne leur permettent pas de manger à leur faim.  La COFAD les accompagne, en premier lieu, dans le processus de négociation des terres arables auprès des grands concessionnaires pour permettre à chacun d’y avoir accès.

De plus,  la COFAD bénéficie de finances grâce à des crédits, des subventions, des dons et  des legs provenant de sources publiques ou privées et d’organismes nationaux, internationaux et non gouvernementaux. Son projet est de jouer un rôle clé dans l’émergence économique de la femme en République Démocratique du Congo et d’améliorer ses conditions de vie.

Les 3000 Femmes volontaires se répartissent en 100 groupes solidaires des femmes dirigés par  des comités des femmes de voisinage et vont participer au plan d’action communautaire (PAC) en liaison avec des agronomes, des moniteurs agricoles et les autorités locale ;

De façon plus précise elles vont vulgariser les techniques de permaculture intégrée de l’agro-écologie.

 

Elles s’engagent fermement et souvent de façon écrite à respecter ce projet. Elles vont ainsi développer une agriculture restauratrice et rémunératrice.

 

Une agriculture restauratrice pour la nature tout d’abord puisqu’elles abandonnent la culture du café et du manioc, trop gourmandes en terres et qui favorisent la déforestation.  Une agriculture restauratrice aussi pour les familles car en se formant aux techniques d’installation de jardins familiaux, de germoirs, de compostes elles varient et accroissent leur production. En effet elles choisissent et achètent des outils adaptés, des semences maraichères, des plantules (oignons, aubergines, poivron, graines de courge, de salades) Elles créent également des petits élevages : cobayes, lapins, poules et chèvres dont les engrais naturels seront précieux également pour enrichir le sol. Tout ceci crée de meilleurs revenus et permet ainsi de mieux vaincre la faim et l’autonomisation de la femme rurale.

En effet, l’agriculture est la principale source des revenus de la femme rurale du Sud-Kivu mais les décideurs y mettent moins d’importance   et en conséquence la forte importation des denrées alimentaire avec de prix élevé qui justifie la faible consommation dans les ménages avec tous les risques de l’augmentation de cas de la mal nutrition et la faible scolarisation des enfants. Cette pauvreté crée non seulement l’exode rural mais aussi des vols et surtout la faible croissance chez les  enfants et donc une diminution des capacités intellectuelles.

 

D’autre part cette culture maraichère développée par la COFAD étant rémunératrice, la capacité d’épargne de chaque femme vulnérable est aussi renforcée grâce à la vente des produits maraichers. Cette agriculture est également plus économique dans l’utilisation des ressources agraires. En effet des moyens de cuissons nouveaux sont possibles grâce  à la fabrication de briquettes de charbon vert. Ce dernier   est produit par une carbonisation lente des déchets végétaux et ménagers. Il devient une excellente alternative au charbon de bois et permet ainsi de lutter contre le déboisement et le réchauffement climatique. Les tâches culinaires de femmes sont facilitées et ceci d’autant plus des formations pratiques sont organisées à leur  faveur.

 

L’alphabétisation des femmes leur permet en outre de s’occuper convenablement des micro-crédits proposés par la COFAD. Les femmes du Sud-Kivu affrontent et gèrent aussi les problèmes financiers grâce à l’ATEDD qui non seulement privilégie toutes les activités qui génèrent un revenu pour leurs opérateurs, mais les aide aussi à recourir correctement aux dispositifs d’épargne, aux crédits locaux et aux mutuelles de santé.

 

Conclusion : tout ce travail participatif permet aux femmes  de promouvoir une économie vraiment humaine. Celle-ci est humaine car elle est basée sur la confiance accordée à chacun pour organiser au mieux sa vie individuelle et ses rapports avec les autres. C’est cette solidarité qui donne tout son sens à l’engagement de chacun. Les femmes ont un rôle important à jouer à ce niveau, elles qui sont des animatrices essentielles dans leur propre famille. Cette attitude respectueuse envers les êtres humains, l’est aussi envers la nature, Celle-ci devient une amie. La place des femmes au Sud-Kivu n’est donc pas du tout marginale, ni traditionnelle, elles sont au contraire les piliers du changement.

 

Pour la COFAD asbl

 

« Aider la femme c’est aider toute une nation. »

 

Sylvine CHEKANABO MUHUNDO, Coordinatrice COFAD (Kiniezire, RDCongo)

et Chantal LEGRAND, Correspondante RIEH (Drôme, France)

 

 

Photo sacs de plantules (1)  Photo plantules  Photo paillage

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Mis à jour le 08/03/2023

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A Bushushu, la rivière Chishova a tout ravagé sur son passage... Diagnostic en temps réel

A Bushushu, la rivière Chishova a tout ravagé sur son passage... Diagnostic en temps réel  

 

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Dans la soirée du 2 décembre 2022 une nouvelle inondation catastrophique s’est produite dans un des sites d’intervention d’ATEDD, celui de Bushushu, le plus au sud, dans la province du Sud-Kivu. La rivière Chishova est sortie de son lit et a ravagé un quartier du sous-village de Nyamukubi. Comme Michel est dans la zone, il s’est rendu sur place le samedi 10. Voici le rapport qu’il a adressé aux membres du Consortium et à l’équipe projet.

 

 

guillemets vert dégradés

 

Je me suis rendu à Nyamukubi cet après-midi avec Freddy, un membre de GEV[i].  J'ai été reçu par le chef de village de Bushushu qui a fait venir le chef du sous-village de Nyamukubi ainsi que le Président  et plusieurs membres de l'Association des riverains. Nous nous sommes ensuite rendus sur le site avec un petit attroupement.

Les dégâts sont considérables. Le nombre de pertes humaines ne cesse d'augmenter. Le chef de village en compte provisoirement 7. Des personnes qui étaient dans leur maison et qui sont portées disparues. C'est tout un quartier qui a été subitement envahi par des flots boueux charriant des pierres et des gros morceaux d'arbres. 13 maisons ont été détruites, 280 endommagées. L’eau a envahi les maisons emportant les ustensiles de cuisine et les meubles. Une école a été dévastée et il est impossible d’y faire cours. Voir les photos.

Première remarque: il n'y a aucun reproche formulé à l'encontre d'ATEDD. Au contraire, la création de l'Association des riverains, une initiative d'ATEDD, est considérée comme très importante. C'est significatif que le chef les ait immédiatement invités. Avant, pendant et après l'événement les membres du comité d'animation de cette association se sont comportés comme des responsables.

Seconde considération: la visite sur place est très appréciée. Celle de Jean-Pierre[ii] d'abord, la mienne ensuite. Celle dès le lendemain de la catastrophe d'Eric Bisonga n'est pas citée. Eric n'est pas encore perçu comme représentant d'ATEDD. Cela viendra. Retenons cela pour l'avenir. Tâchons qu'un responsable perçu comme de haut niveau se rende le plus vite possible sur les lieux.

J'ai cherché à savoir comment l'alerte a été donnée, car elle a été donnée. La grande majorité des gens se sont enfuis à temps. Tous disent que si la crue était arrivée pendant la nuit, ç'aurait été un massacre. J'ai essayé de poser des questions sur le déroulement précis des événements, mais il y a le problème de langue et de temps. Mais c'est, à mon sens, indispensable de faire une enquête très minutieuse, au sens littéral, minute par minute. Quand exactement l'alerte a-t-elle été donnée? sur la base de quels signes? par qui et à qui? où les gens se sont-ils réfugiés? Sur la base de ces faits, on peut déterminer quelles dispositions prendre la prochaine fois. Le dispositif d'alerte[iii] ne doit pas être créé de toutes pièces. Il faut partir de l'existant et l'améliorer. Un des points importants est que la pluie sur le village n'était pas si forte. C'est plus haut qu'elle a été diluvienne.

Je ne reviens pas sur les causes structurelles qui font que la rivière grossit brusquement. C'est le travail d'ATEDD depuis des mois de faire cette analyse avec les habitants et avec les études techniques. Et de mettre en place des actions structurelles. Avec un tel événement, ce qu'il faut analyser c'est pourquoi quand ce flot s’accroît brusquement, la rivière sort de son lit et se crée un passage anarchique. Tout en m'étant rendu sur place, je n'ai pas les compétences pour faire une analyse précise. J'aurais tendance à partager ce que disent les membres du comité de l'association des riverains. Il y a un passage juste en amont du village où le lit de la rivière est très peu profond et c'est là que les flots débordent. Ce peut être aussi parce qu'à certains passages étroits les grosses pierres qui descendent se bloquent sur des obstacles et deviennent elles-mêmes un barrage que la rivière contourne. Ma conclusion est qu'il faut qu'un expert vienne observer sur place et fasse l'analyse à partir de l’observation avec les membres du comité des riverains.

La communauté, avec le chef de sous-village et le comité des riverains, avaient fait des travaux dans cette zone, sous forme de salongo[iv]. Ils avaient nettoyé, planté des bambous sur les berges. Ils avaient même, à la main, creusé une dérivation du lit de la rivière. Cela a été inutile. Il semble même que certains travaux de maçonnerie ont été emportés, les pierres arrachées devenant un nouveau danger. "Tout est à reprendre à zéro", disent-ils sans pour autant se décourager. Il semble donc important pour la suite que les travaux communautaires bénéficient d'une expertise technique. Avec l'expérience, si celle-ci est analysée avec des experts, les membres du comité peuvent renforcer leurs compétences. C'est certainement un objectif pour ATEDD.

A noter que le comité des riverains a déjà fait les travaux nécessaires pour rouvrir le cours normal de la rivière en dégageant les obstacles qui s'étaient accumulés.

Le discours unanime, et que je partage, est que les indispensables travaux communautaires doivent être complétés par l'intervention de machines pour creuser et élargir le lit de la rivière là où il y a de trop grosses pierres pour être déplacées à la main avec des barres à mine. Nous avons convenu avec le chef de village d'unir ses efforts avec ceux du Consortium pour obtenir les moyens pour faire venir ces machines.

Ma conclusion serait qu'une petite équipe composée du CEREIAD[v], de l'ISTD de Kalehe[vi] et de GEV vienne travailler avec le comité de l'association des riverains pour améliorer l'alerte, partager l'analyse des causes immédiates des débordements, établir la liste des travaux à réaliser d'une part avec les travaux communautaires, d'autre part avec les machines. Et que le consortium définisse un plan d'action pour obtenir avec la Chefferie les moyens de faire intervenir les machines.

Michel

 

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[i] GEV, Groupe Espoir de Vivre est une association basée à Kalehe, un village voisin de Bushushu, qui est aussi le chef lieu du Territoire de Kakehe et de la Chefferie de Buhavu. GEV est un groupe de jeunes qui mène des actions de développement et en particulier un soutien aux jeunes entrepreneurs. Son Président est Eric Bisonga, qui est aussi Président du Conseil de la Jeunesse du Territoire. GEV est membre du RIEH depuis 2019. Le Consortium ATEDD a récemment décidé d’intégrer en son sein GEV avec la responsabilité d’animer l’Action territoriale à Bushushu et dans le Groupement de Mbinga-Sud.
[ii] Jean-Pierre Bufole est le superviseur d’ATEDD pour Kiniezire et Bushushu. Il réside à Kiniezire. La route de Kiniezire à Bushushu est particulièrement mauvaise. Il faut compter presque deux heures de moto.
[iii] Depuis le début, ATEDD prévoit de mettre en place un dispositif d’alerte. C’est une des actions qu’il faut encore mener en décembre. Il était envisagé jusqu’ici qu’un formateur intervienne pur expliquer ce qu’est un dispositif d’alerte.
[iv] Salongo est le mot swahili pour travail communautaire. C’est une coutume encore pratiquée, parfois délaissée et qu’ATEDD a mis en avant. Un jour par semaine, les villageois se réunissent sous la direction du chef de sous-village pour mener un travail d’intérêt général.
[v] Le CEREIAD est un des membres du Consortium. C’est un centre de recherche et d’études rattaché à l’Université Catholique de Bukavu. Bukavu est à deux heures de moto de Bushushu.
[vi] L’ISTD, Institut Supérieur des Techniques de Développement est implanté à Kalehe, donc à proximité de Bushsushu, ce qui permet à un de ses enseignants de se rendre sur place facilement.
 
 
 
le comité des riverains
Le Comité des riverains solidaire et engagé !
 
 
 

RAPPORT SUR LE DEBORDEMENT DE LA RIVIERE CHISHOVA A NYAMUKUBI DE JEAN-PIERRE MUSHAMUKA (superviseur d'ATEDD pour Kiniezire et Bushushu).

 
Rapport p1RAPPORT P2 RAPPORT P3 RAPPORT P4
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Mis à jour le 02/01/2023

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ATEDD, sensibiliser la population : mode d'emploi...

ATEDD, sensibiliser la population : mode d'emploi...  

 

 

Dans le cadre de la mise en oeuvre des Plans d’actions communautaire (cf l’actualité sur les PAC), l’équipe projet a réuni à Bweremana le 29 septembre 2022 les organisations qui se sont portées volontaires pour mener des actions de sensibilisation de la population.

 

L'activité se divise en trois temps :

 

-1-

Le superviseur Delphin, explique les objectifs de l'activité :

GROUPE DE SENSIBILISATION

 

 

 

-2-

Les participants se répartissent dans les groupes thématiques :

 

tvx groupes participants 1

 

tvx groupes participants 2

 

tvx groupes participants 3

 

 

 

- 3 -

Présentation du résultats des travaux et validation par les participants :

 

PRESENTATION DES RESULTATS1

 

PRESENTATION DES RESULTATS2

 

PRESENTATION DES RESULTATS3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nombre de participants était de 40 personnes représentant différentes structures engagées dans la sensibilisation en provenance de Bweremana et Minova soit 17 femmes et 23 hommes.
 
Chaque groupe, composé chacun de 13 personnes, a choisi une thématique : l’agriculture, le reboisement, l’énergie, les rivières ou l’érosion.
Ils avaient à définir le type de messages à transmettre et le choix des canaux à utiliser.
Après discussion en plénière, voici les résultats des différents groupes :

 

GROUPE 1 

 

Thème traité :  LES RIVIERES ET LES EROSIONS AVEC NOS FAMILLES  (Mito na miporomoka pamoja na jamii).

 

Message clés :

 

  • Evitons de jeter toutes sortes de déchets dans les rivières :

-  Les ordures ménagères,
-  Transformer les rivières en fosses septiques,
-  Les résidus de nos productions champêtres (Bihirigisi…).

  • Eviter de dénuder les bordures des rivières :

-  Respect de la distance entre les champs et les rivières,
-  Planter les arbres agroforestiers sur le bord des rivières.

  • Planter la pelouse à côté de nos maisons :

-  pour diminuer la pression de l’eau et le glissement de nos terres.

  • Apprenons à recycler nos différents déchets :

-  Les déchets biodégradables produisent le charbon vert,
-  Les déchets non biodégradables produisent des pavés,
-  Les ordures ménagères produisent des composts et l’alimentation pour les animaux domestiques.

  • Organiser et participer aux travaux communautaires (Salongo) :

-  Pour entretenir nos rivières,
-  Faire le curage de nos rivières.

 

GROUPE 2 

 

Thème traité :  REBOISEMENT ET ENERGIES RENOUVELABLES 

 

Message clés :

 

  • Mener des chantiers de reboisement : planter les arbres agroforestiers, d’ombrage, fruitiers (sur les collines, à côté des rivières, à côté des routes, au bord du lac, dans nos parcelles).
  • Vulgariser et diffuser très largement la loi sur l’importance de l’arbre et la protection de l’environnement avec comme message :

  - « je coupe un arbre, j’en plante 10 »

  • Passer dans des écoles, églises, ménages, aux marchés. Diffuser le message sur la protection des arbres :  l’utilité de l’arbre et son importance dans notre vie quotidienne et « soyons amis des arbres”.
  • Faire le plaidoyer auprès des grands concessionnaires et des petits exploitants, pour le reboisement sur leurs terres.
  • Enseigner aux différentes couches de la population, comment installer durablement des pépinières et les conditions de mise à disposition des semences appropriées.
  • Sensibiliser les ménages sur les techniques des foyers améliorés et l’utilisation du charbon vert.
  • Sensibiliser la population sur la production du charbon vert par la mise en place d’un système de collectes des déchets pour assainir le milieu et produire les briquettes de charbon vert à base de déchets végétaux afin de lutter contre l’abattage des arbres et la pollution de l’air (gaz à effet de serre).

 

GROUPE 3

 

Thématique traitée :  AGRICULTURE

 

Message clés :

 

  • Soyons amis du sol, protégeons le contre les intempéries, le soleil et les pluies, en les recouvrant d’herbe coupé,
  • Plantons des arbres fruitiers et des arbres agroforestiers dans nos champs pour protéger le sol,
  • Ne cultivons pas dans des pentes à plus de 45 °. Sur ces pentes, plantons des arbres
  • Plantons de bonnes semences améliorées
  • Lors de la récolte conservons des semences et stockons-les
  • Labourons avec des engrais organiques
  • Semons dans des sillons perpendiculaires à la pente (courbes de niveaux)
  • Utilisons des biopesticides

 

Moyens de transmission de ces messages

 

-  Sonorisation (Mégaphone, Baffle moderne, piles)
-  Médias (Emission radio diffusée)
-  Les églises
-  Les AVEC
-  Troupe théâtrale
-  Calicots
-  Dépliants
-  Aux marchés et les endroits « chauds » du village
-  Pancartes
-  Tee-shirts

 

Recommandations et conclusions

 

Les participants ont largement encouragés et félicités l’approche communautaire que le projet  ATEDD  utilise en la faisant participer à toutes les étapes du projet.

A également été salué le respect de la promesse donnée lors de la la dernière réunion, d’ appuyer les structures engagées dans le reboisement, l’agriculture et le curage des rivières.

Ils demandent également à ATEDD de continuer à soutenir leur effort en matérialisant l’appui aux structures qui s’engagent dans la sensibilisation. Cela pour permettre à la communauté de bien entendre et comprendre les messages liés à ces quatre problématiques que sont : l’ érosion, les rivières, l’agriculture et le reboisement.

 

 

Fait à Minova, le 29/09/2022

Pour ATEDD KIVU, Delphin BAENI

Superviseur Axe Minova-Bweremana

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Mis à jour le 14/10/2022

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les autorités locales soutiennent ATEDD

les autorités locales soutiennent ATEDD  

 

Visite d'une reine...

 

Le samedi 1er octobre, à Minova, nous avons eu l’honneur de recevoir la Mwami Kazi du Groupement de Buzi, l’autorité coutumière pour la presqu’île où est situé Minové. Elle souhaitait constater l’avancée des actions menées sur le terrain, pour les projets ATEDD et CHARBON VERT.

 

Sa première visite a été pour le projet Charbon vert à Minova. La reine SAFI SANGARA BOMBOKO DE BUZI appelée Mwami Kazi a félicité les initiateurs de ce projet : RIEH et la Fondation Matendo. Elle les remercie de guider ces jeunes dans une démarche socio-économique et de les encadrer pour l’assainissement de leur environnement et la réduction du déboisement.

 

Son discours plein d’éloquence a témoigné sa détermination à accompagner ces jeunes dans la recherche d’autres partenaires, l’acquisition d’une parcelle de Minova pour installer leur atelier de production mais aussi à encourager d’autres jeunes présents à les rejoindre dans leur action. S’adressant directement aux jeunes, elle a ajouté que cette activité va plus loin qu’une simple contribution locale de terrain, elle vise à l’encadrement de la jeunesse du territoire. D’ailleurs, depuis que le projet existe, on a pu constater une réduction sensible des vols de biens, du banditisme des jeunes et de la consommation abusive d’alcool.

 

Mwami kazi charbon vert 1

Mwami kazi charbon vert 3

MWAMI 2°envoi

Visite chez les jeunes entrepreneurs dans la fabrication du Charbon vert à Minova

 

 

En parlant aux élèves du Complexe Scolaire Matendo, elle a insisté sur l’importance de l’utilisation du charbon vert par les ménages et le reboisement des collines déjà nues dans le groupement Buzi. C’est pourquoi la formule : « un enfant de l’école, un arbre » prend tout son sens : « Il faut reboiser nos collines par des arbres agroforestiers et ATEDD offre une solution à ce problème à travers son appui technique et ses conseils ».

 

   Mwami kazi FM1   Mwami kazi FM2

   Visite de Mwami Kazi au complexe scolaire Matendo, devant un auditoire d’enfants attentifs

 

 

Puis, nous nous sommes rendus sur un deuxième site, visiter l’entreprise DJDR, une pépinière durable soutenu par ATEDD dans le village de Minova. Le Coordinateur de la structure M. ISHARA BONGELI a félicité l’approche ATEDD dont les actions enthousiasment la population.

 

Il a raconté qu’il avait participé deux fois aux activités qu’organisaient ATEDD dans le village de Minova sur les problèmes de l’érosion, des rivières, de l’agriculture et du déboisement. Il a pris conscience que si des actions de reboisement n’étaient pas menées sur nos collines, nos champs, notre village risquent de disparaitre un jour : « Je suis plus à même de juger pour prendre un engagement avant de mettre en place un chantier de reboisement ou une pépinière durable. » dit le coordinateur ISHARA qui poursuit en disant que l’appui d’ATEDD nous facilite le travail avec la communauté et les concessionnaires car une identification des bénéficiaires de ces plantules est en cours ainsi que leur achat.

 

Mwami kazi pepiniere durable 2   Mwami kazi pepiniere durable 1

Visite de Mwami Kazi : rencontre à la pépinière durable de Minova

 

Cette explication a attiré la curiosité de La Mwami Kazi du groupement de Buzi qui a félicité le consortium ATEDD de son approche communautaire et sa détermination à accompagner les structures qui s’engagent dans l’exécution des activités concernant le reboisement, les rivières, l’agriculture et les érosions. Selon Mwami Kazi, elle suit de loin comme de près les actions d’ATEDD et que même si le projet prend fin, elle est consciente qu’il est nécessaire pour elle de s’engager à suivre les structures qui se sont engagées pour la pérennisation de ces activités.

« Je suis prête à chercher d’autres partenaires qui peuvent appuyer ATEDD car c’est une organisation modèle dans notre groupement qui travaille sur les problèmes des rivières, de l’érosion, d’une agriculture restauratrice et le reboisement à travers les fiches d’engagement ».

 

Fait à Minova, le 01/10/2022

Delphin BAENI, superviseur ATEDD

 

 

 
Mis à jour le 05/10/2022

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A Bweremana le PAC révèle des jeunes qui s'engagent pour l'économie humaine

A Bweremana le PAC révèle des jeunes qui s'engagent pour l'économie humaine  

 

 

Parmi les participants aux réunions publiques pour faire le diagnostic participatif et élaborer le Plan d’action communautaire de Bweremana, il y a des représentants des jeunes et notamment Willyfred, le vice-président du comité de pilotage d’ATEDD.

 

 

les jeunes de bweramana

Michel et Willyfred félicitent l'initiative des jeunes

 

gilet ATTED

Willyfred arbore fièrement le gilet ATEDD

 

 

LES PIEDS DANS LA BOUE

Les jeunes y mettent toute leur ardeur.

 

 

2022-06-17 PR2SENTATION pac mInova9Le livre des Chemins vers l'Economie humaine est mis à l'honneur par les jeunes.

 

 

En entendant l’appel à la mobilisation communautaire et connaissant l’expérience des jeunes de Minova engagés pour la production de charbon vert, ils sont venus d’eux-mêmes me trouver pour dire qu’ils veulent eux aussi s’organiser en groupe local du RIEH et développer des activités qui leur permettent d’avoir des revenus tout en étant utiles à la communauté. Je les ai encouragés et leur ai prêté le livre Chemins d’économie humaine.

Et lors de ma dernière visite sur place, ils m’ont invité à les retrouver près de la rivière Mweya, une de celles dont les crues causent souvent d’importants dégâts. A mon arrivée je trouve un groupe d’une vingtaine de jeunes en train de nettoyer une partie du cours de la rivière et d’en élargir le cours.

 

Ils ont pris d’eux-mêmes l’initiative de mener ce travail en apportant les outils dont ils disposent (les houes) et en en empruntant d’autres (des pelles). Ils me disent qu’ils sont prêts à faire ce travail régulièrement, mais qu’ils ont besoin d’outils car il leur faut aussi des pioches et des barres à mine. Et quand les outils qu’ils ont empruntés s’abîment, ils doivent payer les réparations. Ils ont donc besoin qu’ATEDD leur apporte ces moyens.

 

On voit que les besoins sont modestes. Ce ne sont pas des engins de chantier. Mais ces derniers coûtent cher et même si on fait venir un tel engin et que la rivière n’est pas ensuite régulièrement nettoyée, les inondations recommenceront. C’est ce qui fonde la démarche d’ATEDD et de l’économie humaine : la mobilisation de la population directement concernée est indispensable pour que le problème soit résolu. D’où l’importance que cette mobilisation soit organisée et durable et c’est pourquoi la mise en place d’un groupe local est à encourager. Ils me demandent ce qu’est l’économie humaine et je leur réponds que c’est ce qu’ils sont en train de faire : refuser de subir les situations indignes de l’être humain, décider d’agir ensemble pour que ces situations changent, développer ses compétences pour agir efficacement (ils ont besoin de conseils pour que les travaux qu’ils mènent soient vraiment utiles).

 

Au-delà de cette action pour entretenir la rivière, c’est aussi leur projet, tel qu’ils l’expriment : " nous sommes des jeunes et nous voulons nous en sortir sans tomber dans les dérives de l’alcool, de la délinquance, des groupes armés. Pour cela nous allons développer des activités qui dégagent des revenus. Ils sont particulièrement intéressés pour apprendre à produire les briquettes de charbon vert à partir des déchets végétaux." Et je leur dis que l’économie humaine c’est d’entreprendre ces activités en veillant à ce qu’elles ne se développent pas au détriment d’autrui mais servent au bien commun.

 

Ma foi, cette définition semble les satisfaire et les motiver pour s’engager. La photo finale montre cet enthousiasme. L’un d’entre eux montre le livre qu’ils veulent étudier et commenter.

 

L’objectif d’ATEDD en s’appuyant sur l’action pilote menée dans des localités comme Bweremana, ait que se mette en place une organisation durable pour que les problèmes des rivières, de la déforestation et de l’agriculture soient traités afin que la population puisse continuer à vivre dans cette zone menacée et améliore ses conditions de vie. Une organisation locale qui sache mobiliser les ressources venant de la Province et de l’Etat ainsi que de l’aide internationale.

 

Et la meilleure organisation ne peut durer et être efficace que si elle est animée et inspirée. Cette inspiration est celle de l’économie humaine. Espérons que ce groupe devienne à son tour un membre actif du réseau, capable d’en entraîner d’autres.

 

Michel Tissier, Goma, le 18 juin 2022

 

 

 
Mis à jour le 29/06/2022

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Une réunion décisive pour ATEDD

Une réunion décisive pour ATEDD  

 

Le mercredi 15 juin 2022 s’est tenue dans la grande salle de la chefferie de Bweremana une réunion qui marque une étape déterminante dans la mise en place d’une Action territoriale pour le développement durable dans ce village[1] qui est un des quatre sites retenus pour ce projet-pilote.

 

 

 

2022-06-17 PR2SENTATION pac mInova 6

Bweramana : Michel Tissier à la tribune, à sa droite le chef de groupement, à sa gauche : le secrétaire de la chefferie et le président local du CLPD.
 
 

2022-06-17 PR2SENTATION pac mInova8

Bweramana. Jean-Louis s'adresse à l'auditoire
 
 

2022-06-17 PR2SENTATION pac mInova 4

Bweramana : una assistance concernée, à l'écoute.
 
 

DELPHIN BAENI KABIONA

Delphin est présent en permanence sur le terrain.

 


Discours de Michel Tissier à la tribune :
 
image video 22-06-17 PAC A MINOVA

 

Présentation du PAC à Minova :
image video 22-06-17 Présentation du PAC A MINOVA

Crédit video :

Tito chomachoma

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le lieu est important. La chefferie est l’institution de base de l’organisation sociale et politique dans la région, jouissant d’une forte légitimité et autorité morale auprès de la population. Son chef, le Mwami, est un personnage respecté et influent. Le bâtiment de la chefferie des Bahunde est bien construit, sur une petite hauteur à l’entrée du bourg central quand on arrive de Goma. Il en impose dans un paysage où beaucoup de maisons ne sont pas toujours achevées ou ne peuvent pas être bien entretenues.

 

C’est une forme importante de reconnaissance pour ATEDD que cette grande salle de réunion avec les photos à la fois du Président de la République et des Mwamis qui se sont succédé depuis un siècle ait été mise à sa disposition. Les invitations ont été adressées par le Président du Comité Local Paix et Développement (CLPD) qui est une instance officiellement chargée d’assister le Mwami pour toute la politique de développement et de sécurité de la Chefferie. Elles ont visé une cinquantaine de personnes qui sont toutes des leaders de la communauté et même très certainement les leaders communautaires. Et presque toutes sont là un mercredi matin, de 10h à midi, alors qu’elles ont beaucoup d’occupations.

A la tribune le Président du CLPD, le chef de Groupement, instance administrative et coutumière qui compose la chefferie et comprend Bweremana, le secrétaire de la Chefferie qui représente le Mwami, ainsi que votre serviteur qui représente le Consortium à l’origine d’ATEDD et, de fait, le bailleur. La réunion commence et se conclut par le chant de l’hymne national.

 

Dans le message lu au nom du Mwami, celui -ci déclare que cette réunion « est d’une grande importance pour nous, car les enseignements dispensés vont aider la communauté pour son propre développement car les éboulements et érosions ont déjà fait beaucoup de victimes. Par exemple la mort d’hommes, la destruction des plantes, d’habitations, des routes des églises, écoles, centres de santé,…

En sa qualité de mère de développement en son sein, la Chefferie qui s’est toujours donné corps et âme pour chercher la paix et le développement de ses administrés promet d’accompagner cette initiative afin d’atténuer les souffrances de la communauté.

Je demande aux participants de s’approprier ce projet et de faire une large diffusion auprès de tous les paysans.

Je demande également à RIEH et ATEDD de continuer à soutenir la population par des conseils et techniques relatifs aux difficultés que traversent nos administrés ».

 

L’objectif de la réunion est de présenter le Plan d’action communautaire (PAC) élaboré suite à une enquête faire auprès de 100 ménages de Bweremana (400 pour les 4 villages) [2] et un Diagnostic participatif [3] mené avec la population.

Ce plan d’action porte sur les trois secteurs retenus par ATEDD : la prévention des risques d’inondations et de glissements de terrain, le reboisement, l’agriculture pour qu’elle soit plus rémunératrice et restauratrice.[4]

 

Ce PAC comprend plusieurs types d’actions : les études techniques, la planification, la sensibilisation de la population, la formation, les chantiers à conduire, le renforcement des organisations, le pilotage et le suivi, les plaidoyers pour faire évoluer le cadre réglementaire ou pour obtenir des financements.

 

L’essentiel, et c’est là une étape décisive pour ATEDD, c’est que ce plan n’est désormais plus celui du projet, mais celui de la communauté, soutenu temporairement par les financements qu’apporte le projet et durablement par les organisations membres du Consortium et par les groupes locaux du RIEH.

En effet pour chacune des actions sont citées les organisations communautaires qui sont responsables de les mener et les ressources qui peuvent être mobilisées. Et ATEDD figure parmi ces ressources. Et comme il a été dit et comme il a été visiblement compris ATEDD en tant que projet ne mènera seul aucune action. Ce sont des organisations de la communauté qui les mèneront avec l’appui d’ATEDD.

 

Pour concrétiser cette démarche il a été présenté un acte d’engagement qui implique une organisation communautaire, la chefferie, le CLPD et qui mentionne les moyens apportés par ATEDD. Le cas échéant une autre organisation intervenant sur la zone peut être associée [5]. 

 

Et d’ores et déjà au cours même de la réunion des organisations présentes se sont engagées à mener des actions de sensibilisation, à organiser des formations ou à mener des travaux.

 

Il faut maintenant entretenir cette dynamique. Ce sera à Bweremana le rôle de Delphin, un enfant du pays, membre de l’équipe projet présent en permanence à Bweremana et Minova, des animateurs locaux qu’ATEDD indemnise et encadre et de toute l’équipe projet conduite par Jean-Louis.

 

Cette réunion est un tournant, celui où ATEDD innove par rapport aux projets menés par des ONG qui viennent et se retirent. ATEDD, gardons le nom, n’est déjà plus le projet d’un Consortium, mais bien l’Action territoriale pour un Développement durable, prise en charge par la communauté, en incluant dans ce terme la population, les autorités locales et les organisations de la société civile.

 

Symboliquement, au nom du Consortium, je me suis tourné vers le Président du CLPD pour lui dire : nous vous confions les rênes d’ATEDD. J’ai aussi répondu aux organisations présentes désireuses de devenir parties prenantes d’ATEDD au même titre que les organisations du Consortium qu’elles avaient toute leur place, non pas dans le Consortium du projet, qui doit rester limité, mais dans le pilotage d’ATEDD.

 

Une réunion analogue s'est tenue à Minova et Kinesire. Une autre est prévue à Bushushu.

 

Michel Tissier, Minova, 17/06/2022

 

 

[1] Le mot « village » est celui qui est employé à la fois dans le vocabulaire administratif et dans le langage courant pour désigner une localité qui compte environ 20000 habitants, répartis entre un bourg central et un grand nombre de hameaux sur une surface de 40 km2

[2] Voir sur le site www.rieh.org l’article consacré à cette enquête

[3] Voir sur le site www.rieh.org l’article consacré à ce diagnostic participatif

[4] Voir sur le site www.rieh.org l’article consacré au PAC

[5] Voir sur le site www.rieh.org le formulaire d’engagement 1/en français   2/en swahili

 

 

 

 
Mis à jour le 25/06/2022
ATEDD : Le Plan d'Action Communautaire de Minova

ATEDD : Le Plan d'Action Communautaire de Minova  

 

Toujours dans le développement des outils techniques collaboratifs, après le diagnostic participatif, voici le Plan d'Action Communautaire (PAC) élaboré avec le même groupe de travail : Le "Qui Fait Quoi" des acteurs en présence...


Le voici mis en forme.

La colonne du milieu identifie les organisations de la communauté qui sont invitées à prendre en charge les différentes actions citées. Si elles s'y engagent, ATEDD leur apportera des moyens.
Ainsi, il s'agit bien du Plan d'action de la Communauté soutenu par ATEDD et non pas du plan d'action du projet ATEDD. Ce PAC est approuvé par les chefs coutumiers, qui incitent la population à le mettre en œuvre.

La démarche vise à ce que ce Plan se prolonge au-delà même de la fin du projet. Car la plupart des actions n'auront un résultat qu'à moyen ou long terme. Quand on plante des arbres, il faut les entretenir.
L'aménagement des rivières ne peut pas non plus se faire en quelques semaines et, surtout, suppose ensuite que l'entretien soit régulier.
 

logo ATEDD

PLAN D'ACTION COMMUNAUTAIRE DE MINOVA

PAC 1 Reb.&Energies

 

VECTEUR 2 site Amén et prév.

 

VECTEUR 3 AGRI Site 

 
Mis à jour le 03/06/2022
ATEDD : Rapport sur le diagnostic participatif à Minova

ATEDD : Rapport sur le diagnostic participatif à Minova  

 

 

Le 25 Mai 2022 dans le village Minova, dans la salle du Parlement des jeunes s’est tenue la réunion de lancement du diagnostic participatif qui va durer deux jours.

25 personnes y ont participé de catégorie différente notamment : les agronomes, les représentant des confessions religieuse, les représentants des op, les représentant de la jeunesse, les agronomes du groupement, un membre de la société civile, les gens de service de l’environnement, les agents de la CARG (Conseil Agricole Rural de Gestion), les agriculteurs et les concessionnaires. On signale que les femmes y étaient moins représentées. L’objectif est d’analyser les causes des problèmes traités dans l’Action Territoriale pour un Développement Durable au Kivu (ATEDD-Kivu) et d’élaborer un Plan d’action communautaire (P.A.C.).

 

Ces problèmes sont :

- Les rivières qui débordent, causant des morts, emportant des maisons et des terrains,
- L’érosion qui cause des éboulements et entraîne la bonne terre vers le lac,
- Le déboisement qui met les collines à nu et prive la population de ressources en bois,
- L’agriculture non rémunératrice et destructrice de la fertilité des sols,

 

Le lancement a été fait par le représentant du Chef de Groupement, le Secrétaire du groupement de Buzi, M. Jean Paul.

Il a exhorté les participants à s’approprier le projet en faisant part de leur connaissance des problèmes et en émettant des idées sur les actions à conduire.

 

Diag participatif Minova photo 1      DIAG PARTICIPATIF mINOVA 2    > Enregistrement Equipe au travail 

Photo 1 : L'atelier de Minova. A gauche Michel Tissier, à son côté Delphin conducteur des activités Diagnostic participatif à Minova et assis le représentant de la chefferie.  

Photo 2 : Un groupe de l'atelier, au travail.

3 - Enregistrement de l'équipe au travail

 

Michel, représentant du Réseau international pour une économie humaine (RIEH), est intervenu au nom du Consortium qui a monté le projet et qui comprend également CADRE, la Fondation MATENDO, la coopérative MUUNGANO et le CEREIAD, centre de recherche rattaché à l’Université Catholique de Bukavu.

Il a expliqué qu’ATEDD ne vient pas apporter les solutions, mais soutenir la communauté pour qu’elle mette en œuvre ces solutions. Le projet apportera des moyens pendant les neuf mois qui viennent, mais les actions engagées devront continuer au-delà, sous la conduite du Comité de pilotage et avec le soutien des autorités. Les organisations du Consortium continueront à accompagner la communauté et à chercher avec elle des ressources pour poursuivre la mise en œuvre des actions du Plan.

Ces actions doivent se prolonger jusqu’à ce que les résultats soient atteints : les rivières ne débordent plus, il n’y a plus d’éboulements, les collines sont reboisées, la population peut cuisiner et construire ses logements tout en gardant les arbres, les paysans peuvent vivre décemment avec les revenus agricoles et la fertilité des sols est restaurée.

 

Héritier, coordinateur du Groupe local du RIEH, s’est engagé à ce que ce groupe local soutienne ATEDD.

Germain, le Président du Comité de pilotage d’ATEDD, a expliqué que ce comité adoptera le Plan d’action communautaire et fera le suivi de sa mise en œuvre avec l’appui de l’équipe projet et en particulier de Delphin, Superviseur d’ATEDD à Minova et Bweremana.

 

Quatre groupes se sont mis activement au travail.

 


déboisement 2

THÈME 1 : DÉBOISEMENT

Les arbres ont presque tous disparu des collines et des hauts-plateaux.

 

CAUSES

La cause principale est que la population coupe les arbres pour avoir du bois de chauffage ou pour construire les maisons sans en replanter ou sans respecter le temps nécessaire pour que les arbres repoussent.

L’arbre est une ressource à gérer sur le long terme alors que la population a des besoins à très court terme.

La famine et la pauvreté poussent les gens à utiliser le bois en urgence, sans penser au renouvellement des plantes et des arbres.

 

Ce problème est renforcé par :

- La croissance démographique du fait des naissances et de l’afflux des personnes déplacées. Cela incite à la déforestation pour avoir plus de terres cultivables et cela accroît la demande en bois de chauffage et en bois de construction ;
- L’absence de sensibilisation de la population sur la nécessité de bien gérer les arbres et de sauvegarder les forêts. Elle ignore la législation foncière en la matière ;
- Les maladies qui font dépérir les arbres ;
- La divagation des animaux d’élevage qui mangent les plantules et feuilles ;
- Beaucoup de terres appartiennent à des concessionnaires qui ont coupé les arbres au profit d’exploitations.

 

A cela ce sont ajoutés des pratiques malheureuses :

- Le projet ECOmakala* a encouragé la population à produire beaucoup de charbon de bois, sans replanter des arbres.
- Les agents de l’État font payer des taxes aux propriétaires des arbres.
- Pendant un temps, il fallait couper les arbres et éliminer la brousse, pour empêcher les voleurs de s’y cacher.
- Des projets ont incité la population à couper des arbres pour planter des bananiers.

 

CONSEQUENCES

  • L’absence des arbres accélère le changement climatique,
  • Les terres sont lessivées, l’érosion des terres s’accroît,
  • Les inondations sont plus fréquentes,
  • Le budget familial est très sollicité pour l’achat de bois, venu d’ailleurs,
  • La population est exposée aux risques d’asphyxie en cas de dégazage dans le lac Kivu.

 

  • Les endroits où planter les arbres :

- Sur les collines,
- Dans les champs,
- A côté de la route,
- A côté des rivières,
- Au bord du lac,
- Sur les limites de nos champs et nos parcelles,
- Dans les concessions des écoles,
- Dans les concessions des églises.

 

  • Espèces d’arbres à planter :

- Sur les collines : Eucalyptus, Bambou, Roseau ;
- Dans les champs : Les arbres fruitiers comme : Acacia, Flamboyant (Mutoro en lange locale), Grevillea ;
- A côté des rivières : Les bambous, les roseaux ;
- Dans nos parcelles et à côté de la route : Les arbres fruitiers (avocatier, manguier, goyavier, organier, …), les arbres d’ombrage.

 


 

Agriculture 2

THÈME 2 : AGRICULTURE

L’agriculture ne permet pas aux paysans de vivre dignement et les méthodes pratiquées dégradent les sols.
L’agriculture ne donne plus de bons rendements.

 

CAUSES

- Manque de terres à cultiver,
- Mauvaises pratiques culturales,
- Non-respect de la rotation des cultures,
- Non-respect du calendrier cultural, 
- Manque de semences améliorées,
- Manque d’arbres fertilisant dans nos champs et plantations,
- Les érosions dans nos champs,
- Divagation des animaux dans nos champs,
- Les maladies qui attaquent nos plantes,
- Non accompagnement par les services habilités de l’Etat.

 

Les problèmes se sont aggravés depuis 1994-1995 avec l’arrivée des réfugiés en provenance du Rwanda : manque de champs et de plantations à cultiver, abattage des arbres.

 

 


 

EROSION

THÈME 3 :  ÉROSION

 

CAUSES

- Le changement climatique, le vent
- Le déboisement de nos collines et de nos champs
- L’ignorance de la population
- Non-respect des conditions culturales
- La population ne plante pas les arbres.
- Non-respect de l'environnement, la population cultive sur les lieux accidentés.
- Constructions anarchiques
- Destruction par la population des espaces verts dans la zone
- Les résidus des plantés récoltés et autres saletés sont jetés dans la rivière
- Les plantes non adaptées au milieu
- Manque des semences des arbres et autres plantules qui peuvent soutenir le sol
- L’État congolais ne fait pas son travail pour la protection de l'environnement.

 

Les emplacements sur lesquels les érosions son observées :

Minova / Katale
Buganga / Camp buganga
Marangara
Mubimbi / Chez Muleherwa

 

CONSEQUENCES

  • Mort d'hommes,
  • Démolition des maisons,
  • Destruction de nos plantes, nos champs, nos plantations, nos infrastructures …
  • Mort de nos animaux,
  • Disparition des biens des ménages,
  • La pauvreté,
  • La famine,
  • Qu’est-ce que la population fait en cas de problème d’érosion,
  • La délocalisation de la population sur l'endroit accidenté,
  • Nous ne faisons rien par manque d'argent, des semences pour lutter contre ces éboulements ou érosion.

 

 

RIVIERES

THEME 4 : RIVIÈRES  

 

CAUSES :

La construction anarchique des maisons et l’exploitation des champs par la population, (non-respect de la limite des 10 mètres de rive),
La pratique des cultures au bord des rivières, et la coupe d’arbres au bord des rivières,
Le rejet des déchets, morceaux d’arbres, et tous autres résidus dans les rivières.

 

Les rivières touchées par les débordements sont entre autres :

  • La Rivière NYAMUKANGA   à BUGANGA
  • LULUNGA à KALUNGU / ces deux rivières se jettent dans la rivière MUBIMBI et augmentent le risque de débordement des eaux.
  • Les rivières GOKWE et BUGAKA à KALUNGU,
  • Les rivières   KABUNO et CHUNGIRI à Minova centre.

 

CONSEQUENCES :

 

Les conséquences graves du débordement des eaux des rivières sont :

- Pertes de vies humaines,
- Des maisons détruites et des plantes emportées par des eaux,

- Des produits des champs détruits et emportés par des eaux des rivières,
- Des bétails, volailles et autres élevages emportés par les rivières,
- La coupure de communication et circulation entre communautés à cause des eaux de rivières débordées,
- La famine explose dans la communauté car tous les champs sont détruits et les plantes emportées par les eaux des rivières,
- La population tombe dans la pauvreté.

 

MOYEN D’ALERTE :

Normalement il n’y a pas de moyen d’alerte quand il y a de telles catastrophes, c’est lorsque les dégâts sont déjà là que les gens découvrent qu’il y a un problème.

 

QUE FAUT-IL FAIRE POUR INFORMER LA POPULATION QU’IL Y A RISQUE DE DÉBORDEMENT DES RIVIÈRES ?

Pour que la population sache qu’il y a danger causé par le débordement des rivières, il faut instaurer un système d’alerte communautaire. Ceci implique la mise en place d'outils spécifiques comme par exemple : La sirène, les médias locaux, des moyens de communication téléphonique,...

 

BAENI  KABIONA Delphin, 

Conducteur des  activités Diagnostic participatif dans le village de Minova.  

 

 

 

 

 

(*) Projet ECOmalaka
Afin de protéger les ressources naturelles du Parc des Virunga et l’habitat du gorille, tout en soutenant les besoins des populations locales, le WWF-Belgique et ses partenaires ont mis sur pied en 2007 un projet innovateur de reboisement. Ce projet, intitulé ECOmakala, consiste à produire du charbon de bois durable, « l’éco-makala », dans les zones périphériques du parc.

 


DELPHIN BAENI KABIONA  BAENI KABIONA Delphin a 36 ans, marié et père de 3 enfants.  Licencié en Développement Rural depuis 2010 à l'Institut Supérieur de Développement Rural de Grand Lacs ISDR/GL, il habite en République Démocratique du Congo dans la Province du Nord Kivu, Ville de Goma, Commune de Karisimbi.

Nommé superviseur de l’Axe MINOVA – BWEREMANA dans le cadre du Projet ATEDD, pour le compte de la Fondation MATENDO. Il est également conducteur des  activités Diagnostic participatif, dans le village de Minova.  

 

 
Mis à jour le 31/05/2022

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Le diagnostic participatif, une étape essentielle d’ATEDD

Le diagnostic participatif, une étape essentielle d’ATEDD  

 

 

Du 11 au 14 mai 2022 a été conduit à Bweremana, un des villages d’intervention  d’ATEDD, un diagnostic participatif.

 

Pour le préparer, une équipe d’animateurs a été formée pendant deux jours par Big John, un praticien expérimenté du diagnostic participatif. Elle était composée de l’équipe projet d’ATEDD, des animateurs locaux, d’une consultante de CADRE, spécialisée dans la gestion des conflits, de membres du Comité de pilotage du village, de professeurs venus d’instituts et d’université de Goma.

 

Des invitations avaient été envoyées à des personnes considérées comme des informateurs-clés sur les quatre problèmes traités par ATEDD : les crues des rivières ; les érosions ; le déboisement ; une agriculture non restauratrice et non rémunératrice, avec un thème transversal : les conflits liés à ces problèmes.

 

Se sont ainsi rassemblées vers 9h du matin plus de 120 personnes, car la nouvelle avait aussi circulé par le bouche à oreilles et même les personnes qui n’avaient pas d’invitation pouvaient participer. Parmi les 120 participants il y avait des personnes vivants avec handicap, les jeunes qui étaient presque majoritaires, les femmes, les confessions religieuses, les OSC, les services publics de l’état (agronomes, environnement, développement rural) ; les ONG nationales, les pépiniéristes, les autorités coutumières, les animateurs du projet, les membres du comité de pilotage qui sont restées jusqu’à la fin de la séance. Le local qui a abrité les séances était prêté gratuitement par une Eglise locale.

 

Le chef de groupement, chef coutumier, a introduit le débat, en swahili bien sûr, en insistant sur la gravité de la situation : « si on ne fait rien, toute la terre fertile va descendre des collines pour se retrouver dans le lac et la région deviendra inhabitable. Nous sommes nés ici et nous voulons que nos enfants puissent toujours y vivre ». Il a ajouté que suite à ce projet, les populations seront sensibilisées sur l’importance des arbres et la loi sur l’environnement sera vulgarisée. Il sera soit exigé de toute la population de planter les arbres et une personne qui coupera un arbre devra en planter cinq.

 

Michel est ensuite intervenu pour présenter les cinq organisations qui animent ATEDD et insister sur le fait qu’ATEDD ne vient pas apporter la solution aux graves problèmes soulevés, mais soutenir l’action que la communauté va conduire pour les traiter. En traduisant, Jean-Louis, le chef de projet, explicite encore davantage : ATEDD n’est pas un projet, c’est une action territoriale, on peut dire aussi communautaire, pour arriver à des résultats qui améliorent de manière durable la vie de la communauté sur les quatre enjeux traités. Cette action se prolongera même quand ATEDD n’apportera plus son soutien.

Il explique aussi l’objet du diagnostic participatif. Permettre à la population de donner les informations utiles, d’analyser les causes des problèmes et de proposer des solutions.

 

L’assemblée est alors répartie en cinq groupes :

  • L’un raconte l’histoire du village par rapport aux rivières, aux arbres et à l’agriculture.
  • Un autre dresse la carte du village en situant tous les endroits importants.
  • Un autre établit la carte sociale de toutes les organisations existant dans le village avec leur action et leur interaction.
  • Un autre analyse les problèmes de l’agriculture au travers de l’établissement d’un calendrier saisonnier.
  • Le dernier décrit et analyse les conflits qui surgissent à cause des problèmes dans les quatre domaines traités.

 

Le lendemain les 5 groupes entreprennent un « Transect ». Il s’agit d’une marche d’observation dans le village, d’une durée d’environ deux heures, pour noter et photographier tous les signes par lesquels les problèmes traités se manifestent. Chaque groupe se consacre à un enjeu : les rivières, l’érosion (les éboulements), le déboisement, l’agriculture, les conflits.

 

Le troisième jour, les animateurs se retrouvent pour faire la synthèse des 5 groupes du premier jour et des 5 groupes du second.

 

L’ensemble est restitué le dernier jour lors d’une nouvelle assemblée communautaire rassemblant une centaine de personnes. Cette restitution se poursuit par des propositions de plan d’action sur chacune des thématiques en indiquant qui a la responsabilité de mener l’action. Toutes les propositions proviennent des participants et sont notées après d’éventuels amendements.

 

Elles constituent la première version du Plan d’action communautaire (PAC). Celui-ci a été ensuite précisé lors d’une réunion qui s’est tenue le 23 mai avec le comité de pilotage, les acteurs-clés. La nouvelle version fera l’objet de contacts bilatéraux avec les autorités locales, les services de l’Etat compétents pour les quatre domaines concernés, les responsables confessionnels. L’équipe d’ATEDD précisera les actions qu’elle prendra en charge et les moyens qu’elle apportera pour contribuer à la mise en œuvre du PAC.

 

L’ensemble sera présenté lors d’une grande assemblée communautaire, présidée par les autorités locales, qui se tiendra en juin.

 

Jean-Louis Mbusa, Chef de projet d’ATEDD

Expert en gouvernance Participative, Goma-Nord KIVU / RDC.

 

Crédit Photos de Jean-Louis Mbusa / RIEH​

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Figure 8 -  Diagnostic participatif : au bout du transect  : la forêt dévastée par les eaux !

 

VISITE TERRAIN 7

 
figure 1 - L'accueil des 120 invités dans une église locale prêtée pour l'occasion
visite terrain 1
 
figure 2 - Le chef  coutumier introduit le débat en swahili en insistant sur la gravité de la situation
visite terrain 2
 
Figure 3 - Le Secrétaire exécutif du RIEH  explique l'action territoriale du projet ATEDD
visite terrain 5
 
figure 4 - Le diagnostic participatif passe par le terrain et  l'observation
VISITE TERRAIN 3
 
figure 5 - Les dégâts ont dévasté le paysage, Exemple d'un glissement de terrain...
VISITE TERRAIN 4
 
figure 6 - Un groupe au travail

un groupe au travail

 

figure 7 - Retour de diagnostic  Synthèse des groupes

VISITE TERRAIN 6

 
Mis à jour le 30/05/2022

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Billet d'humeur de Michel en Afrique

Billet d'humeur de Michel en Afrique  

 

Michel TISSIER à de nouveau repris son sac à dos, appelé par le projet ATEDD.  Tout en se promenant dans les rues de Bweremana en RDC, il tombe nez à nez sur cette fresque peinte au mur. Inspiré il nous raconte...

 

bweremana egalite equité

En marchant dans les rues de Bweremana, une bourgade située sur la côte ouest du lac Kivu, je découvre ce panneau d’information.

C’est d’abord le titre qui attire le regard et je me dis qu’il est étrange de vouloir présenter dans ce village où chaque personne se démène pour gagner le peu d’argent qui la fait vivre très péniblement la différence subtile entre deux concepts bien formels.

Puis je vois le dessin et je me dis que l’illustration est excellente pour expliquer cette différence. Un coup de chapeau au concepteur. A nous d’être aussi habile pour expliquer l’économie humaine, qui est une notion bien abstraite pour les personnes qui l’entendent pour la première fois.

Il y a là sans doute la trace d’un de ces nombreux projets portés par des ONG ou de grandes institutions internationales. Un projet de sensibilisation sur l’égalité de genre vraisemblablement. On rencontre beaucoup de panneaux de ce type dans les villages ou sur les routes. Chaque « projet », chaque bailleur veut laisser une trace de son passage. Mais qu’en reste-t-il vraiment dans les têtes et dans le cœur des passants ? Déjà la peinture est défraîchie et bientôt le panneau sera illisible. En fait, une part très importante des « politiques publiques » en RDC est ainsi prise en charge par les ONG, le plus souvent internationales. Pour être sûr d’avoir des participants aux ateliers de sensibilisation ou de formation qu’elles organisent, elles leur distribuent un petit pécule. Les projets succèdent aux projets, les panneaux et les pancartes s’accumulent. Mais les situations ne changent pas. A nous de savoir mieux faire. Ne laissons pas de panneaux ATEDD. Mais que les Plans d’action communautaires lancés avec ATEDD continuent d’être mis en œuvre.

 

Michel Tissier, billet du Kivu, 15/05/2022

 
Mis à jour le 15/05/2022

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L’équipe d’ATEDD rencontre le Directeur Général de l’AFD et l’Ambassadeur de France en RDC

L’équipe d’ATEDD rencontre le Directeur Général de l’AFD et l’Ambassadeur de France en RDC  

 

Une rencontre stimulante

photo groupe 30032022

Le mercredi 30 mars le consortium du RIEH qui pilote l’Action territoriale pour un Développement Durable au Kivu (ATEDD, voir ) a rencontré à Bukavu le Directeur Général de l’AFD, Rémy Rioux, accompagné de l’Ambassadeur de France en RDC, François Pujolas. L’AFD est le financeur du projet par l’intermédiaire du FID, Fonds d’innovation pour le Développement.

 

Notre délégation, forte de 7 membres, comprenait outre moi-même, Gilbert, de la Fondation Matendo qui préside l’instance de pilotage d'ATEDD, Célestine et Godefroid de CADRE, les profs Aimé et Dieudonné du CEREIAD et Daniel de la Coopérative agricole Muungano.

Etaient aussi conviés à cette réunion quatre autres organisations recevant des financements de l’AFD. En attendant l'arrivée de la délégation officielle, les invités ont pu échanger entre eux,  occasion pour nous de présenter l’approche de l’économie humaine et le RIEH. Trois organisations ont manifesté leur intérêt et deux d’entre elles ont déjà adhéré.

 

 

photo banderole avec FID

 

Comme vous le voyez sur la photo, notre banderole était bien visible dans la salle de réunion, car nous avions pris soin d’arriver à l’avance. 

 

La réunion a duré plus de deux heures, signe qu’elle n’a pas été purement protocolaire.

En effet, dès son introduction, Rémy Rioux s’est déclaré là d’abord pour écouter afin de connaître la réalité des problèmes et des actions menées par les participants.

 

Gilbert a donné la parole aux membres de notre délégation.

Godefroid a présenté le problème du gaz carbonique contenu dans les eaux du lac Kivu et qui menace d’exploser. Pour prévenir ce risque, il faut planter des arbres sur les rives et c’est une des actions que va permettre ATEDD.

Le prof Aimé a décrit le problème des rivières dont les crues sont destructrices et meurtrières et le prof Dieudonné celui d’une agriculture insuffisamment rémunératrice et qui doit s’articuler avec la lutte contre l’érosion et restaurer la fertilité des sols.

Daniel a montré comment la culture du café, si elle est pratiquée selon les règles de l’agroécologie et intégrée dans les relations du commerce équitable peut être très rémunératrice pour les producteurs.

Célestine a plaidé pour que le développement durable soit aussi celui des femmes dont le rôle déterminant n’est pas reconnu et qui sont victimes de discriminations et de violences. En réponse à une question de Rémy Rioux,

Gilbert a montré comment ATEDD pouvait contribuer à l’action contre l’insécurité : en procurant des revenus aux jeunes tentés par l’enrôlement dans les groupes armés et en gérant les conflits entre les communautés liés à l’usage des terres et des forêts.

Pour ma part, j’ai souligné qu’ ATEDD n’est pas un projet à durée déterminée, portée par une ONG extérieure au territoire, mais une action qui s’inscrit dans la durée, portée par des organisations déjà présentes sur le territoire et qui y resteront. Ses résultats seront à mesurer à 5 ou 10 ans avec des rivières au cours maîtrisé et des rives plantées d’arbres, des collines reboisées, des pratiques agroécologiques généralisées, des paysans pouvant vivre décemment de leur travail. Et des communautés bien organisées avec les autorités locales pour maîtriser elles-mêmes leur développement.

 

La teneur des débats, nourris par les nombreuses questions du Directeur de l’ AFD, montrait clairement qu’ ATEDD, projet pilote, devait avoir une suite avec une phase d’extension à une zone plus vaste et une inscription structurelle dans les politiques publiques et qu'au-delà du financement du FID, il y a d'autres instruments de financement français auprès de l'Ambassade ou directement auprès de l'AFD.

 

Les autres organisations présentes ont parlé de leur action dans le domaine de l’apiculture, de l’autonomie des femmes – avec une très belle expérience de coopérative de café tenue par des femmes sur l’ ïle d’ Idjwi  et celle d’une association qui accompagne les femmes victimes de violences et les femmes entrepreneures – et dans celui de la santé.

 

Au passage Gilbert n’a pas manqué l’occasion de parler d’un autre projet pour lequel le consortium sollicite un financement de l’ AFD, celui de l’Indication Géographique Protégé « Café du Kivu ».pour lequel nos interlocuteurs ont motré un vif intérêt.

 

En conclusion, la directrice régionale de l’ AFD et l’Ambassadeur ont invité les participants à présenter des projets à l’ AFD et au Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade. Nous ferons en sorte que cet appel ait des suites concrètes ! 

Le Directeur Général de l’AFD a conclu par des propos qui sonnent très bien à nos oreilles : l’ AFD, à côté de la coopération avec les gouvernements, veut développer l’appui aux organisations de la société civile. Elle veut accompagner un développement de bas en haut (bottom up).

- « Ne vous laissez pas arrêter par la complexité institutionnelle. Dîtes-nous ce que vous voulez faire et c’est à nous de trouver les procédures pour répondre. »

Il a monté de l'intérêt pour pour la coordination entre différentes actions en insistant sur la coopération inter-universitaire et Gilbert a proposé une collaboration étroite entre les universités et les actions de terrain.

Il a terminé par une belle formule :

- « Je ne crois pas aux projets mais aux acteurs qui se mettent en réseau. Pendant cette rencontre nous avons formé un réseau ».

 

Un moment de grâce, donc. Même si nous savons bien que les réalités administratives et institutionnelles vont continuer à s’imposer, il est rassurant de savoir que tout en haut de cette grosse machine qu’est l’ AFD, il y a une tête et un cœur.

Montrons-nous à la hauteur des attentes qu’il nous adresse.

 

Michel Tissier, Secrétaire international du RIEH, Hôtel Orchids à Bukavu, mercredi 30 mars 2022

 
Mis à jour le 02/04/2022

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PARTAGEONS LA RENCONTRE EN VISIO-CONFERENCE AVEC INHE - ASIE SRI-LANKA  

Rieh-Asie a organisé le mercredi 16 mars 2022, une rencontre en visio-conférence pour présenter la situation sociale, économique et politique à Sri Lanka, au regard de NAFSO, une organisation membre du Réseau, témoin fort de l'économie humaine dans la région.

Voici le rapport de cette rencontre, riche d'enseignement et un lien vers le diaporama exposé à cette occasion.

Des présentations sur d'autres régions d'Asie du sud-est,  (même format en distanciel), sont en préparation... nous serons évidement là pour en faire écho.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires !

 

 

Être humain est d'autant plus vital que les êtres humains sont mis à l'épreuve ...

Pour la première fois, une réunion en ligne INHE-Asia avec une approche territoriale axée sur le Sri Lanka (NAFSO) s'est tenue le 16 mars 2022 (mercredi). Diverses questions ont été délibérées pendant près de deux heures et demie. Au total, 19 participants du Sri Lanka, de l'Inde et de la Thaïlande représentant 10 organisations différentes ont pris part à la réunion.

 

 

 

PRÉSENTATION

La réunion a commencé par le discours de bienvenue de M. L A Samy, coordinateur d'INHE-Asia.

Il a expliqué les raisons de l'organisation d'une telle réunion et a également remercié tous les membres de s'être joints à cette initiative dans un délai très court.

La parole a ensuite été donnée à M. Herman Kumara, responsable de la NAFSO-Sri Lanka, pour la première partie de la présentation du Sri Lanka. Cette discussion en ligne a été modérée par M. Sundara Babu Nagappan, secrétaire exécutif d'INHE-Asia.

 

 

 

LA SITUATION POLITIQUE ET ECONOMIQUE ACTUELLE AU SRI LANKA

guillemet vert   M. Herman Kumara a fait une mise à jour générale de la situation politico-économique actuelle au Sri Lanka. Tout en abordant les questions politico-économiques, il a expliqué que la plupart des Sri Lankais se trouvent actuellement dans une situation difficile, qu'ils soient agriculteurs, travailleurs dans les plantations, pêcheurs, jeunes, étudiants ou travailleurs industriels puis insisté sur le problème actuel de la sécurité alimentaire.

 

Récession dans l'approvisionnement de produits essentiels 

Le Sri Lanka traverse actuellement une grave crise alimentaire. Les pompes à essence sont à sec, ce qui oblige les gens à faire la queue pendant des heures. Les tensions liées à la pénurie d'approvisionnement ont donné lieu à des violences sporadiques. Des personnes sont mortes en faisant la queue pour acheter du carburant sous une chaleur étouffante. Les pénuries d'articles essentiels tels que le carburant, la nourriture et les médicaments obligent même les gens, en particulier les travailleurs journaliers, à fuir le pays. Le Sri Lanka est également confronté à une grave crise de l'électricité. (Pendant que la présentation de M. Herman se déroulait, nous avons eu une panne d'électricité pendant la réunion).

 

Face à une crise économique démesurée...

Même qu'un jour, avant cette réunion en ligne, le 15 mars 2022, des dizaines et des milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale Colombo et ont protesté contre l'aggravation de la crise économique.

Le taux d'inflation global actuel s'élevait à 17,5 %, le plus élevé depuis 2015. L'économie sri-lankaise dépend des importations pour les produits essentiels. Or, elle a épuisé ses réserves de change, et ne dispose donc pas de suffisamment de liquidités pour payer les importations.

 

Le problème n'a pas commencé en 2022. Grâce à des cycles d'emprunts répétés depuis 2007, le gouvernement sri-lankais a accumulé une dette d'environ 12 milliards de dollars. En 2018, il s'est à nouveau endetté de quelques milliards auprès de la Chine et de l'Inde. Le Sri Lanka a loué son célèbre port de Hambantota à la Chine. Alors que le pays empruntait de toutes parts, les investissements directs étrangers (IDE) au Sri Lanka, n'ont cessé de diminuer depuis 2018.

 

Le Sri Lanka dépend fortement des revenus du tourisme. En effet, le tourisme représente 10 % de son PIB. Mais les attaques terroristes qui ont frappé le pays en 2019 ont entamé son secteur touristique. Le tourisme a chuté de 50 % après les attentats du jour de Pâques. Et pour ajouter de l'huile sur le feu, avec la pandémie de COVID qui a frappé le monde, le tourisme au Sri Lanka a encore ralenti.

 

De nouvelles exonérations fiscales ont été introduites en faveur des riches et ce, immédiatement après l'élection du nouveau gouvernement en décembre 2019.

  • La réduction d'impôts pour les riches a entraîné une perte d'environ 500 milliards de LKR pour le Trésor public. Le gouvernement nouvellement formé essayait de plaire à ses partisans politiques avec cela. Ainsi, le déficit budgétaire a augmenté de façon importante.
  • Deuxièmement, un éminent ex-Auditeur général du Sri Lanka a mis en garde contre la situation de la richesse du pays. Les actifs dont nous disposions valaient 2 trillions de roupies sri-lankaises (LKR), tandis que les investissements valaient 12 trillions de LKR. Qu'est-il arrivé aux 10 trillions de roupies sri-lankaises restants ? Cela montre clairement le niveau de corruption dans le pays.
  • Troisièmement, un ancien secrétaire du ministère des finances a mis en garde sur la manière de maintenir le niveau des réserves en devises étrangères. Elles devaient être d'au moins 5 milliards de dollars américains. Cependant, au début du mois de janvier 2022, le gouvernement n'avait que 1,6 milliard de dollars en sa possession. Le gouvernement était censé rembourser des prêts d'une valeur de 600 millions USD avant le 14 janvier. Plusieurs experts économiques ont conseillé au gouvernement de négocier une prolongation du remboursement du prêt afin de donner un répit à l'économie. Le gouverneur et le ministère des finances n'ont pas écouté les experts et ont remboursé le prêt et finalement terminé la réserve de devises étrangères restante avec 500 millions USD. Il n'y avait donc pas assez d'argent pour acheter du carburant, des produits alimentaires essentiels, des médicaments et du gaz pour la consommation locale de base.

Les principales devises étrangères du Sri Lanka, proviennent des transferts de fonds des travailleurs nationaux, du tourisme, des exportations de pierres précieuses et de vêtements. Seule l'industrie du vêtement a survécu à la pandémie, alors que tous les autres secteurs se sont effondrés au cours des dernières années. Le pays n'a donc perçu aucun revenu. C'est ainsi que la crise actuelle s'est aggravée dans la société sri-lankaise.

 

Et des problèmes environnementaux écrasants

Il y a trois zones climatiques différentes dans le pays : humide, intermédiaire et sèche. Le Sri Lanka compte 103 bassins hydrographiques naturels. En outre, le Sri Lanka compte environ 30 000 réservoirs à petite échelle d'origine ancienne ou réservoirs villageois mineurs, dont la majorité a été construite entre le 3e et le 12e siècle avant J.-C. Les eaux souterraines sont la principale source d'eau, en particulier dans les zones rurales, et on estime qu'environ 72% de la population rurale dépend des eaux souterraines pour tous les usages domestiques.

Une détérioration de la qualité de l'eau a été signalée dans certaines rivières. La principale cause de pollution de l'eau dans les zones urbaines est le déversement de déchets domestiques et industriels et d'eaux usées non traitées dans les cours d'eau. Dans les zones agricoles, les produits agrochimiques sont les principaux polluants.

La contamination par les nitrates et les bactéries dans les eaux souterraines et de surface, principalement due à un mauvais assainissement et à des eaux usées non traitées ou insuffisamment traitées, les produits chimiques toxiques provenant des activités industrielles et agricoles, et l'eutrophisation des lacs/réservoirs, sont les principaux problèmes de la crise de l'eau.

L'expansion des activités d'extraction de sable a également affecté la qualité de l'eau des rivières, en augmentant la turbidité, en diminuant le débit de l'eau et en accélérant l'intrusion d'eau salée. L'intrusion d'eau salée accélérée par les activités d'extraction de sable a affecté l'approvisionnement en eau potable et les affaires judiciaires concernant l'extraction de sable ont augmenté ces dernières années.

La déforestation est l'un des problèmes environnementaux les plus graves au Sri Lanka. La couverture forestière en 2018 était de 30% et dans les années 1920, l'île en comptait 49%.

 

 

Sans compter une crise agricole à endiguer

Un projet massif de culture d'Aloe Vera est mis en œuvre sur un terrain de 102 000 acres dans le district d'Anuradhapura, principalement pour l'exportation. Cette immense terre a été donnée à la société avec un bail de 30 ans. Un autre terrain de 21 000 hectares a été donné à une société basée à Singapour, SLI Development, avec un bail de 30 ans pour la production de sucre et la culture de la canne à sucre. Selon l'accord, l'usine sucrière de Kantale et les terres voisines ont été données à la société. L'eau nécessaire à la culture devait provenir de Kalu ganga, un affluent de la rivière Mahaweli. L'accord autorise également la société à importer du sucre non purifié, à le purifier ici et à le réexporter. Cela se fera sans pratiquement aucune surveillance. Les gouvernements précédents ont également conclu des accords qui ont conduit à des monopoles, comme celui du blé, et ceux-ci n'ont eu que des effets négatifs sur la population locale. Quelques personnes en profiteront aux dépens du pays.

 

De tels projets mettent en péril la sécurité alimentaire, l'environnement et la vie agricole du Sri Lanka. La protection de l'environnement est liée à l'agriculture, à la terre, au développement et à tous les autres secteurs d'un pays. Il est important de prêter attention lorsque certaines décisions politiques prises par le gouvernement entrent en conflit avec une autre série de politiques.

 

Puis l’accent a été mis sur les questions de changement climatique. Classé comme le 4e pays le plus touché par le changement climatique en 2016, la grande majorité des catastrophes naturelles au Sri Lanka est le résultat des variations climatiques. Par conséquent, il est nécessaire de renforcer la préparation aux catastrophes et de mettre en place des interventions appropriées pour renforcer la résistance au changement climatique. Environ 50 % des 22 millions de citoyens du Sri Lanka vit dans des zones côtières de faible altitude à l'ouest, au sud et au sud-ouest de l'île, et sont exposés à une future élévation du niveau de la mer.

En termes de conditions météorologiques, le mois d'avril était censé être le plus chaud. Cependant, il pleut actuellement dans plusieurs régions. Le temps devait être sec. De tels variations climatiques affectent et endommagent les cultures saisonnières. Le Sri Lanka a perdu plusieurs quantités d'étangs de pêche, de terres agricoles, de couverture forestière, etc.

 

Un autre problème important est l'augmentation des monocultures au détriment du bien-être des populations locales. Le Sri Lanka est déjà connu pour ses monocultures comme le thé, le caoutchouc, le palmier, etc. L'introduction de plantations à grande échelle entraîne souvent un transfert de propriété des communautés locales vers de grandes entreprises privées. Les priorités ne sont pas les populations locales dans les monocultures. La sécurité alimentaire locale, la santé et les autres besoins sont finalement ignorés.

 

M. Herman s'est ensuite attardé sur la politique des engrais et des pesticides. Le plongeon soudain du Sri Lanka dans l'agriculture biologique a récemment provoqué un énorme désastre. Le Sri Lanka a interdit les engrais chimiques sans préparer les agriculteurs, ce qui a provoqué une flambée des prix des aliments et des pénuries. En avril 2021, le gouvernement a interdit l'importation de plus de 600 articles, dont des engrais chimiques et des aliments comme l'avoine, le lait de soja, les produits laitiers et le jus de pomme. Le gouvernement a invoqué des problèmes de santé chroniques généralisés et la destruction écologique due aux produits agrochimiques pour justifier cette interdiction. Le gouvernement a invoqué l'utilisation excessive de produits agrochimiques pour expliquer l'augmentation des affections rénales, des cas de cancer et des maladies non transmissibles.

Ces mesures gouvernementales mal planifiées ont ajouté à la misère des populations locales.

 

Il a également exprimé sa profonde inquiétude quant au rétrécissement des espaces démocratiques dans le pays. Les organisations de la société civile ont également besoin de motivation dans la situation actuelle. Le gouvernement utilise des lois draconiennes pour cibler les travailleurs de la société civile et des droits de l'homme. Plusieurs violations illégales des droits des militants de la société civile et des journalistes se poursuivent. Les initiatives de syndicalisation sont totalement à la traîne. Au Sri Lanka, où l'espace civique a été précaire en raison de son histoire de conflit ethnique violent qui a pris fin en 2009, deux événements récents ont réduit le champ d'action civique : les attaques terroristes du dimanche de Pâques et la déclaration d'urgence qui en a résulté, et l'arrivée au pouvoir du président Gotabaya Rajapaksa, tous deux en 2019. Au Sri Lanka, le règlement d'urgence donne au président le pouvoir d'interdire les processions et les réunions publiques.

 

Depuis janvier 2020, les décisions du gouvernement sont prises sans aucun contrôle du Parlement. La société civile sri-lankaise craint que le groupe de travail présidentiel n'étende le contrôle militaire à la vie civile. Elle peut abuser de son pouvoir pour réduire les voix dissidentes jugées nuisibles à l'existence libre et pacifique de la société. Le déploiement accru de personnel militaire aux côtés de la police et l'usage disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques, comme on l'a observé récemment, sont également alarmants. Le Sri Lanka est le deuxième pays au monde pour le nombre de disparitions forcées. Par conséquent, la société civile vit dans la peur en raison de ces intimidations.

 

 

NAFSO PROPOSE DES MOYENS D' ALLER DE L'AVANT, POUR OUVRIR LA VOIE A UNE ECONOMIE HUMAINE

M. Herman a enfin mentionné certaines des réponses de NAFSO à ces défis.

NAFSO a lancé des unités de production autosuffisantes. Environ 1500 jeunes ont reçu une formation sur les jardins familiaux et chacun d'entre eux a bénéficié d'un soutien. Des graines et du compost ont même été fournis. La formation a été accordée pour l'autosuffisance. L'idée était de lutter en priorité contre la malnutrition et la faim. Mais les problèmes et le défi de la génération de revenus pour les jeunes demeurent.

Nous avons également des problèmes d'accaparement des terres dans l'est et le nord du Sri Lanka. Partout, les gens souffrent à cause de politiques défectueuses. Il n'y a pas de direction appropriée, pas de programme de bien-être. Il y a un manque de vision. Le gouvernement développe de nouvelles villes portuaires, des ports, et la construction de nouveaux aéroports internationaux mais il n'y a pas d'argent dans les coffres. Le gouvernement est en faillite. En tant que pays à revenu intermédiaire, le remboursement des dettes représente un défi de taille.

 

M. Herman a transmis la présentation à un autre fonctionnaire de NAFSO, M. Gamini Thilakaratne, pour qu'il la poursuive.

 

guillemet vert   M. Gamini a présenté un exposé en power-point intitulé " NAFSO & the paths and experiences of human economy ". Ce diaporama est accessible en cliquant sur ce lien.

Elle traitait de la situation politique et économique actuelle du Sri Lanka, du contexte de la crise actuelle, de la situation contemporaine, des défis nationaux auxquels NAFSO est confronté, de la manière dont NAFSO tente d'intervenir dans la production agricole et des autres contributions apportées par NAFSO.

 

Après la présentation de M. Gamini, M. Dulip, du district de Galle, dans la province du Sud, a fait part de ses expériences en langue cinghalaise, qui ont été traduites en anglais.

Selon M. Dulip, les jeunes de la région traversent une période très difficile. L'éducation est très compétitive pour eux. Ils doivent suivre le meilleur système éducatif pour obtenir une formation universitaire. Même trouver un emploi est très difficile pour eux. Ils ont besoin d'une influence extérieure pour trouver un bon emploi. Cette situation les rend très malheureux.

La disponibilité de drogues illégales et d'alcool et l'implication des jeunes dans cette menace est devenue un problème critique dans la région. Les jeunes dépensent au moins 50% de leur revenu durement gagné en drogues et en alcool. C'est un problème très difficile à gérer pour une agence de développement social.

Les familles de pêcheurs de la région peuvent gagner un revenu substantiel grâce au secteur de la pêche. Malheureusement, faute de consacrer leurs revenus à la jeunesse et à l'éducation de leurs enfants, les familles gaspillent leur argent en alcool et en drogues. Les agences de développement social ont du mal à protéger les jeunes et les enfants dans ces conditions. La NAFSO a élaboré un projet visant à sauver les aspects environnementaux du lagon de Rathgama, qui est une zone très précieuse dans notre district. Les groupes de jeunes et d'enfants de la NAFSO travaillent dur pour protéger l'environnement. Mais nous n'obtenons pas un soutien suffisant de la part des agents du gouvernement dans la région. C'est très décourageant pour nos groupes de jeunes.

Le système éducatif du pays est très mécanique. Il ne développe pas la personnalité équilibrée des jeunes. Les parents et le gouvernement encouragent les jeunes à suivre une éducation conventionnelle.

 

guillemet vert   M. Saman, originaire de Kurunegala, dans la province du Nord-Ouest, a également partagé ses expériences en langue cinghalaise, qui ont été traduites en anglais.

Selon M. Saman, le système éducatif du Sri Lanka est totalement dépassé. Il ne donne pas la bonne direction à la jeunesse de notre pays. Il rend les jeunes très compétitifs les uns par rapport aux autres et détruit les valeurs humaines. Malheureusement, les parents et les adultes font la promotion des valeurs éducatives actuelles. Cette situation rend les jeunes très frustrés. Les jeunes de nos régions deviennent également fortement dépendants des drogues. Les groupes de jeunes qui étaient avec NAFSO pour des activités de bien-être social s'éloignent des initiatives de NAFSO. Il est regrettable que les jeunes s'adonnent à ces drogues nocives et à l'alcool et qu'ils détruisent leur vie, alors que la société a besoin de leur aide pour développer des activités sociales productives. NAFSO avait lancé un programme de jardinage domestique avec 50 familles afin d'augmenter l'approvisionnement alimentaire des familles et d'améliorer leurs revenus. Toutefois, les volontaires ne reçoivent pas de soutien approprié de la part des agences gouvernementales compétentes. NAFSO a encouragé les jeunes et les femmes de la région à soutenir ces initiatives. Mais aujourd'hui, nous ne recevons pas l'aide que nous attendions des jeunes, car ils sont très impliqués dans les activités d'éducation compétitive.

M. Saman a également évoqué les attaques d'animaux sauvages contre l'agriculture et les habitations. Il y a également une crise de l'eau dans les zones agricoles. Il y a des problèmes liés à la migration et aux déplacements forcés. Ces dernières années ont également été marquées par un nombre élevé de suicides et de problèmes de dépression mentale chez les jeunes.

 

guillemet vert   M. Herman a finalement résumé la discussion par ses idées et ses réflexions.

Il a mentionné les nouveaux défis dus à l'économie actuelle, centrée sur le profit et non plus sur l'humain.

Les "grands" dominent, et les "petits" sont marginalisés.

Les initiatives de NAFSO sont très petites par rapport à l'ampleur du problème.

Les efforts de la société civile ne sont pas valorisés, ni reconnus.

L'économie néolibérale n'a rien à voir avec le bien-être des Sri Lankais ordinaires. Elle a divisé les sociétés en encourageant la compétition et l'individualisme. Elle a ruiné les coopératives et le travail d'équipe entre les gens. L'accent est toujours mis sur les grands marchés, la "petite échelle" est systématiquement mise à mal.

Cependant, le côté positif du COVID est qu'il a révélé la farce du "village global".

 

En conclusion, il y a un besoin urgent de commencer quelque chose de "nouveau". Il faut développer une sorte d'unités autosuffisantes. Il faut insuffler plus d'humanité dans la société et promouvoir une économie solidaire. C'est là que l'idée et la perspective de l'économie humaine deviennent significatives. 

 

guillemet vert   M.L.A.Samy (AREDS) Comment rendre visible le "petit" ? Nous devons y travailler davantage en utilisant la vision de l'économie humaine.

 

guillemet vert   Mme Farhana (HDO) a parlé de l'existence d'une situation similaire dans le centre du Sri Lanka et des activités de l'HDO. Elle a parlé des efforts de sensibilisation et de subsistance de l'HDO. Elle a également parlé du travail effectué après le tsunami, en particulier sur les femmes. Elle a également mentionné l'autonomisation locale par le biais des élections au conseil provincial.

 

guillemet vert   M. Nicholas (IRDS) a apprécié la présentation de la NAFSO. Il a remercié l'équipe pour l'opportunité d'apprentissage croisé. Il estime que cette initiative devrait être poursuivie et couvrir tous les territoires.

 

guillemet vert   Mme Naiyana (RTRC) a indiqué qu'une situation similaire existe également en Thaïlande. Les jeunes sont très dépendants des téléphones portables et de la toxicomanie. C'est une grande préoccupation pour la société civile de ce pays. Il est nécessaire de faire preuve de solidarité entre les pays et l'INHE pour relever ces défis collectivement.

 

guillemet vert   M. Murthy (PCDS) a mentionné les tensions liées aux problèmes côtiers entre les communautés de pêcheurs du Sri Lanka et du sud de l'Inde. Il s'est interrogé sur le rôle de NAFSO dans la résolution de ces problèmes.

Il s'inquiète également de la concurrence entre l'Inde et la Chine au sujet du Sri Lanka.

Enfin, la discussion s'est orientée vers le thème " Comment reproduire les bonnes pratiques ? " et " Comment promouvoir la visibilité et l'espace pour que les voix soient entendues ?".

Les gouvernements n'ont pas été cohérents, d'un côté ils harcèlent la société civile et de l'autre ils cherchent à soutenir la société civile dans la résolution des problèmes du pays.

 

Tous ont souligné l'importance de maintenir les dialogues, l'apprentissage croisé et le partage d'expériences. Il faut encourager de plus en plus le dialogue de peuple à peuple. De nouvelles propositions pour de nouvelles actions sociales ont également été formulées par tous. L'importance de la formation dans une perspective d'économie humaine a également été ressentie par tous les participants.

 

Enfin, il a été décidé que le processus se poursuivrait avec la deuxième présentation du Sri Lanka, à savoir HDO, et que des initiatives communes seraient élaborées collectivement par le biais de discussions et de dialogues.

 

CONTEXTE 

L'idée principale derrière cette initiative de rencontre INHE Sri Lanka est la suivante :

 

Nous, INHE-Asie,

 

1  - Œuvrons pour créer un environnement d'apprentissage croisé entre le Sri Lanka et le reste de l'Asie et du monde.

2  - Œuvrons pour promouvoir un processus d'universalisation par lequel NAFSO et d'autres membres de l'INHE du Sri Lanka obtiennent des contributions et des points de vue tant au niveau des idées que des actions, en particulier dans le cadre du développement de la personnalité entière de chaque personne et de tous les peuples.

3 -  Œuvrons pour renforcer la perspective d'une "économie humaine" avec de la vie, par opposition à l'économie néolibérale actuelle, inhumaine et sans vie.

4  - Œuvrons pour développer de nouvelles propositions par le biais d'un processus collaboratif mettant en évidence la différence entre croissance et développement, tout en ne laissant personne de côté.

 

Pour accéder au rapport original en anglais, cliquez sur ce lien.

 

Votre opinion compte participez

Juste ici, ci-dessous, la parole est à vous...

 

 

 

 

 

 

 
Mis à jour le 02/04/2022

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AFRIQUE Mission de Michel Tissier, secrétaire exécutif du RIEH du 21 nov. au 15 déc. 2021

AFRIQUE Mission de Michel Tissier, secrétaire exécutif du RIEH du 21 nov. au 15 déc. 2021  

 

sphère afrique

traces de pas

 

 

Que diriez-vous d’embarquer avec lui ?

Nous vous invitons à le suivre, pas à pas, à travers ses différents échanges notamment au Kivu et au Bénin à la rencontre de nos amis africains...

 


Une feuille de route en fil rouge :

Au Kivu il rencontrera des membres du réseau RIEH et/ou des personnes et organisations intéressées par le réseau.

 

 

Deux projets importants sont à l’ordre du jour :

Il ira à la rencontre de nos partenaires terrain autour de deux projets pour lesquels des organisations africaines ont obtenu des subventions avec l'appui du RIEH.

 

L'un, à Minova et Bweremana, vise le développement de la filière du charbon vert dans le cadre d'un projet de traitement des déchets dans ces deux villes voisines.

 

L'autre se situe dans les territoires de Kalehe et Masisi. Il vise à accompagner l'organisation de la population et des acteurs de ces territoires pour faire face aux catastrophes naturelles dues au changement climatique et pour développer une agriculture rémunératrice pour les paysans et restauratrice pour l'environnement.

Pour le premier projet, n’hésitez pas à consulter les informations déjà disponibles sur le site et pour le second, ces informations seront également très rapidement disponibles suite à l'acceptation de la requête de financement effectuée auprès du Fonds d'Innovation pour le Développement (FID).

 


Après la R.D.Congo, direction le Bénin, à partir du 5 décembre.

 

Immersion dans le Centre Songhaï. Cette ferme laboratoire à ciel ouvert, tout à fait exemplaire, fait office de référence en matière d’agro-écologie du continent africain. Un modèle de production locale et circulaire conduit par l’adage « Produire plus et mieux avec moins ».

 

C’est dans ce lieu, qu’il participera à une rencontre organisée par le RIEH Afrique, échanger sur l'économie humaine et se concerter sur l'organisation et l'action du RIEH en Afrique.

Une vingtaine de participants sont attendus (Covid oblige), venus du Mali, du Bénin, du Niger, du Burkina Fasso, de RCA, de RDC et du Cameroun.



Michel nous adressera régulièrement des articles sur le déroulement de sa mission que nous partagerons.

 
Mis à jour le 06/12/2021

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A Minova-Bweremana, un Groupe local d’Economie humaine au cœur d’une population qui se prend en charge

A Minova-Bweremana, un Groupe local d’Economie humaine au cœur d’une population qui se prend en charge  

 

 

MINOVA

 

Minova et Bweramana sont deux bourgades voisines qui forment une même agglomération bien qu’elles soient situées de part et d’autre de la limite administrative entre deux provinces de la région du Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Il est difficile d’y accéder par la route et les liaisons par le lac qu’elles bordent sont aléatoires. Un territoire qui n’est pas dans les radars médiatiques nationaux ou continentaux et encore moins internationaux.

Avec une population qui subit les conséquences d’une insécurité chronique, d’un isolement des circuits économiques, de l’absence de services publics, d’un environnement dégradé.

 

C’est pourtant dans ce contexte désespérant, qu’un groupe local  du RIEH se montre particulièrement actif et inventif.

Il est constitué par toutes les personnes de bonne volonté et les organisations locales de solidarité qui ne veulent pas subir, mais agir. Elles ont trouvé dans l’économie humaine une perspective qui les mobilise. Elles ont peu de moyens, mais elles font avec ceux qu’elles ont, comptant d’abord sur elles-mêmes et sur les soutiens que peut leur apporter le réseau.

Leur principal atout est leur insertion dans le tissu des relations sociales qui structurent ce territoire et qui leur permet d’impliquer tous les acteurs : les autorités publiques et traditionnelles, les autorités religieuses, les opérateurs économiques avec leurs organisations formelles et informelles, les média locaux.

Il s’est jusqu’à présent concentré sur deux enjeux :  la lutte contre la Covid-19 et la collecte et le traitement des déchets. D’autres pourront être abordés.

L’important, c’est que cela renforce la capacité de la population et des acteurs locaux à analyser leur situation et à agir collectivement pour la transformer. Et le groupe local anime cette prise de pouvoir de la population du territoire sur ses conditions de vie. Il n’en est ni le dirigeant, ni l’avant-garde, mais le cœur et l’âme.

 
Mis à jour le 11/05/2021

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Projection des activités du Groupe Local de Bukavu Année 2020  

 

 

bubavu gl objectifs 2020

Le 1er janvier 2020, sous l'air inspirant du Lac Kivu.

 

 

 

1. Introduction 

 

Dans l’après-midi du lundi 30/12/2019, le groupe local du Réseau International d’Economie Humaine (RIEH) de Bukavu a reçu Monsieur MICHEL TISSIER, Coordinateur Europe du RIEH, par ailleurs Secrétaire Exécutif du réseau.

Il venait à la rencontre du Groupe local de Bukavu qui compte actuellement 18 personnes, dont 5 femmes et 3 organisations. Au chef-lieu de la Province du Sud-Kivu, à l’Est de la RD Congo, il y a un noyau d’animation de 3 personnes, Prosper Hamuli, Richard Cirhuza et Justin Murhula auquel va certainement s’ajouter Césarine Cinyerecinja.

Sans y participer formellement, Bosco Muchukiwa est associé à l’animation et apporte le soutien de son institution, l’Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR), pour les moyens de fonctionnement du groupe local.

Pendant son séjour de quatre jours à Bukavu, accompagné par le noyau du groupe local, Michel a participé activement à plusieurs activités destinées à faire ressortir le dynamisme de ce Groupe.

Toutes les activités ont été orientées dans la logique de l’économie humaine et ont porté entre autres sur :

-  Un atelier avec les jeunes entrepreneurs ;
-  Une conférence scientifique à l’ISDR ;
-  Un renforcement des capacités sur la rédaction d’un article ;
-  Des entretiens individuels ou en groupe avec certains acteurs sociaux ;
-  Une réunion d’évaluation de la mission ;
-  Une descente de visite au lieu de production du jus IMARIKA.

 

Quelle est la suite à toutes ces interactions ?

 

 

2. Synthèse d’une semaine du Groupe Local RIEH / Bukavu avec le Coordinateur RIEH / Europe.

 

2.1. Le contexte vécu au Sud-Kivu en 2019.

Pour chaque problème, il est tributaire de la situation générale du pays où l'affirmation de l'autorité de l'Etat se limite presque à saigner les citoyens sans leur offrir les services sociaux de base auxquels ils ont droit. Il est vrai que le pays s'est lancé sur la voie de l'expérimentation de la décentralisation pour que les citoyens s'organisent dans des ensembles plus petits mais le processus est en panne suite au non-respect des dispositions constitutionnelles y relatives. Des expériences de budget participatif des collectivités locales sont tentées de manière sporadique et éparse.

 

2.2. Les enjeux de l’économie humaine relevés au courant de la semaine.

Alors que jusque-là ils agissaient pratiquement selon leur cœur, les acteurs visités compris qu’au final ce qu’ils réalisaient était beaucoup plus grand et allait au-delà de ce qu’ils pensaient.

C‘est ainsi que :

-   Traiter des déchets ménagers est désormais mettre une technique au service du bien commun ;
-   Entreprendre est une recherche d’un modèle économique adaptée pour un changement dans la société tout en étant au départ la recherche d’un mieux vivre ;
-   Valoriser la chaîne des valeurs implique la recherche du progrès dans la gouvernance ;
-  Étudier l’écologie d’une manière diachronique débouche sur la mise sur pied d’outils soutenant un processus de conscientisation – éducation permettant l’acquisition de capacités d’agir ensemble dans une démarche d’économie humaine.  

 

2.3. Les actions menées et présentées tout au long de la semaine.

Pratiquement spontanément, certains acteurs ont inscrit leurs actions dans une dimension de dynamique territoriale comme c’est le cas de ceux qui ont réussi à agir sur toute la chaîne des valeurs de la production agricole. C’est ainsi que la bouteille de jus de fruit sur la table du consommateur de Bukavu s’avère finalement être la somme du prix rémunérateur payé à la femme rurale agricultrice, de la marchandise dédiée au transporteur, du travail offert à quelques jeunes qui réalisent la petite transformation des fruits ainsi qu’aux livreurs et vendeurs.

D’autres initiatives ont révélé des actions retenues sur un enjeu d’économie humaine auquel il faut à présent donner une dimension de dynamique territoriale. En effet, la ville de Bukavu est au bord du lac Kivu qui est un bien commun transfrontalier. Des chercheurs universitaires rédigent leurs thèses sur l’Histoire de l’environnement en se référant au cas de ce lac. Devant une population en croissance exponentielle, il faudrait plutôt dégager comment cette population gère ce bien commun en respectant les besoins de tous et les équilibres écologiques.

 

2.4. Les résultats qui se dégagent d’une semaine d’activités intenses.

La jeunesse, poussée vers l’acquisition d’une expertise répandue de recherche des fonds gratuits renforçant un comportement attentiste a pu tirer profit d’un nouveau passage à Bukavu du Secrétaire Exécutif du Réseau International d’Economie Humaine, déterminé à partager sa vision de tourner l’économie vers l’homme, tout l’homme et tous les hommes avec la jeunesse des Grands Lacs.

Cette matinée du Forum, qui a connu la participation de 55 invités, dont 14 femmes, venus de la ville et des alentours mais aussi de plus loin comme Goma (200 km) et Kalehe (70 km), a eu lieu le 31 décembre 2019 à Bukavu.

Ses résultats sont déterminants pour la réalisation de projets territoriaux à Bukavu :

-  Mise en évidence de la diversité d’intervenants et d’expériences dans le domaine de l’entreprenariat pour et par des jeunes déterminés à « ne pas subir et à s’entraider »;
-  Identification des bonnes pratiques dans l’entreprenariat tel que mené par les jeunes ;
-  Discussion des défis sur la voie de l’entreprenariat responsable pour les jeunes en RDC ;
- Décision de clarifier l’identité et le travail du groupe pour mieux exploiter les opportunités pour la contribution des jeunes  au projet collectif de bien commun.

Au dire des jeunes eux-mêmes, ou du moins de ceux qui ont participé à la session du Forum en question, c’est possible d’y parvenir en agissant ensemble,  de façon organisée et en référence à l’économie humaine. D’où l’idée de faire fonctionner un espace physique de promotion d’affaires pour les jeunes entrepreneurs en vue de faciliter la synergie entre parties prenantes (Etat, Jeunes, Leaders, Elus, etc.) et l’exploitation d’opportunités d’information, de formation et de connexions.

Plus tard, la séance de présentation d’un projet de thèse sur l’éducation à l’histoire de l’environnement dirigé par le professeur Jacques USUNGO et d’un projet de recherche sur la pollution du lac Kivu par le doctorant Jacques ILOMBE, sera l’occasion d’illustrer un autre changement.

Aborder les enjeux importants est une manière de chercher à produire des connaissances de nature à renforcer les capacités d’agir de la communauté qui vit le problème.

Cependant, même si la capitalisation de l’expérience demeure importante, à quelles conditions l’action locale peut-elle être efficace ?

La population pourra-t-elle s’approprier les résultats de ces recherches ? Les recherches pourront-elles éclairer ceux qui sont en action ?

 

2.5. Comment ça marche ?

Un cycle d'actions bien définies a de fortes chances d'aboutir positivement au vu de toutes ces capacités d'agir collectivement observables dans une ville de Bukavu qui inscrit le débat sur ses vraies questions dans des habitudes reconnues aussi bien dans le milieu universitaire que dans des espaces de rencontres sur des questions d’intérêt collectif.

 

 

3. Que veut faire le Groupe Local RIEH / Bukavu à partir de 2020 ?

 

A l’issue des débats avec le Secrétaire Exécutif du RIEH, le choix a été porté sur  5 actions territoriales, 3 en milieu rural, 2 en milieu urbain à Bukavu (3 millions d’habitants).

Ce seront soit des terrains sur lesquels un ou plusieurs membres sont déjà en action, où ils ont une légitimité, connaissent bien les autorités et les partenaires (ce sera surtout en milieu rural) soit à partir de leurs relations en identifiant des acteurs avec lesquels travailler, en choisissant un enjeu et le territoire sur lequel se mène l’action collective sur cet enjeu.

L’ISDR se propose de jouer sur tous ces terrains le rôle d’observation, évaluation participative, capitalisation. Il le fera en intégrant cette fonction dans ses activités, avec les moyens normaux de son activité. Il organisera ainsi le volet Recherche de la recherche action.

Le groupe local quant à lui soutiendra et animera les comités locaux qui sur chaque territoire pilotera l’action.

 

C’est le cas de :

 

3.1.  La Maison des Jeunes Entrepreneurs.

La Maison des Jeunes Entrepreneurs, que devrait logiquement piloter un Consortium dont le CEPRES a le Lead, est vue comme un programme qui vient accompagner cette jeunesse qui refuse de mourir et voudrait faire bouger les lignes pour sa survie comme couche régénératrice de la société à partir de ses initiatives d’entrepreneuriat social.  C’est pour cela qu’il devra adhérer au RIEH, en tant que structure, pour bénéficier d’une garantie du maintien de la référence à l’économie humaine dans son agir.

 

Elle est pensée sous deux volets :

- Volet « Espace physique de valorisation des initiatives entrepreneuriales des jeunes. » Une adresse physique d’hébergement des produits, d’un desk d’information, d’un incubateur et d’accueil de certains événements. Ce qui suppose un consensus sur la nature et les conditions de participation, l’organisation et la gestion de cet espace.

- Volet « Renforcement du pouvoir d’agir des jeunes entrepreneurs. » Un consortium d’entreprises et  d’organisations d’accompagnement des jeunes, dont le CEPRES a le lead, se chargera d’organiser la professionnalisation des jeunes sur les standards des biens et services proposés par leurs start-up et l’ "employabilité" du personnel utile aux jeunes entrepreneurs. Ses actions seront aussi orientées vers la production des connaissances sur la façon de développer son business et sa communauté de vie et la référence à l’économie humaine.

 

3.2. Un Séminaire sur l’économie humaine en Afrique.

Objectifs :

- Rassembler des éléments qui permettent des programmes qui vont dans le sens des missions de l’économie humaine.
- Partager un background sur cette théorie et approche.
- Amener les agents de l’ISDR à changer leur manière de voir pour créer des innovations en milieu rural.
- Proposer des innovations dans l’entreprenariat et "l’employabilité" en milieu rural.
- Améliorer les opportunités des enfants des paysans à mieux s’intégrer dans leur espace pour résister à la pression de l’exode rurale et de la migration.

Cibles :

Membres du Réseau, agent ISDR, amis de l’économie humaine (Doctorants, acteurs de terrain, etc).

Partenaires :

AIF, Universités d’Afrique ou d’ailleurs.

 

3.3. Un dossier sur le traitement des déchets ménagers de la ville de Bukavu.

-  Des chiffres sur les quantités existantes, manipulées et produites ainsi que la dépense en énergie.
-  Montrer les enjeux et la portée, les machines nécessaires.
-  Insister sur les effets dans la société.
-  Mobiliser l’expertise nécessaire pour étudier et présenter la question de façon convaincante.

-   Business plan.

___________________________________

N.B. : Le changement climatique est la préoccupation de tous, actuellement. Présenter un projet économiquement rentable et écologiquement propre doit nécessairement attirer l’attention et trouver preneur plus ou moins rapidement.

 

3.4. Les médiateurs sociaux de Kalehe.

Regroupés dans un cadre d’échanges auquel participent des influenceurs chargés du lobbying auprès des décideurs et des élus, 25 acteurs étatiques et non étatiques,vivant dans le site d’Ihusi situé à 70 km au nord de la ville de Bukavu, réfléchissent sur « Comment repenser l’aménagement de l’espace et la coordination des actions humanitaires et de développement pour tirer suffisamment de moyens de subsistance en vue de faire face au rapide accroissement démographique dans le Territoire de Kalehe » Il s’agit ainsi d’un groupe décidé à penser l’avenir de son milieu en soulignant les actions collectives à inscrire dans le présent.

 

3.5. Collecter et traiter les déchets ménagers à Minova et Bweremana.

Ces deux centres à cheval de part et d’autre de la frontière entre les provinces du Nord et du Sud-Kivu ont des concentrations humaines productrices de déchets ménagers dont personne ne s’occupe et des immondices laissées à l’abandon les deux jours de marché par semaine.

Comment collecter, trier et traiter ces déchets ? C’est le défi que se lance le Groupe Local de Minova, 50 km au sud de la ville de Goma.

Une collaboration avec le Groupe Local de Bukavu lui permettrait d’accéder aux formations nécessaires et le travail de documentation de l’expérience pourrait être fait par l’ISDR / Bukavu.

 

3.6. Contribution du Groupe Local RIEH / Bukavu à l’enrichissement de la pensée sur l’économie humaine.

Bien que le pilotage des actions revienne au Groupe Local, la fonction de capitalisation des expériences situées sur plusieurs sites au Sud-Kivu, donnée à l’ISDR, permettra au Groupe Local de présenter des expériences contrastées pour nourrir l’illustration des actions collectives dont il faut tirer des leçons.

C’est le cas des : médiateurs sociaux de Kalehe, tout ce qui se passe autour du poisson à Fizi, Bukavu et Minova avec le traitement des déchets, IMARIKA avec sa structuration de la chaîne des valeurs des villages à la ville de Bukavu et Kalonge avec sa coopérative apicole.

De ce fait, une publication est envisageable.

 

 

4. Les raisons d’espérer.

 

"On ne gère pas une entreprise par l’argent mais par une bonne communication entre les ressources humaines." (Maslow)

Quelques outils sont opérationnels au sein du Groupe Local :

-  Un Groupe WhatsApp limité pour le moment aux jeunes entrepreneurs.
-  Entretiens réguliers limités à l’équipe formée par le noyau qui gère le Groupe Local.
-  Des occasions de convivialité entre personnes vivant dans la même ville.
-  Des réunions de travail à l’attention des membres du Groupe Local.

 

Ensuite, la volonté de répondre à des défis partagés dans la communauté est servie par une complémentarité des initiatives existantes qui facilite la disponibilité de l’expertise. Ceux qui produisent des biens à partir des déchets à Bukavu sont capable de partager ce savoir-faire avec ceux qui veulent le faire à Minova, 150 km plus au nord. Et ceux qui ont une expertise en fiscalité peuvent venir en aide à ceux qui stagnent ou reculent à cause de la surtaxation. Ou encore, la capitalisation d’expériences, comme processus qui prépare au partage en tant que démarche pour transformer l’action et l’expérience en apprentissage partageable, sera sans doute servie par la facilité offerte par l’action universitaire en la matière.

Pour cela, il faut noter que les membres du Groupe Local RIEH / Bukavu sont principalement de trois types :

-  Des jeunes entrepreneurs. Il faut entendre par là des personnes, jeunes très souvent diplômés ou femmes qui se sont lancés à créer leur entreprise ou qui en ont le projet. Ces entreprises sont de toutes sortes dans leur objet : élevage, transformation de produits agricoles, transport, services informatiques, conseil aux entreprises en fiscalité, en communication, en marketing,…
-  Des organisations de la société civile ou ONG agissant dans divers domaines : promotion de la femme, protection de l’enfance, défense des peuples indigènes, animation de coopératives, intermédiation sociale, réconciliation après des conflits,… Plusieurs des entrepreneurs sont aussi membres d’ONG
-  Des enseignants, des chercheurs. Ils sont peu nombreux encore dans le groupe, mais Bosco a bien l’intention de les convaincre de participer.

 

Ce qui les réunit en facteur commun, c’est la volonté de participer à l’amélioration / transformation de la société en référence à l’économie humaine.

Finalement le vrai défi est de maîtriser consciemment comment le progrès de chacun s’intègre dans le progrès de l’ensemble de la société et aussi comment ce progrès s’inscrit dans un projet collectif de bien commun.

 

 

Goma, le 04 février 2020

 

Prosper Hamuli Birali,

Expert en Organisation des Communautés

Tél. : (+243) 995 150 892

e-mail : hprosper@gmail.com

 

 

Documents de référence :

Rapport : Le groupe local du RIEH à Bukavu. Point d’étape à l’issue de la mission de Michel. 30 décembre 2019- 4 janvier 2020 / Auteur : Michel Tissier.
Réflexion partagée par e-mail : Quel est l'avenir de l'économie humaine à Bukavu ? / Auteur : Prosper Hamuli Birali.
Rapport : Rapport de la tournée de Michel Tissier à l’étape de Bukavu / Auteur : Prosper Hamuli Birali.
Rapport : Rapport sur la mission effectuée par le Secrétaire Exécutif du Réseau International d’Economie Humaine (RIEH) à Bukavu du 30/12/2019 au 04/01/2020. / Auteur : Richard Cirhuza Bihembe.

 

 

 

 
Mis à jour le 21/02/2020
Intervention de Michel Tissier lors d’une rencontre de jeunes entrepreneurs Bukavu, 31 décembre 2019

Intervention de Michel Tissier lors d’une rencontre de jeunes entrepreneurs Bukavu, 31 décembre 2019  

 

BUKAVU, 31 décembre 2019

 

 

 

Une soixantaine de jeunes entrepreneurs ont été réunis à l’initiative du groupe local du RIEH de Bukavu pour présenter leurs initiatives, analyser les problèmes qu’ils rencontrent, échanger sur des solutions.

 

 

Bukavu jeunes entrep. RIEH

 

Le terme « Jeunes entrepreneurs » désigne des créateurs d’entreprise, qu’ils soient en phase de préparation, de lancement ou de consolidation. Le statut de ces entreprises est très variable et n’est pas toujours précisément défini d’un point de vue légal, allant de l’informel à la société officiellement enregistrée, de l’entreprise individuelle à la coopérative en passant par l’entreprise réunissant plusieurs associés et des ASBL (Associations sans but lucratif) dont certaines sont en fait des entreprises dégageant des profits. A noter aussi que les créateurs d’entreprise ont souvent plusieurs affaires, que beaucoup ont par ailleurs un emploi et ont créé et gèrent leur entreprise en plus de l’activité professionnelle leur permettant de gagner leur vie. La plupart des jeunes entrepreneurs sont des diplômés, hommes et femmes, même si la majorité sont des hommes.

L’intitulé de l’intervention demandée par le Groupe local était :

« La référence à l’économie humaine dans les initiatives entrepreneuriales des jeunes ».

 

 

" Bonjour,

 

Comme secrétaire exécutif d’un réseau qui promeut l’économie humaine, je salue d’abord votre volonté de créer une entreprise dans le contexte d’un pays marqué par la misère, l’absence de services publics, le très faible nombre d’emplois accessibles sur le marché du travail formel ou informel.

 

Vous refusez la résignation,

Vous refusez de rester à attendre que l’emploi vous soit proposé par l’Etat ou par des entreprises déjà installées dans l’économie locale ou nationale,

Vous refusez aussi l’émigration, des révoltes violentes, la participation à des groupes armés et à des trafics.

Et c’est le premier mouvement encouragé par l’économie humaine face à des situations souvent désespérantes : s’engager, prendre ses responsabilités, affronter l’adversité, les multiples obstacles qu’il faut franchir, mobiliser ses ressources et d’abord ses ressources humaines : compétences, créativité, énergie, ténacité. Prendre son destin en mains. Se tenir debout.

 

Je salue aussi votre action car vous ne vous contentez pas d’entreprendre. Vous le faîtes avec le souci du bien commun et vous le faîtes en vous soutenant les uns les autres. Ces deux caractéristiques sont constitutives de l’économie humaine.

 

 

Entreprendre avec le souci du bien commun.

Vous ne cherchez pas seulement le moyen de gagner le plus rapidement possible le plus d’argent. Même si vous voulez aussi légitimement tirer un revenu décent de votre travail. Vous cherchez aussi à ce que votre entreprise contribue à apporter des solutions à des problèmes que rencontre la population.

En développant l’apiculture, vous pouvez vendre votre miel, mais vous contribuez à la restauration de la biodiversité, vous valorisez une ressource locale, vous mettez à la disposition des consommateurs un produit de qualité, bon pour la santé.

En transportant du poisson depuis le lac Tanganyika jusqu’à Bukavu, vous générez un revenu pour vous-mêmes et vos associés, mais vous permettez aussi aux pêcheurs de développer leur activité, de se doter de chambres froides et aux consommateurs de ne pas s’empoisonner avec du poisson avarié.

En valorisant les déchets plastiques pour en faire des pavés de construction ou du combustible, vous développez un business, mais vous protégez aussi l’environnement et participez à l’économie circulaire.

 

Vous n’êtes pas seulement des jeunes entrepreneurs, vous êtes des entrepreneurs pour le bien commun, responsables de leur impact sur la société, vous êtes des entrepreneurs sociaux et citoyens. J’y reviendrai plus loin.

 

 

Entreprendre en se soutenant les uns les autres.

Vous n’êtes pas des soldats de la guerre économique qui considèrent que pour se faire sa place, il faut écraser les autres. Face à l’immensité des besoins, vous pratiquez la coopération. Vous échangez les techniques qui marchent. Le fiscaliste aide les autres entreprises à résister aux autorités qui prétendent percevoir des taxes indues. Vous mettez en commun des services de marketing, de communication. Les entreprises de finance de proximité soutiennent les projets des entreprises de production ou de services.

 

Vous voulez promouvoir ensemble vos produits dans une maison des jeunes entrepreneurs. Vous partagez ainsi les savoirs et les savoir faire, dans une forme d’éducation mutuelle.

 

Enfin, autre caractéristique majeure de l’économie humaine, vous cherchez ensemble à peser sur les politiques publiques pour qu’elles visent à promouvoir le bien commun et non pas à servir les intérêts de ceux qui occupent le pouvoir politique. Un des exemples les plus cités lors de cette réunion est celui de la fiscalité. En vous regroupant et en mettant à profit les compétences de juristes, vous pouvez refuser les taxes indues et intervenir pour que le système soit simplifié et plus juste, notamment en ne demandant des taxes que lorsque l’entreprise a commencé à percevoir des bénéfices.

 

 

Qu'est ce qui caractérise une entreprise ayant le souci du bien commun ?

 

Je reviens maintenant sur ce qui caractérise une entreprise ayant le souci du bien commun. On peut dire aussi une entreprise responsable, ou qui prend en compte ses impacts sur ses parties prenantes, ou encore qui s’inscrit dans la perspective de l’économie humaine. On peut identifier quatre domaines de responsabilité.

La responsabilité s’exerce tout d’abord vis-à-vis des personnes qui travaillent pour l’entreprise : ses salariés directs, mais aussi les personnes qui, sous des statuts différents, dépendent d’elles.

Quelles conditions d’emploi, notamment face à la précarité ?

Quelles conditions de rémunération, notamment pour qu’un travail à temps plein permette d’avoir une vie décente ?

Quelles conditions de travail, notamment pour limiter la pénibilité et le stress ?

Quelle protection sociale pour faire face aux accidents du travail, à la maladie, à la vieillesse ?

 

Les réponses à ces questions dépendent beaucoup du contexte des pays où s’exerce l’activité. Les références se trouvent en partie dans les législations nationales qu’il s’agit de respecter dans leur esprit et dans leur lettre. Dans les économies informelles, on peut aussi identifier ce qui est considéré par la communauté comme juste ou injuste. Mais la référence majeure, pour les entrepreneurs engagés à rechercher le bien commun, se trouve dans les conventions de l’OIT, l’Organisation internationale du Travail, dont les conditions d’élaboration garantissent l’universalité, puisque tous les pays y participent, avec trois collèges : celui des employeurs, celui des salariés et celui des gouvernements. Or parmi ces conventions, certaines ont un caractère absolu et engagent tous les pays membres de l’OIT, qu’ils les aient ou on ratifiées. Et ce socle universel, au cœur de l’engagement des tenants de l’économie humaine comprend : la liberté de s’organiser, la promotion de la négociation collective et le refus des discriminations de toutes sortes. Il y a donc là un point de repère, y compris dans les contextes les plus difficiles comme ceux que vous connaissez : que tous ceux qui travaillent pour l’entreprise puissent s’organiser collectivement librement, que les conditions d’emploi, de rémunération, de travail, de protection sociale soient négociées et qu’aucune discrimination ne soit pratiquée.

 

T​endre vers l’économie humaine

En complément des conditions d’emploi et de travail, tendre vers l’économie humaine, c’est aussi chercher à ce que les salariés puissent participer à l’organisation du travail, aux conditions à mettre en œuvre pour assurer la qualité des produits et des services, pour réduire les coûts, pour apporter des améliorations, voire des innovations techniques.

On pourrait dire, viser à ce que les salariés soient entrepreneurs dans l’entreprise, qu’il soit fait appel à leur créativité, que l’entreprise soit un lieu où s’exerce l’intelligence collective. La difficulté est de conjuguer cet objectif avec l’inégalité de statut qui résulte de la situation de salarié. Vis-à-vis d’un employeur. La gestion de cette complexité est un champ d’expérimentation pour les tenants de l’économie humaine.

 

La seconde responsabilité s’exerce vis-à-vis des autres acteurs de la chaîne de valeur dans laquelle s’inscrit l’entreprise

Les fournisseurs en aval, les clients en amont, les partenaires auxquels l’entreprise s’associe pour produire des biens et des services. La perspective de l’économie humaine est que chaque acteur de la chaîne doit pouvoir faire valoir ses intérêts dans une relation équilibrée. Par exemple, l’entreprise de production de jus de fruit organise une relation durable avec des communautés de producteur de canne à sucre ou de fruits, pour qu’ils puissent augmenter leur production et augmenter leurs revenus. Elle garantit aussi aux consommateurs un produit sain et de qualité. Le principe est que toutes les parties sont gagnantes. Mais la mise en œuvre concrète de ce principe dans des contextes très différents est souvent difficile. Comment les intérêts de chacun peuvent-ils être pris en compte, alors que le risque permanent est que s’imposent l’intérêt et la vision de l’acteur le plus riche et qui a le plus de pouvoir. La démarche proposée par l’économie humaine est que chacun des acteurs de la chaîne s’organise collectivement et engage avec les autres une négociation.

A noter que cette démarche est différente de celle où l’une des parties impose son cahier des charges et exerce unilatéralement un contrôle pour s’assurer qu’il est respecté. Ce qui peut être le cas pour le commerce équitable ou pour les labels environnementaux.

Les producteurs doivent être partie prenante de la définition du cahier des charges et des conditions dans lesquelles il est contrôlé. L’organisation collective apparaît particulièrement nécessaire pour les consommateurs face au pouvoir des distributeurs ou des grands producteurs.

Les entrepreneurs sociaux et citoyens que vous êtes cherchent-ils le dialogue avec les consommateurs organisés ?

 

La troisième responsabilité s’exerce vis-à-vis de l’environnement naturel.

Les objectifs à prendre en compte sont connus : réduire les prélèvements sur les ressources non renouvelables, lutter contre le réchauffement climatique, réduire les atteintes à la biodiversité et au contraire la restaurer, réduire les déchets et en recycler le plus possible. L’impact de l’entreprise se joue d’une part dans le produit lui-même, d’autre part dans le processus de production. Par exemple, des pavés produits à partir de la transformation de déchets plastic et utilisables pour le bâtiment et les travaux publics ont un impact positif sur l’environnement. Reste à analyser les impacts du processus de production lui-même : énergie utilisée, types de rejets. L’approche globale de l’économie humaine conduit à la fois à prendre en compte l’ensemble des impacts et à considérer qu’il y a toujours des arbitrages à faire pour trouver la meilleure solution.

 

La quatrième responsabilité s’exerce vis à vis de la société dans laquelle l’entreprise mène son activité.

Souvent les entreprises qui se présentent comme responsables mettent en avant le financement qu’elles apportent à des activités sportives, culturelles ou caritatives. La limite n’est pas toujours claire avec un sponsoring et un investissement publicitaire. Le cœur de la responsabilité sociale est ailleurs. L’entreprise utilise à son profit beaucoup de ressources fournies par la société : la qualification de la main d’œuvre, des infrastructures de transport pour ses approvisionnements, la distribution de ses produits, le déplacement de son personnel, des infrastructures d’énergie. La responsabilité première est de contribuer à la reconstitution ou à la maintenance de ces ressources. Tout d’abord en s’acquittant de ses impôts et en participant à l’organisation de la formation, notamment professionnelle.

 

La relation à la société se joue aussi sur un autre plan, non pas pour chaque entreprise prise individuellement, mais pour les entreprises collectivement. Et là, votre volonté de vous regrouper, de vous organiser ensemble a toute sa portée. Non seulement pour vous entraider, mais pour participer ensemble à l’organisation de la société. Dans la perspective de l’économie humaine, il est à la fois important que ces organisations d’entrepreneurs existent et que leurs interventions visent non pas seulement leurs intérêts particuliers, mais l’intérêt général de la société. Vous avez plusieurs fois cité les organisations professionnelles existantes pour dire qu’elles fonctionnaient comme des clubs assez fermés, vous apportant peu de soutien ou même vous mettant des bâtons dans les roues, entretenant des relations de complicité avec les autorités locales. Je vous invite donc à faire évoluer ces organisations, soit de l’intérieur, en y adhérant, soit de l’extérieur en créant vos propres organisations sur une base d’ouverture, de transparence et de concertation avec les autres acteurs de la société.

 

En conclusion, en vous inscrivant dans la perspective de l’économie humaine, vous n’adoptez pas un modèle. Vous faîtes le choix d’un engagement. Les lignes directrices que j’ai tracées ne suffisent pas à déterminer ce qu’il convient de faire. Vous avez à les décliner dans le contexte qui est le vôtre et que vous connaissez bien mieux que moi. Et pour cela, il est important de débattre entre vous pour trouver les façons d’agir qui sont les mieux adaptées.

C’est un des rôles du groupe local du Réseau international d’économie humaine auquel je vous invite à participer."

 

Michel TISSIER 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Mis à jour le 08/05/2020

Ca bouge pour le RIEH en Afrique centrale !  

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Du 18 décembre 2019 au 5 janvier 2020, Gilbert Masumbuko, coordinateur Afrique du RIEH, a invité Michel Tissier à participer à un voyage en Afrique centrale pour rencontrer les membres du réseau dans la région.

 

Les étapes ont été les suivantes :

 

A Banghi...

Une dizaine d’organisations sont en contact pour mettre en place un groupe local.

Dans un contexte qui reste très difficile à cause de l’insécurité et du mal développement chronique, elles agissent à la fois pour répondre à des besoins urgents de la population et préparer la phase de redressement. Celle-ci a d’ailleurs déjà commencé notamment dans la capitale.

Ces organisations trouvent dans l’économie humaine une perspective qui donne du sens à leur engagement de terrain et dans le RIEH une occasion de faire connaître la situation du pays et leur action, de participer à des échanges de compétences et de proposer ensemble des axes pour l’avenir du pays. Elles vont rapidement décider de la façon de mettre en action, en RCA le programme "Des territoires en chemin vers l’économie humaine".

 

A Yaoundé...

Une rencontre s’est tenue le 21 décembre autour de l’ISED avec la participation d’une trentaine de personnes représentant huit organisations. Le réseau est en train de naître au Cameroun.
 

A Kigali...

Deux organisations ont manifesté leur intérêt pour participer à la vie du réseau.

Le forum Twisungane (qui se traduit par " Aidons nous les uns les autres " accompagne des créations d’activités par et pour des jeunes et des femmes.

Une autre association regroupe des enfants sourds-muets et leurs familles pour leur permettre d’accéder à une éducation utilisant la langue des signes.

Des informations viendront sur le site sur chaque organisation et sur la façon dont un groupe local se met en place.

 

Au Rwanda...

Un pays qui se transforme de façon radicale et rapide après le traumatisme du génocide.
 

A Goma...

Michel a participé à l’Assemblée générale de Villages Durables, organisation dirigée par Gilbert  et Achille, un participant très actif à la vie de DCLI depuis de nombreuses années.

L’assemblée a décidé d’entreprendre une phase de redynamisation de l’association en dotant la ferme FEAGE, un centre de formation et de recherche, d’un projet économique lui donnant une autonomie par rapport aux subventions extérieures.

Elle va aussi faire une place plus importante dans son fonctionnement aux bénéficiaires, pour qu’ils soient aussi acteurs.


A Minova...

Le groupe local a entrepris un important projet de valorisation des déchets de la ville en mobilisant les autorités locales et les partenaires.

Une réunion de lancement du projet s’est tenue avec Gilbert et Michel le 26 décembre 2019. Et le 28 Michel a animé une séance consacrée à la rédaction d’articles pour le site du RIEH (eh oui !).


A Bukavu...

Plusieurs rencontres ont eu lieu notamment avec des Jeunes Entrepreneurs, des ONG locales et des enseignants-chercheurs.

Le groupe local est particulièrement actif dans cette ville marquée à la fois par les conflits qui sèment la violence et l’insécurité et par une tradition de résistance et de militantisme.

L’Institut supérieur de Développement rural joue un rôle très important dans le pays et dans le réseau pour former et mettre en place des innovations sociales.

Son directeur général, Bosco Muchikuva est un promoteur de l’économie humaine.

Le site du RIEH fera état dans les prochaines semaines des différentes rencontres qui se sont tenues, des interventions de Michel durant ces rencontres ainsi que du récit d’actions conduites par les organisations membres ou proches du RIEH.

 

Tous ces contacts témoignent d’un grand dynamisme, comme si les graves atteintes à l’humanité que connaît la région allaient de pair avec une détermination farouche de s’en sortir. Continuons à les accompagner ensemble !

 
Mis à jour le 10/01/2020

MADAGASCAR, L'APDIP  

 
 
 
TRAVAIL ZEBU CHARETTE
 
 

L'APDIP, une organisation paysanne à Madagascar, actrice d'économie humaine

 

 

 

"Vous devez être dans la population comme un poisson dans l'eau". C'est dit-on la consigne que Mao donnait aux militants de son parti pour arriver à la prise de pouvoir. Ce mot d'ordre, c'est celui qu'applique l'APDIP par rapport aux paysans de la région de Bongolava, au centre ouest de Madagascar. Pour mener une sorte de révolution, celle qui fait que les paysans non seulement deviennent des professionnels compétents et avisés, mais des citoyens conscients de tous les défis que rencontrent leur société et décidés à agir pour les relever.

 

L'Association des Paysans pour le Développement Inter-Professionnel s'est créé en 2003. Elle compte aujourd'hui 34 groupes de paysans qui regroupe chacun une douzaine de paysans et de paysannes dans les villages de la région, soit 420 membres.

 

Chaque groupe réunit des paysans d'une même commune et d'une même filière : riziculture, haricots, porc, pisciculture, élevage de poulets gasy. Le groupe sollicite l'intervention de l'APDIP qui intervient sous forme de formation, de conseil et de suivi. Ces activités sont assurées par des techniciens qui se déplacent sur le terrain.

 

Quand on parle de terrain, c'est bien de tout terrain qu'il s'agit. Pour se déplacer dans la région, un seul axe est goudronné. Pour le reste se sont des pistes, parfois difficilement praticables, voire même impraticables en saison des pluies. Alors les déplacements des techniciens-animateurs se font en moto. Ils ne rentrent pas chez eux tous les soirs et ils sont hébergés en partageant la vie des habitants. Ce sont eux qui nous ont accompagnés pendant tout notre séjour. Ils connaissent le terrain par coeur, sont connus de tout le monde. Ils sont écoutés pour leur professionnalisme, mais aussi parce qu'ils sont des paysans parmi les paysans, connaissant les mêmes difficultés de la vie quotidienne. Le sel de la terre. Le ferment dans la pâte.

 

La vraie source du développement, ce sont eux et les paysans qui font l'effort de s'organiser, de se former, de changer leurs habitudes, de s'entraider. Le moteur de l'amélioration de la production et des conditions de vie, c'est la ressource humaine. Voilà ainsi incarné, le sens de l'expression "économie humaine".

 

Depuis quelques années, l'APDIP mise sur la mobilisation des "Paysans-relais" dans le but d'assurer un service de proximité et de couvrir plus de territoire. Avec le très peu de compétence technique et le niveau de connaissance moyen, ces paysans assurent le relais avec les techniciens dans la limite de leurs talents. Leurs présences et disponibilités pour leurs homologues ne sont pas parfois payés en numéraire, et ce dévouement et empathie assure un progrès d'ensemble assuré et perenne dans l'association.

 

Car les progrès sont possibles et palpables, avec des techniques simples, à la portée des compétences et des finances des paysans.

Prenons l'exemple des poulets gasy. Il faut créer des poulaillers séparés des habitations, clôturés pour éviter le vol et la transmissions des maladies, équipés de perchoirs, de pondoirs, de mangeoires et d'abreuvoirs. Il  faut améliorer l'alimentation, pratiquer les vaccinations, former des paysans producteurs de reproducteurs pour améliorer la race. Toutes techniques à portée des moyens locaux en utilisant si besoin, la micro-finance.

Et les résultats sont là : le nombre d'oeufs récoltés peut doubler, le poids des volailles aussi et le nombre de bêtes vendus être multiplié par quatre.

 

Même si ces changements font appel à des moyens accessibles avec les ressources locales et peu coûteux, il n'en reste pas moins qu'ils sont difficiles car il faut innover, surmonter les inévitables échecs, faire preuve de détermination. Et le rôle de l'APDIP est ici essentiel. Les paysans lui font confiance, car c'est leur organisation, dirigée par leurs représentants, animés par des personnes qu'ils connaissent, qui ne les reçoivent pas dans leur bureau pour les soumettre à des procédures bureaucratiques, mais partagent leur vie. Cette confiance, cet engagement pour l'APDIP se traduit par la contribution financière qu'ils apportent au fonctionnement de l'association et qui est d'un montant significatif, même si elle ne couvre pas tous les coûts.

 

L'APDIP est ainsi beaucoup plus qu'un service technique, c'est l'instrument par lequel les paysans prennent en main leur destin.

 

RANDRIAMAROMANANA Simone

signature de Simone de l'APDIP2

       

 

        

Directrice de l'APDIP

 

 

 

 

 

 
Mis à jour le 18/12/2019

RETOUR DE MADAGASCAR  

Michel Tissier est revenu de son voyage à Madagascar, ému par des hommes et des femmes livrés à eux-mêmes, qui travaillent très dur sans pouvoir répondre aux besoins les plus élémentaires de leur famille ; Indigné, tant les écarts des conditions de vie dans "nos" pays et Madagascar sont criants, décidé à agir car la responsabilité de faire et de faire ensemble, face à la pauvreté, nous incombe à tous... Ne sommes nous pas, avant tout, les humains d'une même terre à partager ?

 

 

 

Quand on plonge comme je l’ai fait dans la réalité de la vie de la population rurale de Madagascar, on n’en sort pas indemne et on n’échappe pas à deux questions :

Comment cela est-il possible ? et que faut-il faire ?

J’écris donc ce texte pour ne pas y échapper et sans m’arrêter aux précautions légitimes, mais qui ne peuvent pas être des échappatoires : je connais très mal cette culture et son histoire et quelques jours, même au contact direct de la population, ne suffisent pas pour percevoir et analyser toute la complexité d’une société.

 

Qu’est-ce que j’ai vu ?

Des zones entières sans électricité, où on va chercher l’eau dans des bidons à des bornes fontaines et même souvent à des sources ou des puits très éloignés.

Où la population pourtant très pauvre doit elle-même construire des écoles, les équiper et payer des enseignants mal formés.

Où elle doit aussi payer pour se faire soigner dans des centres de santé délabrés et mal équipés.

Où on n’accède que par des pistes défoncées, impraticables en saison des pluies.

Où l’on travaille très dur pour des revenus qui ne permettent pas de se nourrir de façon suffisante pendant des périodes entières de l’année, celles qui font la soudure entre les récoltes.

Où toute la cuisine se fait au bois avec un impact désastreux sur la déforestation, d’autant que la pratique des feux de brousse continue de sévir.

Ajoutons à cela l’insécurité, qui dans les zones que j’ai visitées se traduit surtout par un vol massif de zébus, l’animal domestique qui est la première source d’énergie pour le transport et les travaux agricoles et qui fournit aussi de la viande et du lait.

Et tous nos interlocuteurs dénoncent à ce propos les pays voisins puissants, avides de la viande que fournissent ces troupeaux et qui corrompent les autorités jusqu’au plus haut niveau de l’Etat pour qu’on les laisse perpétrer leurs pillages.

 

Pourquoi un pays disposant d’importantes ressources naturelles est-il parmi les plus pauvres du monde ?

Parce que pour l’essentiel, ces richesses naturelles sont pillées par l’extérieur avec la complicité des pouvoirs en place. Et parce que la population est abandonnée à elle-même. Dans le cas de Madagascar, cette expression apparaît plus adaptée que celle d’exploitée. En tout cas pour la population rurale.

 

Que faire ?

Le premier élément de réponse est que ce sont les Malgaches eux-mêmes qui peuvent et doivent agir. L’aide extérieure, si tant est qu’elle est nécessaire, n’est utile que pour soutenir une action de la population. Les équipements installés sans répondre à une volonté de la population sont voués à dépérir très rapidement.

Le voyage a montré les deux situations par rapport à l’adduction d’eau potable. Si la population ne s’organise pas pour la distribution et la maintenance, le système connaît rapidement des pertes, voire même cesse de fonctionner. Si elle s’organise, la continuité du service est assurée.

Pour les populations rencontrées, il y a ainsi deux axes pour progresser :

- Rendre le travail agricole plus productif, faire en sorte qu’il génère des revenus plus importants,
- Mettre en place les formes d’organisation collective pour répondre aux besoins de service collectif.

Le voyage m’a permis de rencontrer de nombreux exemples d’actions conduites sur ces deux objectifs. Je renvoie aux articles mis sur le site www.rieh.org, rubrique Rencontres.

 

Pour l’amélioration des techniques agricoles il n’y a pas de révolution verte ou de miracle technologique.

Le progrès tient à une grande diversité de moyens, qui restent à la portée des paysans.

Pas d’investissement coûteux qui nécessiteraient de s’endetter.

Pas de technologie complexe risquant de tomber en panne.

Pas de dépendance vis-à-vis d’un fournisseur.

Et les préoccupations écologiques rejoignent le plus souvent la nécessité de limiter le coût des entrants. L’agro-écologie demande davantage de savoir faire et de soin. Elle s’appuie avant tout sur la ressource humaine.

 

Pour l’organisation collective, il est impressionnant de voir comment, face à la défaillance de l’Etat, avec des collectivités locales sans moyens d’intervention, des organisations se créent pour répondre à des besoins criants.

Sur le site, j’ai donné l’exemple d’une cantine scolaire et la maintenance du système d’adduction d’eau. On m’a donné l’exemple d’assemblées villageoises qui mobilisent toute le population pour refaire une route ou pour monter une patrouille face à l’insécurité.Tout cela s’appuie sur des traditions d’entraide (le fivahanana), mais nécessite aussi beaucoup d’engagement et de rigueur.

 

Sur ces deux terrains,  c’est l’accompagnement humain, par la formation, le conseil, le suivi qui est le facteur premier de réussite. D’où le rôle essentiel joué par des organisations qui se donnent cet objectif d’appui et  d’animation.

J’en ai rencontré deux, une dans chaque partie de mon voyage, l’APDIP dans la région de Bongolava dont le chef lieu est Tsiroanomandidy et Fivoy dans la région de la Haute Mitsiatra dont le chef lieu est Fianaransoa.

Leur mode d’intervention est très proche : présence sur le terrain, connaissance et partage des cultures locales et des structures sociales, expertise capable de se transmettre par des moyens simples, aptitude à l’écoute et à l’échange, engagement des membres, valeurs partagées quant à la reconnaissance de la dignité de toutes les personnes et confiance dans leur capacité à développer leurs compétences et à s’organiser collectivement.

Ce sont aussi deux organisations exemplaires dans la rigueur de leur gestion.

La meilleure expression qui me vient pour caractériser ces organisations est celle d’éducation populaire. J’y vois la clé de l’émancipation collective qui est la base du développement humain des sociétés partout dans le monde.

Ce sont ces organisations que notre Réseau international pour une économie humaine cherche à rassembler pour leur permettre de se renforcer par l’échange sur leurs pratiques.

Dans les deux cas, ces organisations bénéficient de la coopération internationale, l’APDIP avec l’AFDI (Agriculteurs français pour le développement international), Fivoy avec  la KAB (Katolischer Arbeitnehmer Bewegung). Cette coopération apparaît pertinente à double titres.

Elle se concentre sur le renforcement des capacités des organisations en permettant que ces dernières se professionnalisent dans leur fonction d’appui et d’animation et, à travers ces organisations sur le renforcement des capacités de la population. Et ces capacités ne sont pas seulement techniques, ce sont d’abord des capacités à agir collectivement.
Elles n’imposent pas leur programme et leur cahier des charges, mais elles suivent le mouvement qu’anime leur partenaire, tout en étant très rigoureux sur la gestion.

Ces deux lignes de conduite devraient inspirer toute coopération.

 

S’esquisse ainsi une réponse à la question que faire ?

Permettre aux populations rurales d’augmenter les revenus qu’elles tirent de leur travail par des techniques simples, peu coûteuses, qui n’épuisent pas l’environnement mais le régénèrent.

Les soutenir pour qu’elles s’organisent dans des services publics qu’elles gèrent elles-mêmes. En s’appuyant sur des organisations d’appui et d’animation qu’il faut renforcer.

Ajoutons une autre leçon tirée de ce voyage.

Tout cela marche d’autant mieux qu’arrive à se créer au niveau local, qui sont, sur les lieux visités, des communes comprenant un bourg et une dizaine de villages (fokontany), une concertation entre les élus des communes, les administrations locales, les autorités traditionnelles au niveau des fokontany, les groupes organisés (de paysans, de femmes, de jeunes), les organismes d’appui et d’animation comme l’APDIP et Fivoy, et, ajoutons même si nous l’avons moins vu, les acteurs de l’économie informelle, les leaders religieux, les groupes d’expression culturelle pour identifier les principaux problèmes de la population du territoire, définir des priorités et organiser une action commune.

Tout ceci pourrait s’intégrer dans une démarche pour élaborer et mettre en œuvre un Plan de développement communal, prévu dans les textes.

Mais ces processus de concertation sont loin d’être en place. Ils s’esquissent dans certaines communes visitées. Le RIEH propose à tous les territoires qui le souhaitent de se donner explicitement le but de l’organiser afin de trouver les meilleures méthodes pour réussir dans cette démarche.

C’est aussi dans ce sens qu’agissent les communautés de communes de Bretagne qui sont engagées dans des actions de coopération décentralisée avec des communes de la région de Bongolava.

Cette forme de coopération paraît également devoir être développée surtout dans la mesure où les territoires européens s’engagent eux-mêmes dans les mêmes processus de concertation.

 

Cette réponse par le bas à la question Que faire ? peut paraître bien courte au regard de l’ampleur des problèmes que rencontre le pays.

Cette action locale ne va-t-elle pas rapidement rencontrer des limites tenant au système politique national ou au système économique global ?

N’est-elle pas impuissante face au pillage des ressources du pays, à la corruption généralisée, à l’insécurité ?

En proposant cette stratégie, le RIEH ne fait-il pas preuve d’un idéalisme naïf ?

 

La réponse à cette objection tient en trois considérations.

 

- La première est que face à la gravité de la situation, on ne peut pas se contenter d’appeler à des grands changements structurels qui à l’évidence prendront du temps.

Il faut des solutions qui améliorent dès maintenant la situation. Il y a des marges de manœuvre, même dans un contexte très difficile, utilisons-les.

- Par ailleurs, un changement politique à Madagascar, permettant notamment de mener une politique économique publique au service des initiatives des citoyens est certainement nécessaire.

- Mais il n’est possible que si la population a développé une conscience commune des problèmes et partage des objectifs d’une politique et d’une économie du bien commun. Or cette conscience se forge d’abord dans l’action collective.

 

J’ai pu observer comment les paysans organisés avec l’APDIP ont développé leurs capacités d’analyse et ne se laissent pas duper par les discours des politiciens. Comme dit l’un d’eux : "je ne suis plus impressionné par le Président et je suis prêt à traiter avec lui d’égal à égal".

J’ai pu observer comment les femmes organisées avec Fivoy sont décidées à défendre leur droit et à faire entendre leur parole à tous les niveaux, dans leur famille, leur communauté, voire accéder à la Mairie et pourquoi pas plus haut. Dans plusieurs pays se sont produits et se produisent des mouvements de révolte exigeant le départ des dirigeants corrompus.

 

Mais que veut-on construire ?

Des paysans qui se sont engagés dans la transformation de leur travail pour devenir des professionnels de l’agriculture, des citoyens qui se sont organisés pour l’accès de la population de leur village à l’eau, à la santé, à l’éducation ont les bases pour mettre en place et faire vivre des environnements favorables aux entrepreneurs et des institutions démocratiques.

Le travail de fond mené par l’APDIP, par Fivoy et beaucoup d’autres est la base solide d’un vrai changement.

Enfin, cette approche des problèmes par la base n’est pas exclusive, bien au contraire, d’une action et d’une revendication pour des changements structurels à d’autres niveaux. L’APDIP comme Fivoy parlent avec les autorités régionales et elles sont d’autant plus écoutées que leur action sur le terrain est visible et indéniable. Dès lors qu’une dynamique locale est lancée, la question des moyens dont disposent les conseils communaux ne peut pas être éludée. Madagascar, comme beaucoup de pays où sévit la misère et où la dignité humaine est bafouée, dispose généralement d’un cadre légal sur lequel on peut s’appuyer même s’il n’est pas respecté. L’action locale fait apparaître ces contradictions et crée ainsi les conditions pour qu’elles soient traitées.

 

La leçon est donc claire. On peut agir. Les Malgaches le peuvent et le font. Ils montrent que même dans les pires conditions il est possible par le travail et par l’action collective de mieux vivre. Soutenons-les.

Et si nous, les Occidentaux, nous agissions aussi de la même manière par rapport à des problèmes qui sont pour partie très différents et pour partie les mêmes ?

Malgré l’abyssale différence des situations nous habitons la maison commune et sommes appelés à agir en commun pour qu’elle soit plus habitable. C’est la meilleure définition de l’économie humaine.

 

Michel Tissier

Secrétaire exécutif du RIEH

Calviac, le 09/12/2019

 

 

 
Mis à jour le 18/12/2019
VOYAGE A MADAGASCAR 3 / PLF2020 : PAS DE VOTE SANS DÉBAT CITOYEN !

VOYAGE A MADAGASCAR 3 / PLF2020 : PAS DE VOTE SANS DÉBAT CITOYEN !  

 

 

couverture livre lily

 

Lily Razafimbelo, membre historique de DCLI et co-auteure du livre Chemins d’Economie humaine, poursuit son action pour la démocratie à Madagascar.
Le CCOC (Collectif des citoyens et des organisations citoyennes) dont elle est une des animatrices et dont l’action est relatée dans le livre fait campagne pour la transparence budgétaire.
Cette action du CCOC au niveau central est complémentaire de celle menée à la base par Fivoy dont il est rendu compte dans cette rubrique…

 

 

 

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

 

HENOY ALOHA NY HEVITRAY VAO FIDIANAREO NY TETI-BOLA 2020! 

 

Araka ny fanajana ny fitsipiky ny fangararahana ara-bola sy ny tamberina andraikitra, ny Minisiteran'ny Fitantanam-bola sy ny Tetibola dia nanao ezaka tamin’ny 2017 mba ampahafantatra ny besinimaro ny volavolan-dalana mahakasika ny teti-bolam-panjakana tamin’ny alalan’ny tranokalany, ary izany dia nahafahan’ny firaisamonim-pirenena nanao famakafana ny vokany teo amin’ny fiainan’ny mponina indrindra ny sehatra sosialy sy nitondrana ny soson-kevitra teo anivon’ireo solombavam-bahoaka.

 

Izany ezaka izany anefa dia nisy fiovana ny taona 2018 mahakasika ny fizarana ny volavolan-dalana mahakasika ny tetibolam-panjakana 2019 satria dia tsy hita tao anaty tranokala raha tsy andro fohy alohan’ny handanian’ny solombavambahoaka izany.

 

Ary tsapa fa nolaniana amehana, ary tsy afaka nanao famakafakana akory ny firaisamonim-pirenena mba hitondrana tolon-kevitra. Raha ho an’ny volavolan-dalana mahakasika ny teti-bolam-panjakana 2020, ny olom-pirenena sy ny firaisamonim-pirenena dia eo ampiandrasana izany.

 

Ny governemanta ankehitriny dia nanome toky fa hanao ny tsara kokoa noho ny teo alohany mahakasika ny fangaraharahan’ny tetibola, ary ny toe-draharaha politika sy sosialy ary toekarena ankehitriny dia mitaky ny fizarana sy ny fahafantarana izany volavolan-dalana izany. Raha araka ny tokony ho izy, izany tahirin-kevitra izany dia tokony ho zaraina ao amin'ny tranokalan'ny Ministeran'ny Toekarena sy Fitantanam-bola (MEF) ny 31 oktobra 2019 lasa teo, mba hahafahan'ny besinimaro sy ny firaisamonimpirenena mamakafaka azy miaraka amin'ireo solombavam-bahoaka. Takiana ny mba hanajana ny fangaraharaha, ny tamberina an-draikitra ary ny fandraisana anjaran’ny olom-pirenena ka :

• Ny volavolan-dalana mahakasika ny tetibolam-panjakana 2020 dia mba ho zaraina amin’ny besinimaro, 

• Ary ireo solombavam-bahoaka dia iangaviana mba tsy handany amehana izany lalana izany fa mba hanisy ny adihevitra matotra amin’ny mpitondra mpanatanteraka sy ny olom-pirenena.

 

Tsy tokony hisy ny fanekena raha tsy misy ny adi-hevitra.

 

Antananarivo, ny 06 Novambra 2019

PLF2020 : PAS DE VOTE SANS DÉBAT CITOYEN !

 

Dans son souci de respecter le principe de transparence budgétaire et de redevabilité en 2017, le Ministère des Finances et du Budget (MFB) avait fait l’effort de mettre à la disposition du public, à travers son site web, le Projet de Loi des Finances (PLF) 2018, afin de permettre à la société civile de procéder à l’analyse de celui-ci, en vue de soumettre des recommandations au Parlement.

 

Cette volonté a ensuite été remise en cause en 2018 car la disponibilité du PLF 2019 n’a été effectuée que pratiquement la veille de son examen et de son vote par les députés. Il fut ainsi rapidement adopté par les députés et la société civile n’a pas eu le temps de l’étudier, ni de communiquer ses analyses et recommandations.

Pour le PLF 2020, le public et la société civile sont toujours en attente de la mise à disposition au public, de ce dernier.

 

L’actuel gouvernement s’est engagé à faire mieux que ses prédécesseurs en matière de transparence budgétaire, et le contexte politique et socio-économique qui prévaut actuellement dans le pays appelle en urgence la facilitation de l’accès à l’information relative au PLF 2020.

Ce document devrait être mis en ligne sur le site web du Ministère de l’Economie et des Finances (MEF) pour que le grand public et la société civile soient informés en même temps que les parlementaires, et ce, normalement le 31 Octobre 2019 au plus tard.

A partir de ce constat,

Nous demandons que la transparence, la redevabilité et la participation citoyenne soient respectés et que :

• Le PLF 2020 soit rapidement mis à la disposition du public,

• Les parlementaires ne procèdent pas à la hâte au vote du  PLF 2020 et prennent le temps d’entamer les débats avec l’Exécutif et les citoyens.

 

Pas de vote sans débat citoyen !

 

Antananarivo, le 06 Novembre 2019

 

 

 

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Mis à jour le 17/11/2019
VOYAGE A MADAGASCAR 2

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VOYAGE A MADAGASCAR

 

L'eau, un service public qui repose sur le public !

 

 

 

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Dans beaucoup de villages rencontrés durant ma mission à Madagascar, les habitants doivent parcourir de longues distances pour disposer d’eau potable pour la cuisine et pour se laver. Il faut porter les lourds bidons par tous les moyens possibles et le plus souvent à bout de bras ou sur la tête des enfants et des femmes.

Beaucoup heureusement, sont dotés non pas d’un accès à l’eau dans les maisons, luxe jugé inaccessible, mais à des bornes fontaines réparties dans le village pour être à proximité des habitations. Cependant, même dans ce cas, il y a parfois des problèmes de fuites et de gaspillage.

 

Dans la commune d’Adoharanomaintso, accompagné de l’équipe de Fivoy, j’ai pu rencontrer les membres de la plateforme des usagers de l’eau (Vovonana). Il faut savoir qu’une commune rurale à Madagascar regroupe un bourg central, siège de la commune, et plusieurs villages appelés fokontany (prononcez « fouktane »), qui peuvent être éloignés jusqu’à 35 km du bourg, ce qui se traduit en une journée de transport tant les pistes sont en mauvais état. Dans le cas présent il y a 11 fokontany. Or, en plus du Vovonana pour la commune, il y a un comité local des usagers de l’eau (KOPA) dans chaque fokontany. Tous les Kopa ont tenu à être représentés pour me rencontrer, ce qui est un grand honneur qu’ils me font, et qui témoigne de leur volonté de faire connaître leur action et de leur attente pour bénéficier d’un soutien.

 

Le Président du Vovonana, Jean-Marie Fidèle, explique pourquoi ils se sont organisés, en 2014. Des associations avaient installé le système d’adduction d’eau puis s’étaient retirées. Le système fonctionne par gravitation, avec constitution d’un réservoir qui alimente ensuite les bornes-fontaines.

Cependant, rapidement, les infrastructures se sont dégradées et des fuites sont apparues, soit dans les conduits soit aux robinets. La plateforme et les Kopa se sont constitués pour effectuer les travaux de maintenance, mais aussi pour décider et faire respecter des règles dans l’accès à l’eau. Concrètement, chaque usager paye une cotisation, une fois par an, pour la maintenance (montant équivalent à  0,75 €), versée en nature au moment de la récolte, et dans le bourg une somme très modique est perçue par bidon (équivalent à 0,0125 €). L’accès aux bornes fontaines est contrôlé par des fontainiers dans le bourg et par les membres des Kopa dans les fokontany. Des plages horaires sont aussi, définies : en fonction des variations dans le débit des sources, des limitations de quantité accessible à chacun sont instaurées. Le Vovonana et les Kopa perçoivent les abonnements et les paiements, contrôlent les accès et font les réparations courantes. Certaines réparations plus importantes sont confiées à un technicien.

 

Fivoy est intervenue au départ pour sensibiliser la population et former les membres du Vovonana et des Kopa à la gestion financière. Tout cela est désormais bien rôdé et fonctionne sans problème important selon les participants.

Il faut noter que l’action du Vovona et des Kopa s’étend dans deux directions :

1/ la protection de la qualité des sources par un reboisement sur les bassins versants,

2/ la diffusion d’équipements d’hygiène (latrines et douches) dans les bâtiments publics (écoles, centres de santé, mairies, maisons communautaires, églises) et chez les particuliers. Ils interviennent aussi dans les écoles.

Ainsi la maintenance des systèmes d’adduction d’eau potable est assurée par ces comités émanant de la population.

 

Faut-il admirer cette capacité collective à s’organiser ou déplorer que les services de l’Etat ne jouent pas leur rôle de services publics ? C’est aux citoyens malagasy d’en décider…

 

Pour éclairer ce débat, il faut observer que toute la gestion de l’eau potable ne repose pas uniquement sur les populations. Un accord existe entre la région Haute Matsiatra et Le Grand Lyon (Lyon Métropole) en France, pour mener un programme d’investissements dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. C’est dans le cadre de ce programme qu’ont été mises en place les infrastructures de la commune d’Adoharanomaintso. Ce programme permet aussi de réaliser les études géologiques permettant  à la région de disposer d’un plan d’aménagement.

 

Or, il est intéressant de noter que cette intervention de Lyon Métropole s’appuie sur un dispositif législatif français trop méconnu et trop peu utilisé. La loi Oudin-Santini autorise depuis 2005 les collectivités, syndicats et agences de l’eau à consacrer jusqu’à 1% de leur budget eau et assainissement pour financer des actions de solidarité internationale dans ces secteurs.

Dans le cas présent, la mise en œuvre de cette loi par la métropole lyonnaise permet non seulement un apport financier significatif mais un transfert de savoir-faire car ce sont des entreprises du secteur de l’eau et de l’assainissement qui interviennent. La Direction régionale du Ministère de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène de Haute Matsiatra est ainsi amenée à se doter d’un plan d’action.

 

Fivoy s’efforce de renforcer le plus possible cette intervention de l’Etat. Elle rencontre régulièrement cette direction, participe activement aux réunions publiques sur le sujet et organise à l’occasion de la journée internationale de l’eau, le 22 mars de chaque année une manifestation festive à laquelle la directrice régionale est invitée. Ainsi Fivoy agit à la fois pour mobiliser les populations et pour impliquer les services de l’Etat. Cette conjonction est une des caractéristiques de la démarche de transformation des sociétés promue par le Réseau international pour une Economie humaine.

 

Michel Tissier

 

 

 

 

 

 
Mis à jour le 17/11/2019
VOYAGE A MADAGASCAR

VOYAGE A MADAGASCAR  

 

 

VOYAGE A MADAGASCAR

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Ce voyage donne suite à la Rencontre internationale dans Le Mené « Du souffle pour nos territoires » en partenariat avec le territoire du Mené en Bretagne et qui s’est déroulé en juin 2018.

 

Parmi les participants à cet évènement, était présent André Geffroy administrateur à l’AFDI Bretagne (Association des paysans pour le développement international A.F.D.I.) qui a proposé au Mené et au RIEH de se joindre à un groupe d’élus bretons pour se rendre en voyage-découverte et d’observation à Madagascar du 1er au 17 octobre 2019.

Reconnue pour sa compétence à l’international leur axe de recherche-action est : « vivre dignement du métier de paysan ». L’association y est présente, notamment dans la région du Bongolava, depuis 1993, avec de nombreuses expériences réalisées en coopération avec les équipes de terrain (lien vers le site de l’APDI).

Après une observation de terrain, partagée, du travail de l’AFDI  la première semaine, Michel Tissier, le Secrétaire exécutif du RIEH a pris un chemin de traverse pour se rendre dans le village de Betapoaka, à plus d’une heure de piste du chef-lieu de la région, Fianarantsoa, à 400 km au sud de Antananarivo…

 

Une cantine qui a tout d'une école de la vie.

 

 

RIEH LOCALL'EH en marcheapport des buchesle refectoireles fours de Tsaracuisinières en tenue

Comme malheureusement dans beaucoup d’autres zones à Madagascar, l’école est une école FRAM, c'est-à-dire qu’elle vit exclusivement des moyens fournis par les parents ; non seulement pour le bâtiment, les équipements et les fournitures scolaires, mais aussi pour le salaire des enseignants, versé non pas en espèces, mais en sac de riz et de haricots. L’Etat est complètement absent et la municipalité est elle-même très pauvre. La population est totalement abandonnée à elle-même.

Dans ce contexte particulièrement dur à vivre et désespérant, un groupe de femmes a depuis plus de dix ans, pris l’initiative d’organiser cinq mois par an une cantine scolaire.

Pourquoi ne pas laisser les enfants manger tout simplement chez eux ?

C’est que ces cinq mois, entre novembre et mars, sont ceux de la soudure, c'est-à-dire ceux qui précèdent la nouvelle récolte de riz. Les réserves de la précédente récolte sont épuisées dans beaucoup de familles et elles sont en mode de survie tout en devant travailler très dur dans les rizières. Comme le dit la Présidente du groupe, si les enfants ne mangent pas, ils ne viennent plus à l’école ou, s’ils y viennent, ils s’endorment pendant les cours. Les femmes ont donc décidé de s’organiser pour que soit mise en place une cantine scolaire. Et s’organiser dans un tel contexte, c’est toute une affaire !

 

Il faut de la nourriture, un lieu à l’abri de la pluie, fréquente en cette saison, des équipements pour la cuisine, du combustible pour la cuisson, des cuisinières, des personnes pour servir et faire la vaisselle. Sans oublier l’eau pour que les enfants se lavent les mains, des toilettes pour qu’ils fassent leurs besoins à l’écart.

 

Pour tout cela, elles mettent les parents à contribution et se mobilisent elles-mêmes. Elles peuvent aussi compter sur FIVOY (prononcez « fivouille ») organisation d’appui, membre du RIEH, qui bénéficie elle-même du financement d’un organisme allemand, KAB (Katolischen Arbeitnehmer Bewegung). Depuis plus de 15 ans, FIVOY forme et appuie des groupes de femmes dans quatre communes de la région. L’association apporte notamment des outils et des méthodes pour s’organiser. Le soutien financier de KAB est indispensable, mais il est très loin de couvrir tous les besoins et le pourcentage des dépenses qu’il couvre diminue chaque année.

 

La contribution des parents est aujourd’hui de 50% pour le riz, de 100% pour les haricots et de 50% pour les brèdes (légumes feuilles couramment consommés à Madagascar). Le riz est collecté au moment de la récolte en avril et mai et stocké dans un grenier. Pendant deux mois, les femmes en charge de la gestion sont présentes pour recevoir les contributions en tenant une comptabilité très rigoureuse. Le stockage suppose un espace volumineux et surveillé car les risques de vol sont importants. Actuellement la cantine et le stockage se font dans une « Maison des femmes », construite par elles, bien sûr, qui abrite aussi d’autres activités.

 

Pour pouvoir inscrire les enfants, il faut contribuer et les contrôles sont rigoureux. Toutefois, l’association des parents qui gère l’école et qui connaît bien la situation des familles peut décider de réduire les quantités à verser, voire même de demander une contribution sous forme de travail à la cuisine ou dans le service.

Une formation des femmes, intervenant dans la cuisine et les services a été organisée, notamment pour le respect de règles d’hygiène. Règles qui sont ainsi diffusées aussi dans les familles. Des techniques de chauffage sont également travaillées pour réduire la consommation de bois et de charbon de bois, ainsi que des fours solaires. A noter que les cuisinières se sont montrées peu disposées à changer leurs méthodes traditionnelles plus consommatrices en bois mais aussi plus rapides. Il a fallu les convaincre et même, au bout d’un certain temps imposer le changement.

 

Un autre point remarquable est que les femmes ont décidé de constituer un capital pour assurer la pérennité de la cantine, y compris dans la perspective d’un retrait total du financeur allemand. Ainsi, au-delà du nombre de sacs de riz nécessaires pour l’alimentation, un grenier spécial est constitué à partir d’une contribution complémentaire de 5 mesures. Ce riz, vendu quand les prix sont au plus haut, permet de racheter des quantités plus importantes quand les prix sont au plus bas. Le capital augmente ainsi chaque année avec la perspective à terme de pouvoir non seulement reconstituer le stock mais dégager des bénéfices pour le fonctionnement. Un mécanisme habituellement utilisé par les spéculateurs, mais qui est ici au service de l’intérêt général !

 

Tout cela nécessite une organisation qui ne relève en rien de ce qu’on appelle avec une nuance de mépris : l’économie informelle. C’est bien d’économie humaine qu’il s’agit. Il y a le comité des parents qui prend en charge tout ce qui concerne l’école. Il est constitué pour la cantine scolaire un comité de la cantine comprenant l’association des femmes du village (qui mène aussi d’autres activités sur le village), le comité des parents, les enseignants, une animatrice de FIVOY. 9 groupes de 8 femmes se relaient pour faire la cuisine. Deux femmes sont responsables de l’organisation d’ensemble. Elles tiennent dans un cahier une comptabilité très rigoureuse avec, jour par jour, les aliments achetés, la part des stocks utilisés, les menus servis, le nombre d’enfants présents. Cette gestion rigoureuse permet de tenir chaque année, en début et en fin de la période de fonctionnement de la cantine une Assemblée générale avec tous les parents participants. C’est là que sont prises toutes les décisions importantes, notamment le montant des contributions à verser, les investissements à réaliser. Les cahiers permettent aussi un rapport très régulier au bailleur de fonds KAB.

 

Grâce à tout cela 250 enfants font au moins un bon repas 5 jours par semaine pendant 5 mois.

Une autre cantine fonctionne de la même manière dans le village de Tsarahonenana (commune d'Anjoma), toujours avec l’appui de Fivoy. Celle-ci sert 380 repas par jour. Et, dans ce village, les femmes ont réussi à mobiliser aussi les hommes. On a besoin de bras pour puiser l'eau du puits et pour casser les bûches !

Certains parleront d’une goutte d’eau dans un océan de misère. Ils ont bien tort. D’abord parce que 250 et 380 enfants qui évitent la malnutrition, ce n’est par une goutte d’eau, c’est une oasis de bien-être. Ensuite parce que ce modèle fait école dans les villages alentour. Déjà les femmes des deux groupes échangent entre elles pour tirer le meilleur parti des deux expériences. Et au RIEH de Madagascar et d’autres pays de faire en sorte qu’il se répande. Enfin parce que ces femmes prennent conscience de leur capacité collective à s’organiser et à obtenir des résultats. Et elles ont envie d’agir aussi sur d’autres enjeux. Des leaders se dégagent et l’une ou l’autre d’entre elles pourraient bien prochainement être élues au conseil communal, voire un jour comme maire.

 

Félicitations et encouragements à elles toutes !

Michel Tissier

 

 

 

 
Mis à jour le 17/11/2019