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Remplaçons Economie personnaliste par Economie humaine... ou comment rendre hommage à Emmanuel Mounier Actualités En Mauritanie, un maraîcher transforme le désert en jardin

Le sol se meurt au Buzi de Prosper Hamuli
 

Prosper Hamuli est un membre très actif du RIEH au Kivu en RDC. Avec justesse, Michel Tissier le présente  :

"Après une carrière d’enseignant, il a fondé et dirigé une école secondaire à Goma et se définit maintenant  comme un expert en organisation des communautés.

Il rend compte ici au travers d’entretiens de terrain d’un problème majeur qui se pose dans la région, qui est à la fois un enjeu : écologique - le sol se meurt - sanitaire - l’alimentation est polluée - économique - les paysans perdent leur revenu - et social - les conflits éclatent entre locataires des terres et métayers.

C’est la première étape d’une action collective pour l’économie humaine que d’identifier un enjeu dans les termes utilisés par les personnes les plus touchées et de montrer les différents volets du problème.

Cette action est déjà en cours, portée notamment par Achille Biffumbu, autre membre du réseau RIEH Afrique et l’association Villages Durables."

 

 

le sol se meurt au Buzi

 

Mardi est le jour du marché le plus achalandé à Minova, situé à 50 km au sud de la ville de Goma d’où viennent plus de cent petits commerçants pour chercher des vivres frais à écouler en ville.

 

Ce jour-là, depuis quelques mois, un à deux bateaux, d’une capacité de 5 à 10 tonnes chacun, amènent des commerçants venus s’approvisionner en produits agricoles à écouler à Bukavu, 150 km plus au sud.

A terme, cette abondance en vivres frais est menacée par l’usage des produits chimiques qui s’installe dans les pratiques agricoles au Buzi en Territoire de Kalehe au bord du lac Kivu. En effet, " si tu ne pompes pas, tu n’auras même pas une tomate ", fait remarquer Bumanoro qui plante ses tomates à Kikunda.
 

La pulvérisation des pesticides sur les plants de tomates est devenue tellement courante que plus personne ne se pose la question de ses effets nocifs sur la santé. Aujourd’hui les paysans vont plus loin et récoltent des haricots hors saison. " Depuis un certain temps, il y a de gros et beaux haricots qui apparaissent au marché de Minova à la fin de la saison sèche. Nos investigations ont montré qu’il s’agissait de cultures faites à coup de fertilisants sur des parcelles de location. Demandez aux autorités d’agir vite parce que la guerre entre locataires et métayers se prépare. Les locataires récoltent mais la terre est stérilisée ". Cette analyse de Buja, un militant des droits de l’homme, est alarmante !

Avant même que les cours et tribunaux ne soient sollicités pour départager les propriétaires terriens et leurs locataires pour stérilisation des sols, les apiculteurs eux ne savent pas qui accuser.

Ngeregeza fulmine de colère : " Sans me vanter, je suis parmi les plus grands apiculteurs d’ici. Mais je ne peux pas vous dire où vont mes abeilles. Avant je croyais qu’il y avait des voleurs d’abeilles et j’ai même engagé des veilleurs pour surveiller les ruches. Mais j’ai fini par comprendre que mes abeilles étaient empoisonnées par des faux agriculteurs. Ce sont des faux. Il faut les mettre en prison pour assassinat d’insectes indispensables déjà pour eux-mêmes. La pollinisation c’est quoi ? Ils le savent ? Ce sont des faux !!! J’espère qu’ils seront les premiers à attraper le cancer qui vient de leurs pesticides. Je n’ai plus de miel à vous donner. Il est empoisonné je suis sûr. Mais bon, le Congo c’est comme ça. Vétérinaires et agronomes sont des taxateurs au lieu d’interdire tous ces poisons pompés sur les plantes destinées à nos estomacs et aux abeilles. "

Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et d’ailleurs il est encore temps d’arrêter les mauvaises habitudes qui s’installent. Le prix abordable des pesticides ne s’expliquerait-il pas par le fait qu’il s’agit plutôt de produits chimiques interdits en Europe et ailleurs et massivement déversés sur l’Afrique ?

Que dire des effets des engrais chimiques sur la texture des sols ?

Les pouvoirs publics sont interpellés sur leurs responsabilités. L’attention des agriculteurs est attirée sur l’avenir de leur métier avec un sol stérilisé. Les consommateurs ne devraient plus continuer à accepter de manger n’importe quoi !!

Le lien entre les pesticides et certaines maladies est scientifiquement établi.

En définitive, une étude devrait être menée pour expliquer ce nouveau comportement des paysans du Buzi et de plus loin pour proposer des pistes de travail destinées à inverser cette tendance suicidaire qui s’installe lentement mais sûrement au vu et au su de nous tous.

 

Prosper Hamuli Birali à Minova le 04 décembre 2019

 

 

 

 

 

 

 

 


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