"Pour un développement humain, intégral, solidaire et participatif, en harmonie avec le vivant"

 
 
 
 
 
 
 
 

La Plateforme de la Société Civile de République Centrafricaine (SCRCA) Toutes les actualités Angeline et Valérie, Michel et Gilbert animent un atelier sur l’économie humaine à Bangui le 2 février 2019

Women act for living together (WALT), Les femmes agissent pour le vivre ensemble.
 

Elles ont choisi de donner à leur association un nom en anglais alors que les documents qu’elles produisent sont en français et que leur langue de travail entre elles est le sango, la langue véhiculaire de la RCA. Peut-être comme un signe de modernité, une volonté de sortir des cadres considérés comme étouffants. Sans doute aussi parce qu’elles travaillent beaucoup avec les instances internationales comme l’ONU. Et c’est vrai qu’elles ont un peu toutes l’allure de Business Women, ces militantes de WALT, à commencer par Angeline Kaïgama, la Présidente. Personnages aux vêtements chamarrés, hautes en couleur, avec le verbe assuré de celles qui ne s’en laissent pas compter et savent dire leur fait, même aux puissants.

 

Un double mouvement les anime.

 

La volonté de participer à la reconstruction de la capacité de vivre ensemble dans le pays et celle de voir les femmes prendre toute leur place dans la gouvernance du pays.

 

Photo-Angeline-MT2

Et les deux ne sont pas sans lien, car comme le dit Angeline : les hommes occupent seuls le pouvoir dans ce pays depuis plus de cinquante ans et avec des résultats très décevants, voir catastrophiques si on considère la crise actuelle. Il est temps d’essayer autre chose, avec une gouvernance réellement partagée. Elle considère que les femmes sont beaucoup plus soucieuses d’apporter des réponses pratiques aux problèmes de la population, sans se contenter de déclarations de principe. Elles sont capables d’exercer le pouvoir dans l’intérêt du pays et non pas pour leur intérêt propre et celui de leur clan.

 

Ces deux orientations fondamentales se retrouvent dans les axes stratégiques de l’association. D’un côté mener des actions très concrètes pour la cohésion sociale et le développement durable : scolarisation des enfants soldats, formation des jeunes sur des petits métiers avec remise d’un kit de démarrage, distribution de kits solaires et formation à leur utilisation, mise en place de comités de paix dans les villages et les quartiers et renforcement de leurs capacités.

 

De l’autre, mise en place de clubs d’excellence dans les lycées pour promouvoir le leadership des filles, atelier d’évaluation de l’application des mesures de la loi sur la parité Hommes femmes en RCA, actions d’alphabétisation des femmes, soutien à la création d’activités génératrices de revenus pour les femmes, prise en charge psychologiques et sanitaires des femmes victimes de violences.

 

WALT fait tout pour être elle-même une organisation d’excellence. Elle de dote d’axes stratégiques déclinés en actions avec pour chaque action des responsables désignés et des indicateurs permettant de mesurer des résultats, définition de procédures et respect de ces dernières, notamment dans la gestion financière, processus régulier d’auto-évaluation. La rigueur de l’organisation est reconnue, notamment par les financeurs institutionnels, qui ont confiance quant à l’usage de leurs subventions.

 

Dans les rapports avec les pouvoirs publics, WALT se montre à la fois coopérative et exigeante. Coopérative, car l’association se propose d’accompagner les plans d’action gouvernementaux. Dans un pays où l’autorité de l’Etat est mise en pièces, la société civile ne peut pas selon WALT se déclarer hostile par principe aux pouvoirs publics. Au contraire, elle doit s’engager pour contribuer à la restaurer. Exigeante, car elle ne se contente pas de discours, mais insiste pour que les textes soient appliqués, que les programmes annoncés soient exécutés. Pour dénoncer aussi toutes les situations où les pratiques contredisent les intentions annoncées, notamment en matière de corruption.

 

Il me paraît particulièrement intéressant de mentionner l’action de WALT en matière de sécurité. On peut en effet penser que c’est un secteur qui relève exclusivement des fonctions régaliennes de l’Etat, en dehors donc du champ d’intervention d’une Organisation de la société civile, a fortiori de femmes. En fait, WALT est très active en ce domaine et va l’être encore plus dans le cadre d’un vaste plan de la mobilisation de la société civile qui va accompagner un plan Etatique de réorganisation, d’équipement et de formation des forces de sécurité, avec l’appui de l’Union européenne. Cette action vise la sensibilisation de la population aux problèmes de sécurité, mais aussi la formation des forces de l’ordre sur leurs conditions d’intervention et le respect des droits humains. Et même la restauration de bâtiments comme des commissariats ou des postes de police, car WALT sait se montrer efficace dans des travaux de ce genre, notamment dans le respect des délais.

 

WALT se rend par exemple dans les prisons pour constater les conditions de détention, s’entretenir avec les détenus, leurs familles, les personnels de surveillance. Sur ces bases, un rapport est établi et des mesures correctives sont apportées. Des questions comme la collecte des armes légères et de petit calibre, comme le fonctionnement de systèmes d’alerte font l’objet de concertation entre des comités de paix rassemblant les citoyens et les forces de l’ordre.

 

L’engagement de WALT en faveur de la paix et du leadership féminin a valu à l’association de
recevoir en 2017 le Prix Madeleine Allbright.

 

L’association est aussi un des piliers du développement du Réseau international d‘économie humaine en Afrique.

 

Michel TISSIER, Bangui, le 3 février 2019

 

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