"Pour un développement humain, intégral, solidaire et participatif, en harmonie avec le vivant"

 
 
 
 
 
 
 
 

A Minova-Bweremana, un Groupe local d’Economie humaine au cœur d’une population qui se prend en charge Rencontres sur le terrain (FR) Intervention de Michel Tissier lors d’une rencontre de jeunes entrepreneurs Bukavu, 31 décembre 2019

 

 

bubavu gl objectifs 2020

Le 1er janvier 2020, sous l'air inspirant du Lac Kivu.

 

 

 

1. Introduction 

 

Dans l’après-midi du lundi 30/12/2019, le groupe local du Réseau International d’Economie Humaine (RIEH) de Bukavu a reçu Monsieur MICHEL TISSIER, Coordinateur Europe du RIEH, par ailleurs Secrétaire Exécutif du réseau.

Il venait à la rencontre du Groupe local de Bukavu qui compte actuellement 18 personnes, dont 5 femmes et 3 organisations. Au chef-lieu de la Province du Sud-Kivu, à l’Est de la RD Congo, il y a un noyau d’animation de 3 personnes, Prosper Hamuli, Richard Cirhuza et Justin Murhula auquel va certainement s’ajouter Césarine Cinyerecinja.

Sans y participer formellement, Bosco Muchukiwa est associé à l’animation et apporte le soutien de son institution, l’Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR), pour les moyens de fonctionnement du groupe local.

Pendant son séjour de quatre jours à Bukavu, accompagné par le noyau du groupe local, Michel a participé activement à plusieurs activités destinées à faire ressortir le dynamisme de ce Groupe.

Toutes les activités ont été orientées dans la logique de l’économie humaine et ont porté entre autres sur :

-  Un atelier avec les jeunes entrepreneurs ;
-  Une conférence scientifique à l’ISDR ;
-  Un renforcement des capacités sur la rédaction d’un article ;
-  Des entretiens individuels ou en groupe avec certains acteurs sociaux ;
-  Une réunion d’évaluation de la mission ;
-  Une descente de visite au lieu de production du jus IMARIKA.

 

Quelle est la suite à toutes ces interactions ?

 

 

2. Synthèse d’une semaine du Groupe Local RIEH / Bukavu avec le Coordinateur RIEH / Europe.

 

2.1. Le contexte vécu au Sud-Kivu en 2019.

Pour chaque problème, il est tributaire de la situation générale du pays où l'affirmation de l'autorité de l'Etat se limite presque à saigner les citoyens sans leur offrir les services sociaux de base auxquels ils ont droit. Il est vrai que le pays s'est lancé sur la voie de l'expérimentation de la décentralisation pour que les citoyens s'organisent dans des ensembles plus petits mais le processus est en panne suite au non-respect des dispositions constitutionnelles y relatives. Des expériences de budget participatif des collectivités locales sont tentées de manière sporadique et éparse.

 

2.2. Les enjeux de l’économie humaine relevés au courant de la semaine.

Alors que jusque-là ils agissaient pratiquement selon leur cœur, les acteurs visités compris qu’au final ce qu’ils réalisaient était beaucoup plus grand et allait au-delà de ce qu’ils pensaient.

C‘est ainsi que :

-   Traiter des déchets ménagers est désormais mettre une technique au service du bien commun ;
-   Entreprendre est une recherche d’un modèle économique adaptée pour un changement dans la société tout en étant au départ la recherche d’un mieux vivre ;
-   Valoriser la chaîne des valeurs implique la recherche du progrès dans la gouvernance ;
-  Étudier l’écologie d’une manière diachronique débouche sur la mise sur pied d’outils soutenant un processus de conscientisation – éducation permettant l’acquisition de capacités d’agir ensemble dans une démarche d’économie humaine.  

 

2.3. Les actions menées et présentées tout au long de la semaine.

Pratiquement spontanément, certains acteurs ont inscrit leurs actions dans une dimension de dynamique territoriale comme c’est le cas de ceux qui ont réussi à agir sur toute la chaîne des valeurs de la production agricole. C’est ainsi que la bouteille de jus de fruit sur la table du consommateur de Bukavu s’avère finalement être la somme du prix rémunérateur payé à la femme rurale agricultrice, de la marchandise dédiée au transporteur, du travail offert à quelques jeunes qui réalisent la petite transformation des fruits ainsi qu’aux livreurs et vendeurs.

D’autres initiatives ont révélé des actions retenues sur un enjeu d’économie humaine auquel il faut à présent donner une dimension de dynamique territoriale. En effet, la ville de Bukavu est au bord du lac Kivu qui est un bien commun transfrontalier. Des chercheurs universitaires rédigent leurs thèses sur l’Histoire de l’environnement en se référant au cas de ce lac. Devant une population en croissance exponentielle, il faudrait plutôt dégager comment cette population gère ce bien commun en respectant les besoins de tous et les équilibres écologiques.

 

2.4. Les résultats qui se dégagent d’une semaine d’activités intenses.

La jeunesse, poussée vers l’acquisition d’une expertise répandue de recherche des fonds gratuits renforçant un comportement attentiste a pu tirer profit d’un nouveau passage à Bukavu du Secrétaire Exécutif du Réseau International d’Economie Humaine, déterminé à partager sa vision de tourner l’économie vers l’homme, tout l’homme et tous les hommes avec la jeunesse des Grands Lacs.

Cette matinée du Forum, qui a connu la participation de 55 invités, dont 14 femmes, venus de la ville et des alentours mais aussi de plus loin comme Goma (200 km) et Kalehe (70 km), a eu lieu le 31 décembre 2019 à Bukavu.

Ses résultats sont déterminants pour la réalisation de projets territoriaux à Bukavu :

-  Mise en évidence de la diversité d’intervenants et d’expériences dans le domaine de l’entreprenariat pour et par des jeunes déterminés à « ne pas subir et à s’entraider »;
-  Identification des bonnes pratiques dans l’entreprenariat tel que mené par les jeunes ;
-  Discussion des défis sur la voie de l’entreprenariat responsable pour les jeunes en RDC ;
- Décision de clarifier l’identité et le travail du groupe pour mieux exploiter les opportunités pour la contribution des jeunes  au projet collectif de bien commun.

Au dire des jeunes eux-mêmes, ou du moins de ceux qui ont participé à la session du Forum en question, c’est possible d’y parvenir en agissant ensemble,  de façon organisée et en référence à l’économie humaine. D’où l’idée de faire fonctionner un espace physique de promotion d’affaires pour les jeunes entrepreneurs en vue de faciliter la synergie entre parties prenantes (Etat, Jeunes, Leaders, Elus, etc.) et l’exploitation d’opportunités d’information, de formation et de connexions.

Plus tard, la séance de présentation d’un projet de thèse sur l’éducation à l’histoire de l’environnement dirigé par le professeur Jacques USUNGO et d’un projet de recherche sur la pollution du lac Kivu par le doctorant Jacques ILOMBE, sera l’occasion d’illustrer un autre changement.

Aborder les enjeux importants est une manière de chercher à produire des connaissances de nature à renforcer les capacités d’agir de la communauté qui vit le problème.

Cependant, même si la capitalisation de l’expérience demeure importante, à quelles conditions l’action locale peut-elle être efficace ?

La population pourra-t-elle s’approprier les résultats de ces recherches ? Les recherches pourront-elles éclairer ceux qui sont en action ?

 

2.5. Comment ça marche ?

Un cycle d'actions bien définies a de fortes chances d'aboutir positivement au vu de toutes ces capacités d'agir collectivement observables dans une ville de Bukavu qui inscrit le débat sur ses vraies questions dans des habitudes reconnues aussi bien dans le milieu universitaire que dans des espaces de rencontres sur des questions d’intérêt collectif.

 

 

3. Que veut faire le Groupe Local RIEH / Bukavu à partir de 2020 ?

 

A l’issue des débats avec le Secrétaire Exécutif du RIEH, le choix a été porté sur  5 actions territoriales, 3 en milieu rural, 2 en milieu urbain à Bukavu (3 millions d’habitants).

Ce seront soit des terrains sur lesquels un ou plusieurs membres sont déjà en action, où ils ont une légitimité, connaissent bien les autorités et les partenaires (ce sera surtout en milieu rural) soit à partir de leurs relations en identifiant des acteurs avec lesquels travailler, en choisissant un enjeu et le territoire sur lequel se mène l’action collective sur cet enjeu.

L’ISDR se propose de jouer sur tous ces terrains le rôle d’observation, évaluation participative, capitalisation. Il le fera en intégrant cette fonction dans ses activités, avec les moyens normaux de son activité. Il organisera ainsi le volet Recherche de la recherche action.

Le groupe local quant à lui soutiendra et animera les comités locaux qui sur chaque territoire pilotera l’action.

 

C’est le cas de :

 

3.1.  La Maison des Jeunes Entrepreneurs.

La Maison des Jeunes Entrepreneurs, que devrait logiquement piloter un Consortium dont le CEPRES a le Lead, est vue comme un programme qui vient accompagner cette jeunesse qui refuse de mourir et voudrait faire bouger les lignes pour sa survie comme couche régénératrice de la société à partir de ses initiatives d’entrepreneuriat social.  C’est pour cela qu’il devra adhérer au RIEH, en tant que structure, pour bénéficier d’une garantie du maintien de la référence à l’économie humaine dans son agir.

 

Elle est pensée sous deux volets :

- Volet « Espace physique de valorisation des initiatives entrepreneuriales des jeunes. » Une adresse physique d’hébergement des produits, d’un desk d’information, d’un incubateur et d’accueil de certains événements. Ce qui suppose un consensus sur la nature et les conditions de participation, l’organisation et la gestion de cet espace.

- Volet « Renforcement du pouvoir d’agir des jeunes entrepreneurs. » Un consortium d’entreprises et  d’organisations d’accompagnement des jeunes, dont le CEPRES a le lead, se chargera d’organiser la professionnalisation des jeunes sur les standards des biens et services proposés par leurs start-up et l’ "employabilité" du personnel utile aux jeunes entrepreneurs. Ses actions seront aussi orientées vers la production des connaissances sur la façon de développer son business et sa communauté de vie et la référence à l’économie humaine.

 

3.2. Un Séminaire sur l’économie humaine en Afrique.

Objectifs :

- Rassembler des éléments qui permettent des programmes qui vont dans le sens des missions de l’économie humaine.
- Partager un background sur cette théorie et approche.
- Amener les agents de l’ISDR à changer leur manière de voir pour créer des innovations en milieu rural.
- Proposer des innovations dans l’entreprenariat et "l’employabilité" en milieu rural.
- Améliorer les opportunités des enfants des paysans à mieux s’intégrer dans leur espace pour résister à la pression de l’exode rurale et de la migration.

Cibles :

Membres du Réseau, agent ISDR, amis de l’économie humaine (Doctorants, acteurs de terrain, etc).

Partenaires :

AIF, Universités d’Afrique ou d’ailleurs.

 

3.3. Un dossier sur le traitement des déchets ménagers de la ville de Bukavu.

-  Des chiffres sur les quantités existantes, manipulées et produites ainsi que la dépense en énergie.
-  Montrer les enjeux et la portée, les machines nécessaires.
-  Insister sur les effets dans la société.
-  Mobiliser l’expertise nécessaire pour étudier et présenter la question de façon convaincante.

-   Business plan.

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N.B. : Le changement climatique est la préoccupation de tous, actuellement. Présenter un projet économiquement rentable et écologiquement propre doit nécessairement attirer l’attention et trouver preneur plus ou moins rapidement.

 

3.4. Les médiateurs sociaux de Kalehe.

Regroupés dans un cadre d’échanges auquel participent des influenceurs chargés du lobbying auprès des décideurs et des élus, 25 acteurs étatiques et non étatiques,vivant dans le site d’Ihusi situé à 70 km au nord de la ville de Bukavu, réfléchissent sur « Comment repenser l’aménagement de l’espace et la coordination des actions humanitaires et de développement pour tirer suffisamment de moyens de subsistance en vue de faire face au rapide accroissement démographique dans le Territoire de Kalehe » Il s’agit ainsi d’un groupe décidé à penser l’avenir de son milieu en soulignant les actions collectives à inscrire dans le présent.

 

3.5. Collecter et traiter les déchets ménagers à Minova et Bweremana.

Ces deux centres à cheval de part et d’autre de la frontière entre les provinces du Nord et du Sud-Kivu ont des concentrations humaines productrices de déchets ménagers dont personne ne s’occupe et des immondices laissées à l’abandon les deux jours de marché par semaine.

Comment collecter, trier et traiter ces déchets ? C’est le défi que se lance le Groupe Local de Minova, 50 km au sud de la ville de Goma.

Une collaboration avec le Groupe Local de Bukavu lui permettrait d’accéder aux formations nécessaires et le travail de documentation de l’expérience pourrait être fait par l’ISDR / Bukavu.

 

3.6. Contribution du Groupe Local RIEH / Bukavu à l’enrichissement de la pensée sur l’économie humaine.

Bien que le pilotage des actions revienne au Groupe Local, la fonction de capitalisation des expériences situées sur plusieurs sites au Sud-Kivu, donnée à l’ISDR, permettra au Groupe Local de présenter des expériences contrastées pour nourrir l’illustration des actions collectives dont il faut tirer des leçons.

C’est le cas des : médiateurs sociaux de Kalehe, tout ce qui se passe autour du poisson à Fizi, Bukavu et Minova avec le traitement des déchets, IMARIKA avec sa structuration de la chaîne des valeurs des villages à la ville de Bukavu et Kalonge avec sa coopérative apicole.

De ce fait, une publication est envisageable.

 

 

4. Les raisons d’espérer.

 

"On ne gère pas une entreprise par l’argent mais par une bonne communication entre les ressources humaines." (Maslow)

Quelques outils sont opérationnels au sein du Groupe Local :

-  Un Groupe WhatsApp limité pour le moment aux jeunes entrepreneurs.
-  Entretiens réguliers limités à l’équipe formée par le noyau qui gère le Groupe Local.
-  Des occasions de convivialité entre personnes vivant dans la même ville.
-  Des réunions de travail à l’attention des membres du Groupe Local.

 

Ensuite, la volonté de répondre à des défis partagés dans la communauté est servie par une complémentarité des initiatives existantes qui facilite la disponibilité de l’expertise. Ceux qui produisent des biens à partir des déchets à Bukavu sont capable de partager ce savoir-faire avec ceux qui veulent le faire à Minova, 150 km plus au nord. Et ceux qui ont une expertise en fiscalité peuvent venir en aide à ceux qui stagnent ou reculent à cause de la surtaxation. Ou encore, la capitalisation d’expériences, comme processus qui prépare au partage en tant que démarche pour transformer l’action et l’expérience en apprentissage partageable, sera sans doute servie par la facilité offerte par l’action universitaire en la matière.

Pour cela, il faut noter que les membres du Groupe Local RIEH / Bukavu sont principalement de trois types :

-  Des jeunes entrepreneurs. Il faut entendre par là des personnes, jeunes très souvent diplômés ou femmes qui se sont lancés à créer leur entreprise ou qui en ont le projet. Ces entreprises sont de toutes sortes dans leur objet : élevage, transformation de produits agricoles, transport, services informatiques, conseil aux entreprises en fiscalité, en communication, en marketing,…
-  Des organisations de la société civile ou ONG agissant dans divers domaines : promotion de la femme, protection de l’enfance, défense des peuples indigènes, animation de coopératives, intermédiation sociale, réconciliation après des conflits,… Plusieurs des entrepreneurs sont aussi membres d’ONG
-  Des enseignants, des chercheurs. Ils sont peu nombreux encore dans le groupe, mais Bosco a bien l’intention de les convaincre de participer.

 

Ce qui les réunit en facteur commun, c’est la volonté de participer à l’amélioration / transformation de la société en référence à l’économie humaine.

Finalement le vrai défi est de maîtriser consciemment comment le progrès de chacun s’intègre dans le progrès de l’ensemble de la société et aussi comment ce progrès s’inscrit dans un projet collectif de bien commun.

 

 

Goma, le 04 février 2020

 

Prosper Hamuli Birali,

Expert en Organisation des Communautés

Tél. : (+243) 995 150 892

e-mail : hprosper@gmail.com

 

 

Documents de référence :

Rapport : Le groupe local du RIEH à Bukavu. Point d’étape à l’issue de la mission de Michel. 30 décembre 2019- 4 janvier 2020 / Auteur : Michel Tissier.
Réflexion partagée par e-mail : Quel est l'avenir de l'économie humaine à Bukavu ? / Auteur : Prosper Hamuli Birali.
Rapport : Rapport de la tournée de Michel Tissier à l’étape de Bukavu / Auteur : Prosper Hamuli Birali.
Rapport : Rapport sur la mission effectuée par le Secrétaire Exécutif du Réseau International d’Economie Humaine (RIEH) à Bukavu du 30/12/2019 au 04/01/2020. / Auteur : Richard Cirhuza Bihembe.

 

 

 

 

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