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Carnet de voyage en Afrique : rencontre avec Aïché DICKO
 

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Un dispositif remarquable pour faire face aux aléas climatiques dans l’agriculture

 

Aïché Dicko est une des participantes de la rencontre du RIEH Afrique à Songhaï.

Elle vient de Sikasso, la seconde grande ville du Mali après Bamako, au sud du pays. Elle et Modido Samoura ont dû venir en avion car les frontières terrestres du Mali sont fermées à cause du Covid et de l’insécurité.

C’est le groupe local de Sikasso qui a trouvé les financements pour payer leur billet d’avion. En se cotisant, en vendant des livres « Chemins d’économie humaine », en obtenant des subventions des autorités locales.

Ce groupe local est fort parce qu’il rassemble une quarantaine d’Organisations de la Société Civile. Il est coordonné par Samoura, Président de l’ONG CLUEDUCA Mali, qui agit pour l’entrepreneuriat des jeunes ruraux et Président de la coordination des ONG de Sikasso.

 

Aïché est coordinatrice genre et équité sociale de l’Association des Organisations Professionnelles Paysannes (OPP) de Sikasso, organisation régionale appartenant à une fédération nationale. Cette association mène plusieurs actions, dont la production et la distribution d’une farine améliorée à base de maïs, d’arachides et de soja, pour lutter contre la malnutrition modérée. Un enfant mal nourri qui en consomme régulièrement pendant trois semaines améliore spectaculairement son état. Citons encore des interventions pour résoudre les conflits fonciers entre deux villages.

 

Je me concentre ici sur un système d’assurance agricole. Le principe est qu’avant chaque campagne agricole, les paysans sont invités à cotiser pour un système d’assurance qui interviendra s’il y a un problème climatique grave, que ce soit la sécheresse ou au contraire des inondations. Le montant des cotisations varie en fonction des produits commercialisés (maïs, arachides, soja) et des risques climatiques par zone géographique. Il est calculé à l’hectare.

 

Le système est basé sur le volontariat. Il faut donc avant chaque campagne agricole mener des actions de sensibilisation pour que les paysans adhèrent. Voir les photos.

 

 

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Il est intéressant de noter que trois types d’institutions concourent au fonctionnement du système :

une société privée d’assurance OKO; l’association animée par Aïcha OPP, qui fait la sensibilisation de la population et des MUSO, Mutuelles de Solidarité, qui prêtent aux paysans les sommes permettant de cotiser.

Les critères pour qu’une catastrophe soit prise en charge et les niveaux de remboursement sont définis de façon objective selon Aïché et Samoura.

Cela fait trois ans que le dispositif est en place.

En 2020, 7000 paysans ont cotisé et 1000 ont été indemnisés.

Il faut noter que OKO recourt à des services mobiles de transfert d’argent et à des données satellitaires pour constater les dégâts.

L’association des OPP a aussi mis en place un dispositif de banques de stockage des produits qui permet d’éviter les spéculations. Au moment de la récolte, quand les prix sont bas, des collecteurs rassemblent les produits et les stockent. Ses stocks sont ainsi disponibles quand les prix remontent parce qu’ils deviennent plus rares.

 

Voilà un dispositif ingénieux basé sur la solidarité dans le partage des risques et sur des moyens numériques très avancés. Ça bouge dans les campagnes du Mali !  Aïché indique que même les propriétaires de plusieurs hectares situés dans des zones peu vulnérables, acceptent de cotiser alors que le risque pour eux est faible. Par solidarité, dit-elle. Et c’est l’association d’Aïché qui les sensibilise et les convainc.

Je ne suis pas sûr que les systèmes d’assurance existants en Europe, que je ne connais pas précisément, soient aussi performant et solidaires.

Et je me dis que lorsqu’on parle des écarts Nord Sud dans la lutte contre le changement climatique, c’est un bon exemple de ce qu’il faut soutenir.

L’Etat malien, qui est impliqué dans la mise en œuvre actuelle, pourrait s’appuyer sur ces expériences pour généraliser ce système en le rendant obligatoire et donc plus performant.

Est-ce que cela ne contribuerait pas aussi à la construction de la paix ?

 

Michel Tissier, Songhaï Déc. 2021

 


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