Crédit photos : Delphin BAENI / RIEH
Depuis le 1er juillet 2024, la Fondation Matendo, en consortium avec Santé et Développement, a signé un contrat avec la Coopération allemande par l’intermédiaire de son ambassade à Kinshasa. Ce contrat vise à mettre en place les activités du projet VBG-Briquettes ou « Prévenir les violences basées sur le genre dans le camp des déplacés de Bulengo, Goma, Nord – Kivu » pour venir en aide aux femmes déplacées installées dans les camps de déplacés à Goma et ses environs. Ces femmes ont perdu presque toutes leurs ressources (habitations, champs, bétail, activités commerciales, etc.) lors des différentes guerres opposant les FARDC et les Wazalendo aux terroristes du M23/RDF. La plupart des familles se retrouvent incapables de subvenir aux besoins vitaux de leurs enfants (logement, nourriture, scolarité et soins médicaux).
Les femmes et les jeunes filles vivant dans les camps de déplacés et leurs environs sont exposées à de nombreux dangers lorsqu’elles cherchent du bois de chauffage, des braises et des moyens de subsistance dans le parc et la forêt. Elles sont notamment victimes de viols, d’exploitation sexuelle, de meurtres et d’autres violences physiques, ce qui met en péril leur vie.
Pour renforcer la prévention et la réponse à la violence basée sur le genre dans les camps de déplacés, et réduire efficacement son incidence, la FONDATION MATENDO a jugé utile de soutenir les femmes et les jeunes filles en mettant en place des activités d’apprentissage de métiers à intérêt économique. Parmi ces activités, le traitement et la valorisation des déchets ménagers et agricoles pour produire des briquettes constituent une solution concrète répondant directement au besoin principal de combustibles de cette population vulnérable déplacée.
Cette action mis en place au 1er juillet 2024 se terminera au 31 décembre 2024. Elle a déjà vu un certain nombre d’objectifs atteints qui se sont déclinés de la manière suivante :
L’équipe de la Fondation Matendo a, en tout premier lieu, entrepris une mission sur le terrain à Bulengo, où elle a eu l’opportunité de rencontrer les principaux acteurs du camp des déplacés. Lors de cette rencontre, elle a pris contact avec le président du camp ainsi que les gestionnaires des différentes organisations présentes, notamment le CNR, l’OIM et AIDES. Au cours de ces échanges, elle a présenté en détail le projet, en précisant sa durée de 6 mois et en indiquant que la coopération allemande, via son ambassade à Kinshasa, en était le bailleur de fonds.
Cette initiative a été reçue très positivement, les responsables ayant exprimé leur soutien pour la mise en œuvre des activités.
En parallèle, l’équipe a également informé le lead de Cluster Protection à son bureau de l’UNHCR. Celui-ci a souligné l’importance du projet, affirmant qu’il arrive à un moment crucial, alors que les déplacés ont un besoin urgent de formation et de production de briquettes de charbon vert.
Au cours de cette mission, plusieurs personnes clés ont été contactées : Hector Malonga, point focal protection à l’UNHCR, Hulaire, l’administrateur du camp CNR, Olivier, gestionnaire du camp OIM/AIDES, et Jean Rutebuka, gestionnaire du camp OIM. Ces échanges ont permis de renforcer les liens entre la Fondation Matendo et les acteurs locaux, tout en assurant un soutien mutuel pour le succès du projet.
La deuxième action fut dirigée vers le terrain : une prise de contact avec les chefs des quartiers Lac Vert et Mugunga ainsi qu’avec le comité du marché Kituku, s’est avérée nécessaire.
Puis l’organisation d’une réunion communautaire avec le Comité des déplacés et le Comité des femmes a permis le retour d’information pour organiser la marche à suivre.
Lors des échanges avec les chefs des quartiers de Mugunga et Lac Vert, en présence des cadres de base, ce fut l’occasion de leur présenter le projet et son importance pour l’assainissement des quartiers et des avenues pendant le ramassage des déchets. Ils se sont engagés à sensibiliser leur population sur le projet et à collecter les déchets en un point où nous pourrons les récupérer.
Le comité du marché de Kituku a également exprimé son enthousiasme pour ce projet, qui contribuera à réduire l’insalubrité du marché. Ils ont appris que les déchets stockés peuvent être transformés en charbon écologique en tant que combustible. Le comité a alors, indiqué un emplacement pour stocker les déchets, facilitant ainsi leur ramassage. De plus, ils ont mis à leur disposition quatre personnes pour les aider lors des journées de ramassage à Kituku.
Pendant la réunion, la discussion s’est orientée autour du projet, de ses activités, de ses bénéficiaires et de sa durée. Les femmes présentes ont manifesté leur satisfaction à l’idée d’être formées et encadrées pour la fabrication et la production de briquettes, par groupes de 30. Elles ont exprimé leur détermination à suivre toutes les étapes de la production jusqu’à la fin. Selon elles, le projet est très pertinent, car en plus de l’aide alimentaire fournie par le PAM, la Fondation Matendo leur apprendra à produire des briquettes de charbon vert, pour cuisiner. Elles perçoivent cette formation comme un acquis de compétence individuelle.
Sur le terrain trois personnes clés ont pu être contactées : Jeannine Lwanzo : Administratrice du marché de Kituku et Justine Nikuze : Présidente du genre, camp de Bulengo, et Mahoro : Président du camp de Bulengo.
En collaboration avec les gestionnaires du camp et le comité des déplacés, deux sites de travail dans le camp même, ont pu être identifiés.
Des visites sur le terrain ont été organisées pour repérer les espaces de travail, en marquer les limites et signer un protocole avec l’OIM, AIDES, CNR et le comité des déplacés.
Le premier site de travail, situé dans les zones 33, 34 et 35, couvre une parcelle de 15m sur 20m. Le second site, situé dans les zones 83, 86, 87 et 88, s’étend sur une parcelle de 20m2.
Une équipe de quatre journaliers a déjà été recrutée et travaille sur les sites pour aplanir le terrain et disposer les pierres nécessaires à la construction des fondations de la maison.
Mise en place d’un Comité de femmes : Un comité provisoire a été mis en place pour superviser les activités. Des élections ont été organisées sur le site de travail pour constituer ce comité, qui aura pour mission de superviser les groupes constitués. S’en est suivi Une Identification de la première vague des bénéficiaires. La Fondation Matendo, en collaboration avec le Comité de femmes, a identifié les femmes vulnérables des zones 33, 34 et 35 du camp de Bulengo. Elles ont été sélectionnées selon des critères spécifiques et informées des activités de production de briquettes. Les femmes intéressées ont manifesté leur accord pour suivre l’apprentissage. 42 femmes bénéficient de cette formation, dont 40 pour la production de briquettes et 2 pour la conduite de la moto tricycle.
Dans le cadre de ce projet innovant, deux femmes, Diane Havugimana et Kaneza Habarurema, ont été sélectionnées pour conduire des motos tricycles. La Fondation Matendo a également identifié deux formateurs pour leur offrir une formation pratique accélérée.
Pour identifier ces formateurs, une réunion a été organisée à Minova, rassemblant 30 jeunes producteurs de briquettes de Minova et Bweremana. L’objectif était de sélectionner quatre formateurs (deux hommes et deux femmes) qui se rendraient à Goma pour former les femmes du camp de Bulengo. Les instructeurs choisis, experts dans le cycle de production des briquettes, sont Dunia Hamuli, Baraka Mushumo, Costance Byasasa et Himizo Abigael.
Parallèlement, un plan d’achat de matériels et outils a été élaboré. Cinq demandes de cotation ont été envoyées pour chaque catégorie de fournisseurs, incluant quincaillerie, foyers améliorés, bois (madriers, chevrons, planches), tricycles, presses à briquettes, broyeurs et carbonisateurs. Ces demandes permettront d’analyser et de comparer les prix afin de sélectionner les meilleurs fournisseurs.
La Fondation Matendo a également entrepris la construction de six hangars et six dépôts, destinés à être utilisés par 180 femmes pour la production de briquettes dans le camp de Bulengo.
Enfin, les femmes des six sites ont commencé les activités de ramassage, triage et séchage des déchets. Actuellement, les déchets sont en cours de collecte.
Ces initiatives sont remarquables car elles impliquent activement les femmes dans la gestion des déchets. Leur participation est cruciale pour plusieurs raisons :
Autonomisation économique : Ces activités offrent des opportunités d’emploi et de revenus pour les femmes, améliorant ainsi leur indépendance financière et leur statut social.
Impact environnemental : Le tri et le séchage des déchets avant la carbonisation contribuent à réduire la quantité de déchets envoyés aux décharges et à minimiser l’impact environnemental.
Rôle communautaire : Les femmes jouent souvent un rôle central dans leurs communautés qui commence par le noyau familial. Leur implication dans la gestion des déchets est à même d’encourager des pratiques plus durables et sensibiliser davantage de personnes aux enjeux environnementaux.
Delphin BAENI
Chef de projet à la Fondation Matendo
Pour poursuivre la réflexion suivre les liens :
https://www.wacaprogram.org/fr/article/nous-avons-besoin-dune-approche-du-genre-pour-lutter-contre-la-pollution-des-plastiques
https://www.unep.org/fr/actualites-et-recits/recit/quand-les-dechets-oeuvrent-pour-les-femmes
Ce rapport a pour but de présenter et donner un aperçu général sur la façon dont les agglomérations de Minova et Bweremana en RD Congo, se sont organisées pour créer une filière de production et de commercialisation du charbon vert gérée par des jeunes et des femmes, soutenue par la population, les autorités locales et les acteurs du territoire.
Un but mais aussi un défi ! Celui d'agir et de contribuer pour sauvegarder notre territoire, préserver l’environnement des deux agglomérations et lutte contre la pauvreté notamment des jeunes et des femmes.
Les parties prenantes au projet sont informé sur l’état d’avancement des activités de production des briquettes dans les villages Minova et Bweremana. Pour mémoire :
- Assainir les deux agglomérations de Minova et Bweremana par l'évacuation des déchets (organisation du tri et du dépôt dans les décharges publiques),
- Valoriser les déchets par la production de 36 tonnes de briquettes,
- Diffuser les briquettes et résoudre le problème de rareté de combustible
- Protéger l’environnement en réduisant la consommation du charbon de bois et donc la la coupe de bois,
- Contribuer aux revenues des jeunes et des femmes engagées dans la production du charbon vert.
De juillet 2023 au Mars 2024 (9 mois) :
Pendant ces 9 mois après le projet sans financement, mais avec l’accompagnement de la Fondation Matendo et du Groupe Local RIEH, les jeunes de Minova et Bweremena, malgré les perturbations causées par les conflits armés, pendant la production, notamment aux affrontements dans la zone entre les FARDC et les terroristes du M23, ces jeunes ont produits :
- Il faut noter que depuis le mois de juillet 2023, suite à l’insécurité qui règne dans le village de Bweremana, les jeunes de Minova et Bweremana ont décidé de se se regrouper pour travailler ensemble à Minova (plus d’accalmie).
- On note également que depuis le mois de janvier 2024, le Kg de briquette est vendu à 0,5 $.
- Les jeunes continuent à épargner avec la collaboration de leur AVEC Mapendo. Aujourd’hui après calcul, leur épargne s'élève à 402 000 Fc. Ils avaient dû arrêter, suite à l’insécurité prévue dans la zone.
- La Moto tricycle est toujours gérée par les jeunes et utilisée pour les activités de ramassage des déchets.
- Autre réalisation après le financement du projet : La Fondation Matendo a organisé un voyage à Goma, pour les jeunes de Minova et Bweremana. Ils ont rendu visite à l’entreprise Brisol Solution pour échange d'expériences afin d’améliorer leur production. Ci-après le rapport de la mission.
- Des séances de démonstration et de diffusion du charbon vert sous forme de briquettes sont organisées par les femme,s dès que les conditions sécuritaires sont réunies dans les quartiers.
- Des journées "portes ouvertes" sont assurées sur les lieux de production.
- Nous continuons a garder une relation étroite avec la Mwamikazi du Groupement Buzi. Elle nous demande constamment l’évolution de la production des briquettes et appelle souvent le chef de projet de la Fondation Matendo et le Groupe Local RIEH pour connaître où en sont les activités.
- L’implication des autorités coutumières locales dans la mise en œuvre des activités du projet et l’acquisition des parcelles sont des facteurs d’appropriation et de réussite du projet.
- Les jeunes qui se mobilisent dans l'activité du ramassage des déchets, séchage, tri, broyage et production des briquettes malgré leurs multiples occupations sont autant de signes qui montrent leur détermination à participer aux activités du projet malgré l’insécurité qui règne dans la zone.
- La population locale qui jadis, jetait leurs poubelles en vrac, commence, après plusieurs jours de sensibilisation, à les rassembler à un endroit précis. Elle commence a comprendre l’importance de leur transformation en combustible.
- La radio Communautaire Bobandano FM s'est engagée à sensibiliser la communauté sur l’importance du charbon vert dans le milieu, sans aucune compensation financière. Ce sont autant d'échos positifs que le projet trouve dans la zone, pour assainir le milieu et protéger l’environnement.
- La forte insécurité dans la zone a causé l'abandon de plusieurs jeunes à l'activité, pour se rendre à Goma suite aux affrontements à répétition.
- L’irrégularité des jeunes souvent constatée, pendant les heures de travail.
- Les machines de production sont mécaniques et demandent une grande force musculaire pour les activer. Cela diminue d'autant, la quantité de production.
Fait à Goma, le 22/04/2023
Pour la Fondation Matendo
Delphin BAENI
Chef de projet
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ERIC BISONGA
Je suis Éric Bisonga, né à Muhongoza, Territoire de Kalehe le 05 avril 1980, marié et père de 6 enfants. Après mes études secondaires à l'Institut Bahati de Bukavu, j'ai poursuivi mes études secondaires à l'Institut Bahati de Bukavu, où déjà j'encadrais des jeunes.J'ai poursuivi mes études universitaires à l'Institut Supérieur de Développement rural (ISDR Bukavu) où j'ai obtenu mon diplôme de licence. Depuis 2019, j'ai été élu président du Conseil territorial de la Jeunesse de Kalehe et à partir de 2010 je suis le président du Conseil d'administration de l'organisation Groupe Espoir de Vivre où nous avons réussi à obtenir des appuis financiers en faveur des populations vulnérables au Sud Kivu. Aujourd'hui membre actif de la société civile du Sud Kivu et défenseur des droits des opprimés.
L’initiative dénommée « ATEDD KIVU » a été menée à partir de 2019 en Territoire de Kalehe sous l’appui financier du FID et l’exécution du Consortium des Organisations et Instituts de recherche ou Universités du Sud-Kivu, nous citons : La FONDATION MATENDO, La COOPERATIVE MUUNGANO, CADRE, GEV et Le CEREIAD (Centre Régional d’études interdisciplinaires appliquées au Développement Durable, attaché à l’Université Catholique de Bukavu (UCB). Cette initiative d’actions territoriales pour un développement durable continue sur terrain par les associations engagées. Ce rapport va détailler un peu comment ces actions évoluent, les contraintes auxquelles les associations se heurtent, les pistes des solutions locales en lien avec les perspectives d’avenir.
Le Territoire de Kalehe est un Territoire en danger permanent avec un environnement fragile en cas de pluies diluviennes. Sur le terrain, plusieurs dégâts sont vécus par la population lies aux catastrophes naturelles qui trouvent leurs origines dans les hauts plateaux de Kalehe et les collines surplombant le Lac Kivu. La vie humaine traverse des difficultés majeures et l’écosystème tout entier, ce qui handicape ainsi le développement intégral du Territoire. C’est dans ce cadre que les associations se sont engagées pour contribuer à arrêter la dégradation du sol où passent les rivières, améliorer les pratiques agricoles par une agriculture rémunératrice, reboiser les collines et tout au long des routes et ainsi atténuer les dégâts. Cette action Territoriale pour le Développement Durable a intégré plusieurs acteurs comme les autorités locales (chefs des Villages, Chef de Groupement, Chef de Chefferie, acteurs de la société civile, écoles, églises,…), c’est une bonne stratégie qui est à la base des engagements pour des activités communautaires durables.
Un comité de pilotage poursuit les activités avec le suivi de proximité : Chef de Village et président du CVD (Comité Villageois de Développement), d’autres associations nous ont rejoints et se sont engagées dans la dynamique telle que :
1. UCD : Apiculture
2. TWCF
3. AFED
4. FFC
5. UPDA
6. ACDCE
4. OBU Kalehe
8. APDA Tchibanja
9. Comité des Jeunes Ami de la Nature
10. CBCA Buziralo
11. PPJ Rambira
12. CEBCE Rambira
Les arbres plantés au début évoluent normalement et l’association a continué à en planter d’autres :
- Les arbres sont plantés tout au long de la route de desserte agricole qui mène vers le Sous-Village de Manga à Lusheberer et sur la route qui monte vers les hauts-plateaux de Lusheberer - Route de desserte agricole de Lushebere pour Musumba : Kanyampinga et RUHOGO, ils sont au niveau d’un demi-mètre.
- Les associations continuent à mettre en place des pépinières et à entretenir les rivières comme elles s’y sont engagées,
- Le comité de pilotage continue à suivre et à organiser des réunions avec les associations engagées après le passage des inondations mortelles.
Distribution des plantules à Kalehe-Bushushu
Réunion avec les membres des associations engagées dans ATEDD Kivu.
GEV est une organisation engagée, avec les 37 autres associations du milieu, sur la base de la vocation du volontarisme. Elle travaille chaque jour pour faire sortir la population du danger et aider les communautés ici à continuer à vivre avec leurs rivières. Les membres mènent des actions de sensibilisation pour prévenir le danger de la déforestation, protéger les berges le long des rivières et canaliser l’eau dans la bonne direction. L’approche jusque-là est d’agir ensemble sans exclure personne en comptant sur les capacités locales. L’animation locale se poursuit normalement pour les objectifs assignés : s’organiser localement pour travailler malgré les coûts dures de pertes en vie humaine dues aux inondations ; reboiser et développer des pratiques agricoles biologiques, productives et restauratrices inspirées par l’économie humaine, chaque personne doit vivre dans la dignité, c’est possible de changer des situations, mais ensemble. A Bushushu, les membres des associations sont à l’œuvre.
Eric BISONGA/Animation GEV à Kalehe, RDC
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BAENI KABIONA Delphin
Delphin a 36 ans, marié et père de 3 enfants.
Bonjour Delphin, peux-tu nous informer de la situation sur le terrain ?
Du côté tant de Minova que de Bweremana, les activités du projet ATEDD à travers les engagements signés par les structures pour accompagner les actions, sont toujours visibles.
Les comités de pilotage sont-ils actifs ?
Après la réunion de clôture du projet ATEDD, le terme « Comité de Pilotage » a changé. A Bweremana les actions des activités ATEDD sont maintenant suivies par le « Comité local de paix et de développement » accompagné par le « Conseil Agricole Rural ». Tandis qu’à Minova les actions d’ATEDD sont suivies par le « Comité local de développement ». Cela signifie que, comme le Consortium l’avait voulu, l’action est prise en charge par les institutions locales existantes.
Les populations continuent-elles à entretenir les rivières ?
A la question de savoir si la population continue à entretenir les rivières, du côté de Bweremana je réponds oui. Les Groupes locaux RIEH mis en place, tant à Bweremana qu’à Mweya par le projet ATEDD sont toujours actifs et interviennent régulièrement sur la rivière Mweya, chaque Jeudi de la semaine.
Côté Bweremana à travers les travaux communautaires (Salongo) de chaque samedi, le CLPD et OPED, une structure de la place qui s’était engagée dans le curage et l’entretien de la rivière Renga, initient des travaux communautaires sur la rivière Renga.
Pour Minova les activités de curage continuent normalement, à travers le CLD et le groupe des Jeunes Volontaires de Minova.
Malgré un découragement latent par manque de matériel, les Jeunes Volontaires ont tenu parole et restent engagés sur les travaux communautaires du samedi sur les rivières Kilalo et Mubimbi. D’ailleurs, quand vous viendrez, vous pourrez constater les actions effectuées toujours visibles et leurs travaux du samedi.
Est - ce que les arbres plantés lors du projet, grandissent ?
Les arbres plantés le long de la routé National 2 et les routes de desserte agricole du côté de Bweremana et de Minova, grandissent normalement. Leur croissance est surveillée par chaque propriétaire du champ riverain, qui s’occupe de leur entretien.
Pour les arbres plantés dans les parcelles, le long des limites de champs, aux écoles et églises, ils sont suivis par les propriétaires qui avaient signé une fiche d’engagement dans lequel était transcrit le nombre de plantules cédées et l’engagement de faire le suivi et s’occuper de leur entretien.
Durant les réunions de sécurité et de développement, organisées par le Chef de la Chefferie de Bahunde, celui-ci ne manque jamais de demander des nouvelles, au CLPD et CARG, sur l’évolution des plantules données à la population par le projet ATEDD.
A Minova, on a malheureusement pu constater que lors de la construction de la route qui va de Kasengesi à Nyamukubi, l’Organisation de Construction et Réhabilitation (ICOPT) a détruit près de 2500 plantules que l’Organisation signataire APEVI asbl avait planté le long de la voie qui va de Chungiri jusqu’à Buganga, sur 4 km. Constat est fait qu’ICOPT ne respecte pas la distance imposée qui sépare la route des champs !
Est - ce que les populations continuent à entretenir les arbres ? est - ce que les arbres grandissent normalement ? dans quel proportion ?
Pendant la distribution des plantules chaque personne a signé une fiche d’engagement sur laquelle sont consignés le nombre de plantules données et l’engagement personnel du suivi de plantation.
Par leur adhésion au Consortium, les agronomes de la chefferie des Bahunde et Groupement Buzi ont comme rôle :
- d’assurer le suivi et d’appliquer cette mesure sur le principe « je coupe un arbre, j’en plante 10 »,
- de sensibiliser la population sur la protection des arbres contre les animaux en divagation,
- et l’assurance d’entretenir au jour le jour, une bonne croissance des arbres distribuées et plantées,
Tous ces points sont en cours d’organisation, par les CLPD et CLD.
Dans quelle mesure les actions se sont poursuivies après la fin des financements" ?
A Minova, ces actions, mises en place par le projet ATEDD, se poursuivent avec les CLD et les Jeunes Volontaires. A Bweremana, c’est le CLPD et CARG qui maintiennent les actions, avec l’appui et le suivi permanent de l’Animateur CADRE et de la Fondation Matendo, présents dans la zone.
Quelles sont les actions qui se sont poursuivies ? comment ? et par qui ?
Les actions qui sont poursuivies jusqu’aujourd’hui sont :
- L’entretien des rivières à travers les structures comme AJVMI, RIEH Mweya et les travaux communautaires organisés par l’état.
- La fabrication des foyers améliorés est assurée par l’organisation ADIC pour Minova qui encadre plus de 8 jeunes dans ce domaine, payés selon le nombre de foyers fabriqués et vendus et IJC côté Bweremana qui encadre plus de 12 jeunes, payés également selon la quantité produite.
.
- Le suivi et l’entretien des plantules gérés par chaque personne qui se sont engagée, en signant la fiche d’engagement, à les protéger durant leur croissance, contrôlés et vérifié dans sa mise en application par le CLD et CLPD / CARG et ses agronomes.
Quelles sont les perspectives attendues ?
La perspective principale est de voir les plantules pousser et que les rivières ne débordent plus. Il nous faut toujours veiller à sensibiliser les organisations qui s’étaient engagées à continuer les actions mises en place par ATEDD.
- Rester en contact permanent avec les structures locales qui avaient pris les engagements pour pérenniser les actions d’ATEDD.
- Acquérir la certitude que la population puisse s’approprier ces actions.
- Encourager les CLD, CLPD/CARG à faire des visites permanentes pour s’assurer de la continuité des activités.
Merci Delphin pour ce travail de terrain réalisé malgré la situation difficile que vous traversez.
Pour la Fondation Matendo à Minova et CADRE à Bweremana
Delphin BAENI
Point Focal
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C’est derrière cette formule que l’équipe municipale de la commune Le Mené, Isabelle Le Gall (DGS : Directrice Générale des Services) et Florian Grass (responsable Développement durable) en première ligne, présidée par Gérard Daboudet son maire, ont invité les habitants à se réunir pour échanger autour de leur cadre de vie au quotidien.
Ce vendredi 17 novembre, à la salle des fêtes de Saint-Gouéno, une cinquantaine de personnes, issues de toute la commune ont répondu à l’appel : acteurs associatifs, agents de la commune, locataires, propriétaires, agriculteurs, salariés, élus, personnes engagées de longue date ; Cependant, quel que soit leur statut, tous curieux ou investis dans la dynamique du territoire.
Un pot d’accueil nous a été offert, pour un premier échange ou retrouvailles, très apprécié.
Puis sous la houlette de l’animatrice Roseline Durand de l’Atelier des petits ruisseaux, une présentation du déroulement de la soirée a été faite avec un premier état établi des forces et faiblesses du territoire.
- Commune nouvelle depuis le 1er janvier 2016, (levier d’investissement) ;
- Environnement préservé authentique et naturel ;
- Dynamique autour des énergies (territoire pro-actif sur la transition énergétique et écologique) ;
- Une locomotive économique sur le territoire : KERMENÉ. Pour mémoire Kermené est une filiale du Mouvement E. Leclerc depuis 1978, acteur majeur de la filière agroalimentaire française. 2800 ouvriers travaillent sur le site de la commune Le Mené pour 4000 salariés sur les 7 sites du groupe tous implantés en Bretagne ;
- Un faible taux de chômage ;
- Un solde migratoire positif ;
- Vitalité associative culturelle et sportive au nombre de 128 ;
- Le Mené, pôle structurant et de proximité au sein de LCBC Communauté de communes de Loudéac Communauté Bretagne Centre. Le Mené est éprouvée dans le faire ensemble, de par sa configuration en archipel, qui a demandé engagement et participation de chacun des 7 bourgs. La compétence de la commune Le Mené met en perspective ce que les 42 communes de LCBC doivent atteindre ensemble : une identité commune forte au-delà des changements d’identité à « géométrie variable », tout en gardant la culture de chacun. Elle est un exemple d’action ;
- Service scolaires et présence d’un collège labellisé EDD. La labellisation « E3D » pour École ou Établissement en Démarche globale de Développement Durable, a été développée par le ministère chargé de l'éducation nationale pour reconnaître et encourager les écoles et établissements scolaires qui s'engagent dans une démarche globale de développement durable ;
- D’un point de vue de la santé, un territoire reconnu à travers le dispositif ZIP : Zone d’Action Prioritaire ;
- Ses agents dynamiques et investis dans leurs missions ;
- Émergence d’un collectif d’habitants motivés de s’investir dans le territoire de la communauté de communes Loudéac Communauté Bretagne Centre.
- Le Mené avec ses 163,23 km2 de long est réputé la plus étendue de Bretagne. Situé à l'extrême nord-est de la Communauté de communes, la commune Le Mené est quelque peu isolée et mal desservie, notamment au sein du territoire de LCBC ;
- Réussir à consolider la commune nouvelle d’un point de vue identitaire, elle est née de la transformation de la communauté de communes du Mené en une commune nouvelle en 2016. La conséquence a été la « fusion » des communes historiques : Collinée, Langourla, Le Gouray, Plessala, Saint-Gilles-du-Mené, Saint-Gouéno et Saint-Jacut-du-Mené ;
- Présence d’une offre de santé, mais en tension ;
- Une population vieillissante ;
- Diminution des actifs agricoles là où un besoin de relocaliser l’agriculture et l’alimentation est nécessaire. Existence d'un PAT LCBC (Plan Alimentaire Territorial) ;
- Territoire peu représenté en diversification agricole ;
- Divers outils pilotés par LCBC PAT : les projets alimentaires territoriaux ont l'ambition de fédérer les différents acteurs d'un territoire autour de la question de l'alimentation, contribuant ainsi à la prise en compte des dimensions sociales, environnementales, économiques et de santé de ce territoire. ; PCAET : outil de planification, à la fois stratégique et opérationnel, qui permet aux collectivités d'aborder l'ensemble de la problématique air-énergie-climat sur leur territoire ; CRTE : Contrat territorial de Relance et de Transition Ecologique ;
Tous ces plans nationaux, absolument essentiels dans leur mise en place, manque de simplicité dans les contacts. Une difficulté d’organisation encore en cours…
- Habitat : parc de logement vieillissant (précarité énergétique) ;
- Veiller à l’intégration des populations allophones, (dont la langue maternelle n’est pas le français) et vice versa pour favoriser le vivre ensemble (plus une vigilance qu’une faiblesse).
Les participants ont ensuite été invités suivant leurs centres d’intérêt à se regrouper en tour de table, pour échanger autour du cadre de vie de ses habitants, au quotidien. 5 thématiques ont été choisies : La santé, la mobilité, le vivre-ensemble, les commerces, l’habitat.
A chaque table, la parole s’est opérée librement nourrie par les propos du vécu des participants. Une personne désignée en tant que « rapporteur » a animé le débat, puis la parole fédérée a été restituée au niveau du groupe.
Pour compléter le tableau, le même exercice s’est renouvelé durant le second atelier qui a eu lieu le 7 décembre, même lieu, même heure.
De nouvelles thématiques en question autour des transitions écologiques et énergétiques de l’économie locale :
Pour l’énergie-environnement : - Quels nouveau cap fixé demain pour la commune ? - Quelles actions, quels projets lancés pour poursuivre la démarche avant-gardiste de Le Mené en matière énergétique ? - Comment réussir à sensibiliser les habitants aux enjeux de transitions énergétiques ? - Comment valoriser et prendre soin de l’environnement de proximité ?
Pour l’agriculture – alimentation : - Comment maintenir une activité agricole demain dans la commune ? - Comment inciter l’installation d’une agriculture à forte valeur ajoutée ? - Comment créer davantage de dialogue entre les agriculteurs et les habitants ? - Comment réduire l’impact des exploitations agricoles sur le climat, la ressource en eau, la biodiversité ? - Quelle politique « alimentaire » choisir pour nos enfants, nos ainés ? - Accompagner les habitants au « bien-manger ».
Pour les commerces et services : - Comment maintenir le tissu de commerces et services face à la montée de l’achat en ligne ? - Quel commerce, service manque-t-il sur le territoire de Le Mené ? – Quelles alternatives mettre en place pour maintenir une économie de proximité en milieu rural ? – Comment accompagner les personnes de la commune en situation de demandeurs d’emploi (notamment les allophones) ?
3 tables s’interrogent sur les mutations à opérer qui révèle le souci constant d’une dynamique territoriale sur la commune. Un temps de réflexion qui nous permet d’échanger pour une remise à niveau des informations sur les réalisations déjà opérées.
Un compte-rendu exhaustif nous sera communiqué par les organisateurs : l’équipe municipale et l’agence mandatée « les petits ruisseaux » animé par une ancienne de l’Association MIR. Pour mémoire, MIR pour Mené Initiative Rural fut créée en 1997 par des agriculteurs, dans le sillon du Salon des fourrages, organisé en 1995, à Plessala. Elle a fait vivre et rayonner le Mené par ses diverses animations notamment dédiées à l'environnement dans les Côtes d’Armor. Réputé comme « poil à gratter » de la commune, elle a su, avec les élus de l’époque, chercher, développer et installer les énergies renouvelables dans une vraie dynamique territoriale jusqu’à en devenir précurseur au niveau national. Une aventure humaine exceptionnelle qui a marqué l’histoire du territoire.
Pour conclure, cette participation citoyenne aux ateliers-habitants, a pour but de nourrir les réflexions et projets conduit par les élus de la commune. Une approche, souvent expérimentée sur Le Mené, dans les temps forts de son histoire. Les habitants peuvent ainsi partager et s’enrichir mutuellement, devenir acteurs, prendre confiance en leurs capacités et se sentir utiles au collectif, dans leur rôle de citoyen.
Collectivement, la démarche permet de créer une dynamique locale tout en pérennisant l’implication des habitants. Elle facilite l’action, favorise la confiance, la proximité et la convivialité entre les participants.
Marie Grippaudo
Responsable de la Communiication au RIEH
Une menéenne engagée.
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Eglise-Wallonie groupe belge membre du RIEH, a fait parvenir au Secrétariat international une lettre ouverte rédigée par Kairos Southern Africa et Kairos Palestine, qui ont leurs origines dans le document Kairos adressé en 1985 par des théologiennes et théologiens sud-africains pour interpeller les Eglises de leur pays au moment où le régime de l'apartheid instaurait l'état d'urgence. Cette lettre condamne la guerre. Cette lettre condamne la guerre menée par Israël contre la population de Gaza et la situation faite par Israël à la population palestinienne dans les territoires occupés.
Le RIEH a pour objectif de promouvoir l’économie humaine, qui porte la vision d’une société où chaque personne et toutes les personnes vivent dans la dignité et une démarche pour y parvenir qui s’appuie sur l’éducation populaire et la démocratie participative.
Manifestement les Palestiniens, de la bande de Gaza ou de Cisjordanie ne vivent pas dans la dignité et c’est insupportable.
Le rôle du RIEH n’est pas de proposer des solutions politiques globales. Il est de soutenir les actions concrètes qui permettent à toute la population de répondre par son travail et sa créativité à ses besoins économiques et d’organiser par la négociation entre toutes les parties des espaces de sécurité et de paix.
En Palestine et en Israël le chemin sera très long. Raison de plus pour s’y engager sans délai en commençant par la fin de l’occupation illégitime et illégale et le respect des droits souverains de deux peuples.
Le RIEH soutient l’appel émanant du dialogue entre le Rev. Frank Chikane, ancien Directeur de l’Institute for Contextual Theology et Chef de Cabinet du Président Thabo Mbkeki et Mgr Michel Sabbah, ancien Patriarche Latin de Jérusalem, deux autorités morales amplement reconnues pour leur action en faveur de la défense des Droits Humains fondamentaux dans des contextes d’apartheid tels que qualifiés par les Nations Unies.
1er novembre 2023
Lettre ouverte conjointe de Kairos Afrique du Sud et de Kairos Palestine aux responsables d'Églises et aux chrétiens des États-Unis, d'Europe et de la grande famille œcuménique.
« Seigneur, mon Dieu, toi qui es juste, fais-moi justice ! » (Ps. 35,24).
Sœurs et frères :
Un génocide contre les Palestiniens de Gaza se déroule sous nos yeux et il n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé il y a moins de 30 ans au Rwanda et il y a 80 ans en Europe. De nombreux Occidentaux ont été complices de ces génocides. Nous ne pouvons pas et nous ne voulons en aucun cas laisser cela se reproduire. Il faut l’arrêter au plus vite.
Si vous n'agissez pas pour mettre fin à ce génocide qui est soutenu par beaucoup dans vos pays et qui est encouragé par la fourniture d'armes à Israël pour le mettre en œuvre, vous vous en rendez complices. Ceux dont les gouvernements soutiennent ce génocide ont une responsabilité plus grande et doivent s'assurer que leurs gouvernements y mettent fin.
Nous condamnons toute forme de violence à l'encontre de civils et de toute autre personne, mais il faut reconnaître que cette guerre n'est pas née de rien. Sa genèse remonte à l'occupation illégale des territoires palestiniens, à l'expansion des colonies juives illégales en Palestine occupée, à la négation des droits des réfugiés palestiniens qui voudraient retrouver
leurs anciens foyers, et au siège de Gaza qui dure depuis 17 ans. Et plus récemment à la montée au pouvoir en Israël de groupes fascistes ultra-nationaux et ultra-religieux et au refus par l'actuelle coalition nationaliste et religieuse de droite qui est au pouvoir, de reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à la liberté et à l'autodétermination. Le monde entier a été témoin des violations et des agressions continues perpétrées par des extrémistes juifs, des colons, des membres de la Knesset et des ministres contre des lieux saints musulmans et chrétiens et contre des fidèles, tant à Jérusalem qu’en d'autres endroits, et tout ceci au mépris de la sensibilité religieuse non seulement des Palestiniens, mais aussi de millions de chrétiens et de musulmans à travers le monde, - pour ne citer que quelques-unes des raisons qui expliquent les souffrances des Palestiniens sous le régime israélien d’occupation et de colonialisme.
En 2022, les forces israéliennes d'occupation ont tué 230 Palestiniens : 171 en Cisjordanie, 53 à Gaza, et 6 en Israël, et 44 d’entre eux ont été des enfants. De plus, entre le début de l'année et le 7 octobre 2023, les forces israéliennes d'occupation ont tué un total de 243 Palestiniens. Nous espérons que ces chiffres vous donnent une vue d’ensemble de ce que vit le peuple palestinien. Tout ceci simplement pour dire que ce n’est pas le 7 octobre 2023 seulement que sont venus la douleur, la peine et le chagrin.
Nous savons tous que toutes ces atrocités contre des êtres humains sont contraires à la volonté de Dieu pour son monde. Elles sont contraires également au droit international et aux conventions de Genève. Ce droit et ces conventions ont été mis en place par des puissances occidentales, après la Seconde guerre mondiale surtout, et aucun État n'en a été exclu ou n'a bénéficié d'un statut particulier.
Si l'on confronte tout ce qui vient d’être évoqué au siège total qu’Israël impose à Gaza et au dangereux blocage de presque toutes les voies non violentes, tout être humain tant soit peu raisonnable peut comprendre que la situation allait être explosive. On peut se demander comment les Américains ou les Européens auraient réagi si eux avaient été exposés à une situation semblable à celle qu’a vécue la population de Gaza. L'histoire nous enseigne qu'ils n'auraient pas réagi de manière non violente, et c'est pourquoi nous trouvons extrêmement hypocrites certaines des qualifications que l’on a attribuées aux Palestiniens (comme auparavant aux Sud-Africains).
Les Sud-Africains savent ce que cela signifie que d’être étiqueté comme « terroriste » ou « communiste ». Des étiquettes pires encore ont été apposées sur les Palestiniens par ceux qui se sont rendus coupables des pires formes d'antisémitisme, un fardeau et une responsabilité qu'ils ont fait porter ensuite au peuple palestinien. Dans la pratique, nous
voyons comment les Palestiniens sont terrorisés quotidiennement par les colons israéliens, par les forces israéliennes d'occupation et d’autres milices sionistes. C'est à cause de tout cela que nous dénonçons l'hypocrisie de ces étiquettes qui ne sont imposées qu'à un seul groupe de personnes.
La plupart des Églises d'Europe et des États-Unis semblent ne pas avoir renié leur passé colonialiste et raciste. Et de ce fait, les lunettes à travers lesquelles ils perçoivent ce que nous vivons aujourd’hui sont toujours teintées par leurs péchés de colonialisme et de racisme. Il est important que nous vous y rendions attentifs une fois de plus aujourd'hui, afin de vous en faire prendre conscience. C’est une vision de la pire espèce, incompatible avec Jésus tel que nous le connaissons à travers les Écritures. C’est pourquoi nous vous appelons à un profond repentir.
Car Jésus tel que nous le connaissons et tel que nous le vivons - lui dont nous allons bientôt célébrer la naissance à Bethléem - est magnifiquement présenté par les paroles de la jeune poétesse chrétienne sud-africaine Thandi Gamedze lorsqu'elle écrit :
« Si Jésus vivait aujourd'hui, je veux dire le Jésus brun,
celui qui a grandi en Palestine occupée sous la menace permanente de l'empire romain
avec ses forces armées à l’affût de quiconque oserait s'écarter de la ligne prescrite.
Ce Jésus dont l’arrivée dans le monde a été marquée par la violence,
l'air résonnant des ordres du roi Hérode allié des Romains
exigeant le génocide de tous les enfants de Bethléem.
Si ce Jésus vivait aujourd'hui, il est clair où il serait en route sans doute vers le sud
cherchant son chemin sous les bombes et les pluies de phosphore blanc
pleurant les membres de sa famille et ses amis dont les maisons ont été réduites en ruines
alors qu'ils dormaient à l'intérieur.
Ses pouvoirs de guérison compromis face au nombre de victimes
et les lamentations comme seule réponse possible à tant de dévastations.
Ce Jésus n'aurait pas d'eau à changer en vin parce que l'empire de ce temps
a coulé du ciment dans les réserves d’eau et barré tous les chemins pour y accéder.
Ses capacités surnaturelles seraient mises à l'épreuve dans cette crise humanitaire
parce que les cinq mille affamés sont devenus deux millions entre-temps
et même cinq pains et deux poissons sont difficiles à trouver.
Je suis sûr qu'il aurait peur comme quand il voyait sa crucifixion devenue imminente
vidé de tout espoir face à l'inhumanité de l'empire.
Il se mettrait sans doute à prier comme il l'a fait la veille de son assassinat
« Dieu, s’il te plaît, éloigne de nous cette coupe de souffrance et libère la Palestine ».
C'est dans cette optique, exprimée ci-dessus avec tant de beauté et avec une telle assurance, que nous nous adressons à vous maintenant.
Nous voulons tout d'abord nous tourner vers nos sœurs et nos frères juifs qui ont commencé à dire « Pas en notre nom », et nous prions pour que leur nombre et leurs protestations augmentent. Les gens qui descendent dans la rue à travers le monde sont surtout, aujourd'hui, ceux qui portent la bonne nouvelle de la paix, de la justice et de la réconciliation. C'est vers eux que nous allons nous tourner.
C’est pourquoi nous accusons les Églises des États-Unis, d'Europe et de la grande famille œcuménique de rester étrangement indifférentes aux meurtres des Palestiniens et aux actes de vengeance qui sont perpétrés à l'encontre de nos sœurs et de nos frères palestiniens, et de ne réagir que lorsque des Israéliens sont tués. Vous dites constamment « Paix, paix, là où il n'y a pas de paix ». Pour autant que nous puissions le constater, toute prétention à la paix a été abandonnée depuis longtemps alors que des pans entiers de terre palestinienne ont été volés. C’est pourquoi ces phrases creuses sont un affront non seulement envers nous, mais aussi envers le Dieu de la justice, le Dieu qui a pris le parti des opprimés, des brimés et des marginalisés.
Si nous étions en 1943, les opprimés, les brimés et les marginalisés seraient les Juifs persécutés d’Europe, et nous prendrions leur parti. Mais nous sommes en 2023, et à notre époque ceux qui avaient auparavant été opprimés sont devenus des oppresseurs habilités à briser la nuque des opprimés de notre temps, les membres du peuple palestinien, et ils vont jusqu'à souhaiter qu'ils cessent d’exister. Ils sont bombardés tous les jours par les messages des colons qui leur disent : « Partez en Jordanie ! ».
Nous avons quelque chose à dire, à eux et à vous : Les Palestiniens ne vont pas partir n’importe où, tout au contraire ! Les Palestiniens vont ressusciter de leur crucifixion actuelle et les opprimés du monde entier vont s'identifier au peuple palestinien comme ils se sont identifiés aux Sud-Africains noirs qui vivaient sous un régime d'apartheid. La communauté chrétienne de Palestine est une toute petite minorité souvent oubliée, mais avec l'évêque Tutu nous disons : « Dieu n'est pas un chrétien », Dieu ne se soucie pas seulement de ceux qui se disent chrétiens. Tous les êtres humains, tous ceux qui font la volonté de Dieu sont également aimés de Dieu, qui se soucie de tous.
Les droits humains n’ont pas de frontières de religion, de culture, de classe, de race ou de sexe. Les chrétiens palestiniens sont solidaires de tous les Palestiniens, et ils s'identifient pleinement à eux tous. Le monde d’Occident doit comprendre qu’il met sérieusement en danger les valeurs de la démocratie et les droits humains, que même il les dépouille de toute légitimité, s’il continue sur la trajectoire qui est la sienne actuellement.
Cette lettre ouverte vous est adressée à vous, mais notre espoir réside en Dieu qui est solidaire de son peuple. Dieu vous tiendra pour responsables de vos péchés de commission et d'omission.
Nous plaçons notre confiance en ce Jésus qui a proclamé une Bonne Nouvelle pour les pauvres et les opprimés. Jésus nous rappelle à tous que Dieu n'est pas un Dieu tribal, mais un Dieu qui se soucie profondément de tous les peuples. Ce même Jésus nous remplit d'espoir et de joie, et nous prions de tout notre cœur pour que vous rencontriez, vous aussi,
ce Jésus, et que vous soyez libérés par lui.
Si vos cœurs sont touchés quelque peu par ce que nous vous avons écrit, nous vous appelons à une solidarité profonde et immédiate avec tous les Palestiniens et tout particulièrement avec ceux de Gaza. Nous sommes prêts à discuter avec vous du contenu de cette lettre ouverte.
*Que Dieu vous bénisse !
au nom de Kairos Palestine
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Une association de solidarité internationale créée en 1960 qui unit les forces de 24 organisations de la société civile.Ensemble, elles portent des projets de développement avec des associations locales plus particulièrement en Afrique de l’Ouest, en Algérie et en Amérique Latine.
Fédérées autour de valeurs communes, elles unissent leurs forces pour financer des actions de coopération et les réaliser, produire et diffuser des connaissances, animer des espaces d’échanges et de réflexion sur les thématiques de l’agriculture et l’alimentation durables et solidaires et la lutte contre les inégalités. Voir le site www.cfsi.asso.fr
Lors de sa réunion du 12 décembre 2023, le Conseil de direction du CFSI a accepté la candidature de Développement et Civilisations, qui devient ainsi la 25ème organisation membre.
A travers Développement et Civilisations, c’est le Réseau international pour une Economie humaine qui rejoint ainsi l’ensemble que constitue ainsi le CFSI avec non seulement les organisations membres mais leurs nombreux partenaires locaux, notamment en Afrique de l’Ouest.
Développement et Civilisations a décidé de demander son adhésion car elle a bien conscience que pour remplir sa mission de promotion de l’économie humaine par l’action et la réflexion elle a besoin d’avoir des alliés.
Là où les groupes locaux du RIEH ont entrepris de mener des actions territoriales ou veulent les entreprendre, il est utile qu’ils aient des contacts avec des organisations en lien avec le CFSI, puisque le principe-même des actions territoriales est la coopération entre tous les acteurs.
A un autre niveau, quand Développement et Civilisations cherche des financements pour soutenir les actions des membres du Réseau, elle a intérêt à s’adosser à des organisations ayant des moyens plus importants que les siens. Le CFSI lui-même a une expérience dans le domaine de l’alimentation qui est une source précieuse pour tous les membres qui veulent agir dans ce domaine.
Beaucoup de membres du CFSI ne font pas référence à l’économie humaine comme concept, même s’ils connaissent l’œuvre du Père Lebret. Ils formulent leur propre référence de façon souvent voisine. Il est intéressant d’avoir à ce sujet des échanges, si comme nous en sommes convaincus, il faut articuler les très nombreuses actions locales avec une vision globale des sociétés et du monde que nous voulons et de la façon d’y parvenir.
Voilà donc un beau programme de travail en commun !
Michel TISSIER
Secrétaire exécutif de Développement et Civilisations et du RIEH
L'AREDS a célébré cette journée en collaboration avec les entreprises sociales d'agriculteurs. L'occasion de présenter une variété de plats à valeur ajoutée, préparées à partir de millets traditionnels par les membres et cultivés biologiquement, sans pesticides et sans produits chimiques. Des représentants de tous les secteurs de l'agriculture étaient présents pour sensibiliser le plus grand nombre à ce thème essentiel à la vie ainsi qu'à l'importance de l'alimentation biologique et à l'engagement de tous les individus à éradiquer la pauvreté et la faim.
Chaque année, le 16 octobre, la Journée mondiale de l'alimentation est célébrée pour nous rappeler les défis mondiaux liés à la faim, à la sécurité alimentaire et à l'importance indéniable d'une bonne nutrition.
Cette journée spéciale commémore la création de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) en 1945. Une journée pour souligner l'importance de veiller à ce chacun ait accès à une alimentation équilibrée et saine.
En tant qu'agent de développement social, AREDS a travaillé avec détermination dans le domaine de la souveraineté alimentaire avec pour objectifs la production d'aliments biologiques sans pesticides et le développe-ment économique des agriculteurs. Elle a aidé les agriculteurs locaux à se regrouper pour créer des sociétés de producteurs agricoles et les transformer en entreprises sociales. Aujourd'hui, quatre sociétés de producteurs fermiers sont au service de la collectivité grâce à leur produits agricoles biologiques et sains.
Every year on October 16, World Food Day is observed to remind us of the global challenges surrounding hunger, food security, and the undeniable importance of proper nutrition. This special day is a commemoration of the establishment of the Food and Agriculture Organization of the United Nations back in 1945, and it serves as a rallying call for collective action against hunger and promoting proper nutrition. It is a day that underscores the significance of making sure everyone has access to nutritious meals.
As an agent of social development, AREDS has been working dedicatedly in the field of Food Sovereignty. With the objective of Food sovereignty, production of poison free organic foodsand the economic development of farmers, it helped the local farmers to form the farmer producer companies and promoted them into social enterprises. Now there are four farmer producer companies under the hood that serves the society with their healthy organic agricultural produces.
Le 16 octobre 2023, au bureau de Panchyat Union, Krishnarayapuram, AREDS a célébré la Journée mondiale de l'alimentation. Un séminaire a été organisé sur l'importance de la culture du millet, sur la façon de fabriquer des produits alimentaires à valeur ajoutée à partir du millet et ses avantages.
On 16th October 2023, at Panchyat Union office, Krishnarayapuram, AREDS observed the World Food Day event. A seminar was held on the cultivation of millets and its importance, how to make value added food products from millets and its benefits.
Des agriculteurs venus de différentes parties du district de Karur et des fonctionnaires concernés de différents départements ont partici
pé à cet événement et ont partagé leurs connaissances en matière de souveraineté alimentaire. Cette année, la Journée de l'alimentation met l'accent sur l'importance de l'eau. C'est pourquoi la discussion a également porté sur son utilisation de manière raisonnée.
Farmers from different parts of Karur district and concerned Government officials from different departments participated in this event and shared their knowledge regarding food sovereignty. This year's Food Day emphasizes the importance of water. So, the discussion was also held on how to use water wisely.
Les agriculteurs ont présenté leurs produits agricoles à valeur ajoutée, cultivés dans leur propre ferme.
Des produits alimentaires sains et délicieux à base de millets ont été servis aux participants.
Farmers displayed their Value added organic agricultural products which was grown in their own farm.
Healthy and delicious edible items made from millets were served among the participants.
Au cœur du Sri Lanka, nichée au milieu de ses collines verdoyantes et de ses paysages luxuriants, se trouve une communauté au passé remarquable : Les Malayaga Thamilar. L'année 2023 marque une étape importante pour le peuple tamoul malaiyaga (les Tamouls des plantations de la région des collines) après deux siècles d'existence et un dévouement sans faille à l'essor de l'économie nationale du Sri Lanka.
Leur contribution substantielle aux revenus du pays soulève inévitablement la question de savoir s'ils devraient bénéficier des mêmes droits que leurs concitoyens, malgré leur rôle essentiel en tant que pilier économique. Ironiquement, ce groupe subit une profonde oppression sur les plans social, politique, culturel et économique. Il est donc impératif d’examiner de près leur parcours et les défis persistants qu’il rencontrent dans leur quête de reconnaissance, de dignité et d’égalité.
Les Tamouls des plantations, originaires de l’Inde, ont entrepris un voyage transformateur au Sri Lanka (anciennement Ceylan) au cours des 19e et 20e siècles, pour travailler dans les plantations florissantes de l'île. Cette communauté, souvent désignée comme les « Tamouls indiens » au Sri Lanka, trouve es racines principalement parmi les travailleurs envoyés par des groupes affectés par des castes du Tamil Nadu, situé dans le sud de l'Inde. Leur histoire est celle d'une migration, d'une adaptation et d'une contribution vitale à l'histoire des deux pays.
Selon le recensement de 2012 au Sri Lanka, les Tamouls indiens représentaient 4,2 % de la population, totalisant 842 323 personnes. Bien que le gouvernement sri-lankais et le département du recensement les désignent comme les Tamouls d'origine indienne (IOT), cette communauté comporte également d’autres identités telles que : les Up Country Tamils, les Hill Country Tamils, les Plantation Tamils et les Malaiyaga Tamilar.
Il est intéressant de noter qu'une partie des Tamouls indiens ayant obtenu la citoyenneté sri-lankaise choisi de s'identifier en tant que Tamouls sri-lankais en raison des complexités entourant les droits de citoyenneté historiquement absents. Ce choix s'explique par l'absence historique de ces droits.
Cette question a suscité des débats au sein des cercles civils et politiques, mais un consensus n'a pas encore été atteint. Pour promouvoir une plus grande inclusion et préserver les diverses identités, le gouvernement du Sri Lanka ou le département du recensement pourrait envisager d'introduire la possibilité pour les individus de s'identifier en tant que Malayaga Thamilar, reflétant ainsi la palette nuancée aux multiples facettes de cette communauté dynamique.
La communauté tamoule Malaiyaga est principalement établie dans les collines centrales du Sri Lanka, en particulier dans les districts de Nuwara Eliya, Badulla, Ratnapura, Kandy et Matale. Ils résident également dans d'autres districts comme Kegalle, Kalutara, Moneragala, Galle, Matara Kurunegal, etc. Cette communauté est centrée autour de l’industrie des plantations de thé et de caoutchouc, en particulier dans les régions montagneuses comme Nuwara Eliya, Hatton, Maskeliya, Badulla, qui sont des centres actifs de la production de thé. Cet alignement géographique a non seulement façonné leurs moyens de subsistance, mais a également contribué de manière significative à l’économie, à la société et à la culture du Sri Lanka.
Derrière la célèbre marque de thé Ceylan, se trouve une communauté de travailleurs dévoués des plantations de thé, qui joue un rôle crucial dans la croissance économique du Sri Lanka. Leur contribution va au-delà de la culture des feuilles de thé, car ils sont une source majeure de revenus étrangers grâce aux exportations de thé et de caoutchouc. Le thé de Ceylan apprécié par des millions de personnes dans le monde, est le fruit du dur labeur de ces travailleurs. Cependant, derrière cette réussite se cache une réalité très contrastée : la vie de ces travailleurs reste souvent dans l'ombre, marginalisée malgré les éloges de l’industrie. Alors que le thé de Ceylan est savouré à travers le monde, ceux qui le cultivent demeurent largement invisibles et marginalisés. Ce paradoxe souligne une vérité troublante : au milieu des louanges de l'industrie, les travailleurs des plantations de thé font face à une marginalisation persistante.
Un drôle de paradoxe se dessine alors que la population la plus touchée par la pauvreté demeure largement méconnue malgré son rôle crucial dans l’économie nationale. Étonnamment, les statistiques de l'enquête sur les revenus et les dépenses des ménages en 2017 (HHI&ES) indiquent une baisse du taux de pauvreté parmi ces individus à 8,8 %, (comparé à 1,9 % pour la population rurale), un plongeon significatif par rapport aux 32 % enregistrés en 2006/07. Pourtant, ces chiffres, bien qu’encourageants, doivent être examinés avec scepticisme, car la réalité de leur vie révèle une tout autre histoire. Les difficultés concrètes telles que l'accès limité à l'éducation, aux soins de santé, aux services publics et aux équipements de base persistent, jetant une ombre sur ces données apparemment positives. Alors que l'économie du Sri Lanka progresse, il est essentiel de reconnaître les disparités persistantes qui touchent les plus vulnérables. Les défis auxquels ces communautés sont confrontées vont au-delà des pourcentages et des statistiques. Leurs voix, leurs expériences et leurs luttes quotidiennes rappellent que le véritable progrès ne se résume pas à des chiffres sur le papier, mais concerne le bien-être global et la protection des droits de tous les citoyens. Pour combler ce fossé, il faut des efforts globaux visant à permettre à ceux, piégés dans le cycle de la pauvreté de contribuer à la création d'une société plus équitable, plus juste et plus démocratique pour tous.
La récente récession économique et la crise alimentaire qui en a résulté ont eu un impact grave sur les communautés vulnérables, en particulier celles vivant dans les plantations. Cela englobe les travailleurs des domaines, les femmes, les enfants, les agriculteurs et les travailleurs journaliers. Au Sri Lanka, le taux d'inflation alimentaire a atteint le niveau alarmant de 57,4 % en juin 2022, rendant l’obtention de repas nutritifs difficiles pour de nombreuses personnes.
Bien qu’il n'y ait pas de données spécifiques sur la situation alimentaires dans les plantations, il est clair que de nombreuses personnes ont dû ajuster leur alimentation en raison de l’augmentation des prix, réduisant ainsi leur
accès à des aliments nutritifs.
Le manque d'accès à l'éducation pour les femmes, leur faible statut socio-économique et l'insécurité alimentaire aggravent la malnutrition, en particulier parmi les femmes et les enfants des communautés de plantation. Le Sri Lanka se classe parmi les dix pays ayant les taux les plus élevés de malnutrition infantile et la crise économique actuelle aggrave la situation en limitant l’accès aux produits de première nécessité, affectant ainsi la nutrition et l’éducation des enfants.
Cette situation conduit à un risque accru d’abandon scolaire parmi les enfants des plantations, car leurs besoins fondamentaux deviennent prioritaires. De plus, il y a eu une hausse notable d’incidents à haut risque en matière de protection de l'enfance, tels que les agressions sexuelles et les violences physiques, dans les districts clés des plantations. Une action urgente est nécessaire pour briser ce cycle de la malnutrition et d'abus physique.
Les droits à la terre et au logement, restent une question litigieuse et complexe pour les habitants des plantations des régions montagneuses. Il est choquant de constater que 67,8 % d’entre eux (enquête HHI&E 2012/2013) résident toujours dans des chambres de passage héritées de l'époque coloniale, sans en être propriétaires, ni de la terre en dessous. Bien que des projets de logement aient été lancés au sous différents gouvernements, leur mise en œuvre doit être accélérée et leur portée élargie.
Les droits linguistiques sont une autre préoccupation urgente. Les communautés des plantations souffrent d’un manque flagrant de fonctionnaires parlant tamoule dans les institutions gouvernementales, en particulier dans les régions où elles prédominent. Cette sous-représentation les place dans une situation difficile. Pour relever ces défis, une approche multidimensionnelle est nécessaire. Le 13e amendement souligne l’importance des droits linguistiques au Sri Lanka, visant à garantir une représentation linguistique équitable. Assurer la légitimité de la propriété foncière, moderniser les conditions de logement et promouvoir l'inclusion linguistique sont des étapes cruciales. En outre, l'accélération et l'extension des initiatives de logement peuvent considérablement améliorer la qualité de vie des travailleurs des plantations. Des droits fonciers et des droits au logement équitables, associés à l'inclusion linguistique, sont essentiels pour améliorer la vie de ces communautés marginalisées et renforcer leur capacité d’action.
Dans le district de Nuwara Eliya, les communautés tamoules rencontrent des difficultés d’accès aux services publics, en raison de la surpopulation. Cette région, relevant des secrétariats divisionnaires d’Ambagamuwa et de Nuwara Eliya, compte entre 225 483 et 232 466 habitants, ce qui pose un défi majeur pour la prestation efficace des services publics dans ces régions.
La situation est aggravée par l'article 33 de la loi sur le Pradeshiya Sabha aggqui limite l’accès des autorités locales à ces communautés, soulignant la nécessité pressante de modifier cette loi.
L’accès limité aux services publics essentiels pour la population tamoule appelle des réformes globales.
Pour résoudre ce problème, il est nécessaire de réduire la surpopulation tout en plaidant en faveur d’un accès équitable aux services publics prévus par la loi sur le Pradeshiya Sabha et la récente décision du Cabinet (2019) visant à augmenter le nombre d'électeurs dans les secrétariats divisionnaires.
Des modifications législatives pourraient permettre d’assurer que les services de l’État soient accessibles à tous, surmontant ainsi les obstacles actuels aux droits des communautés tamoules de la région.
L'éducation et les soins de santé posent toujours un défi majeur, pour les populations des plantations au Sri Lanka, malgré les ressources allouées au niveau national. Dans les régions montagneuses, les disparités sont évidentes, avec seulement quelques écoles 1 AB proposant un enseignement scientifique et un internat.
Pour illustrer le déséquilibre, le district de Nuwara Eliya, bien que comptant une importante population tamoule, offre moins d’écoles répondant à leurs besoins, par rapport à d'autres communautés. Cette disparité flagrante en dit long sur la répartition inégale des ressources physiques et humaines.
Ces inégalités ont un impact tangible sur le bien-être et le potentiel des communautés des plantations. L'accès à une éducation de qualité et à des soins de santé est essentiel pour rompre le cycle de la pauvreté et autonomiser ces populations marginalisées. Des investissements ciblés et des politiques appropriées peuvent contribuer à rétablir l’équité en matière d’éducation et de soins de santé, offrant ainsi à chaque individu, quel que soit son milieu d’origine, la possibilité de s'épanouir.
L'amélioration des services médicaux et sanitaires dans les plantations est essentielle pour s'aligner sur les normes nationales et internationales. La situation préoccupante des droits sexuels et reproductifs des enfants et des femmes au sein de ces communautés, est un sujet d’inquiétude. Actuellement, la majorité des dispensaires des plantations sont dirigés par des assistants médicaux du domaine, ce qui pose un vrai défi au système national de santé. Pour résoudre ce problème, une rénovation complète de l'infrastructure sanitaire dans les plantations est nécessaire. Cela implique l’adoption de normes plus strictes, la fourniture de soins spécialisés pour les groupes vulnérables et la formation de professionnels de santé plus qualifiés afin d’améliorer la qualité des services médicaux. Reconnaissant l'importance d’un accès équitable à des soins de santé de qualité pour tous, ce projet vise à améliorer la vie des communautés des plantations tout en contribuant à la création d’une nation en meilleure santé. Par le biais de la collaboration et d’interventions stratégiques, nous pouvons progresser vers une égalité des soins et un système de santé plus solide et plus équitable.
Le droit à un moyen de subsistance est fondamental, mais les planteurs de la région des hautes collines luttent pour l'obtenir. Leurs salaires dépendent de conventions collectives qui n’ont pas été révisées depuis un certain temps, en raison d’un blocage dans les négociations entre les syndicats et la fédération patronale. Cela soulève des préoccupations concernant le respect de la responsabilité sociale des entreprises et du Pacte mondial de l'ONU. Les travailleurs des plantations reçoivent actuellement les salaires journaliers les plus bas du pays, ce qui les maintient dans une pauvreté persistante. Pour résoudre ce problème, des mesures urgentes s'imposent, notamment la révision des accords salariaux, la promotion de négociations équitables et le respect de pratiques commerciales responsables. Prioriser les moyens de subsistance de la communauté va au-delà de l’obligation morale, c'est également un moyen de créer une société plus équitable. En veillant à ce que leur droit fondamental à la subsistance soit respecté, nous pouvons contribuer à briser le cycle de la pauvreté et à renforcer l'autonomie de ces communautés marginalisées. Cependant, la présence d'entreprises ou d'organismes publics (JEDB, SLPC ou EPL) dans de nombreuses plantations crée des lacunes qui entravent à la fois les projets de développement nationaux et l'accès équitable à ces populations marginalisées.
Pour renforcer l'intégrité politique du Sri Lanka et soutenir la bonne gouvernance démocratique, il est recommandé de rétablir un système de Sénat avec une représentation égale des minorités et des professionnels. Ce système viserait à favoriser les pouvoirs et à garantir des pratiques politiques crédibles. En particulier, tous les projets de loi présentés devraient être examinés par le Sénat avant d'être approuvés par le Parlement, ce qui renforcerait la transparence et la responsabilité dans le processus législatif.
L'appel à un changement du système de représentation proportionnelle actuel, qui est sujet à la corruption et associé à la violence, gagne en importance en vue d’un paysage politique plus équitable. Il est intéressant de noter que ce système semble bénéficier aux minorités démographiques, notamment à la communauté tamoule de Malaiyaga et aux musulmans. Ainsi, des partis politiques et des mouvements civils plaident en faveur d'un système parlementaire hybride dans le cadre de la nouvelle constitution, qui combinerait le système électoral et la représentation proportionnelle. Cette approche innovante vise à renforcer la communauté tamoule de Malaiyaga, mais aussi les populations cinghalaises et musulmanes dispersés à travers le pays. En favorisant une inclusion politique plus large et en garantissant les droits de divers groupes, cette proposition cherche à promouvoir un cadre démocratique plus représentatif et harmonieux pour l’avenir politique du Sri Lanka.
Après deux siècles, le discours récent sur le changement de paradigme dans le secteur des plantations au Sri Lanka, met en avant la nécessité de redéfinir les travailleurs comme des citoyens égaux et à part entière, garantissant ainsi leurs droits fondamentaux. Au cœur de cette transformation se trouve la nécessité d’introduire un salaire décent, mais cela va au-delà de l’aspect financier. Cela implique une refonte complète des secteurs de la santé et de l'éducation, ainsi qu'un programme de développement pour la région.
L’intégration des établissements de santé des plantations dans le système sanitaire national est un élément central de cette approche pour assurer un accès équitable à des soins de qualité pour tous. Des actions positives et des programmes de développement ciblés sont nécessaires pour combler les fossés historiques, égaliser les chances et habiliter les personnes marginalisées. La transformation envisagée englobe également la résolution des problèmes liés à la terre et au logement, y compris la clarification des droits fonciers et la création de plans de logement modernes. La diversification des moyens de subsistance, soutenue par une formation rigoureuse et l'accès à la terre et aux ressources de production, donne vie à un progrès durable et à l’autonomisation des individus. Un plan d'action à court et à long terme, un programme et un mécanisme sont nécessaires pour accélérer le développement durable de la communauté. La promotion de la diversité linguistique conformément au 13e amendement, est un élément clé. La création d'une commission sur le peuple malaiyaga est également importante pour protéger les droits des groupes minoritaires ethniques, religieux, culturels et sexuels.
Le chemin du Sri Lanka vers la transformation est multiple, complexe et interconnecté, nécessitant un effort collectif en faveur d'un avenir caractérisé par l'équité, la justice et la prospérité.
Au fur et à mesure que cette nation entre dans une nouvelle ère, la transformation de la communauté tamoule de Malaiyaga (secteur des plantations) témoigne de la volonté résolue de construire une société digne qui valorise et responsabilise chaque citoyen du Sri Lanka.
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Le colloque a commencé vers 09h25 locales de Bukavu par la présentation de la thématique du colloque, la présentation du projet ATEDD sous lequel les investigations qui font objet de la thématique ont été effectuées ainsi que la présentation des participants.
Après la lecture de l’ordre du jour qui contenait 9 points, le coup d’envoi du colloque a été lancé vers 9h47 par les deux premiers points inscrits à l’ordre du jour à savoir l’hymne national et le mot de bienvenu du secrétaire administratif de la chefferie de Buhavu, Monsieur Claude MAGADJU, représentant sa majesté le Mwami de Buhavu empêché.
Le point suivant de l’ordre du jour a consisté en la présentation de l’agenda du consortium ATEDD. Cette présentation s’est appesantie sur les éclaircissements en rapport avec l’origine de l’initiative d’étude de la problématique des rivières de Kalehe, les motivations d’étude des causes et le besoin d’identifier les solutions ; les premiers partenaires qui ont soutenu l’initiative ainsi que le contexte global initial.
C’est vers 10h08’ que le point de l’ordre du jour portant sur la présentation des résultats préliminaires de l’étude qui a été menée sur la problématique des bassins versants des rivières de la côte Ouest du lac Kivu a été abordée par le Professeur Bashagaluke BIGABWA. Cette présentation comportait trois parties essentielles dont les principales informations sont les suivantes :
0. Le contexte de la recherche : il a d’abord été mentionné que cette recherche a été réalisée en 2022, bien avant le drame qui est survenu récemment en mai 2023 à Bushushu et Nyamukubi. La présentation du contexte du milieu s’est résumée en trois points à savoir l’aspect topographique qui est caractérisé par un relief montagneux avec des terrains en fortes pentes ; l’aspect lié à la persistance des catastrophes naturelles marquée par le débordement des lits des rivières, le détachement des roches dans les montagnes en amont et enfin les aspects liés aux difficultés socioéconomiques issues des conséquences de ces catastrophes naturelles. Ces caractéristiques contextuelles ont été à la base de la formulation de la question de la recherche effectuée, question consistant à savoir comment contrôler ces risques environnementaux dont les impacts touchent différents secteurs de la vie.
1. La conception de la recherche (méthodologie de la recherche) : Dans cette partie de la présentation, il a été expliqué que l’étude a utilisé une approche mixte consistant en la prospection, l’observation et la description. L’approche prospective a été utilisée pour faire une analyse spatio-temporelle des différentes variables, tandis que l’approche descriptive a été utilisée pour s’entretenir avec la communauté et les différents acteurs sur les questions liées à l’utilisation des terres, les pratiques et les techniques employées ainsi que les changements observés dans ces pratiques, et les causes de ces changements. Les observations quant à elles, ont été effectuées pour caractériser différents indices liés aux caractéristiques de terrains des basins versant étudiés. Dans cette partie, il a aussi été précisé que cette étude s’est réalisée dans quatre sites à savoir Bweremana (bassin versant de Renga), Minova (Bassin versant de Mubimbi), Kiniezire (bassin versant de Mukana et Ciluluma) et Bushushu (bassin versant de Nyamukubi, Cishova, Lukungula et Nyalunkumo), repartis sur les territoires de Masisi (Nord Kivu) et Kalehe (Sud Kivu).
2. Les résultats de la recherche : Les principaux résultats obtenus ont été présentés en 5 sous-points qui ont consisté en :
a. La caractérisation des différents bassins versants : ici il a été principalement démontré que la plupart des bassins versants caractérisés se trouvaient sur des pentes (supérieures à 16%) impropres aux activités agricoles appliquées sans stratégies efficaces de lutte antiérosive. Il a été signalé la présence des grosses pierres dans les lits de certaines rivières, dans leurs parties se trouvant en altitude et qui constituent des freins à l’écoulement des eaux en plus de représenter des dangers directs pour les populations se trouvant en aval.
b. La caractérisation de la dynamique d’occupation des terres dans chacun des bassins versants : Pour tous les bassins versant étudiés, il a été noté une diminution catastrophique de la couverture forestière allant par exemple de ±90% en 1986 à moins de 1% en 2019 dans le bassin versant de Bushushu, accompagnée d’une augmentation fulgurante des activités agricoles (de 0,7% de champs en 1986 à ±84% des champs en 2022).
c. L’identification des moteurs de la dynamique d’occupation des terres : Parmi les principaux moteurs de la dynamique décrite, l’augmentation de la démographie a été placée en première position avec comme phénomène alarmant, l’arrivée des réfugiés en 1994 qui a créée des besoins importants en espace et en énergie. Aussi il a été mentionné l’érosion du sol qui a été la source de l’augmentation du taux de sédimentation dans les rivières, créant des millions de tonnes de dépôt de sédiments en aval.
d. L’identification des types d’aménagement spécifiques pour chaque rivière mais aussi en général pour la zone investiguée. Dans la partie portant sur les types d’aménagement en général, trois ensembles de mesures ont été recommandées à savoir les mesures mécaniques (par exemple le terrassement etc.), les mesures agronomiques (traçage des courbes de niveau et mesures de lutte antiérosives etc.), ainsi que les mesures de génie civile (maçonnerie, murailles etc.). Ces mesures ont aussi relevé un besoin urgent en arbres pour reboiser les différents bassins versant, une sensibilisation sur l’arrêt de la pratique des feux de brousse et d’une réglementation stricte des activités minières dans les zones situées en amont dans les parties montagneuses du territoire de Kalehe.
Comme conclusions, l’étude a souligné le besoin de mettre en place des actions préventives et de les conduire de façon intégrée en associant et en mobilisant tous les acteurs et parties prenantes. L’étude a aussi mentionné le besoin de mettre en place des mesures d’intervention qui tiennent compte du degré de sévérité des risques dans chaque bassin versant. Plusieurs mesures importantes ont été définies parmi lesquelles un reboisement à grande échelle, le curage des rivières et l’augmentation de leurs lits, l’installation des buses sur les routes, etc.
Cette présentation des résultats de l’étude conduite a pris fin vers 11h10 et a laissé la place à la séance des discussions par des questions-réponses. Les principales questions formulées par les participants sont les suivantes :
Après ce jeu de questions-réponses qui a duré une quarantaine des minutes, une pause-café d’une trentaine des minutes a eu lieu, puis s’en est suivie une présentation du projet ATEDD (Action Territoriale pour un Développement Durable au Kivu), projet sous lequel l’étude présentée ci-haut a été réalisée. Dans cette présentation, donnée par le Prof. Aimé HERI-KAZI BISIMWA, il a été mentionné que le projet ATEDD a été lancé le 27 Novembre 2021 avec l’appui du FID et avait trois domaines d’intervention à savoir : la maitrise du cours des rivières, le reboisement et la promotion des alternatives au bois énergie ainsi que de l’agroécologie, le développement des filières rentables et la lutte contre la malnutrition. Ce projet pilote a ciblé 4 sites dont Bweremana, Minova, Kiniezire et Bushushu. Le financement de ce projet s’est déjà terminé et les activités ont déjà fait l’objet d’un transfert aux autorités locales dont le pilotage est effectué par l’intermédiaires des Comités Locaux de Développement (CLD).
Lors de cette présentation, les principaux intervenants dans ce projet, Monsieur Michel TISSIER et Gilbert MASUMBUKO sont aussi intervenus pour parler des perspectives et des mobilisations pour la suite du Projet ATEDD. Ils ont parlé de la durabilité des actions par l’intégration et l’appropriation des initiatives, du soutien des initiatives locales dans les actions qui dépassent la possibilité de différents acteurs locaux, de la nécessité d’une bonne mobilisation locale d’abord puis d’autres acteurs ainsi qu’un besoin d’une coordination efficace de la part de la chefferie.
Après cette séance, un ensemble de trois interventions de la part des membres du gouvernement provincial ont eu lieu
Après ces trois discours, une pause de trente minutes a eu lieu, suivie des travaux en carrefours où 4 groupes ont été formés. Après ces travaux en carrefours, une restitution des résultats des travaux a été effectuée suivie d’une synthèse des résolutions retenues, secteur par secteur, comme engagements des uns et des autres.
Pour chacun des secteurs, les engagements suivants ont été retenus :
- Secteur des forêts : reboisement et sensibilisation sur l’abandon des mauvaises pratiques
- Secteur de l’agriculture : promotion de l’agriculture durable (l’agroécologie) à travers ses différents paquets technologiques.
- Secteur de l’élevage : Sensibilisation sur la collaboration entre agriculteurs et éleveurs pour éviter les conflits, éviter le feu de brousse, éviter le creusage des fossés de séparation des pâturages en amont ainsi que la vulgarisation sur l’intensification des cultures fourragères.
- Secteur des mines : La sensibilisation à la restauration des zones dégradées, limiter l’octroi des permis d’exploitation minières et le suivi quotidien de la part de l’État sur les sites abandonnés
- Secteur du climat : Pratique des méthodes de lutte contre le changement climatique par le reboisement et toutes les pratiques pouvant avoir un rôle à y jouer
- Secteur de la démographie : La sensibilisation des ménages à l’adoption d’un planning familial.
Les différentes parties prenantes ayant pris part au colloque (Autorités étatiques, pouvoir coutumier, structures étatiques, partenaires techniques et financiers, organisations de la société civile, chercheurs et institutions d’enseignement supérieur et universitaire) ont pris la résolution de respecter chacun à son niveau ces différents engagements, dans le but de prévenir à l’avenir les dégâts liés aux inondations des rivières à Kalehe et ailleurs au Sud Kivu.
Commencé vers 9 heures locales, le colloque s’est terminé vers 16h30 par le mot de clôture du Gouverneur de Province du Sud Kivu, lu par commissaire en charge des affaires sociales et le chant de l’hymne national.
Bahati Shamamba Dieudonné, PhD
Faculté des Sciences agronomiques
Université Catholique de Bukavu (UCB)
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GROUPE ESPOIR DE VIVRE : groupeespoirrdc@gmail.com,ericbisonga@gmail.com
Tél ː +243 994 138 451, 896 135 484, 0997 834 670
Enregistré sous JUST, 112/S-KV/3299/2011, JUST/SG/20/2065/2016-N° F92/27623
Centre d’Ihusi, Territoire de Kalehe, Sud-Kivu, RD Congo
- INTRODUCTION
- DONNÉES STATISTIQUES
- ANALYSE DE LA SITUATION
- DÉFIT SUR TERRAIN
- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
La nature déchaînée à BUSHUSHU
Les corps retrouvés
Un paysage dévasté !
Par Eric BISONGA,
Président de GEV-asbl,
Coordinateur RIEH sur le terrain
GEV a été alerté de la catastrophe, par les membres des associations engagées dans le projet de ATEDD-KIVU. C’était dans la soirée du 04/05/2023. Elle a eu à organiser une descente sur le terrain pour constater les dégâts à la suite de la pluie meurtrière qui s’est abattue dans les aires de santé de Bushushu et Nyamukubi.
Arrivé sur le lieu du drame, la foule accueille l’équipe avec les larmes aux yeux, le cœur brisé, attristée au vu des morts enregistrés, des maisons emportées et biens des valeurs disparus dans les décombres et dans le lac Kivu.
Le présent rapport décrit la situation sur le terrain, présente une analyse de la part de l’équipe GEV avec une synthèse de l’état global des catastrophes naturelles suivie d’une conclusion et recommandations
Pour collecter les données et informations fiables, l’équipe GEV a rencontré les autorités du Village et sous-Villages, les autorités au niveau de la chefferie et du Territoire, les acteurs locaux : société civile, CODESA, CLD, jeunesse et comité de crise mis en place par les survivants.
Les rivières qui ont débordées sont les suivantes : axe Bushushu : Rivière LUKUNGULA et KABUSHUNGU ; axe Nyamukubi :Rivière NYAMUKUBI, CHISHOVA et LWANO /CHIRAKARA.
Plusieurs infrastructures sont détruites : Le Marché de Nyamukubi, le bâtiment de l’entrepôt construit par PAM, le bâtiment de la salle polyvalente de Nyamukubi, 6 écoles et 4 églises.
Nombres des corps repêchés et enterrés : 437 corps repêchés dans les décombres, 5255 personnes disparues et les recherches se poursuivent, 52 personnes sont blessées et hospitalisées à l’hôpital général de référence d’Ihusi, 54 blessés traités au Centre de Santé de Bushushu, 60 blessés hospitaliés de Mumbiri / Nyamukubi, 26 blessés traités au Centre de Santé de Lushebere et 8 blessés au Centre de Santé de Nyabibwe.
Nombres des maisons emportés et dégât matériels :
500 maisons d’habitations emportées sur l’axe Chabondo / Kabushungu
700 maisons d’habitations emportées sur l’axe Lwano/ Nyamukubi
Suite aux éboulements de terre, de nombreuses routes coupées, des ponts emportés et présence de grosses pierres sur l’axe routier Chabondo - Nyamukubi.
Sécurité Alimentaire et Nutrition :
Plusieurs champs détruits, plusieurs bêtes emportées, les réserves alimentaires des ménages rasées, 1 dépôt de produits agricoles emporté à Nyamukubi par la catastrophe, etc…
Cet état des lieux, loin d’être exhaustif, est lourd et son bilan reste inconnu car les faits ont été constatés à la suite de la pluie diluvienne, le soir du jeudi 04/05/2023. Elle a surpris la population locale et isolée. Ces informations sont recueillies de plusieurs Villages voisins et Territoires qui fréquentent le grand marché de Nyamukubi.
Le projet ATEDD-Kivu a rédigé un rapport d’étude environnementale qui concerne l’axe Bushushu, GEV est parmi les intervenants dans le village et dans le territoire de Kalehe, l’analyse faite est que la zone est dangereuse, les aléas et risques environnementaux se poursuivrons si rien n’est fait.
Une interpellation à l’intention de la population du Territoire et de la Communauté internationale est vitale, vu que les arbres sont coupés et la présence des réfugiés rwandais placés depuis 1994, ont contribué à la destruction de l’écosystème, aujourd’hui cause de ces malheurs à Bushushu.
Les besoins à court terme et à long terme sont exprimés et deviennent de plus en plus urgent pour sauver ce qui peut encore l’être.
GEV comme organisation œuvrant pour le bien-être de la population sollicite l’assistance de toute nature en faveur des populations sinistrées de Bushushu-Nyamukubi et d’autre du Territoire touché.
La demande d’assistance et d’appui s’adresse :
Aux personnes de bonne volonté à travers le monde et aux membres du réseau international pour l’économie humaine
Aux confessions religieuses et autres organisations de développement ;
Aux organisations nationales et internationales qui œuvre dans l’humanitaire ;
Aux agences des Nations Unies et aux groupes de la Banque mondiale ;
Au gouvernement congolais qui à envoyer une mission à Bushushu le 09/05/2023 afin de s’enquérir de la situation sur le terrain, signalons que le drame a affecté une population estimée à 46 883 habitants du Village de Bushushu.
Notons que plusieurs autres parties du territoire ont été touchées par la catastrophe notamment : Mukwindja, Minova, Kiniezi, Nyamasasa, Makelele et Ziralo.
Les femmes et les enfants sont le plus vulnérables.
Les interventions sont actuellement limitées en moyens, le gouvernement a juste fait un geste de secours mais sans couvrir les besoins exprimés jusque-là, la demande est grande, étant donné que les sinistrés couchent à la belle étoile, dans le camp des déplacés...
Les catastrophes naturelles à Bushushu sont permanentes.
Des solutions à long terme doivent être envisagées.
- Fournir une assistance financière aux ménages vulnérables
pour leur permettre de répondre à des besoins spécifiques et divers de première nécessité,
en particulier en raison de l'impact sur les moyens de subsistance des populations touchées.
- Délocaliser la population de Bushushu dans un endroit moins exposé aux risques des catastrophes.
Appel à soutien du Mwami de la Chefferie du Groupement de Buzi
en territoire de Kalehe (source Youtube / Afrique Europe média)
Pour aller plus loin : site AREDS : "Vers une seule humanité" https://aredsindia.org/
Il y a quelques années, une importante étude de l'OIT indiquait que dans un monde d'abondance, un tiers de la main-d'œuvre mondiale, soit 3 milliards de personnes, n'est pas en mesure de tirer de son travail une récompense matérielle suffisante pour survivre. Les catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et récurrentes, les conflits armés, les crises financières et les transitions politiques et économiques continuent de déstabiliser les systèmes de protection sociale dans tous les pays où ils existent. De nouvelles pandémies compromettent également le développement humain dans de nombreuses régions du monde. Les migrations internationales et nationales, les tendances démographiques telles que le vieillissement et l'évolution des modèles d'emploi ont également des répercussions importantes sur la protection sociale. L'évolution du contexte mondial s'accompagne d'une nouvelle vague de mondialisation qui exclut la majorité de ses bénéfices et laisse dans son sillage des disparités et une insécurité croissantes.
Les fermetures soudaines imposées par les gouvernements dans les années 2020-21 en raison de la pandémie ont été d'une gravité sans précédent et ont eu de nombreuses répercussions. Ils ont mis en évidence les réalités existantes, les vulnérabilités criantes et l'absence de tout filet de sécurité pour les masses ordinaires en cas d'urgence. Les chocs brutaux et les effets dévastateurs de l'enfermement ont réveillé de nombreuses personnes et suscité une nouvelle réflexion critique parmi les travailleurs sociaux et les militants des droits de l'homme engagés dans diverses interventions en faveur d'une économie humaine au niveau de la base. L'initiative "Social Protection - Share & Care" (SP-S&C) dans le sud de l'Inde est l'une de ces initiatives novatrices.
Bien que le problème de la sécurité sociale en Inde existait bien avant la situation du COVID, il a mis en évidence les insuffisances dramatiques des systèmes sociaux existants et, dans ce cas, l'absence d'un mécanisme de protection significatif. Le blocage de la pandémie et la catastrophe économique qui s'en est suivie ont encore exacerbé les situations précaires qui existaient déjà dans le pays.
Les restrictions imposées par les fermetures ont eu des répercussions diverses sur les différentes classes de la société, en particulier sur leurs moyens de subsistance, leur sécurité alimentaire et leur santé. Selon l'indice de rigueur élaboré par l'Université d'Oxford, le lockdown indien était l'un des plus sévères au monde. Il a entraîné une forte baisse des revenus et des dépenses des ménages. Alors que les salariés et les classes aisées ont opté pour des scénarios de travail à domicile, la situation des pauvres, en particulier des travailleurs salariés journaliers et des travailleurs invités, a été épouvantable.
Au moins 121 millions de personnes ont perdu leur emploi au cours du seul mois d'avril 2020. Les salaires ont considérablement diminué pour la plupart des travailleurs informels. Cette situation est exacerbée par le fait que, dans de nombreux ménages, l'un des conjoints est souvent sans emploi. Pour certains travailleurs, les salaires n'ont pas diminué, mais leur charge de travail a été multipliée par plusieurs. Beaucoup d'autres ont dû faire face à des retards de paiement.
La sécurité alimentaire des classes laborieuses pendant le lockdown a été gravement compromise par la perte et la réduction des revenus. Nombreux sont ceux qui ont réduit leurs repas de trois à deux ou à un seul par jour car ils ne pouvaient pas se le permettre. En général, les gens ont fortement réduit leurs achats de légumes, de viande, de lait, etc. Les deux principales sources de nourriture pour les enfants des zones rurales - les centres Anganwadi (centres ruraux d'aide à l'enfance) et les écoles publiques - ont été fermées pendant plusieurs mois, plongeant plusieurs d'entre eux dans la faim et la mort.
Les interventions du gouvernement sur ce front ont été très insuffisantes et le fossé s'est encore creusé en ce qui concerne la disponibilité de diverses ressources, y compris des produits de première nécessité, dans les différentes couches de la société. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a estimé que 14 % des Indiens souffraient de malnutrition et, selon l'indice mondial de la faim (GHI) 2020, l'Inde se classe au 94e rang sur 107 pays, ce qui indique que les niveaux de santé nutritionnelle de l'Inde sont parmi les plus bas du monde.
Les transactions financières telles que les emprunts, les retraits d'épargne et les échanges de cadeaux monétaires ont été paralysées, ce qui a empêché les ménages d'utiliser les mécanismes de survie conventionnels face à une baisse importante et imprévue de leurs revenus. En examinant les mécanismes d'adaptation utilisés par les gens pour faire face aux baisses de revenus et à leur manque d'accès aux sources de financement formelles et informelles, plusieurs études ont montré que les gens ont puisé dans leurs réserves d'argent à la maison et ont réduit leurs dépenses non alimentaires afin de protéger leurs dépenses alimentaires. Bien que les revenus et les dépenses se soient redressés dans la période qui a suivi la fermeture, ils restent inférieurs aux niveaux d'avant la pandémie.
L'Inde, comme tous les pays à faible revenu, est particulièrement vulnérable à ces crises imprévues pour diverses raisons : (1) elle compte une grande proportion de personnes qui dépendent d'un emploi occasionnel (environ 20 %) ; (2) la taille de son secteur informel représente environ 80 % de la main-d'œuvre totale et contribue à plus de 50 % du PIB du pays ; (3) l'épargne médiane des ménages est faible et ne permet pas de faire face à des périodes de blocage prolongées. Plus généralement, une grande proportion de familles indiennes vivant dans la pauvreté (environ 61,7 %) se traduit par un degré élevé d'insécurité financière, en particulier en période de crise.
Dans ce contexte, les attentes des travailleurs à l'égard des gouvernements pour soulager leur misère et leur détresse immédiates se sont manifestées par plusieurs demandes désespérées, telles que : (i) l'extension des paiements échelonnés sur les prêts, voire l'annulation des prêts, (ii) la garantie du paiement d'une indemnité en cas de blessure ou de décès d'un membre de la famille qui gagne sa vie, (iii) l'augmentation de la quantité de rations fournies dans le cadre du système de distribution publique, (iv) l'annulation des factures et des taxes (comme l'électricité et l'eau) pour la période du lockdown, etc. Certaines de ces demandes ont été satisfaites par les gouvernements. Malheureusement, il n'y a pas eu de réponse significative à long terme de la part des gouvernements pour gérer la crise plus large, soutenir le secteur des soins de santé ou assurer le bien-être des personnes vulnérables.
Il n'y avait pas d'excuse convaincante à l'incapacité du gouvernement à répondre aux besoins fondamentaux de la classe ouvrière, puisqu'il disposait de ressources, d'agences et de pouvoirs suffisants. Au contraire, à la grande surprise de tous, il s'est avéré qu'il n'y avait aucune volonté politique d'entendre les griefs et les propositions politiques constructives des critiques et de la société civile au sens large. Par conséquent, l'apathie et la diminution des engagements gouvernementaux en faveur des biens communs, tels que la santé publique et les services sociaux, ont rendu la situation encore plus ingérable pour les groupes les plus vulnérables et marginalisés.
Alors que les gouvernements se sont soustraits à leurs obligations fondamentales envers leurs électeurs, les inégalités matérielles se sont multipliées au cours des dernières années, et les super-riches ont gagné du terrain en élargissant leur base de richesse et en consolidant leur légitimité sociale. La voie de la privatisation suivie par les gouvernements a clairement sapé les investissements publics à long terme dans les systèmes de soins de santé, élargissant ainsi le rôle des entreprises axées sur le profit dans la détermination du sort de la santé globale et du bien-être des travailleurs.
Lorsque l'excédent généré par des taux d'intérêt exorbitants est devenu la norme dans le cadre du microcrédit et d'autres institutions de prêt d'argent, l'objectif global est passé de "centré sur le besoin" à "centré sur le profit". Les politiques néolibérales de ces dernières décennies ont continué à faire de cette approche le meilleur moyen d'assurer le développement économique. Presque tous les besoins et ressources de base ont été transformés en marchandises et confiés aux entreprises privées, comme si c'étaient elles qui devaient assurer le développement de tous. L'idée a été répandue que leurs profits finiraient par se répercuter jusqu'au bas de l'échelle sociale. Les études montrent que ce système a échoué et que la richesse s'est accumulée au sommet.
Lorsque le capital et le profit deviennent l'objectif premier d'un modèle économique, l'inverse doit être le choix politique pour assurer le bien-être de tous. Les "travailleurs avant le profit" et les "personnes avant le capital" doivent être garantis. C'est la seule alternative pratique pour revenir à une relation organique avec la nature et la création. L'un des moyens possibles d'assurer le développement humain et la protection sociale est le partage collectif et l'attention portée par les personnes concernées.
Devant l'apathie du gouvernement, les gens ordinaires, les organisations de la société civile et les activistes sociaux se sont donc mobilisés pour apporter tout le soutien possible à la population en détresse. AREDS et ses organisations partenaires ont également tendu la main aux familles nécessiteuses dans leurs zones opérationnelles respectives. Le soutien ou l'assistance aux personnes qui ont besoin d'aide est temporaire et il a donc été décidé de développer un mécanisme durable et à long terme appartenant aux personnes qui se soutiendraient elles-mêmes en cas d'urgence.
Il a été collectivement estimé qu'il était temps que la voie du redressement et la stratégie de développement socio-économique enterrent la voie de la privatisation qui a échoué. Elle a transformé les personnes en marchandises et les a déshumanisées pour en faire de simples objets de production, de statistiques, de chiffres et d'échanges. Situé à un point critique potentiel de transformation, le contexte post-enfermement offre une occasion opportune aux sociétés de revaloriser les vies réelles et la dignité de toutes les personnes humaines, de raviver l'empathie humaine, d'investir dans des dispositions publiques à long terme et des biens communs, et de réinventer les systèmes politiques de manière à ce qu'ils deviennent des gardiens efficaces d'un environnement juste et naturel.
Une alternative pratique menée par l'AREDS et ses organisations de fraternité se construit sur la base de l'action de ses membres, qui vise en même temps à la transformation d'eux-mêmes, des situations dans lesquelles ils vivent et aussi des structures de la société. Cette approche préconise que lorsque les gens sont libres de penser par eux-mêmes, en utilisant la raison et la connaissance comme outils, ils sont mieux à même de résoudre tous leurs problèmes. Ce nouvel effort de protection sociale tente de transformer les niveaux de confiance des membres de la communauté en développant les capacités à agir comme catalyseurs de leur propre développement holistique et à opérer en tant que maîtres de leur propre destin.
Le programme de protection sociale - partage et soins (SP-S&C) est une composante de l'économie sociale et solidaire, une pratique ancestrale qui prévaut dans toutes les sociétés du monde. Aujourd'hui encore, sauf en cas de famine ou d'épidémie, personne dans les zones rurales n'est obligé de se coucher le ventre vide. De nombreuses pratiques informelles de protection sociale existent encore et ce sont elles qui assurent une protection en cas de besoin. Les pratiques d'épargne et de crédit à des fins telles que le mariage, la maternité ou l'éducation sont satisfaites par ces pratiques informelles d'attention et de partage. Le critère du "besoin humain urgent" est à l'origine de la poursuite de ces pratiques dans diverses communautés, même aujourd'hui. Bien que modestes en nombre et en contributions, ces pratiques envisagent des macro-transformations à long terme.
Le programme SP-S&C, dans une perspective d'économie humaine, vise donc à donner aux gens les moyens de créer, d'épargner et de gérer leurs propres systèmes socio-économiques au niveau communautaire, ce qui les aide à stabiliser leurs difficultés quotidiennes, en particulier en période de crise aiguë. Le projet SP-S&C appartient entièrement aux membres de la communauté et son mécanisme permet à l'ensemble des membres de la communauté d'avoir un accès durable à des services de sauvegarde, de défense sociale et de couverture tout au long de la vie dans des localités données. Il s'agit d'une alternative basée sur les données et l'expérience.
Le programme Share & Care peut également être considéré comme une innovation dans le domaine de l'entreprise sociale, avec des relations sociales d'un type totalement nouveau. Traditionnellement, les relations étaient basées sur des structures de pouvoir verticales dans lesquelles un donateur apportait un soutien financier aux personnes dans le besoin. Le programme Share & Care inverse la dynamique du pouvoir et la segmente horizontalement. Le pouvoir est réparti entre les personnes : tout le monde contribue, tout le monde reçoit de l'aide en cas de crise, et personne n'est laissé pour compte sans protection. En outre, le programme Share & Care a le potentiel à long terme de dissoudre les barrières identitaires créées par l'homme, telles que la caste, le patriarcat, l'appartenance ethnique et la religion, en rassemblant les personnes et en résolvant les crises par la solidarité.
Ainsi, dans le cadre de l'initiative Share & Care, tout le monde répond de manière proactive aux besoins de chacun et, en fin de compte, c'est la société dans son ensemble qui en bénéficie dans une région donnée. Le programme Share & Care est une tentative révolutionnaire d'évoluer et de faire un virage à 180 degrés, passant de "la contribution des autres à mes besoins" à "ma contribution à mes besoins", à "ma contribution aux besoins des autres", et finalement à "NOTRE CONTRIBUTION AU BÉNÉFICE DE TOUS". En d'autres termes, cela résonne avec la philosophie des pauvres prolétaires "tous pour tous" et la philosophie de l'économie humaine "TOUTES LES PERSONNES, CHAQUE PERSONNE et LA PERSONNE ENTIÈRE".
L'un des principaux objectifs du programme SP-S&C est de réintégrer démocratiquement les personnes qui ont été politiquement marginalisées par rapport aux bénéfices du système économique, et de s'affirmer à nouveau comme des citoyens égaux au sein des communautés géoculturelles concernées.
Le cheminement du processus SP-S&C jusqu'à présent :
- La proposition de SP-S&C a été présentée à l'Assemblée générale de l'AREDS en juin 2022 et, après une discussion approfondie, elle a été approuvée.
- Les organisations partenaires de SP-S&C ont organisé une consultation de deux jours à Bangalore en juillet 2022 afin de définir les modalités et de concrétiser l'initiative dans le cadre du système juridique national.
- En guise de suivi, les organisations partenaires de SP-S&C ont également rencontré les experts juridiques et les auditeurs à Chennai pour obtenir leurs conseils juridiques et techniques en novembre 2022.
- L'équipe a ensuite procédé à quelques consultations supplémentaires et il a été décidé de créer des "Trusts" indépendants dans les différents lieux et d'étendre le nombre de membres sur le territoire.
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PEOPLE - OWNED
PEOPLE - CENTRIC
PEOPLE - DELIVERED
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Les organisations suivantes sont membres de l'initiative SP-S&C. Les prévisions d'adhésion portent sur la période de trois ans qui constitue la première phase :
1. ARREDS Trust compte 283 000 membres qui assurent la protection sociale des personnes âgées, des indigents, des veuves, des orphelins et des handicapés physiques dans 23 districts du Tamil Nadu.
2. AREDS compte 2 000 membres par le biais de ses entreprises sociales et 6 000 membres de KADALU et DRALM.
3. SWATE compte 30 000 membres impliqués dans la gestion de micro-entreprises sociales.
4. L'Integrated Rural Development Society (IRDS) compte 25 000 femmes membres qui sont impliquées dans l'agriculture et jouent ainsi un rôle dans la garantie de la souveraineté alimentaire. D'ici la fin du mois d'avril, il y aura 1 000 membres ayant versé une cotisation de 100 roupies chacun.
5. Vaan Muhil Trust compte au total 35 000 femmes membres de groupes d'entraide et de travailleurs non organisés. D'ici à la fin du mois d'avril, il y aura 1 000 membres ayant versé une contribution de 100 roupies chacun.
6. La Pondicherry Community Development Society (PCDS) compte 20 000 membres parmi les agriculteurs et les travailleurs sanitaires. D'ici à la fin du mois d'avril, il y aura 1 000 membres ayant versé une cotisation de 100 roupies chacun.
Par conséquent, le nombre estimé de membres de la première phase du programme de protection sociale - partage et soins (SP-S&C) est d'environ 3 00 000 personnes. Plus le nombre de personnes est élevé, plus le montant des économies est important. C'est pourquoi il faut inclure davantage de personnes pour augmenter le montant des économies. Avec une somme d'argent considérable consolidée, nous pouvons répondre aux besoins d'urgence. Le succès de ce programme dépend du nombre de personnes impliquées et de la somme d'argent qu'elles consolident.
Si 3 00 000 personnes contribuent à hauteur de 100 INR par an, le montant s'élèvera à 3 00 00 000 INR. Le nombre envisagé aujourd'hui est modeste. Il devrait doubler une fois le programme lancé. Plusieurs organisations et groupes ont déjà exprimé leur volonté de se joindre à cette initiative dans tout le pays. Toutefois, il a été décidé de commencer modestement avec quelques partenaires au Tamilnadu et de s'étendre progressivement à d'autres États et pays où travaillent nos partenaires. Même en termes de résultats, seuls quelques aspects clés ont été choisis de manière sélective après une analyse et des délibérations approfondies. Ce programme ne promet pas tout pour tout le monde. Il tente de commencer par quelque chose d'équitable pour tous les individus, chaque individu et chaque personne.
Le fonds sera utilisé en interne par les organisations partenaires dans le cadre de modèles générateurs de revenus par le biais d'entreprises sociales, afin de fonctionner comme un fonds autonome. Tous les participants contribueraient à hauteur d'un montant identique ou similaire. Les membres ont décidé qu'au départ, nous ne pouvions pas nous permettre d'essayer des modèles très complexes. Il a donc été décidé, à ce stade, d'essayer la norme la plus simple et la plus modeste. Les bénéficiaires recevraient une protection et une couverture identiques. Les travaux sur les détails les plus fins sont encore en cours.
Étant donné qu'une somme d'argent suffisante tournerait dans le programme, des personnes dynamiques et calibrées gèreraient le programme. Le programme sera géré par des personnes dynamiques et qualifiées qui seront affectées à plein temps à cette mission. Pour ce faire, deux jeunes femmes seront sélectionnées dans chacune des organisations partenaires de Social Protection - Share & Care (SP-S&C) et seront formées à la gestion, à la comptabilité et à d'autres exigences techniques. Simultanément, les membres seniors du programme SP-S&C encadreront et sensibiliseront à l'importance du programme les membres des mouvements populaires, des syndicats, des groupes d'entraide, des collectifs populaires et des entreprises sociales. Il est envisagé que le succès de l'initiative repose sur la qualité de la gouvernance de ce programme. Il a donc été décidé d'accorder une importance maximale à l'accompagnement, à l'exposition et à la formation de l'équipe de gouvernance.
Actuellement, en avril 2023, tous les membres de l'équipe SP-S&C sont activement impliqués dans la sensibilisation de leur territoire respectif et dans l'inclusion des personnes concernées dans ce programme. Les programmes d'exposition et de formation dispensés à l'équipe centrale du programme Share & Care faciliteront à leur tour l'utilisation de divers programmes d'aide sociale existants des gouvernements de l'État/fédéral et du gouvernement central/de l'Union. De même, ARREDS Fin-Tech est une autre initiative potentielle visant à promouvoir les programmes de crédit aux petits agriculteurs et aux agriculteurs marginaux pour la culture par l'intermédiaire des banques. Par ce biais, nous pouvons inclure tous les membres qui ont bénéficié d'un crédit dans cette initiative. Les organisations membres de cette initiative ont commencé à identifier les bénéficiaires potentiels de ce programme de crédit.
Une assistance économique minimale peut être fournie pour des besoins spécifiques :
1) Dans un premier temps, le S&C a l'intention d'assurer un soutien en cas d'accident, de catastrophe, de décès des personnes à charge, etc. Les méthodologies et les procédures sont en cours d'élaboration. Les méthodologies et les procédures sont en cours d'élaboration. C'est le comité de gouvernance de base du S&C, composé de deux femmes de chaque organisation partenaire, qui mettra au point les programmes de soutien/d'assistance appropriés.
2) Il est proposé de faciliter ou d'organiser des camps médicaux et de promouvoir les pratiques médicales indigènes et les aspects préventifs de la santé. Organiser des camps réguliers dans toutes les localités avec l'aide de médecins et de praticiens de la santé, et utiliser au maximum les installations médicales du gouvernement.
3) Il est proposé d'assurer l'échange de denrées alimentaires cultivées dans différentes localités, en réduisant la commission des intermédiaires.
Dans la deuxième phase, après 3 ans :
4) Des programmes gouvernementaux spécifiques en matière de santé et de sécurité sociale et leurs liens avec l'assistance de SP-S&C seront fournis aux membres individuels. Il s'agirait d'une aide provisoire pour bénéficier des programmes de l'office de protection du travail, d'une aide à l'éducation, d'une aide au mariage, etc.
5) Aider les entreprises collectives/individuelles : Aide au démarrage de la part de SP-S&C pour lancer des entreprises de produits locaux. La nature exacte des entreprises sera décidée par les groupes membres en conformité avec le concept d'environnement nourricier, de soutien aux producteurs locaux, d'amélioration des revenus des producteurs, etc. Permettre aux entreprises individuelles et collectives d'obtenir des emplois générateurs de revenus afin de soutenir leur développement économique et social. Promouvoir l'agriculture biologique pour retrouver la justice climatique, la fertilité des sols et une consommation éthique.
(1) Les jeunes de différentes localités/régions trouveront un emploi.
(2) La souveraineté et la sécurité alimentaires seront garanties par une production et une consommation éthiques. Les aliments seront cultivés pour les gens et pour le marché.
(3) La gouvernance des ressources et la protection du climat seront mieux prises en compte.
(4) Au fil du temps, les communautés auront le contrôle de la production et de la consommation.
(5) Cette initiative deviendrait un modèle concret pour faire pression sur le gouvernement afin de présenter un modèle centré sur les personnes et gouverné par les personnes, contrairement au modèle de l'entreprise privée où l'argent reste dans les mains de la communauté et non de l'entreprise.
(6) Cette initiative contribuerait à faire pression sur le gouvernement pour qu'il encourage les organismes locaux à lancer et à gérer des régimes de protection sociale.
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Un autre monde est possible
Ne laisser personne de côté,
Ensemble, nous le pouvons
Nous tous, pour nous tous.
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Besoin de soutien et justification
- Mise en place du système et prise en charge : gouvernance, prise de décision ; collecte des contributions ; traitement des demandes d'aide, etc.
- Stabilisation du système et prise en charge
- Formation / orientation - imprimés / manuels ; quel type de formation, qui dispense la formation, durée, visites d'exposition, quand cela se produit-il, etc.
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Les personnes ordinaires, conscientes et solidaires, peuvent créer un autre monde
dans lequel "chaque personne",
"toutes les personnes"
et "l'ensemble de la personne"
jouissent d'une véritable vie humaine digne.
- La philosophie de l'économie humaine-
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Pour accéder à la version originale en anglais cliquez ici :
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Ce texte reprend notamment la définition de l’économie sociale et solidaire qui figure dans une résolution de la Conférence internationale du travail adoptée en juin 2022.
« L’économie sociale et solidaire comprend les entreprises, les organisations et les autres entités qui mènent des activités économiques, sociales ou environnementales servant un intérêt collectif et/ou l’intérêt général, et qui reposent sur les principes de coopération volontaire et d’entraide, de gouvernance démocratique et/ou participative, d’autonomie et d’indépendance, ainsi que sur la primauté de l’humain et de la finalité sociale sur le capital en ce qui concerne la répartition et l’utilisation des excédents et/ou des bénéfices, ainsi que des actifs.
Les entités de l’économie sociale et solidaire aspirent à la viabilité et à la durabilité dans une optique de long terme, ainsi qu’à la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle, et mènent des activités dans tous les secteurs de l’économie. Elles sont la traduction concrète d’un ensemble de valeurs qui sont indissociables de leur fonctionnement et qui participent du souci des personnes et de la planète, de l’égalité et de l’équité, de l’interdépendance, de l’autogestion, de la transparence et de la responsabilisation, ainsi que de la réalisation du travail décent et de la matérialisation de moyens de subsistance décents.
L’économie sociale et solidaire inclut, selon les circonstances nationales, les coopératives, les associations, les mutuelles, les fondations, les entreprises sociales, les groupes d’entraide et les autres entités fonctionnant selon ses valeurs et principes ».
Il est intéressant de disposer ainsi d’une définition universelle de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS).
Les organisations et entreprises qui se réfèrent à l’ESS peuvent se référer à ce texte adopté par tous les Etats membres pour demander le soutien de leur gouvernement.
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ATEDD Kivu continue,
Une réunion s'est tenue au Bureau du CVD Bushushu (Comité Villageois de Développement), aujourd'hui samedi 11/03/2023 à partir de 14h00.
Au menu du jour, échange sur l'évolution des activités des associations engagées, difficultés rencontrées pendant l'exécution, des solutions envisagées, système de rapportage et activités planifiées.
En présence du Chef de Village de Bushushu et président du Comité de Pilotage, les membres des associations engagées ont présenté à tour de rôle leurs activités, défis et activités planifiées pour le mois de mars en cours.
En dépit des quelques difficultés rencontrées, les participants ont montré que les activités évoluent bien selon leurs engagements.
Ils sollicitent l'accélération des sensibilisation sur le reboisement, l'entretien des rivières (curage) et l'agriculture restauratrice.
Les uns distribuent des plantules (arbres fruitiers) à la population, l'encadrement des groupes solidaires se portent bien, les bonnes pratiques agricoles se font malgré les besoins toujours en semences.
Les nouvelles associations n'ont pas encore reçu des outils et l' appui nécessaire pour bien continuer.
Tous se sont félicités des résultats de ce projet devant les représentants du comité de pilotage et continue à plaider pour que RIEH poursuit les démarches en faveur du Groupement Mbinga Sud où le besoin est grand.
La question de la production du charbon vert et de sécurité humaine pour les habitants dans la zone des rivières a été relevée comme une priorité une fois que l'on trouve les moyens nécessaires.
ATEDD Kivu, c'est chacun de nous.
Eric Bisonga
GEV
Kalehe
Tél :+ 243 994 138 451
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Mouvement des femmes SWATE
Réunion publique à l'occasion de la 33e journée internationale de la femme 33 -வது
"Sauver les droits des personnes marginalisées
Date : 08.03.2023 Lieu : SWATE Hall, Veerarakiyam
1. Violence on women and girl children prevails everywhere in our society. Starting from families it perpetuates in schools, colleges, universities, work places and public places. Physical abuse, sexual assault, trafficking and honour killing are on the rise. Therefore, the union government and the state government should ensure protection to women and girl children.
2. Ban liquors and narcotics, which are the root cause of domestic violence and cultural degeneration, and impose total prohibition.
3. Governor should acknowledge the resolution passed by Tamil Nadu State government for banning online gambling that takes human lives and help it enact an Act against online gambling.
4. The bill on ensuring 33 per cent reservation for women in the State Assembly and in the Parliament must be passed.
5. The Indian Constitution assures of medical insurance to all and therefore, the state and the union government should take steps to ensure and rejuvenate ESI to all unorganised workers across the country. The elected state legislators and the parliamentarians should raise their voices in the state assembly and in the parliament for allocating enough funds in the budget for operating ESI throughout the country.
6. The state and the union government should take steps to ensure Occupational Health and Safety in the worksite. Safety to woman workers and the disbursement of equal wages for the same work.
7. Tamil Nadu government should see to it that the financial support rendered for education, marriage and accident deaths are same to the construction workers and as well as the workers of unorganised sector.
8. The union government should ratify the ILO – C 189 for ensuring the right and safety of domestic workers.
9. Besides ensuring Rs. 20,000 as the monthly salary of a sanitary worker, safety gears must be provided to them for protecting their health.
10. The union government should enact law ensuring Minimum Support Price to the agricultural produces.
11.The union government should withdraw Electricity Amendment Act immediately.
12. Unemployment crisis has put the future of youth at stake. Therefore, both the union government and the state government should implements programmes to generate myriad number of employment opportunities.
13. GST on essential commodities must be exempted. The union and the state governments should check up the price hike of LPG cylinder, petrol and diesel.
14. Allocate more funds for the implementation and expansion of MNERGS. The man days must be increased from 100 days to 200 days.
15. The disruptive and parochial forces that discriminate people on the grounds of caste, religion and gender, must be identified and oppressed with iron hand.
16. All forces that disrupt the unity and care of the migrant workers for their vested political interest should be dealt with severe legal actions.
17. Union and state governments make policies and programs to ensure universal social protection to all workers. No one should be left behind.
1. La violence à l'égard des femmes et des fillettes est omniprésente dans notre société. Elles commencent dans les familles et se perpétue dans les écoles, les collèges, les universités, les lieux de travail et les lieux publics. Les abus physiques, les agressions sexuelles, la traite des êtres humains et les crimes d'honneur sont en augmentation. C'est pourquoi le gouvernement de l'Union et les gouvernements des États doivent assurer la protection des femmes et des jeunes filles.
2. Interdire les liqueurs et les stupéfiants, qui sont la cause première de la violence domestique et de la dégénérescence culturelle, et imposer une interdiction totale.
3. Le gouverneur devrait prendre acte de la résolution adoptée par le gouvernement de l'État du Tamil Nadu en vue d'interdire les jeux d'argent en ligne qui entraînent des pertes de vies humaines et l'aider à promulguer une loi contre les jeux d'argent en ligne.
4. Le projet de loi sur la réservation de 33 % des sièges pour les femmes à l'Assemblée de l'État et au Parlement doit être adopté.
5. La Constitution indienne garantit une assurance médicale à tous et, par conséquent, l'État et le gouvernement de l'Union devraient prendre des mesures pour garantir et rajeunir l'ESI pour tous les travailleurs non organisés à travers le pays. Les législateurs élus des États et les parlementaires devraient faire entendre leur voix à l'assemblée des États et au Parlement pour allouer suffisamment de fonds dans le budget pour faire fonctionner l'ESI dans tout le pays.
6. Les gouvernements des États et de l'Union devraient prendre des mesures pour garantir la santé et la sécurité au travail sur le lieu de travail. La sécurité des travailleuses et le versement de salaires égaux pour un même travail.
7. Le gouvernement du Tamil Nadu devrait veiller à ce que l'aide financière accordée pour l'éducation, le mariage et les décès par accident soit la même pour les travailleurs de la construction et pour les travailleurs du secteur non organisé.
8. Le gouvernement de l'Union devrait ratifier la Convention 189 de l'OIT afin de garantir les droits et la sécurité des travailleurs domestiques.
9. En plus d'assurer un salaire mensuel de 20 000 roupies aux travailleurs sanitaires, des équipements de sécurité doivent leur être fournis pour protéger leur santé.
10. Le gouvernement de l'Union devrait promulguer une loi garantissant un prix minimum de soutien aux produits agricoles.
11. Le gouvernement de l'Union doit retirer immédiatement la loi modifiant la loi sur l'électricité.
12. La crise du chômage a mis en péril l'avenir des jeunes. Par conséquent, le gouvernement de l'Union et le gouvernement de l'État devraient mettre en œuvre des programmes visant à créer une myriade d'opportunités d'emploi.
13. La TPS sur les produits de base doit être exemptée. Les gouvernements de l'Union et des États devraient contrôler la hausse des prix des bouteilles de GPL, de l'essence et du diesel.
14. Allouer davantage de fonds à la mise en œuvre et à l'expansion du MNERGS. Le nombre de jours-hommes doit être augmenté de 100 à 200 jours.
15. Les forces perturbatrices et paroissiales qui discriminent les gens sur la base de la caste, de la religion et du sexe doivent être identifiées et opprimées d'une main de fer.
16. Toutes les forces qui perturbent l'unité et l'attention des travailleurs migrants pour leurs intérêts politiques doivent faire l'objet de poursuites judiciaires sévères.
17. Les gouvernements de l'Union et des États élaborent des politiques et des programmes visant à garantir une protection sociale universelle à tous les travailleurs. Personne ne doit être laissé pour compte.
Le chapitre népalais de l'INHE célèbre la journée internationale de la femme avec ses partenaires à Katmandou aujourd'hui
Bonjour. Nous espérons que vous vous portez bien tous.
En dépit de la situation sécuritaire qui se dégrade le jour au jour dans l'Est du pays, nous nous portons un peu bien.
J'ai eu des échanges fructueux avec Delphin [Animateur d’ATEDD à Minova] sur la problématique de déplacements massifs des populations du Nord-Kivu vers le Sud-Kivu causés par les affrontements qui opposent les FARDC [Forces armées de la République démocratique du Congo] au mouvement M23.
Ces déplacements ne restent pas sans conséquences sociale, psychologique, humanitaire et environnementale aussi. La situation nous a conduit à des idées et propositions suivantes :
- Appliquer une agriculture maraîchère à cycle court pour aider en alimentation ces déplacés en situation difficile et leur épargner la malnutrition,
- Intégrer les jeunes déplacés présents dans la zone dans les activités de production du charbon vert à Minova Bweremana. Cet encadrement de ces jeunes peut les aider à ne pas être manipulés par des groupes de bandits, voleurs et autres sortes de vagabonds dans la communauté.
- Cibler ou identifier les personnes vulnérables, du 3eme âge parmi les déplacés et les assister avec une quantité de briquettes pour leur faciliter l'énergie dans leurs cuisines, même si trouver les vivres reste toujours un problème majeur pour eux.
- Voir si possible, comment les assister avec des bâches, car ils n'ont pas d'abris couverts , voir les photos.
- Encadrer les enfants déplacés qui passent la journée à mendier de porte en porte pour chercher à manger. Cette proposition vise à épargner à ces enfants des dangers comme des accidents de circulation, kidnapping par des personnes de mauvais volonté en cherchant des aides ici et là dans les milieux.
Tout ceci, c’est dans la perspective de l'économie humaine, non éloignée de la vision d'ATTED qui vise l'amélioration des vies humaines.
Nous sommes toujours là pour vous tenir informés de l'avancement de la situation sécuritaire, et notre sécurité aussi.
Amicalement.
Héritier Kisoho
Président du Groupe local du RIEH Minova et
Président du Conseil d’administration de l'ADIC-ASBL basée à Minova.
Les déplacés de guerre fuient leur village, suite aux attaques armées opposant les FARDC aux M23. Ils arrivent de toutes parts pour atteindre Minova et Bweremana. De Shasha, ils traversent Kirotshe ou bien ils passent par les Hauts plateaux de Mupfunyi-Shanga.
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Pour la Journée Internationale de la femme, pas moins de 800 personnes représentant plusieurs organisations ont défilé, dans les rues de Kalehe, sous le slogan " Femmes, lèves-toi pour Kalehe !, Femme, lèves-toi pour la Paix en RDC ". 50 membres de l'association GEV (Groupe Espoir de Vivre), membre actif de RIEH/ATEDD-Kivu, se sont mobilisés pour se joindre au cortège.
Dès 8h30, une foule dense, s'est dirigée vers la Chefferie de Buhavu, symbole de l'autorité territoriale, où Sa Majesté Mwami Kamirogosa III Shosho Ntale les a reçus. Après un échange emprunt de dignité revendiquant la Paix en RDC, elles se sont dirigées vers le Centre commercial d'Ihusi à Kalehe, pour planter solennellement un arbre de Paix.
Pour la petite histoire, la graine plantée est issue du germoir de la pépinière durable d'ATEDD... Tout un symbole !
En République Démocratique du Congo, plus précisément dans la province Sud-Kivu, 3000 femmes volontaires se sont regroupées dans une association : la COFAD dénomme COllecte des Femmes volontaires pour l’Assistance humanitaire et le Développement durable. Cette association, dont le conseil d’administration est composé des femmes, a été enregistrée et reconnue officiellement par l’inspection provinciale du développement rural du Sud-Kivu le 18 février 2015. Les bénéficiaires de ces actions sont des femmes vulnérables ayant la charge d’enfants en bas âge et ou qui ont été victimes de violences sexuelles.
Ces femmes fournissent un travail harassant et très mal rémunéré, elles sont même souvent victimes de violences au travail. Leur situation est particulièrement difficile au Sud-Kivu où la déforestation accentue l’érosion de terres, les pratiques agricoles sont inadaptées et une forte explosion démographique due à l’accueil de nombreux réfugiés fait que la population dépasse par endroit les 500 habitants au km2.
Un projet qui s’inscrit dans la dynamique de la COFAD est aujourd’hui proposé au groupement de la localité de MBINGA-NORD/KINIEIZIRE. Le projet ATEDD c’est à dire : Action Territoriale pour un Développement Durable. Celui-ci s’appuie sur la prise de conscience et l’engagement de la plus large partie possible de la population de façon à renforcer l’esprit de communauté qui seul peut permettre un changement réel et durable au niveau local et national. C’est dans ce cadre que les femmes du Sud-Kivu vont inscrire leur action, elles vont s’engager pour améliorer la qualité de la vie et la solidarité sociale de façon à lutter contre les catastrophes les plus fréquentes : les crues des rivières, les glissements de terrain, et la pénibilité d’une agriculture sur des terrains accidentés et trop exploités.
Ceci crée un abandon de ces terres, il s’en suit une insécurité alimentaire importante : 92% des personnes interrogées déclarent que leur revenus ne leur permettent pas de manger à leur faim. La COFAD les accompagne, en premier lieu, dans le processus de négociation des terres arables auprès des grands concessionnaires pour permettre à chacun d’y avoir accès.
De plus, la COFAD bénéficie de finances grâce à des crédits, des subventions, des dons et des legs provenant de sources publiques ou privées et d’organismes nationaux, internationaux et non gouvernementaux. Son projet est de jouer un rôle clé dans l’émergence économique de la femme en République Démocratique du Congo et d’améliorer ses conditions de vie.
Les 3000 Femmes volontaires se répartissent en 100 groupes solidaires des femmes dirigés par des comités des femmes de voisinage et vont participer au plan d’action communautaire (PAC) en liaison avec des agronomes, des moniteurs agricoles et les autorités locale ;
De façon plus précise elles vont vulgariser les techniques de permaculture intégrée de l’agro-écologie.
Elles s’engagent fermement et souvent de façon écrite à respecter ce projet. Elles vont ainsi développer une agriculture restauratrice et rémunératrice.
Une agriculture restauratrice pour la nature tout d’abord puisqu’elles abandonnent la culture du café et du manioc, trop gourmandes en terres et qui favorisent la déforestation. Une agriculture restauratrice aussi pour les familles car en se formant aux techniques d’installation de jardins familiaux, de germoirs, de compostes elles varient et accroissent leur production. En effet elles choisissent et achètent des outils adaptés, des semences maraichères, des plantules (oignons, aubergines, poivron, graines de courge, de salades) Elles créent également des petits élevages : cobayes, lapins, poules et chèvres dont les engrais naturels seront précieux également pour enrichir le sol. Tout ceci crée de meilleurs revenus et permet ainsi de mieux vaincre la faim et l’autonomisation de la femme rurale.
En effet, l’agriculture est la principale source des revenus de la femme rurale du Sud-Kivu mais les décideurs y mettent moins d’importance et en conséquence la forte importation des denrées alimentaire avec de prix élevé qui justifie la faible consommation dans les ménages avec tous les risques de l’augmentation de cas de la mal nutrition et la faible scolarisation des enfants. Cette pauvreté crée non seulement l’exode rural mais aussi des vols et surtout la faible croissance chez les enfants et donc une diminution des capacités intellectuelles.
D’autre part cette culture maraichère développée par la COFAD étant rémunératrice, la capacité d’épargne de chaque femme vulnérable est aussi renforcée grâce à la vente des produits maraichers. Cette agriculture est également plus économique dans l’utilisation des ressources agraires. En effet des moyens de cuissons nouveaux sont possibles grâce à la fabrication de briquettes de charbon vert. Ce dernier est produit par une carbonisation lente des déchets végétaux et ménagers. Il devient une excellente alternative au charbon de bois et permet ainsi de lutter contre le déboisement et le réchauffement climatique. Les tâches culinaires de femmes sont facilitées et ceci d’autant plus des formations pratiques sont organisées à leur faveur.
L’alphabétisation des femmes leur permet en outre de s’occuper convenablement des micro-crédits proposés par la COFAD. Les femmes du Sud-Kivu affrontent et gèrent aussi les problèmes financiers grâce à l’ATEDD qui non seulement privilégie toutes les activités qui génèrent un revenu pour leurs opérateurs, mais les aide aussi à recourir correctement aux dispositifs d’épargne, aux crédits locaux et aux mutuelles de santé.
Conclusion : tout ce travail participatif permet aux femmes de promouvoir une économie vraiment humaine. Celle-ci est humaine car elle est basée sur la confiance accordée à chacun pour organiser au mieux sa vie individuelle et ses rapports avec les autres. C’est cette solidarité qui donne tout son sens à l’engagement de chacun. Les femmes ont un rôle important à jouer à ce niveau, elles qui sont des animatrices essentielles dans leur propre famille. Cette attitude respectueuse envers les êtres humains, l’est aussi envers la nature, Celle-ci devient une amie. La place des femmes au Sud-Kivu n’est donc pas du tout marginale, ni traditionnelle, elles sont au contraire les piliers du changement.
Pour la COFAD asbl
« Aider la femme c’est aider toute une nation. »
Sylvine CHEKANABO MUHUNDO, Coordinatrice COFAD (Kiniezire, RDCongo)
et Chantal LEGRAND, Correspondante RIEH (Drôme, France)
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Aux micros, Michel TISSIER, qui outre ses fonctions de Secrétaire exécutif du RIEH, est originaire de Calviac, un des villages du Périgord Noir. Il veut prendre le temps de présenter à sa famille, ses amis et ses voisins, l’action qui le tient souvent éloigné de sa maison au bord de la forêt.
Mais aussi Gilbert MASSUMBUKO, le Président du Comité de gestion d’ATEDD, natif du Kivu et qui y vit toujours. Il intervient à distance depuis Goma.
Et Hervé LOUF qui joue très bien son rôle d’animateur, posant des questions, demandant des précisions, soulignant l’importance de tel ou tel propos.
Pour l’occasion, Marie GRIPPAUDO a fait le voyage depuis le Mené.
En présence de Monsieur le Maire de Calviac : Jean-Paul SEGALAT et de Patrick BONNEFON : président de l’intercommunalité du Pays de Fénelon, le public a bravé la neige de la veille pour rejoindre l'ancien séchoir à tabac, rénové en une salle de spectacles des plus conviviales. Une cinquantaine de personnes.
Il y a aussi une trentaine de participants par Zoom, de France, de RDC et même d’Uruguay, avec Andrés LALANNE, du CLAEH, coordinateur du RIEH pour l’Amérique latine. Malheureusement les liaisons Internet sont de mauvaise qualité et il manque un bon régisseur pour que tout le monde puisse s’entendre et se voir tout en accédant aux images projetées sur un écran. Cependant chacun garde sa bonne humeur, conscient des liens qui se tissent pour une soirée.
Pendant la présentation l’animateur se montre particulièrement intéressé par le diagnostic participatif et les différentes activités qui réunissent une part importante de la population. Il souligne l’originalité du Plan d’action communautaire avec la grande diversité des acteurs qui y participent. Un exemple d’engagement est porté à l’écran avec toutes les signatures qui le composent.
Les principales questions portent sur les conditions dans lesquelles les habitants s’engagent. Qui sont-ils ? Combien sont-ils ? Qu’est-ce qui les motive ? Comment trouvent-ils le temps de travailler bénévolement tout en exerçant leur métier ?
Et les autorités, est-ce qu’elles soutiennent ou s’opposent ?
Qu’est-ce que l’économie humaine et d’où vient le Réseau international pour une Economie humaine ?
Comment ce qui a été lancé au Kivu dans 4 villages va-t-il continuer ? Est-ce que l’action peut s’étendre à d’autres villages ?
Après s’être ainsi informés, les participants ont été invités à débattre entre eux de deux questions :
y a-t-il des enseignements à tirer de cet exemple par rapport à ce que nous pouvons faire sur notre propre territoire du Périgord Noir ? Comment pouvons-nous coopérer de façon décentralisée, entre territoires ?
Les réponses sont à peine esquissées, car il se fait tard. Beaucoup soulignent que les démarches participatives sont difficiles à mettre en œuvre dans une société française très individualiste et tout le monde passe son temps à courir.
Tous ceux qui le souhaitent pourrons se retrouver, dès dimanche prochain, pour voir concrètement ce qui peut se faire.
Voir par > ce lien l’article que Michel a fait paraître dans L'ESSOR Sarladais pour annoncer la conférence.
Voir par > ce lien l'interview sur France Bleu de Michel Tissier
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Je me suis rendu à Nyamukubi cet après-midi avec Freddy, un membre de GEV[i]. J'ai été reçu par le chef de village de Bushushu qui a fait venir le chef du sous-village de Nyamukubi ainsi que le Président et plusieurs membres de l'Association des riverains. Nous nous sommes ensuite rendus sur le site avec un petit attroupement.
Les dégâts sont considérables. Le nombre de pertes humaines ne cesse d'augmenter. Le chef de village en compte provisoirement 7. Des personnes qui étaient dans leur maison et qui sont portées disparues. C'est tout un quartier qui a été subitement envahi par des flots boueux charriant des pierres et des gros morceaux d'arbres. 13 maisons ont été détruites, 280 endommagées. L’eau a envahi les maisons emportant les ustensiles de cuisine et les meubles. Une école a été dévastée et il est impossible d’y faire cours. Voir les photos.
Première remarque: il n'y a aucun reproche formulé à l'encontre d'ATEDD. Au contraire, la création de l'Association des riverains, une initiative d'ATEDD, est considérée comme très importante. C'est significatif que le chef les ait immédiatement invités. Avant, pendant et après l'événement les membres du comité d'animation de cette association se sont comportés comme des responsables.
Seconde considération: la visite sur place est très appréciée. Celle de Jean-Pierre[ii] d'abord, la mienne ensuite. Celle dès le lendemain de la catastrophe d'Eric Bisonga n'est pas citée. Eric n'est pas encore perçu comme représentant d'ATEDD. Cela viendra. Retenons cela pour l'avenir. Tâchons qu'un responsable perçu comme de haut niveau se rende le plus vite possible sur les lieux.
J'ai cherché à savoir comment l'alerte a été donnée, car elle a été donnée. La grande majorité des gens se sont enfuis à temps. Tous disent que si la crue était arrivée pendant la nuit, ç'aurait été un massacre. J'ai essayé de poser des questions sur le déroulement précis des événements, mais il y a le problème de langue et de temps. Mais c'est, à mon sens, indispensable de faire une enquête très minutieuse, au sens littéral, minute par minute. Quand exactement l'alerte a-t-elle été donnée? sur la base de quels signes? par qui et à qui? où les gens se sont-ils réfugiés? Sur la base de ces faits, on peut déterminer quelles dispositions prendre la prochaine fois. Le dispositif d'alerte[iii] ne doit pas être créé de toutes pièces. Il faut partir de l'existant et l'améliorer. Un des points importants est que la pluie sur le village n'était pas si forte. C'est plus haut qu'elle a été diluvienne.
Je ne reviens pas sur les causes structurelles qui font que la rivière grossit brusquement. C'est le travail d'ATEDD depuis des mois de faire cette analyse avec les habitants et avec les études techniques. Et de mettre en place des actions structurelles. Avec un tel événement, ce qu'il faut analyser c'est pourquoi quand ce flot s’accroît brusquement, la rivière sort de son lit et se crée un passage anarchique. Tout en m'étant rendu sur place, je n'ai pas les compétences pour faire une analyse précise. J'aurais tendance à partager ce que disent les membres du comité de l'association des riverains. Il y a un passage juste en amont du village où le lit de la rivière est très peu profond et c'est là que les flots débordent. Ce peut être aussi parce qu'à certains passages étroits les grosses pierres qui descendent se bloquent sur des obstacles et deviennent elles-mêmes un barrage que la rivière contourne. Ma conclusion est qu'il faut qu'un expert vienne observer sur place et fasse l'analyse à partir de l’observation avec les membres du comité des riverains.
La communauté, avec le chef de sous-village et le comité des riverains, avaient fait des travaux dans cette zone, sous forme de salongo[iv]. Ils avaient nettoyé, planté des bambous sur les berges. Ils avaient même, à la main, creusé une dérivation du lit de la rivière. Cela a été inutile. Il semble même que certains travaux de maçonnerie ont été emportés, les pierres arrachées devenant un nouveau danger. "Tout est à reprendre à zéro", disent-ils sans pour autant se décourager. Il semble donc important pour la suite que les travaux communautaires bénéficient d'une expertise technique. Avec l'expérience, si celle-ci est analysée avec des experts, les membres du comité peuvent renforcer leurs compétences. C'est certainement un objectif pour ATEDD.
A noter que le comité des riverains a déjà fait les travaux nécessaires pour rouvrir le cours normal de la rivière en dégageant les obstacles qui s'étaient accumulés.
Le discours unanime, et que je partage, est que les indispensables travaux communautaires doivent être complétés par l'intervention de machines pour creuser et élargir le lit de la rivière là où il y a de trop grosses pierres pour être déplacées à la main avec des barres à mine. Nous avons convenu avec le chef de village d'unir ses efforts avec ceux du Consortium pour obtenir les moyens pour faire venir ces machines.
Ma conclusion serait qu'une petite équipe composée du CEREIAD[v], de l'ISTD de Kalehe[vi] et de GEV vienne travailler avec le comité de l'association des riverains pour améliorer l'alerte, partager l'analyse des causes immédiates des débordements, établir la liste des travaux à réaliser d'une part avec les travaux communautaires, d'autre part avec les machines. Et que le consortium définisse un plan d'action pour obtenir avec la Chefferie les moyens de faire intervenir les machines.
Michel
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[i] GEV, Groupe Espoir de Vivre est une association basée à Kalehe, un village voisin de Bushushu, qui est aussi le chef lieu du Territoire de Kakehe et de la Chefferie de Buhavu. GEV est un groupe de jeunes qui mène des actions de développement et en particulier un soutien aux jeunes entrepreneurs. Son Président est Eric Bisonga, qui est aussi Président du Conseil de la Jeunesse du Territoire. GEV est membre du RIEH depuis 2019. Le Consortium ATEDD a récemment décidé d’intégrer en son sein GEV avec la responsabilité d’animer l’Action territoriale à Bushushu et dans le Groupement de Mbinga-Sud. [ii] Jean-Pierre Bufole est le superviseur d’ATEDD pour Kiniezire et Bushushu. Il réside à Kiniezire. La route de Kiniezire à Bushushu est particulièrement mauvaise. Il faut compter presque deux heures de moto. [iii] Depuis le début, ATEDD prévoit de mettre en place un dispositif d’alerte. C’est une des actions qu’il faut encore mener en décembre. Il était envisagé jusqu’ici qu’un formateur intervienne pur expliquer ce qu’est un dispositif d’alerte. [iv] Salongo est le mot swahili pour travail communautaire. C’est une coutume encore pratiquée, parfois délaissée et qu’ATEDD a mis en avant. Un jour par semaine, les villageois se réunissent sous la direction du chef de sous-village pour mener un travail d’intérêt général. [v] Le CEREIAD est un des membres du Consortium. C’est un centre de recherche et d’études rattaché à l’Université Catholique de Bukavu. Bukavu est à deux heures de moto de Bushushu. [vi] L’ISTD, Institut Supérieur des Techniques de Développement est implanté à Kalehe, donc à proximité de Bushsushu, ce qui permet à un de ses enseignants de se rendre sur place facilement. Le Comité des riverains solidaire et engagé !commentaire(s) (1) | Ajouter un commentaire
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Ce merrcredi matin 7 décembre 2022, je vais à la rencontre de jeunes en train de curer une petite rivière qui traverse la cité de Minova. Très souvent, quand les pluies sont abondantes, elle inonde les rues et des maisons, emporte les biens du paisible citoyen.
Je suis avec Delphin BAENI KABIONA, le superviseur d’ATEDD, qui est présent à Minova en permanence. Delphin appartient à l’équipe de la Fondation Matendo qui gère un Complexe scolaire à Minova. Cette Fondation est un des membres du Consortium ATEDD. Elle s’est engagée à continuer de rendre Delphin disponible pour suivre comment ATEDD évolue à Minova, même après la fin de la phase pilote d’ATEDD qui se termine à la fin de l’année.
Ils sont une quinzaine, surtout des garçons, mais aussi quelques filles. Ils ont été dotés par le Consortium ATEDD de gants, de bottes, de masques, d’uniformes, de pioches, de pelles, bêche, salopette, imperméable, des cache nez, désinfectants, des tridents de barres à mine. L’un d’eux s’immerge complètement dans l‘eau pour retirer un gros morceau de plastique qui, sous un pont, bloque le passage de l’eau.
Ils appartiennent à « l’Association des Jeunes volontaires intellectuels de Minova », qui elle-même appartient au « Parlement des jeunes de Minova » qui regroupe une trentaine d’associations. Ils se sont engagés à faire le curage de cette rivière après la présentation des résultats de l’étude mener par CEREAD en prenant un engagement dans un document signé par le Comité local de développement et contresigné par l’autorité locale, le représentant de la cheffe de quarts Groupement. Le Consortium ATEDD a aussi apporté sa signature en même temps que les outils et équipements. Cet « acte d’engagement » stipule que ce travail sera fait de façon régulière, sans limite de durée.
Deux jours par semaine, le mercredi et le samedi ils se réunissent pour travailler de 6h du matin à 9h.
Avec eux je descends le cours de la rivière jusqu’au lac et ils me montrent les travaux qu’ils ont fait et ceux qui restent à faire, notamment des ponts qui sont vermoulus ou constitué juste d’un tronc d’arbre glissant (photo). Certains groupes de maisons ne sont reliés au village que par ces ponts et quand l’eau déborde, ils vivent dans la boue et sont isolés. Au fil de la visite, ils insistent sur les moyens qui leur manquent.
Arrivés à l’embouchure, l’échange s’engage. Plusieurs parlent très bien le français, d’autres restent silencieux mais écoutent avec attention.
Eux : - " Vous avez vu, nous travaillons pour que la rivière soit propre et ne déborde pas. Le problème, ce sont les moyens. Nous avons reçu du matériel, mais ce n’est pas assez."
Moi : - " Félicitations pour le travail accompli. Etes-vous d’accord pour être responsables que cette rivière soit propre et ne déborde plus quand il y a de fortes pluies ? "
Eux : - " Nous confirmons notre engagement. Nous sommes responsables de cette rivière."
Moi : - " De façon permanente ? "
Eux : - " Oui, de façon permanente."
Moi : - " Et pour les ponts à refaire, des murs de soutènement à installer ? "
Eux : - " Nous sommes des jeunes intellectuels [entendons diplômés]. Parmi nous il y a des menuisiers, des maçons. Nous avons le savoir-faire, mais il nous faut des moyens."
Moi : - " Vous avez eu des moyens au moment où vous avez signé l’engagement."
Eux : - " Oui, mais ce n’est pas assez."
Moi : - " En ce mois de décembre, le Consortium ATEDD a épuisé tous les fonds qu’il a trouvé pour cette phase pilote. Il cherche d’autres moyens, mais pour le moment il n’en a plus. Pour avoir de nouveaux moyens, tournez-vous vers le Comité local de développement et le Groupement."
Un d’entre eux : - " Quand je rentre chez moi après les travaux, ma femme me dit : « Donne-moi le savon pour nettoyer tes habits. Tu as été travaillé pour un Blanc, il a de l’argent ".
Moi : - " L’époque où les Africains tendent la main aux Blancs pour recevoir de l’argent est terminée. Il faut poursuivre la décolonisation. [Plusieurs rient].
Un autre : - " Oui, mais pendant que je fais ces travaux dans la rivière, je ne travaille pas pour nourrir ma famille. Il faut nous verser une « motivation ".
Moi : - " L’esprit d’ATEDD, c’est que chacun travaille volontairement pour la communauté. Si les travaux ne sont pas faits dans les rivières, si on ne lutte pas contre l’érosion, l’agriculture ne sera plus possible dans cette zone et vos enfants ne pourront plus y vivre."
Un autre approuve : - " Nous sommes chez nous, c’est à nous d’agir quand nous avons un problème."
Moi : - " C’est un choix que chacun a à faire dans tous les pays. Soit s’en sortir tout seul, soit s’en sortir tous ensemble."
Un jeune : - "Quand on travaille pour nettoyer la rivière, cela ne rapporte rien. Nous avons d’abord besoin d’avoir une activité qui rapporte."
Moi : - " Si des jeunes comme vous veulent devenir entrepreneurs, il est possible de les accompagner comme nous le faisons pour les jeunes producteurs de charbon vert. Parlez-en avec Delphin, de la Fondation Matendo, qui reste présent à Minova l’année prochaine."
Pour finir tous les jeunes renouvellent leur engagement à continuer le travail.
Une journaliste de la radio communautaire Bobandano de Minova une radio locale est présente. Elle enregistre la conversation et prend des photos. Elle va réaliser un magazine de sensibilisation sur la rivière.
En repartant avec Delphin, nous faisons des commentaires sur cette rencontre.
C’était important que cette rencontre ait lieu et sur le terrain, au bord de la rivière. C’est une forme de reconnaissance et les jeunes peuvent s’exprimer. Pour cette fois on a profité de ma présence, mais il faut que de temps en temps, d’autres « officiels » fassent la même démarche : la Mwamikazi, le Président de la Fondation Matendo, des notabilités locales ou de passage.
Il faut pouvoir continuer à fournir des outils et des matériaux pour remplacer les ponts vermoulus, installer à certains endroits des murs de soutènement. ATEDD dans sa phase pilote avec des financements se termine et les financements sont épuisés. Les besoins ne sont pas si élevés : avec 500$ par an, cela pourrait suffire. Dans un accord signé avec la Fondation Matendo, la Cheffe de Groupement, la Mwamikazi, a promis de soutenir les actions d’ATEDD. D’autres financements sont à rechercher auprès d’ONG intervenant dans le domaine de l’environnement et qui seront intéressées parce que les jeunes sont déjà au travail. On peut aussi solliciter la « diaspora », les personnes originaires de Minova et qui ont « réussi » à Bukavu, à Goma ou ailleurs. Ils peuvent être motivés pour contribuer car leur famille élargie est toujours sur place.
Il faut inciter les jeunes à s’organiser dans la durée, avec des rotations pour que ce ne soit pas toujours les mêmes qui travaillent. Quand les jeunes travaillent, il serait bien qu’on leur fournisse de l’eau et des cannes à sucre pour avoir de l’énergie en titre de collation. Il doit bien y avoir dans le village des personnes qui sont prêtes à manifester ainsi leur solidarité avec des jeunes qui travaillent pour l’intérêt communautaire.
Le soutien aux jeunes qui veulent créer leur business, personnellement ou à plusieurs, est un autre volet. Ce n’est pas directement dans ATEDD, mais tout se tient (la fameuse approche « holistique »).
Il faut aussi que les confessions religieuses continuent de soutenir ces jeunes. Tous sont des croyants et pratiquants. Ils doivent être encouragés dans leur engagement.
Dès décembre et chaque mois de l’année 2023, une réunion mensuelle sera organisée par le comité de pilotage d’ATEDD, intégré au Comité local de développement, avec toutes les organisations qui se sont engagées dans des actions sur les rivières, le reboisement ou l’agriculture durable et, on l’espère, d’autres qui s’engageront. Delphin pour la Fondation Matendo y participera, le Groupe local du RIEH aussi. Ce sera le moment de faire le suivi des réalisations, d’évoquer et de traiter les problèmes qui se posent.
Voilà où en est ATEDD, avec des bases qui sont là, même si elles sont encore fragiles. La réussite se mesurera dans les mois qui viennent. Elle dépend d’abord du renouvellement durable de l’engagement de chacun, porté par l’engagement collectif. On est bien au cœur de l’économie humaine.
Et bien sûr, il faut passer de la phase pilote à une phase d’approfondissement et d’élargissement.
Michel Tissier, avec Delphin Baeni.
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Modérée par Michel Tissier, secrétaire exécutif international du RIEH, la réunion a permis de traiter les points suivants :
Parmi les engagements et recommandations adoptés :
Chaque groupe local va établir une liste de ses membres en précisant dans quel secteur et pour quel public il agit. Ces listes seront échangées entre les groupes et envoyées à la Coordination RIEH Afrique.
Les 4 groupes se retrouveront chaque trimestre pour échanger sur leur expérience et sur leurs actions. La prochaine réunion aura lieu à Bushushu le 6 mars 2023.
Ils souhaitent recevoir du RIEH Afrique un document qui les reconnaît comme des groupes locaux du RIEH. Ils pourront présenter ce document aux autorités si celles-ci leur demandent qui ils sont, notamment lors de leurs déplacements.
Ils créent un Groupe WhatsApp RIEH Kivu et souhaitent que les groupes locaux de Goma et Bukavu y participent.
Chaque Groupe a au moins un membre qui participe au groupe WhatsApp RIEH Africa.
Les groupes locaux font connaître à leurs membres la Charte constitutive du RIEH. Les organisations membres peuvent signer la Charte s’ils le souhaitent.
Quand ils mènent une action, ils envoient des informations à Marie Grippaudo pour qu’elles figurent sur le site
Chaque groupe organise un système de cotisations et des activités génératrices de revenus pour disposer de moyens de fonctionnement, en particulier pour se déplacer.
Les groupes locaux participeront activement à ATEDD notamment pour s’assurer que les engagements sont tenus et pour entretenir l’esprit d’économie humaine où chacun agit pour le bien commun.
Ils souhaitent que paraisse un second numéro spécial de la revue Développement & Civilisations consacré à ATEDD. Ils vont prendre des contacts pour que dans chaque localité soient rédigés des articles.
Les groupes locaux de RIEH dans la zone du projet ATTED, ont salué l'initiative de rassembler les animateurs et membres du RIEH dans la zone. Une rencontre très riche de l'économie humaine.
Chaque participant est rentré déterminé pour les activités sur le terrain.
ERIC BISONGA et HERITIER KISOHO
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Du 22 au 26 novembre se sont tenues dans chacune des 4 localités où intervient ATEDD des rencontres qui avaient deux objectifs : évaluer les résultats au moment où le projet dans sa phase pilote, se termine et mettre en place les conditions pour que l’Action territoriale se poursuive et s’organise dans la durée.
En effet la subvention obtenue du FID sera épuisée au 31 décembre et l’essentiel des moyens humains et financiers que le projet a mis au service direct des communautés prendront fin au 30 novembre. Le mois de décembre sera consacré à l’évaluation, à l’audit financier, à la clôture des comptes et à la rédaction des rapports opérationnels et financiers.
Mais si ces moyens s’arrêtent, l’Action territoriale continue en étant conduite et animée par les structures locales qui ont été mises en place dans cette phase initiale. Cette dernière s’est en effet concentrée, comme c’était son objectif principal, sur l’organisation des communautés pour agir face aux trois enjeux de la maîtrise des rivières, du reboisement et d’une agriculture durable.
Tout d’abord les autorités locales prennent à leur compte l’Action. Très concrètement, elles ont été présentes à haut niveau lors de ces réunions. Les autorités locales dans le système décentralisé de la RDC sont les chefferies coutumières, dont émanent les Groupements et les Villages.
Elles ont accepté de présider en personne les réunions, de tenir des discours mobilisateurs et de signer un accord avec d’une part, une organisation du Consortium d’ATEDD et d’autre part le RIEH représenté par son secrétaire exécutif international.
Cet accord prévoit notamment qu’elles acceptent de consacrer une partie de leur budget annuel à des actions pour l’aménagement des rivières et le reboisement. Lien avec la convention d'accord à Bushushu
La seconde structure est un comité de pilotage d’ATEDD avec un Président. Celui-ci a la responsabilité opérationnelle de mettre en œuvre les actions composant l’Action territoriale. Pour que cette structure ne soit pas hors sol, elle est intégrée dans le Comité local de Développement qui est une structure légale.
La troisième composante comprend toutes les organisations qui se sont engagées à mener des actions dans les différents domaines d’intervention d’ATEDD : l’aménagement des rivières, le reboisement et les dispositifs anti-érosifs, l’agriculture durable. Dans chaque village il y a une quinzaine de ces organisations. Elles se sont engagées sur des objectifs courant au moins jusqu’à la fin de 2023.
Elles ont reçu des moyens d’ATEDD : essentiellement de la formation et des outils pour les travaux.
La quatrième composante est une des organisations du Consortium qui est présente physiquement de façon permanente dans chaque village. C’est en effet un acquis important que l’engagement pris par chacune d’elles d’assurer un suivi permanent auprès des autorités locales, du comité de pilotage, des organisations communautaires.
Et enfin, dans chaque localité est désormais en place un groupe local du RIEH constitué par toutes les personnes et les organisations qui partagent « l’esprit » d’ATEDD qui est aussi l’esprit de l’Economie humaine.
Il veille à entretenir la dynamique fondée sur les engagements de chacune des parties prenantes. Chacun sait en effet que cette dynamique a besoin d’être entretenue dans la durée.
Voici donc les bases permettant qu’ATEDD-Kivu continue de ses propres ailes.
Même si l’oiseau est encore fragile. Et d’ores et déjà le RIEH, par l’intermédiaire de son association support Développement & Civilisations, cherche auprès du FID les moyens de poursuivre et surtout d’étendre la démarche engagée dans les quatre localités.
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ATEDD en marche à Minova ! Ce matin (samedi 26/11/2022) une Forte mobilisation des jeunes, filles et femmes s'observe au bord du patrimoine mondial ( le Lac Kivu). Les jeunes dotés des matériels fournis par ATEDD sont très engagés et prennent leur destin en mains afin de maîtriser la rivière KABUNO. Elle traverse la cité de Minova et se jette dans le Lac Kivu. Propos tenus par Elisée Kabulungu, Président des jeunes entrepreneurs, Charbon vert.
Voici les photos prises par l'association ADEC-asbl, membre du Groupe local Rieh Minova, pendant l'activité à laquelle ils ont participé avec enthousiasme :
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Un terrain appartenant au Groupement (Entité territoriale entre le Village et la Chefferie) était disponible, mais plusieurs organisations souhaitaient s’y installer et l’affaire n’avançait pas.
Finalement, la Reine Safi Sangara Bomboko, sensibilisée par ailleurs à ATEDD-Kivu et soucieuse que tous les talents du Groupement dont elle est la cheffe puissent donner lieu à la création d’entreprises a décidé de trancher et de mettre le terrain à disposition du groupe des jeunes.
La visite de Michel Tissier pour le RIEH et de Gilbert Masumbuko, Président de la Fondation Matendo qui soutient les jeunes et gère la subvention obtenue de l’Agence des micro-projets, a été l’occasion d’inaugurer la construction d’un hangar. Et trois jours plus tard, celui-ci était sorti de terre car tous les jeunes ont travaillé activement à sa construction.
Le terrain est mis à disposition des jeunes aussi longtemps que l’activité durera. Si elle s’arrête, il reviendra de nouveau au Groupement.
" Travaux de construction des hangars à Minova depuis avant hier. Ces hangars en cours de construction vont aider les jeunes de Minova d'avancer avec les activités de fabrication des briquettes à base des déchets végétaux. C'est dans une perspective de l'économie humaine que cette approche se visualise dans le groupement de Buzi à Minova. Utilisons le charbon Vert en remplacement de charbon de Bois pour protéger notre environnement." Propos tenus par Elisée Kabulungu, Président du groupe des Jeunes.
"Mieux vaut tard que jamais ! Un hangar et un dépôt viennent d'être construits en faveur des jeunes entrepreneurs producteurs de charbon Vert à Minova. Le deuxième hangar sera peut être aussi construit d'ici là. J'appelle tous les jeunes de Buzi en général, ceux de Minova en particulier de venir nous emboîter les pas dans ce bon métier entrepreneurial, pour barrer la route de chômage et de la mendicité." ... " Seules les activités entrepreneuriales peuvent sauver le monde, l'Afrique et la RDC, chers amis. Tenons fort !". Appel mobilisateur sur WhatsApp d'Héritier Kisoho, point focal du Groupe local Rieh Minova.
Dès la semaine prochaine, les machines vont pouvoir être installées et la production devenir beaucoup plus régulière. Objectif dans un premier temps : produire 3 tonnes de briquettes de charbon vert par mois, puis dans un second temps 5 tonnes.
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Ce document fait la liste des « bonnes pratiques » que chacun doit adopter pour maîtriser le cours des rivières, reboiser les collines et entretenir la fertilité des sols. Il a été élaboré suite à des groupes de travail, puis validé par les autorités locales.
Il va être diffusé sous format papier mais surtout oralement par des hauts-parleurs les jours de marché, par les enseignants dans les écoles, les prêtres, les pasteurs et les imams dans les lieux de culte, lors des réunions communautaires dans les sous-villages.
L’introduction est signée par l’autorité coutumière, qui est ici dans son rôle à la fois d’exprimer la volonté collective et de donner des directives sur ce que chacun doit faire. Assortie le cas échéant de sanction pour ceux qui ne les respectent pas. Mais la plus grande pression est celle que la communauté exerce elle-même sur ses membres, au sein des familles, dans les relations de voisinage, dans les assemblées.
Le changement des comportements quotidiens et personnels n’est certes qu’un volet des plans d’action communautaires qui comprennent aussi les travaux d’aménagement des rivières, de reboisement, d’implantation de dispositifs antiérosifs ainsi que la formation et l’accompagnement pour des pratiques agroécologiques. Mais ce volet est très important car sans cette sensibilisation, cette « conscientisation », aucun changement n’est durable.
Les bailleurs et les théoriciens du développement nous demande souvent quelle est votre « théorie du changement ». Et bien ce guide et surtout la façon dont il est diffusé et alimente la vie communautaire constituent un élément de réponse.
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Située à l’est de la RDC, à Kiniezire (à 75 km de Goma sur la route de Bukavu), cette Coopérative est implantée sur les hautes terres volcaniques des bords du lac Kivu dans la Région des Grands Lacs. Un terroir de café reconnu pour ses arômes généreux et classé parmi les grands arabicas africain.
Elle a été créée au départ organiser des activités économiques pour les réfugiés de la guerre civile, qui dévaste la région depuis presque trente ans.
A l’époque dit Daniel Habamungu, son directeur-gérant : “chacun travaillait de son côté, sans organisation, sans coordination. Cela avait un impact négatif sur la qualité du café produit, L’absence de cohésion entre producteurs laissait la latitude aux acheteurs d’imposer un prix d’achat dérisoire. ”
La coopérative se veut être un modèle dans la bonne gouvernance (transparence, respect des droits humains, promotion du genre, …). Elle est implantée sur 16 villages environnant appelés « secteurs ». Chaque secteur a un comité de membres au nombre de 7 personnes présents au Conseil d’Administration.
De 600 membres à ses débuts, Muungano (qui signifie d’ailleurs “union” en swahili) est passée à plus de 4 200 membres à ce jour, dont 1 736 femmes.
La Coopérative a permis de mettre en commun à l’usage de ses membres, de nombreux services : traitement des cerises de café dans les stations de lavage pour révéler la qualité du grain ; équipement pour le processus de déparchage (séparation de l’enveloppe du grain) ; formations pour une montée en compétences en agroécologie, techniques de conservation, gestion ; accompagnement par des techniciens agricoles.
Elle bénéfice du label Fairtrade et Organique, ce qui lui permet d’exporter le café vers l’Europe et l’Amérique du Nord dans des conditions sûres et avantageuses.
Les membres ont pu multiplier leurs revenus par trois en 5 ans.
Mais le souci du bien commun ne s’arrête pas là. La Coopérative va plus loin en développant sa zone territoriale par la mise en place de projets communautaires : outre la création de 403 emplois fournis par la coopérative, création d’une petite centrale hydroélectrique qui alimente 65 villages et construction d’une maison de santé, ouverte à tous.
En participant activement à ATEDD la Coopérative agricole Muungano a encore franchi un pas dans son engagement pour le territoire. Elle élargit son champ d’action à la maîtrise du cours des rivières dont les débordements causent des catastrophes et au reboisement des collines, des routes et des bords du lac au-delà même des champs de ses adhérents. Elle est aussi l’organisation support du groupe local d’économie humaine.
Pour en savoir plus? Cliquez sur l'image >
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Ajoutons, qu’un comité de pilotage d’ATEDD-KIVU, sous la responsabilité des autorités locales fera chaque mois un suivi de l’exécution des engagements pris par les uns et les autres. CADRE, une organisation du Consortium participera à ces réunions de suivi. Le groupe local d’économie humaine qui s’est créé à l’occasion d’ATEDD-Kivu veillera aussi à la continuité de l’action.
Ainsi les conditions sont réunies pour que le reboisement s’opère de façon durable. Rendez-vous en juin prochain pour voir ce que sont devenus les milliers d’arbres ainsi plantés !
L’an deux mille-vingt deux, le 12ème jour du mois de Novembre, à Bweremana s’est tenu une activité pour lancer la distribution des plantules d'arbres agro forestiers issues de la pépinière durable. Une pépinière entretenue par l’Union Communautaire pour l’Environnement et le Développement UCED avec l’appui d’ATEDD et l’accompagnement de la chefferie de Bahunde.
Cette activité, lancée par le chef de la chefferie de Bahunde, représenté par son secrétaire administratif, était accompagné par les services techniques de la chefferie, notamment : le service de l’environnement, le CARG et le service de l’agriculture.
Etaient présents : la société civile, les entreprises des jeunes, la police nationale congolaise, les structures locales de développement, les op, l’institut supérieure agronomique ISEA MWESO, les riverains de la route, les concessionnaires, les riverains de la rivière Mweya, les directeurs des écoles environnantes et le représentant du FEC Bweremana.
Le représentant de chef de la chefferie de Bahunde ouvre la cérémonie en remerciant le projet ATEDD de se donner corps et âme dans l’accompagnement des structures qui s’engagent dans le reboisement et l’agriculture rémunératrice et restauratriceet qui agit à travers les actions visibles sur le terrain et dans la communauté.
Il a ensuite remercié l’asbl UCED qui a mobilisé ses membres pour obtenir ces résultats palpables à travers la production de 16 000 plantules d’arbres agroforestiers à partir des essences de Caleandra, Leuceuna, Acacia, Cedrela, Grevellia, Casuarina et Eucalyptus.
Avant de passer à l’étape de la distribution, le Superviseur de l’environnement de la chefferie, a recommandé à la population bénéficiaire de bien entretenir ces plantules, de les suivre régulièrement car la restauration de l’environnement demande l’effort de tout un chacun.
Très touché par l’action d’ATEDD dans la restauration de l’environnement à travers son approche : pépinière durable, le superviseur de l’environnement de la chefferie de Bahunde a offert 10 kg de sachets de semences, à UCED pour continuer ses activités.
Les personnes qui ont bénéficié des plantules ont été choisies parmi :
Comme résultats partiels de cette activité :
La communauté de Bweremana et ses environs à travers ses représentants remercie le consortium ATEDD pour son soutien matériel, technique et financier dans son accompagnement des structures pour atteindre les objectifs soutenus.
Quant à la chefferie de Bahunde, elle se dit prête, même après l'intervention d'ATEDD, de suivre toutes les actions engagées et mise en place par le projet, en mobilisant ses services techniques pour pérenniser les actions.
Rapporteur Delphin BAENI KABIONA
Superviseur axe Minova-Bweremana
Fait le 12 Novembre 2022
Pour aller plus loin > Mot de circonstance à l'occasion du lancement officiel de distribution des arbres forestiers et agro-forestiers par l'honorable mwami et chef de la chefferie des Bahunde à Bweremana.
Parmi, les enjeux de la COP 27 qui se tient au Caire figure la revendication de transferts de fonds depuis les pays riches vers les pays pauvres. On parle de centaines de milliards qui devraient être transférés d’États à États. Et on met en avant la responsabilité des pays qui sont les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre.
Celle-ci est majeure en effet, mais la solution consiste-t-elle à constituer des fonds mondiaux distribués aux États ou finançant des grands projets « en faveur » des pays dominés ?
Notre expérience avec l’Action territoriale pour un développement durable au Kivu est qu’aucune action n’est possible et efficace sans la participation active des populations concernées. Dans la zone d’intervention beaucoup de projets ont été menés sur financements internationaux pour le reboisement. Aucun d’entre eux n’a eu d’effet durable. Parce que les causes du déboisement et de l’érosion sont intimement liées aux conditions de vie des habitants. Parce que la réussite du reboisement nécessite l’implication active de tous.
Il faut donc que les populations intéressées, territoire par territoire, avec toutes les forces (et les freins) qui les composent définissent leur propre plan d’action et soient en capacité de les mettre elles-mêmes en œuvre.
Pour cela il ne faut pas d’abord des financements, il faut une capacité collective à s’organiser. Il faut des compétences pour maîtriser les changements techniques à opérer dans la façon de produire et utiliser l’énergie, pour transformer les pratiques agricoles en conjuguant agroécologie et augmentation des revenus des agriculteurs.
Certes il faut des financements, mais qui soient dirigés vers des actions portées par les communautés et non pas pour des grands projets conçus de loin et qui font l’objet de multiples détournements. ATEDD nous a permis de mettre en œuvre ce mode de financement au plus près des besoins. C’est cette modalité qu’il faut démultiplier.
Ajoutons qu’il faut tout faire pour que le plus rapidement possible les financements pour opérer la transition écologique viennent des territoires eux-mêmes et ne dépendent plus d’une aide extérieure. Or cette capacité d’auto-financement dépend du développement global de ces territoires. Il ne s’agit donc pas de flécher les financements uniquement sur le changement climatique, mais d’adopter au niveau international des règles commerciales qui permettent aux pays menacés de tirer le meilleur parti de leurs ressources et de leur travail. Garantir aux producteurs du Kivu que le café qu’ils produisent sera acheté à un prix leur permettant à la fois de vivre décemment et de financer les écoles, les centres de santé, le reboisement et la promotion des pratiques agroécologiques est le meilleur moyen de lutter contre le réchauffement climatique.
Ainsi, il faut développer la coopération internationale plutôt qu’apporter une aide internationale. Et une coopération qui ne passe pas seulement par les grandes institutions internationales et étatiques, mais par les collectivités locales et par les organisations de la société civile. C’est ce que le RIEH commence à faire avec ATEDD et qu’il compte bien développer.
En mettant en avant l’économie humaine, le RIEH affirme que tous les êtres humains, riches ou pauvres sont égaux en dignité. La dignité, c’est d’abord la capacité à agir soi-même pour vivre de façon plus humaine. Les populations du Kivu sont pauvres, mais elles sont décidées à agir elles-mêmes pour une vie plus prospère, à mobiliser leurs propres ressources pourtant si faibles, à commencer par leur travail, à transformer aussi leurs propres comportements.
La transition juste n’est pas celle où les riches paient pour les pauvres, mais celle où les pauvres ont, ou plutôt prennent, le pouvoir d’être les acteurs de la transition.
Michel Tissier
Secrétaire executif du RIEH
06/11/2022
Among the issues at stake at COP 27 in Cairo is the demand for transfers of funds from rich to poor countries. They are talking about hundreds of billions that should be transferred from one country to another. And the responsibility of the countries that are the biggest emitters of greenhouse gases is being put forward.
This responsibility is established, but is the solution to be found in setting up global funds distributed to states or financing major projects "in favour" of the dominated countries?
Our experience with Territorial Action for Sustainable Development in Kivu is that no action is possible and effective without the active participation of the populations concerned. In the intervention zone, many projects have been carried out with international funding for reforestation. None of them has had a lasting effect. Because the causes of deforestation and erosion are closely linked to the living conditions of the inhabitants. Because the success of reforestation requires the active involvement of all.
It is therefore necessary that the populations concerned, territory by territory, with all the strengths (and obstacles) that make them up, define their own action plan and are able to implement it themselves.
For this to happen, we need not only funding, but also and firstly strenthening the collective capacity to organise themselves. Skills are needed to master the technical changes to be made in the way energy is produced and used, to transform agricultural practices by combining agro-ecology with an increase in farmers' income.
It is true that funding is needed, but it must be directed towards community-driven actions and not for large projects conceived from afar and which are subject to multiple diversions. ATEDD has implemented this mode of financing as close as possible to the needs. It is this modality that must be multiplied.
In addition, everything must be done to ensure that the funding for the ecological transition comes from the territories themselves as quickly as possible and no longer depends on external aid. This self-financing capacity depends on the overall development of these territories. It is therefore not a question of directing funding solely to climate change, but of adopting trade rules at the international level that allow threatened countries to fund themselves from their own resources and their work. Guaranteeing Kivu producers that the coffee they produce will be bought at a price that allows them to make a decent living and finance schools, health centres, reforestation and the promotion of agro-ecological practices is the best way to fight global warming.
Thus, international cooperation should be developed rather than international aid. And a cooperation that does not only go through the big international and state institutions, but through local authorities and civil society organisations. This is what the RIEH is doing with ATEDD and that it intends to develop.
By emphasising human economy, the RIEH affirms that all human beings, rich or poor, are equal in dignity. Dignity is first and foremost the ability to act oneself to live in a more human way. The people of Kivu are poor, but they are determined to act themselves for a more prosperous life, to mobilise their own resources, however weak they may be, starting with their work, and to transform their own behaviour.
The just transition is not one where the rich pay for the poor, but one where the poor have, or rather take, the power to be the actors of the transition.
Michel Tissier
06/11/2022
Entre los temas que están en juego en la COP 27 de El Cairo está la demanda de transferencias de fondos de los países ricos a los pobres. Se habla de cientos de miles de millones que deberían ser transferidos de un país a otro. Y se plantea la responsabilidad de los países que son los mayores emisores de gases de efecto invernadero.
Esta responsabilidad, en efecto, es clara, pero ¿la solución pasa por la creación de fondos globales distribuidos a los Estados o por la financiación de grandes proyectos "a favor" de los países dominados?
Nuestra experiencia con la Acción Territorial para el Desarrollo Sostenible en Kivu es que ninguna acción es posible y eficaz sin la participación activa de las poblaciones afectadas. En la zona de intervención se han llevado a cabo numerosos proyectos de reforestación con financiación internacional. Ninguno de ellos ha tenido un efecto duradero. Porque las causas de la deforestación y la erosión están estrechamente relacionadas con las condiciones de vida de los habitantes. Porque el éxito de la reforestación requiere la participación activa de todos.
Por lo tanto, es necesario que las poblaciones afectadas, territorio por territorio, con todos los puntos fuertes (y obstáculos) que las componen, definan su propio plan de acción y sean capaces de aplicarlo por sí mismas.
Para ello, no sólo necesitamos financiación, sino también y en primer lugar reformzamiento de la capacidad colectiva para organizarse. Se necesitan competencias para dominar los cambios técnicos que hay que introducir en la forma de producir y utilizar la energía, para transformar las prácticas agrícolas combinando la agroecología con un aumento de los ingresos de los agricultores.
Es cierto que la financiación es necesaria, pero debe dirigirse a acciones impulsadas por la comunidad y no a grandes proyectos concebidos desde lejos y que son objeto de múltiples desviaciones. La ATEDD ha permitido aplicar esta modalidad de financiación lo más cerca posible de las necesidades. Es esta modalidad la que debe multiplicarse.
Además, hay que hacer todo lo posible para que la financiación de la transición ecológica provenga de los propios territorios lo antes posible y deje de depender de la ayuda exterior. Esta capacidad de autofinanciación depende del desarrollo global de estos territorios. Por lo tanto, no se trata de dirigir la financiación únicamente al cambio climático, sino de adoptar normas comerciales a nivel internacional que permitan a los países amenazados aprovechar al máximo sus recursos y su trabajo. Garantizar a los productores de Kivu que el café que producen se comprará a un precio que les permita ganarse la vida dignamente y financiar escuelas, centros de salud, reforestación y promoción de prácticas agroecológicas es la mejor manera de luchar contra el calentamiento global.
Por lo tanto, hay que desarrollar la cooperación internacional en lugar de la ayuda internacional. Y una cooperación que no pasa sólo por las grandes instituciones internacionales y estatales, sino por las autoridades locales y las organizaciones de la sociedad civil. Esto es lo que el RIEH está empezando a hacer con ATEDD y que pretende desarrollar.
Al hacer hincapié en la economía humana, la RIEH afirma que todos los seres humanos, ricos o pobres, son iguales en dignidad. La dignidad es, ante todo, la capacidad de actuar uno mismo para vivir de una manera más humana. Los habitantes de Kivu son pobres, pero están decididos a actuar por sí mismos para tener una vida más próspera, a movilizar sus propios recursos, por débiles que sean, empezando por su trabajo, y a transformar su propio comportamiento.
La transición justa no es aquella en la que los ricos pagan por los pobres, sino aquella en la que los pobres tienen, o más bien toman, el poder de ser los actores de la transición.
Michel Tissier
06/11/2022
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A l’occasion de la réunion de la COP 27 au Caire, trois représentants des églises chrétiennes de France, catholique, protestante et orthodoxe ont communiqué au Président de la République une « adresse œcuménique » où ils expriment des positions que le Réseau international pour une Economie humaine fait tout à fait siennes.
En effet, le texte souligne que les changements à opérer pour que la terre reste habitable, la fameuse « transition », n’appelle pas seulement un ensemble de mesures techniques, mais une conversion, à la fois personnelle et collective, à la sobriété.
Cette dernière n’est donc pas une contrainte, imposée par les circonstances et qu’on voudrait passagère. C’est l’opposé de la démesure, de « l’hubris » qui fixe comme objectif et comme règle d’accumuler toujours davantage de biens et de pouvoir, sans prendre en compte la finalité de la vie de chaque personne humaine, de chaque société et de l’humanité toute entière.
Cette finalité, c’est ce qui constitue pour chacun personnellement et pour nous tous collectivement l’essentiel, ce pour quoi il vaut la peine de vivre et de mourir. Les définitions de ce qu’est l’essentiel varient selon les cultures et selon la vision et l’histoire personnelles. Et cette diversité doit être respectée. L’essentiel est dans la quête jamais achevée de ce qui est Vrai, Beau et Bien. Mais il n’est pas dans l’accumulation sans fin de l’argent, des biens et du pouvoir. Il n’est pas dans le gonflement de l’ego, personnel, tribal ou national mais dans la relation et la coopération. Pas dans l’exploitation de la nature, mais dans notre capacité à danser avec elle.
L’adresse fait une référence à l’« application d’indicateurs de prospérité et de bien-être alternatifs qui prennent en compte l’intégralité des conditions économiques, sociales et écologiques ». Définir ces indicateurs et agir pour leur évolution positive, voilà un beau programme pour les groupes locaux du RIEH, pour ses coordinations continentales et pour le réseau international dans son ensemble.
En s’exprimant ainsi, les responsables chrétiens français ne parlent pas pour leur chapelle, mais pour tout le genre humain. Le site du RIEH accueillera volontiers des expressions issues d’autres confessions, d’autres convictions et d’autres cultures. La conversion à laquelle appelle ce texte doit être celle de tous les citoyens de toutes les nations, dans leur pluriversalité. Qu’elle soit la plus profonde et la plus large possible est une condition pour que les chefs d’Etat prennent ensemble les bonnes décisions.
« Nous craignons qu’au-delà d’une écologie reposant avant tout sur une approche technique, ces premiers pas ne prennent pas le chemin d’un véritable et nécessaire changement de paradigme, d’une mutation culturelle qui changerait notre rapport utilitaire à la nature, notre définition économiciste du progrès et notre compréhension matérialiste du bien-vivre.
L’enjeu est plus profond. Pour que l’influence aujourd’hui première de l'être humain sur son environnement, notamment sur le climat et la biosphère, puisse contribuer à préserver une Terre habitable, pour respecter l’accord de Paris et son objectif de rester sous les 1,5°C de réchauffement, pour arrêter la sixième extinction de masse des espèces, une vraie « conversion » écologique est requise.
Si ce mot vient de l’Évangile, vous en saisirez l’esprit, qui parle à tous : changer de regard, retourner l’être, transformer le système et les modes de vie. S’il serait absurde de se priver de l’intelligence et de l’efficacité, il serait tout aussi vain de rester sourd au rappel à la finitude que nous adresse la nature avec le dépassement des limites planétaires. Nous devons embrasser la révolution de la sobriété.
Le Pape François, pour sa part, défend que « l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance »1. Le Conseil œcuménique des Églises, rassemblant plus de 580 millions de protestants, d’orthodoxes, d’anglicans et d’autres Églises au niveau mondial, appelle, de son côté, à l’« application d’indicateurs de prospérité et de bien-être alternatifs, qui prennent en compte l’intégralité des conditions économiques, sociales et écologiques »2 .
Nous vous appelons à promouvoir la sobriété, non comme une pause exigée par le contexte géopolitique et une tension sur les ressources, mais comme une vision et une partie intégrale de la conversion, au visage vertueux, bénéfique et désirable.
La sobriété est promesse de nouvelles abondances. En inventant, dans un mouvement libre, des formes de frugalité choisies, responsables et solidaires, qui commencent avec ceux dont l’empreinte écologique est la plus lourde, nous trouverons un enthousiasme fécond. Car savoir jouir des choses simples, ralentir, partager, rendre des espaces, du silence et la nuit aux plantes et aux animaux, en cela résident plus de créativité, plus de liens, plus de profondeur, plus de gratitude, plus de vivants, plus de beauté, et au total, plus de joie. La modération n’est pas l’autre nom de la frustration, mais la chance de nouveaux épanouissements.
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1 Pape François, Encyclique Laudato Si’, paragraphe 193, 2015.
2 Conseil œcuménique des Églises, The Living Planet: Seeking a Just and Sustainable Community, 2022
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Yves Berthelot a été invité début octobre au Centre culturel italien à Paris à la présentation d’un livre rassemblant les écrits de Giorgio Sebregondi, un des penseurs et animateur du Développement du Mezzogiorno dans le cadre de la Svimez, contraction de Sviluppo (développement) et Mezzogiorno. Il y avait Filiberto Sebregondi, fils de Giorgio et Giuseppe De Rita, 90 ans, qui avait travaillé à la Svimez avec Sebregondi et rencontré Louis-Joseph Lebret.
Dans son intervention, Yves écrit notamment :
Après sa venue en 1953 au couvent de La Tourrette, siège d’Économie et Humanisme, Giorgio Sebregondi publie en 1954 dans la revue Économie et Humanisme un article intitulé « Le développement harmonisé, note pour une théorie » où il apporte de nombreux éléments qui enrichiront la pensée de Lebret et qui apparaîtront dans ses publications ultérieures, notamment dans « Dynamique concrète du développement (1961) » où le développement authentique est caractérisé par les qualificatifs continu, auto-entretenu, indivisible, homogène et cohérent,
1. Continu car le développement ce n’est pas « l’obtention d’un niveau déterminé » mais « la série indéfinie des niveaux successifs »
2. Indivisible, c’est-à-dire que « le développement d’un ensemble ne peut être séparé du développement, au moins potentiel, de ses membres »
3. Auto-entretenu, car un développement continu « oblige à reconnaître l’existence d’un principe vital interne apte à engendrer le processus même du développement » de l’individu, de l’entreprise ou du pays qui se développe. Sebregondi précise, à propos des investissements, qu’ « il ne faut pas viser exclusivement les investissements en bonification des sols, routes, aéroports, énergie électrique, usines, équipements » et leurs prolongements d’ordre commercial, financier et fiscal, mais les combiner avec la formation des dirigeants et cadres politiques administratifs et professionnels, avec la transformation des habitudes et des incitations sociales au travail, au gain, à l’épargne, … Il écrit ailleurs « le passage à opérer dans les pays sous-développés, n’est pas celui d’une technique à une autre mais d’un changement de stade de civilisation à une autre ».
Voir l’intégralité de l’intervention de Yves.
Lebret et Sebregondi, une pensée d’hier pour aujourd’hui
Yves Berthelot
Parler du dominicain Louis Joseph Lebret à l’occasion de la présentation du livre de Giorgio Sebregundi sur le Développement de la société italienne est pertinent tant les réflexions de Lebret et de Sebregondi sur le développement se sont mutuellement enrichies et tant les deux hommes se sont appréciés.
Comme l’écrit Giovani Farese à propos de la première visite de Sebregondi à Lebret en 1953 « L’entente avec Lebret ne pouvait être qu’immédiate » et Lebret écrira en 1958 : « Nous voulons rappeler tout ce que nous devons, notamment en ce qui concerne la perception de la complexité et de l'interdépendance des phénomènes sociaux de développement, à notre regretté ami Giorgio Sebregondi ».
La vie de Lebret a été marquée par :
Son action pour les pêcheurs a abouti à une loi sur l’organisation corporative des pêches, adoptée en 1941, abolie à la libération et remise en vigueur en 1946.
De cette époque, Lebret a retenu une méthode : avant toute action, il faut comprendre les difficultés des gens et leurs attentes et pour cela les écouter, rechercher eux les causes de ces difficultés, bien connaître le contexte juridique, institutionnel et social dans lequel l’action serait menée, s’inspirer des solutions apportées à des problèmes semblables dans d’autres pays. Sur les pêches, il a visité six pays européens et l’Afrique du Nord. En passant, notons qu’échanger des expériences n’implique pas de copier ce qui s’est fait ailleurs mais de s’inspirer du cheminement qui a conduit à ces expériences et l’adapter.
Son expérience avec les pêcheurs et sa lecture de Marx incitent Lebret à s’intéresser, au développement des communautés ou des sociétés. Avec des intellectuels catholiques qui partagent ses préoccupations, Il crée, en 1941, Économie et Humanisme avec pour objectif de réfléchir aux fondations d’une économie humaine conforme à l’éthique du christianisme et implicitement de faire évoluer la doctrine sociale de l’Eglise qu’il jugeait trop figée.
En 1950, Il publie un article dans la Revue Économique où il définit l’économie humaine comme une discipline de recherche et d’action pour le passage de structures encore inhumaines à des structures plus favorables à l’épanouissement universel des hommes.
L’économie humaine :
1. Est une économie ordonnée à la satisfaction des besoins humains, ce qui l’oppose à une économie du profit : besoins essentiels indispensables à la vie et à la santé ; besoins de dépassement qui donnent à la vie sa raison d’être (besoins d’admirer, de créer, d’inventer, de communier avec ses semblables), besoins de conforts qui sont couverts par les offres l’économie de marché. Les limites entre ces catégories évoluent (par exemple le portable)
2. A une structure communautaire composée d’organismes professionnels ou territoriaux, auxquels on ajouterait aujourd’hui les ONG, guidés par la recherche du bien commun, Elle est à même, pense Lebret, de résoudre le problème de la répartition équitable des tâches et des fruits
3. Est une économie harmonisée où les progrès humains marchent de pair pour éviter de graves déséquilibres entre progrès scientifique, technique, urbanistique, sanitaire culturel, moral, spirituel.
Après sa venue en 1953 au couvent de La Tourrette, siège d’Économie et Humanisme, Giorgio Sebregondi publie en 1954 dans la revue Économie et Humanisme un article intitulé « Le développement harmonisé, note pour une théorie » où il apporte de nombreux éléments qui enrichiront la pensée de Lebret et qui apparaitront dans ses publications ultérieures, notamment dans Dynamique concrète du développement (1961) où le développement authentique est caractérisé par les qualificatifs continu, auto-entretenu, indivisible, homogène et cohérent, qualificatifs inspirés de Sebregondi comme le constate Vitalis Anaehobi dans le numéro spécial du Journal of Global Ethics d’août 2021 consacré à Lebret :
1. Continu car le développement ce n’est pas « l’obtention d’un niveau déterminé » mais « la série indéfinie des niveaux successifs »
2. Indivisible, c’est-à-dire que « le développement d’un ensemble ne peut être séparé du développement, au moins potentiel, de ses membres »
3. Auto-entretenu, car un développement continu « oblige à reconnaître l’existence d’un principe vital interne apte à engendrer le processus même du développement » de l’individu, de l’entreprise ou du pays qui se développe. Sebregondi précise, à propos des investissements, qu’il ne faut pas « viser exclusivement les investissements en bonification des sols, routes, aéroports, énergie électrique, usines, équipements » et leurs prolongements d’ordre commercial, financier et fiscal, mais les combiner avec la formation des dirigeants et cadres politiques administratifs et professionnels, avec la transformation des habitudes et des incitations sociales au travail, au gain, à l’épargne, … Il écrit ailleurs « le passage à opérer dans les pays sous-développés, n’est pas celui d’une technique à une autre mais d’un changement de stade de civilisation à une autre.»
Il n’est pas étonnant que Lebret ait été incité par cet article et ses échanges avec Sebregondi, à lui demander en 1955 de contribuer à la formulation d’une théorie du développement intégral harmonisé. Celui-ci a décliné l’offre dans une longue lettre, de 31 pages, où il affirme que « l’on ne peut trouver dans la science économique, dans la sociologie, dans les doctrines politiques, dans le droit, ni dans les conceptions philosophiques de l’homme et de la société, de fondements suffisamment surs pour permettre ces jugements et ces synthèses qui seuls peuvent conduire à une théorie générale ».
La lettre qui se termine par des recommandations sur ce qu’Économie et humanisme devrait faire : être le promoteur de la démocratie directe, choisir et hiérarchiser les besoins humains et proposer les moyens concrets de les satisfaire. Signe de la sagesse de Lebret, il a bien pris cette rebuffade et a suivis ces conseils.
Économie et Humanisme a continué d’échanger avec Sebregondi et l’équipe de la SVIMEZ. Lebret s’est consacré au développement des pays en développement, a conseillé de nombreux gouvernements et chefs d’États, participé à l’élaboration de nombreux plans de développement. Mais, sans doute le plus important, il a grandement influencé la pensée de l’Eglise sur le développement.
Son amitié avec le cardinal Montini l’a rendu acceptable au Vatican qu’il a représenté dans différentes instances onusiennes, notamment la CNUCED où son intervention au nom de la délégation du Saint Siège lui a valu une ovation. Il rappelle que le développement est « indivisible » et que « le progrès doit s’effectuer pour chaque catégorie de la population et sous tous les aspects » et qu’il « ne peut avoir pour objet premier que l’élévation humaine des populations ». Il y invite à la solidarité et affirme que « les privilégiés n’ont rien qui ne doive contribuer à l’instauration du bien commun.» Surtout, Lebret est l’auteur des premières versions de l’encyclique Populorum Progressio. On y retrouve des exhortations à être plus plutôt qu’à avoir plus.
La pensée de Lebret est aujourd’hui promue et mise en œuvre par le Réseau international pour une économie humaine, RIEH, qui rassemble sur les 4 continents des universitaires et des hommes de terrain et des associations.
Pour conclure. Alors que nous prenons conscience que les ressources matérielles de notre planète sont finies et que des sociétés trop inégalitaires sont instables, Lebret et Sebregondi, qui ont mûri leur pensée dans les années 1950, nous ont laissé des écrits, des analyses et des recommandations pour concevoir un développement durable aujourd’hui.
Fondamentalement l’idée qu’il faut répondre aux besoins de tout l’homme et de tous les hommes, besoins essentiels et besoin de dépassement de soi et non pas maintenir un système économique qui les incite à vouloir toujours plus. La question qui se pose à nous est qu’auraient proposé Lebret et Sebregondi et s’inspirer des réponses pour éradiquer la pauvreté et faire vivre notre planète,
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Notre correspondant Andrew Robert Cummings, du groupe RIEH d'El Salvador appelle à protester contre la répression que subissent les Iraniennes et les Iraniens qui manifestent après la mort en détention de Mahsa Amini.
Il dénonce particulièrement les violences subies par les étudiants de l'Université Sharif de Téhéran. Il relaie un appel de Paul Massaro, un universitaire comme lui.
Tous les membres du RIEH partagent son indignation et rejoignent chacun dans son pays les manifestations de soutien.
Pour en savoir plus, lien à suivre : https://twitter.com/AndrewRCummings/status/1576728744836071426?t=UHRgLZ_IENnn8e3eybAkMQ&s=08
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Le superviseur Delphin, explique les objectifs de l'activité :
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Les participants se répartissent dans les groupes thématiques :
- 3 -
Présentation du résultats des travaux et validation par les participants :
Thème traité : LES RIVIERES ET LES EROSIONS AVEC NOS FAMILLES (Mito na miporomoka pamoja na jamii).
Message clés :
- Les ordures ménagères,
- Transformer les rivières en fosses septiques,
- Les résidus de nos productions champêtres (Bihirigisi…).
- Respect de la distance entre les champs et les rivières,
- Planter les arbres agroforestiers sur le bord des rivières.
- pour diminuer la pression de l’eau et le glissement de nos terres.
- Les déchets biodégradables produisent le charbon vert,
- Les déchets non biodégradables produisent des pavés,
- Les ordures ménagères produisent des composts et l’alimentation pour les animaux domestiques.
- Pour entretenir nos rivières,
- Faire le curage de nos rivières.
Thème traité : REBOISEMENT ET ENERGIES RENOUVELABLES
Message clés :
- « je coupe un arbre, j’en plante 10 »
Thématique traitée : AGRICULTURE
Message clés :
Moyens de transmission de ces messages
- Sonorisation (Mégaphone, Baffle moderne, piles)
- Médias (Emission radio diffusée)
- Les églises
- Les AVEC
- Troupe théâtrale
- Calicots
- Dépliants
- Aux marchés et les endroits « chauds » du village
- Pancartes
- Tee-shirts
Les participants ont largement encouragés et félicités l’approche communautaire que le projet ATEDD utilise en la faisant participer à toutes les étapes du projet.
A également été salué le respect de la promesse donnée lors de la la dernière réunion, d’ appuyer les structures engagées dans le reboisement, l’agriculture et le curage des rivières.
Ils demandent également à ATEDD de continuer à soutenir leur effort en matérialisant l’appui aux structures qui s’engagent dans la sensibilisation. Cela pour permettre à la communauté de bien entendre et comprendre les messages liés à ces quatre problématiques que sont : l’ érosion, les rivières, l’agriculture et le reboisement.
Fait à Minova, le 29/09/2022
Pour ATEDD KIVU, Delphin BAENI
Superviseur Axe Minova-Bweremana
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Sa première visite a été pour le projet Charbon vert à Minova. La reine SAFI SANGARA BOMBOKO DE BUZI appelée Mwami Kazi a félicité les initiateurs de ce projet : RIEH et la Fondation Matendo. Elle les remercie de guider ces jeunes dans une démarche socio-économique et de les encadrer pour l’assainissement de leur environnement et la réduction du déboisement.
Son discours plein d’éloquence a témoigné sa détermination à accompagner ces jeunes dans la recherche d’autres partenaires, l’acquisition d’une parcelle de Minova pour installer leur atelier de production mais aussi à encourager d’autres jeunes présents à les rejoindre dans leur action. S’adressant directement aux jeunes, elle a ajouté que cette activité va plus loin qu’une simple contribution locale de terrain, elle vise à l’encadrement de la jeunesse du territoire. D’ailleurs, depuis que le projet existe, on a pu constater une réduction sensible des vols de biens, du banditisme des jeunes et de la consommation abusive d’alcool.
Visite chez les jeunes entrepreneurs dans la fabrication du Charbon vert à Minova
En parlant aux élèves du Complexe Scolaire Matendo, elle a insisté sur l’importance de l’utilisation du charbon vert par les ménages et le reboisement des collines déjà nues dans le groupement Buzi. C’est pourquoi la formule : « un enfant de l’école, un arbre » prend tout son sens : « Il faut reboiser nos collines par des arbres agroforestiers et ATEDD offre une solution à ce problème à travers son appui technique et ses conseils ».
Visite de Mwami Kazi au complexe scolaire Matendo, devant un auditoire d’enfants attentifs
Puis, nous nous sommes rendus sur un deuxième site, visiter l’entreprise DJDR, une pépinière durable soutenu par ATEDD dans le village de Minova. Le Coordinateur de la structure M. ISHARA BONGELI a félicité l’approche ATEDD dont les actions enthousiasment la population.
Il a raconté qu’il avait participé deux fois aux activités qu’organisaient ATEDD dans le village de Minova sur les problèmes de l’érosion, des rivières, de l’agriculture et du déboisement. Il a pris conscience que si des actions de reboisement n’étaient pas menées sur nos collines, nos champs, notre village risquent de disparaitre un jour : « Je suis plus à même de juger pour prendre un engagement avant de mettre en place un chantier de reboisement ou une pépinière durable. » dit le coordinateur ISHARA qui poursuit en disant que l’appui d’ATEDD nous facilite le travail avec la communauté et les concessionnaires car une identification des bénéficiaires de ces plantules est en cours ainsi que leur achat.
Visite de Mwami Kazi : rencontre à la pépinière durable de Minova
Cette explication a attiré la curiosité de La Mwami Kazi du groupement de Buzi qui a félicité le consortium ATEDD de son approche communautaire et sa détermination à accompagner les structures qui s’engagent dans l’exécution des activités concernant le reboisement, les rivières, l’agriculture et les érosions. Selon Mwami Kazi, elle suit de loin comme de près les actions d’ATEDD et que même si le projet prend fin, elle est consciente qu’il est nécessaire pour elle de s’engager à suivre les structures qui se sont engagées pour la pérennisation de ces activités.
« Je suis prête à chercher d’autres partenaires qui peuvent appuyer ATEDD car c’est une organisation modèle dans notre groupement qui travaille sur les problèmes des rivières, de l’érosion, d’une agriculture restauratrice et le reboisement à travers les fiches d’engagement ».
Fait à Minova, le 01/10/2022
Delphin BAENI, superviseur ATEDD
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Bernard,
Par quoi commencer et comment articuler un propos tant l’émotion nous emporte ?
La rencontre avec toi a été une quête de sens sur l’humain et au-delà de l’humain, et ce depuis le premier jour.
En juillet 1979, alors que je suivais un parcours au Centre de Formation pour le Développement avant de "partir en coopération" comme on le disait à l’époque, un intervenant à l’enthousiasme communicatif se présentant comme Ingénieur-Conseil nous exposait la portée de concepts considérés alors comme étranges tel que l’autopromotion ou que les cultures de contre-saison pouvaient animer et faire vivre la paysannerie africaine.
Déjà Bernard donnait à réfléchir sur le sens d’une démarche de volontariat.
A cette même session de formation, un grand échalas maigrichon était aussi présent, Mamadou Cissokho dont nous savons la présence et la pensée avec nous aujourd’hui.
En 1984, alors que je représentais un partenaire financier, je retrouvais Bernard … et Cissokho pour les concertations de bailleurs des 6S. Bernard nous exhortait alors de ses convictions :
Vous les bailleurs, n’intervenez pas, laissez-nous faire ! Et surtout… Laissez-les paysans faire car ils savent ce qu’ils font !
Là encore Bernard partageait avec force le sens qu’il portait sur les dynamiques paysannes qui émergeaient alors au Sahel.
Et puis, j’ai voulu en savoir plus, j’avais repéré que nous étions originaire de la même région laborieuse du Nord de la France, mais son parcours alors parfaitement atypique, ne manquait pas d’intriguer.
Bernard m’a alors dit : J’ai fait une rencontre qui a bouleversé ma vie et donné du sens à mon action : il s’agit du Père Dominicain Louis-Joseph Lebret, inspirateur de l’approche et de la pensée de l’Economie Humaine et rédacteur principal de l’Encyclique Populorum Progressio, qui a donné de la puissance à la doctrine sociale de l’Eglise après le Concile Vatican 2.
Bernard avait travaillé aux côtés du Père Lebret au Sénégal sur les questions de planification. Bien que n’étant pas de la génération de Bernard, j’avais lu quelques textes de Lebret et ces références me parlaient aussi.
Bernard témoignait ainsi de manière très concrète que des choix fondamentaux de Vie trouvent leur sens dans des références humaines fortes.
Dès lors, j’ai décidé de suivre, à ma façon et en y emmenant ma famille, une voie qui s’est aussi inspirée de celle de Bernard, les hasards de la Vie nous ont aussi amenés en 1989 à Bonneville où nous nous sommes installés. Tu as même été le baby-sitter diurne de notre dernier fils !
Comme pour de nombreuses personnes présentes aujourd’hui, tu as été Bernard un livre ouvert exprimant tes convictions, les mettant en débat et nous partageant tous tes contacts. Dans mes fonctions actuelles de responsabilité au service de l’investissement solidaire vers les pays du Sud, que tu m’as encouragé à prendre, c’est cette même quête de sens inspiré de ces convictions partagées qui trace les décisions institutionnelles que je dois prendre. Merci d’avoir été là, toujours présent lors de nos échanges périodiques.
Enfin, et avec un petit sourire, c’est aussi par ton inspiration que j’ai accepté de prendre la suite du Centre Lebret qui est aujourd’hui le Réseau International d’Economie Humaine.
Bernard, tu es vivant en nous pour très très longtemps, la trace que tu laisses est incomparable.
Parmi tant d’autres, celle à laquelle tu t’es attelée ces dernières années, tel un moine-copiste, de systématiser la parole paysanne n’est pas des moindres et laisse une matière précieuse pour la poursuite de l’action.
Merci pour tout cher Bernard.
Dominique LESAFFRE, 11 août 2022
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Willyfred arbore fièrement le gilet ATEDD
Les jeunes y mettent toute leur ardeur.
Le livre des Chemins vers l'Economie humaine est mis à l'honneur par les jeunes.
En entendant l’appel à la mobilisation communautaire et connaissant l’expérience des jeunes de Minova engagés pour la production de charbon vert, ils sont venus d’eux-mêmes me trouver pour dire qu’ils veulent eux aussi s’organiser en groupe local du RIEH et développer des activités qui leur permettent d’avoir des revenus tout en étant utiles à la communauté. Je les ai encouragés et leur ai prêté le livre Chemins d’économie humaine.
Et lors de ma dernière visite sur place, ils m’ont invité à les retrouver près de la rivière Mweya, une de celles dont les crues causent souvent d’importants dégâts. A mon arrivée je trouve un groupe d’une vingtaine de jeunes en train de nettoyer une partie du cours de la rivière et d’en élargir le cours.
Ils ont pris d’eux-mêmes l’initiative de mener ce travail en apportant les outils dont ils disposent (les houes) et en en empruntant d’autres (des pelles). Ils me disent qu’ils sont prêts à faire ce travail régulièrement, mais qu’ils ont besoin d’outils car il leur faut aussi des pioches et des barres à mine. Et quand les outils qu’ils ont empruntés s’abîment, ils doivent payer les réparations. Ils ont donc besoin qu’ATEDD leur apporte ces moyens.
On voit que les besoins sont modestes. Ce ne sont pas des engins de chantier. Mais ces derniers coûtent cher et même si on fait venir un tel engin et que la rivière n’est pas ensuite régulièrement nettoyée, les inondations recommenceront. C’est ce qui fonde la démarche d’ATEDD et de l’économie humaine : la mobilisation de la population directement concernée est indispensable pour que le problème soit résolu. D’où l’importance que cette mobilisation soit organisée et durable et c’est pourquoi la mise en place d’un groupe local est à encourager. Ils me demandent ce qu’est l’économie humaine et je leur réponds que c’est ce qu’ils sont en train de faire : refuser de subir les situations indignes de l’être humain, décider d’agir ensemble pour que ces situations changent, développer ses compétences pour agir efficacement (ils ont besoin de conseils pour que les travaux qu’ils mènent soient vraiment utiles).
Au-delà de cette action pour entretenir la rivière, c’est aussi leur projet, tel qu’ils l’expriment : " nous sommes des jeunes et nous voulons nous en sortir sans tomber dans les dérives de l’alcool, de la délinquance, des groupes armés. Pour cela nous allons développer des activités qui dégagent des revenus. Ils sont particulièrement intéressés pour apprendre à produire les briquettes de charbon vert à partir des déchets végétaux." Et je leur dis que l’économie humaine c’est d’entreprendre ces activités en veillant à ce qu’elles ne se développent pas au détriment d’autrui mais servent au bien commun.
Ma foi, cette définition semble les satisfaire et les motiver pour s’engager. La photo finale montre cet enthousiasme. L’un d’entre eux montre le livre qu’ils veulent étudier et commenter.
L’objectif d’ATEDD en s’appuyant sur l’action pilote menée dans des localités comme Bweremana, ait que se mette en place une organisation durable pour que les problèmes des rivières, de la déforestation et de l’agriculture soient traités afin que la population puisse continuer à vivre dans cette zone menacée et améliore ses conditions de vie. Une organisation locale qui sache mobiliser les ressources venant de la Province et de l’Etat ainsi que de l’aide internationale.
Et la meilleure organisation ne peut durer et être efficace que si elle est animée et inspirée. Cette inspiration est celle de l’économie humaine. Espérons que ce groupe devienne à son tour un membre actif du réseau, capable d’en entraîner d’autres.
Michel Tissier, Goma, le 18 juin 2022
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Présentation du PAC à Minova :
Crédit video :
Tito chomachoma
Le lieu est important. La chefferie est l’institution de base de l’organisation sociale et politique dans la région, jouissant d’une forte légitimité et autorité morale auprès de la population. Son chef, le Mwami, est un personnage respecté et influent. Le bâtiment de la chefferie des Bahunde est bien construit, sur une petite hauteur à l’entrée du bourg central quand on arrive de Goma. Il en impose dans un paysage où beaucoup de maisons ne sont pas toujours achevées ou ne peuvent pas être bien entretenues.
C’est une forme importante de reconnaissance pour ATEDD que cette grande salle de réunion avec les photos à la fois du Président de la République et des Mwamis qui se sont succédé depuis un siècle ait été mise à sa disposition. Les invitations ont été adressées par le Président du Comité Local Paix et Développement (CLPD) qui est une instance officiellement chargée d’assister le Mwami pour toute la politique de développement et de sécurité de la Chefferie. Elles ont visé une cinquantaine de personnes qui sont toutes des leaders de la communauté et même très certainement les leaders communautaires. Et presque toutes sont là un mercredi matin, de 10h à midi, alors qu’elles ont beaucoup d’occupations.
A la tribune le Président du CLPD, le chef de Groupement, instance administrative et coutumière qui compose la chefferie et comprend Bweremana, le secrétaire de la Chefferie qui représente le Mwami, ainsi que votre serviteur qui représente le Consortium à l’origine d’ATEDD et, de fait, le bailleur. La réunion commence et se conclut par le chant de l’hymne national.
Dans le message lu au nom du Mwami, celui -ci déclare que cette réunion « est d’une grande importance pour nous, car les enseignements dispensés vont aider la communauté pour son propre développement car les éboulements et érosions ont déjà fait beaucoup de victimes. Par exemple la mort d’hommes, la destruction des plantes, d’habitations, des routes des églises, écoles, centres de santé,…
En sa qualité de mère de développement en son sein, la Chefferie qui s’est toujours donné corps et âme pour chercher la paix et le développement de ses administrés promet d’accompagner cette initiative afin d’atténuer les souffrances de la communauté.
Je demande aux participants de s’approprier ce projet et de faire une large diffusion auprès de tous les paysans.
Je demande également à RIEH et ATEDD de continuer à soutenir la population par des conseils et techniques relatifs aux difficultés que traversent nos administrés ».
L’objectif de la réunion est de présenter le Plan d’action communautaire (PAC) élaboré suite à une enquête faire auprès de 100 ménages de Bweremana (400 pour les 4 villages) [2] et un Diagnostic participatif [3] mené avec la population.
Ce plan d’action porte sur les trois secteurs retenus par ATEDD : la prévention des risques d’inondations et de glissements de terrain, le reboisement, l’agriculture pour qu’elle soit plus rémunératrice et restauratrice.[4]
Ce PAC comprend plusieurs types d’actions : les études techniques, la planification, la sensibilisation de la population, la formation, les chantiers à conduire, le renforcement des organisations, le pilotage et le suivi, les plaidoyers pour faire évoluer le cadre réglementaire ou pour obtenir des financements.
L’essentiel, et c’est là une étape décisive pour ATEDD, c’est que ce plan n’est désormais plus celui du projet, mais celui de la communauté, soutenu temporairement par les financements qu’apporte le projet et durablement par les organisations membres du Consortium et par les groupes locaux du RIEH.
En effet pour chacune des actions sont citées les organisations communautaires qui sont responsables de les mener et les ressources qui peuvent être mobilisées. Et ATEDD figure parmi ces ressources. Et comme il a été dit et comme il a été visiblement compris ATEDD en tant que projet ne mènera seul aucune action. Ce sont des organisations de la communauté qui les mèneront avec l’appui d’ATEDD.
Pour concrétiser cette démarche il a été présenté un acte d’engagement qui implique une organisation communautaire, la chefferie, le CLPD et qui mentionne les moyens apportés par ATEDD. Le cas échéant une autre organisation intervenant sur la zone peut être associée [5].
Et d’ores et déjà au cours même de la réunion des organisations présentes se sont engagées à mener des actions de sensibilisation, à organiser des formations ou à mener des travaux.
Il faut maintenant entretenir cette dynamique. Ce sera à Bweremana le rôle de Delphin, un enfant du pays, membre de l’équipe projet présent en permanence à Bweremana et Minova, des animateurs locaux qu’ATEDD indemnise et encadre et de toute l’équipe projet conduite par Jean-Louis.
Cette réunion est un tournant, celui où ATEDD innove par rapport aux projets menés par des ONG qui viennent et se retirent. ATEDD, gardons le nom, n’est déjà plus le projet d’un Consortium, mais bien l’Action territoriale pour un Développement durable, prise en charge par la communauté, en incluant dans ce terme la population, les autorités locales et les organisations de la société civile.
Symboliquement, au nom du Consortium, je me suis tourné vers le Président du CLPD pour lui dire : nous vous confions les rênes d’ATEDD. J’ai aussi répondu aux organisations présentes désireuses de devenir parties prenantes d’ATEDD au même titre que les organisations du Consortium qu’elles avaient toute leur place, non pas dans le Consortium du projet, qui doit rester limité, mais dans le pilotage d’ATEDD.
Une réunion analogue s'est tenue à Minova et Kinesire. Une autre est prévue à Bushushu.
Michel Tissier, Minova, 17/06/2022
[1] Le mot « village » est celui qui est employé à la fois dans le vocabulaire administratif et dans le langage courant pour désigner une localité qui compte environ 20000 habitants, répartis entre un bourg central et un grand nombre de hameaux sur une surface de 40 km2
[2] Voir sur le site www.rieh.org l’article consacré à cette enquête
[3] Voir sur le site www.rieh.org l’article consacré à ce diagnostic participatif
[4] Voir sur le site www.rieh.org l’article consacré au PAC
[5] Voir sur le site www.rieh.org le formulaire d’engagement 1/en français 2/en swahili
Menstrual Hygiene day, 28th May 2022
In commemoration of this years’ menstrual hygiene day, TeenAlive, Nkwenti’s Foundation, DIDA clothing (INHE) and Girls on Heels celebrated the day at Big Mankon and Mile IV respectively.
This event was marked by advocacy on menstrual hygiene under the theme “To create a world where no one is held back because they menstruate by the year 2030.
"Créer un monde où personne n'est pénalisé par ses menstruations et ce avant 2030".
Cette année, pour commémorer la journée sur l'hygiène menstruelle, TeenAlive, la Fondation Nkwenti, DIDA clothing (INHE) et Girls on Heels ont célébré cette journée officiellement à Big Mankon et Mile IV.
Cet événement a été marqué par un plaidoyer sur l'hygiène menstruelle sous le thème "Créer un monde où personne n'est pénalisé parce qu'il a ses règles et ce, avant 2030".
Our goal is that by 2030, all young girls should be able to manage their cycle confidently without issues while going about their daily activities.
In a capacity building workshop that took place at Big Mankon and Mile IV Nkwen respectively, Ms. Ngonga Linda of TeenAlive Bemenda reached out to about 42 adolescent and university girls and boys.
After exchanges with them on menstruation, that is, their impression and challenges, Ms Ngonga explained that menstruation is a sign of maturity and a pointer to motherhood hence young girls should be proud, feel happy and be in control of their period.
Her focus was on reusable sanitary towels. She demonstrated how to manage reusable sanitary towels while maintaining proper hygiene before, during and after menstruation. She equally highlighted the advantages of reusable sanitary towels over the regular synthetic pads. Reusable sanitary towels are cheaper, environmentally friendly and more comfortable and affordable.
Notre objectif est que d'ici 2030, toutes les jeunes filles puissent gérer leur cycle en toute confiance et sans problème, tout en vaquant à leurs occupations quotidiennes.
Lors d'un atelier de renforcement des capacités qui s'est déroulé respectivement à Big Mankon et Mile IV Nkwen, Mme Ngonga Linda de TeenAlive Bemenda a sensibilisé environ 42 adolescents et universitaires, filles et garçons.
Après avoir échangé avec eux sur les menstruations, c'est-à-dire en recueillant leurs impressions et leurs défis, Mme Ngonga a expliqué que les menstruations sont un signe de maturité et un indicateur de la maternité ; les jeunes filles devraient donc être fières, se sentir heureuses et contrôler leurs règles.
Elle a mis l'accent sur les serviettes hygiéniques réutilisables. Elle a montré comment utiliser des serviettes hygiéniques réutilisables tout en maintenant une hygiène correcte avant, pendant et après les menstruations. Elle a également souligné les avantages des serviettes hygiéniques réutilisables par rapport aux serviettes synthétiques ordinaires. Les serviettes hygiéniques réutilisables sont moins chères, plus écologiques, plus confortables et plus abordables.
After the talk, she gave room for questions and clarifications from the participants.
Après son exposé, elle a laissé la place aux questions et aux commentaires des participants.
She concluded by saying that the goal is that by 2030 all young girls should be able to go about positively during their period because they are able to manage their cycle properly with the use of reusable sanitary towels.
This exchange culminated with the sharing of some of these reusable sanitary towels and soap.
Elle a conclu en disant que l'objectif est que d'ici 2030, toutes les jeunes filles puissent se comporter de manière positive pendant leurs règles parce qu'elles sont capables de gérer correctement leur cycle grâce à l'utilisation de serviettes hygiéniques réutilisables.
Cet échange s'est terminé par le partage de certaines de ces serviettes hygiéniques réutilisables et de savon.
Later in the afternoon, Ngonga Linda joined Girls on Heels at Mile 4 Nkwen for a similar event at the Social Affairs Office. She met and had another exchange with about 65 girls and boys who are mostly internally displaced.
Plus tard dans l'après-midi, Ngonga Linda a rejoint Girls on Heels à Mile 4 Nkwen pour un événement similaire au bureau des affaires sociales. Elle a rencontré et eu un autre échange avec environ 65 filles et garçons qui sont pour la plupart des réfugiés à l'intérieur du pays.
Reiterating the use of reusable sanitary pads is very relevant at this material moment especially in our context since we are going through many hardships in the region. More so, it attempts to address the much talked about environmental degradation, which is becoming a call for concern. Hence, it was only germane that the International Network of the Human Economy Bamenda join the world to commemorate this day through an environmental perspective that is appropriate and within their context.
This serves as a call for society to contribute their quota by shunning cultures that promotes stigma during menstruation and equally mentor young girls on proper management of their period and how to cope with the challenges that comes with menstruation. This could be done through more capacity building sessions.
Réaffirmer l'utilisation de serviettes hygiéniques réutilisables est très pertinent en ce moment, surtout dans notre contexte, car nous traversons de nombreuses difficultés dans la région. De plus, cela permet de lutter contre la dégradation de l'environnement, dont on parle beaucoup et qui devient un sujet de préoccupation. Il était donc logique que le Réseau international de l'économie humaine de Bamenda se joigne au mouvement mondial pour commémorer cette journée dans une perspective environnementale appropriée et dans son contexte.
Il s'agit d'un appel à la société pour qu'elle apporte sa contribution en refusant les cultures qui favorisent la stigmatisation pendant les cycles menstruels et qu'elle enseigne aux jeunes filles la bonne gestion de leurs règles et la manière de faire face aux défis qui en découlent. Cela pourrait se faire par plus de séances de sensibilisation.
Groupe Local RIEH de Bamenda
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Le voici mis en forme.
La colonne du milieu identifie les organisations de la communauté qui sont invitées à prendre en charge les différentes actions citées. Si elles s'y engagent, ATEDD leur apportera des moyens.
Ainsi, il s'agit bien du Plan d'action de la Communauté soutenu par ATEDD et non pas du plan d'action du projet ATEDD. Ce PAC est approuvé par les chefs coutumiers, qui incitent la population à le mettre en œuvre.
La démarche vise à ce que ce Plan se prolonge au-delà même de la fin du projet. Car la plupart des actions n'auront un résultat qu'à moyen ou long terme. Quand on plante des arbres, il faut les entretenir.
L'aménagement des rivières ne peut pas non plus se faire en quelques semaines et, surtout, suppose ensuite que l'entretien soit régulier.
Le 25 Mai 2022 dans le village Minova, dans la salle du Parlement des jeunes s’est tenue la réunion de lancement du diagnostic participatif qui va durer deux jours.
25 personnes y ont participé de catégorie différente notamment : les agronomes, les représentant des confessions religieuse, les représentants des op, les représentant de la jeunesse, les agronomes du groupement, un membre de la société civile, les gens de service de l’environnement, les agents de la CARG (Conseil Agricole Rural de Gestion), les agriculteurs et les concessionnaires. On signale que les femmes y étaient moins représentées. L’objectif est d’analyser les causes des problèmes traités dans l’Action Territoriale pour un Développement Durable au Kivu (ATEDD-Kivu) et d’élaborer un Plan d’action communautaire (P.A.C.).
Ces problèmes sont :
- Les rivières qui débordent, causant des morts, emportant des maisons et des terrains,
- L’érosion qui cause des éboulements et entraîne la bonne terre vers le lac,
- Le déboisement qui met les collines à nu et prive la population de ressources en bois,
- L’agriculture non rémunératrice et destructrice de la fertilité des sols,
Le lancement a été fait par le représentant du Chef de Groupement, le Secrétaire du groupement de Buzi, M. Jean Paul.
Il a exhorté les participants à s’approprier le projet en faisant part de leur connaissance des problèmes et en émettant des idées sur les actions à conduire.
> Enregistrement Equipe au travail
Photo 1 : L'atelier de Minova. A gauche Michel Tissier, à son côté Delphin conducteur des activités Diagnostic participatif à Minova et assis le représentant de la chefferie.
Photo 2 : Un groupe de l'atelier, au travail.
3 - Enregistrement de l'équipe au travail
Michel, représentant du Réseau international pour une économie humaine (RIEH), est intervenu au nom du Consortium qui a monté le projet et qui comprend également CADRE, la Fondation MATENDO, la coopérative MUUNGANO et le CEREIAD, centre de recherche rattaché à l’Université Catholique de Bukavu.
Il a expliqué qu’ATEDD ne vient pas apporter les solutions, mais soutenir la communauté pour qu’elle mette en œuvre ces solutions. Le projet apportera des moyens pendant les neuf mois qui viennent, mais les actions engagées devront continuer au-delà, sous la conduite du Comité de pilotage et avec le soutien des autorités. Les organisations du Consortium continueront à accompagner la communauté et à chercher avec elle des ressources pour poursuivre la mise en œuvre des actions du Plan.
Ces actions doivent se prolonger jusqu’à ce que les résultats soient atteints : les rivières ne débordent plus, il n’y a plus d’éboulements, les collines sont reboisées, la population peut cuisiner et construire ses logements tout en gardant les arbres, les paysans peuvent vivre décemment avec les revenus agricoles et la fertilité des sols est restaurée.
Héritier, coordinateur du Groupe local du RIEH, s’est engagé à ce que ce groupe local soutienne ATEDD.
Germain, le Président du Comité de pilotage d’ATEDD, a expliqué que ce comité adoptera le Plan d’action communautaire et fera le suivi de sa mise en œuvre avec l’appui de l’équipe projet et en particulier de Delphin, Superviseur d’ATEDD à Minova et Bweremana.
Quatre groupes se sont mis activement au travail.
La cause principale est que la population coupe les arbres pour avoir du bois de chauffage ou pour construire les maisons sans en replanter ou sans respecter le temps nécessaire pour que les arbres repoussent.
L’arbre est une ressource à gérer sur le long terme alors que la population a des besoins à très court terme.
La famine et la pauvreté poussent les gens à utiliser le bois en urgence, sans penser au renouvellement des plantes et des arbres.
Ce problème est renforcé par :
- La croissance démographique du fait des naissances et de l’afflux des personnes déplacées. Cela incite à la déforestation pour avoir plus de terres cultivables et cela accroît la demande en bois de chauffage et en bois de construction ;
- L’absence de sensibilisation de la population sur la nécessité de bien gérer les arbres et de sauvegarder les forêts. Elle ignore la législation foncière en la matière ;
- Les maladies qui font dépérir les arbres ;
- La divagation des animaux d’élevage qui mangent les plantules et feuilles ;
- Beaucoup de terres appartiennent à des concessionnaires qui ont coupé les arbres au profit d’exploitations.
A cela ce sont ajoutés des pratiques malheureuses :
- Le projet ECOmakala* a encouragé la population à produire beaucoup de charbon de bois, sans replanter des arbres.
- Les agents de l’État font payer des taxes aux propriétaires des arbres.
- Pendant un temps, il fallait couper les arbres et éliminer la brousse, pour empêcher les voleurs de s’y cacher.
- Des projets ont incité la population à couper des arbres pour planter des bananiers.
- Sur les collines,
- Dans les champs,
- A côté de la route,
- A côté des rivières,
- Au bord du lac,
- Sur les limites de nos champs et nos parcelles,
- Dans les concessions des écoles,
- Dans les concessions des églises.
- Sur les collines : Eucalyptus, Bambou, Roseau ;
- Dans les champs : Les arbres fruitiers comme : Acacia, Flamboyant (Mutoro en lange locale), Grevillea ;
- A côté des rivières : Les bambous, les roseaux ;
- Dans nos parcelles et à côté de la route : Les arbres fruitiers (avocatier, manguier, goyavier, organier, …), les arbres d’ombrage.
- Manque de terres à cultiver,
- Mauvaises pratiques culturales,
- Non-respect de la rotation des cultures,
- Non-respect du calendrier cultural,
- Manque de semences améliorées,
- Manque d’arbres fertilisant dans nos champs et plantations,
- Les érosions dans nos champs,
- Divagation des animaux dans nos champs,
- Les maladies qui attaquent nos plantes,
- Non accompagnement par les services habilités de l’Etat.
Les problèmes se sont aggravés depuis 1994-1995 avec l’arrivée des réfugiés en provenance du Rwanda : manque de champs et de plantations à cultiver, abattage des arbres.
- Le changement climatique, le vent
- Le déboisement de nos collines et de nos champs
- L’ignorance de la population
- Non-respect des conditions culturales
- La population ne plante pas les arbres.
- Non-respect de l'environnement, la population cultive sur les lieux accidentés.
- Constructions anarchiques
- Destruction par la population des espaces verts dans la zone
- Les résidus des plantés récoltés et autres saletés sont jetés dans la rivière
- Les plantes non adaptées au milieu
- Manque des semences des arbres et autres plantules qui peuvent soutenir le sol
- L’État congolais ne fait pas son travail pour la protection de l'environnement.
Les emplacements sur lesquels les érosions son observées :
Minova / Katale
Buganga / Camp buganga
Marangara
Mubimbi / Chez Muleherwa
La construction anarchique des maisons et l’exploitation des champs par la population, (non-respect de la limite des 10 mètres de rive),
La pratique des cultures au bord des rivières, et la coupe d’arbres au bord des rivières,
Le rejet des déchets, morceaux d’arbres, et tous autres résidus dans les rivières.
Les rivières touchées par les débordements sont entre autres :
Les conséquences graves du débordement des eaux des rivières sont :
- Pertes de vies humaines,
- Des maisons détruites et des plantes emportées par des eaux,
- Des produits des champs détruits et emportés par des eaux des rivières,
- Des bétails, volailles et autres élevages emportés par les rivières,
- La coupure de communication et circulation entre communautés à cause des eaux de rivières débordées,
- La famine explose dans la communauté car tous les champs sont détruits et les plantes emportées par les eaux des rivières,
- La population tombe dans la pauvreté.
Normalement il n’y a pas de moyen d’alerte quand il y a de telles catastrophes, c’est lorsque les dégâts sont déjà là que les gens découvrent qu’il y a un problème.
Pour que la population sache qu’il y a danger causé par le débordement des rivières, il faut instaurer un système d’alerte communautaire. Ceci implique la mise en place d'outils spécifiques comme par exemple : La sirène, les médias locaux, des moyens de communication téléphonique,...
BAENI KABIONA Delphin,
Conducteur des activités Diagnostic participatif dans le village de Minova.
(*) Projet ECOmalaka Afin de protéger les ressources naturelles du Parc des Virunga et l’habitat du gorille, tout en soutenant les besoins des populations locales, le WWF-Belgique et ses partenaires ont mis sur pied en 2007 un projet innovateur de reboisement. Ce projet, intitulé ECOmakala, consiste à produire du charbon de bois durable, « l’éco-makala », dans les zones périphériques du parc.
BAENI KABIONA Delphin a 36 ans, marié et père de 3 enfants. Licencié en Développement Rural depuis 2010 à l'Institut Supérieur de Développement Rural de Grand Lacs ISDR/GL, il habite en République Démocratique du Congo dans la Province du Nord Kivu, Ville de Goma, Commune de Karisimbi.
Nommé superviseur de l’Axe MINOVA – BWEREMANA dans le cadre du Projet ATEDD, pour le compte de la Fondation MATENDO. Il est également conducteur des activités Diagnostic participatif, dans le village de Minova.
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Du 11 au 14 mai 2022 a été conduit à Bweremana, un des villages d’intervention d’ATEDD, un diagnostic participatif.
Pour le préparer, une équipe d’animateurs a été formée pendant deux jours par Big John, un praticien expérimenté du diagnostic participatif. Elle était composée de l’équipe projet d’ATEDD, des animateurs locaux, d’une consultante de CADRE, spécialisée dans la gestion des conflits, de membres du Comité de pilotage du village, de professeurs venus d’instituts et d’université de Goma.
Des invitations avaient été envoyées à des personnes considérées comme des informateurs-clés sur les quatre problèmes traités par ATEDD : les crues des rivières ; les érosions ; le déboisement ; une agriculture non restauratrice et non rémunératrice, avec un thème transversal : les conflits liés à ces problèmes.
Se sont ainsi rassemblées vers 9h du matin plus de 120 personnes, car la nouvelle avait aussi circulé par le bouche à oreilles et même les personnes qui n’avaient pas d’invitation pouvaient participer. Parmi les 120 participants il y avait des personnes vivants avec handicap, les jeunes qui étaient presque majoritaires, les femmes, les confessions religieuses, les OSC, les services publics de l’état (agronomes, environnement, développement rural) ; les ONG nationales, les pépiniéristes, les autorités coutumières, les animateurs du projet, les membres du comité de pilotage qui sont restées jusqu’à la fin de la séance. Le local qui a abrité les séances était prêté gratuitement par une Eglise locale.
Le chef de groupement, chef coutumier, a introduit le débat, en swahili bien sûr, en insistant sur la gravité de la situation : « si on ne fait rien, toute la terre fertile va descendre des collines pour se retrouver dans le lac et la région deviendra inhabitable. Nous sommes nés ici et nous voulons que nos enfants puissent toujours y vivre ». Il a ajouté que suite à ce projet, les populations seront sensibilisées sur l’importance des arbres et la loi sur l’environnement sera vulgarisée. Il sera soit exigé de toute la population de planter les arbres et une personne qui coupera un arbre devra en planter cinq.
Michel est ensuite intervenu pour présenter les cinq organisations qui animent ATEDD et insister sur le fait qu’ATEDD ne vient pas apporter la solution aux graves problèmes soulevés, mais soutenir l’action que la communauté va conduire pour les traiter. En traduisant, Jean-Louis, le chef de projet, explicite encore davantage : ATEDD n’est pas un projet, c’est une action territoriale, on peut dire aussi communautaire, pour arriver à des résultats qui améliorent de manière durable la vie de la communauté sur les quatre enjeux traités. Cette action se prolongera même quand ATEDD n’apportera plus son soutien.
Il explique aussi l’objet du diagnostic participatif. Permettre à la population de donner les informations utiles, d’analyser les causes des problèmes et de proposer des solutions.
L’assemblée est alors répartie en cinq groupes :
Le lendemain les 5 groupes entreprennent un « Transect ». Il s’agit d’une marche d’observation dans le village, d’une durée d’environ deux heures, pour noter et photographier tous les signes par lesquels les problèmes traités se manifestent. Chaque groupe se consacre à un enjeu : les rivières, l’érosion (les éboulements), le déboisement, l’agriculture, les conflits.
Le troisième jour, les animateurs se retrouvent pour faire la synthèse des 5 groupes du premier jour et des 5 groupes du second.
L’ensemble est restitué le dernier jour lors d’une nouvelle assemblée communautaire rassemblant une centaine de personnes. Cette restitution se poursuit par des propositions de plan d’action sur chacune des thématiques en indiquant qui a la responsabilité de mener l’action. Toutes les propositions proviennent des participants et sont notées après d’éventuels amendements.
Elles constituent la première version du Plan d’action communautaire (PAC). Celui-ci a été ensuite précisé lors d’une réunion qui s’est tenue le 23 mai avec le comité de pilotage, les acteurs-clés. La nouvelle version fera l’objet de contacts bilatéraux avec les autorités locales, les services de l’Etat compétents pour les quatre domaines concernés, les responsables confessionnels. L’équipe d’ATEDD précisera les actions qu’elle prendra en charge et les moyens qu’elle apportera pour contribuer à la mise en œuvre du PAC.
L’ensemble sera présenté lors d’une grande assemblée communautaire, présidée par les autorités locales, qui se tiendra en juin.
Jean-Louis Mbusa, Chef de projet d’ATEDD
Expert en gouvernance Participative, Goma-Nord KIVU / RDC.
Crédit Photos de Jean-Louis Mbusa / RIEH
Figure 8 - Diagnostic participatif : au bout du transect : la forêt dévastée par les eaux !
figure 7 - Retour de diagnostic Synthèse des groupes
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Elle m’a présenté une carte de visite impressionnante :
Le Mwami est le chef de chefferie, appartenant toujours à la famille régnante, qui est l’autorité coutumière locale.
La Reine Safi Sangara exerce la fonction de Mwamikazi, car elle était l’épouse du Mwami décédé et leur fils réside à l’étranger. Elle exerce donc, une sorte de Régence, en tant que Reine-Mère.
La République Démocratique du Congo a fait de la chefferie un échelon administratif décentralisé, à la fois enraciné dans le droit coutumier et intégré dans les structures de l’Etat moderne.
Le Mwami, et dans le cas présent la Mwamikazi, bénéficient ainsi d’une double légitimité, coutumière et républicaine. La chefferie perçoit certaines taxes, peut décider d’en instituer des spécifiques, elle dispose de services.
C’est donc un personnage incontournable si on veut comme ATEDD animer une action de développement local qui soit durable.
Sa Majesté n’a d’ailleurs pas manqué de rappeler ses prérogatives.
Elle doit, selon la loi, connaître et autoriser toute action qui se mène sur son territoire.
Heureusement les organisations congolaises du Consortium d’ATEDD ont fait dès l’origine ce qu’il fallait et la chefferie et le groupement ont été informés aussi bien du projet Charbon vert que du projet ATEDD.
La veille encore j’avais été me faire enregistrer avec le chef de projet par les services du Groupement.
Mais la Mwamiza a reproché vivement à ses services de ne pas l’avoir informée.
Je me suis bien sûr empressé de lui donner toutes les informations et elle s’est montrée très intéressée.
Elle a demandé à recevoir des rapports réguliers sur l’avancée des projets.
Elle devrait présider les prochaines assemblées communautaires qu’ATEDD organisera.
Jean-Louis Mbusa, le chef de projet d’ATEDD, n’était pas présent, mais Héritier Kissoho, le coordinateur du Groupe local du RIEH à Minova a pu intervenir et se faire reconnaître. Il considère que cela l’aidera dans les démarches ultérieures qu’il aura avec les autorités.
Ces chefs traditionnels ont une réelle autorité. Quand ils demandent quelque chose à la communauté, ils sont écoutés. On ne peut pas opposer la communauté et ces chefs traditionnels. Ils font partie de la communauté.
Pour que notre projet réussisse, il faut que l’Action territoriale pour un Développement durable au Kivu soit la leur, non seulement qu’ils l’acceptent, mais qu’ils y participent.
Michel Tissier, Minova ce 24 Mai 2022
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Luc CIMUSA KULIMUSHI
Luc, 30 ans, est expert en études environnementales et chercheur au centre CEREIAD-UCB.
Dans le cadre du projet ATEDD, il joue le rôle de référent environnemental.
Il a un grand intérêt et une grande passion pour la recherche scientifique dans son ensemble, notamment sur la dégradation des terres, la gestion des risques de catastrophes, l’aménagement des bassins versants, l'hydrologie et le changement climatique.
Il a publié de nombreux articles scientifiques dans des revues internationales de renom, dont vous trouverez les détails ici.
https://scholar.google.com / citationsuser=ek8uay
Glissement de terrain à Bushushu. (avant)
Glissement de terrain à Bushushu. (après)
Cette étude s'est concentrée sur les ménages en caractérisant leurs profils socio-économiques, en évaluant leur implication dans la gestion des risques de catastrophes, en comprenant leurs pratiques agricoles en général, mais surtout en évaluant leurs engagements en tant que communautés sur différentes questions. Cette enquête a eu lieu du 6 au 19 avril 2022 et s'est concentrée sur les villages d'intervention du projet, à savoir Bushushu, Kiniezire et Minova dans le territoire de Kalehe dans la province du Sud-Kivu et Bweremana dans le territoire de Masisi dans la province du Nord-Kivu.
La méthodologie utilisée était basée sur un échantillonnage aléatoire simple, et la distribution géographique était représentative (bas et hauts plateaux) car les villages ont été subdivisés en sous-villages, et tous ont été inclus dans l'échantillon.
L'enquête a impliqué la participation de 400 ménages composés de plus d'hommes que de femmes, pour la plupart mariés, avec une tranche d'âge de 25 à 39 ans, issus de leurs villages respectifs (environ 30% de déplacés), et dont la majorité n'a fréquenté que l'école primaire. L'agriculture est la principale source de revenus de ces ménages, avec un revenu mensuel moyen estimé à 60 $ cogéré par l'homme et la femme. Les ménages ont une taille moyenne de 8 personnes, dont au moins 5 sont des enfants de moins de 16 ans et environ 3 sont des adultes de plus de 16 ans.
Les résultats ont révélé que les catastrophes naturelles sont plus fréquentes mais à des intensités différentes. Les plus dangereuses en termes de pertes de vies humaines et de dommages matériels sont les inondations et les glissements de terrain (éboulements). Le niveau de vulnérabilité au niveau des villages est également diversifié, bien que tous enregistrent des cas d'inondations et de glissements de terrain. En haut de l'échelle de vulnérabilité se trouvent Bushushu, ≥Bweremana >Minova et en bas Kiniezire. Cette vulnérabilité est principalement le résultat de la forte exposition aux inondations dans les zones inondables ainsi que la topographie accidentée sujette aux glissements de terrains qui conduisent aux éboulements.
Il n'existe aucun plan de gestion des catastrophes dans tous les villages, aucune politique gouvernementale visant à réduire les risques et aucun système d'alerte précoce malgré le niveau de vulnérabilité de ces villages. En outre, la majorité des personnes interrogées ont déclaré que rien n'est fait au niveau local pour faire face à ces catastrophes en raison du manque de coordination, d'organisation et de prévention, ce qui est évident puisque 97% ont déclaré qu'ils obtiennent des informations sur les catastrophes après qu'elles se soient produites, et parfois à travers de rumeurs dans la communauté, comme l'ont déclaré 87% des personnes interrogées.
La superficie occupée par les forêts a considérablement diminué au fil des ans et aucun effort n'est fait pour inverser la tendance, et les communautés ne sont pas suffisamment informées des effets négatifs de la déforestation. Les ménages (100%) n'utilisent que la combinaison du bois de chauffage et des braises pour la caisson, c’est qui augmenterait la pression sur les ressources forestières, et d’ailleurs, la majorité (50%) ne connaît pas d'autres sources d'énergie alternatives d'où la nécessité de fortes sensibilisations.
Les ménages ne connaissent pas les pratiques agroécologiques, peut-être en raison du manque de vulgarisation comme l'indiquent environ 71% des personnes interrogées, alors qu'ils pratiquent l'agriculture de colline et de petite montagne, ce qui a entraîné la baisse signalée de la fertilité du sol en raison de l'érosion et d'autres facteurs. La majorité des ménages (près de 64%) cultivent sur des parcelles de moins d'un demi-hectare et pratiquent l’association de cultures pour diversifier la production. Il convient de noter que la rotation des cultures n'est pas pratiquée dans ces zones. Les cultures les plus courantes sont: Le manioc, les haricots, le café et le maïs.
La majorité des répondants (54%) sont membres d'une association quelconque, mais ils déclarent également ne pas recevoir d'aide ou de soutien de la part des organisations. Ils souhaiteraient être formés dans divers domaines, notamment l'amélioration de la production agricole, la gestion des risques de catastrophes, l'organisation d'une association d'épargne et de crédit et la gestion des conflits. Les conflits fonciers restent les plus courants, comme l'indiquent près de 70 % des personnes interrogées, et la majorité d'entre elles ont eu à participer plus de deux fois à des séances de sensibilisation à la résolution pacifique des conflits.
Il n'existe pas de plan de développement local dans tous les villages interrogés, alors que les communautés souhaiteraient voir dans ce plan les secteurs prioritaires pour le développement de leurs villages, les infrastructures prioritaires, etc. La majorité des personnes interrogées ont également indiqué qu'il n'y a pas de séances de sensibilisation ou de réunions communautaires organisées dans leurs villages respectifs.
Ces lignes représentent en gros les résultats préliminaires de l’enquête, mais le rapport complet sera partagé dans les prochains jours..
De haut en bas et de gauche à droite :
Figure 1. Absence de la courveture végétale et mauvaises pratiques agricoles dans le sous village Ndumba du village Bweremana.
Figure 2.Figure 2. Des salles des classes abandonnées suite à la submersion due aux crues régulières de la Rivière Mweya.
Figure 3. Eboulement des terres sur les berges de la rivière Renga.
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En marchant dans les rues de Bweremana, une bourgade située sur la côte ouest du lac Kivu, je découvre ce panneau d’information.
C’est d’abord le titre qui attire le regard et je me dis qu’il est étrange de vouloir présenter dans ce village où chaque personne se démène pour gagner le peu d’argent qui la fait vivre très péniblement la différence subtile entre deux concepts bien formels.
Puis je vois le dessin et je me dis que l’illustration est excellente pour expliquer cette différence. Un coup de chapeau au concepteur. A nous d’être aussi habile pour expliquer l’économie humaine, qui est une notion bien abstraite pour les personnes qui l’entendent pour la première fois.
Il y a là sans doute la trace d’un de ces nombreux projets portés par des ONG ou de grandes institutions internationales. Un projet de sensibilisation sur l’égalité de genre vraisemblablement. On rencontre beaucoup de panneaux de ce type dans les villages ou sur les routes. Chaque « projet », chaque bailleur veut laisser une trace de son passage. Mais qu’en reste-t-il vraiment dans les têtes et dans le cœur des passants ? Déjà la peinture est défraîchie et bientôt le panneau sera illisible. En fait, une part très importante des « politiques publiques » en RDC est ainsi prise en charge par les ONG, le plus souvent internationales. Pour être sûr d’avoir des participants aux ateliers de sensibilisation ou de formation qu’elles organisent, elles leur distribuent un petit pécule. Les projets succèdent aux projets, les panneaux et les pancartes s’accumulent. Mais les situations ne changent pas. A nous de savoir mieux faire. Ne laissons pas de panneaux ATEDD. Mais que les Plans d’action communautaires lancés avec ATEDD continuent d’être mis en œuvre.
Michel Tissier, billet du Kivu, 15/05/2022
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Notre délégation, forte de 7 membres, comprenait outre moi-même, Gilbert, de la Fondation Matendo qui préside l’instance de pilotage d'ATEDD, Célestine et Godefroid de CADRE, les profs Aimé et Dieudonné du CEREIAD et Daniel de la Coopérative agricole Muungano.
Etaient aussi conviés à cette réunion quatre autres organisations recevant des financements de l’AFD. En attendant l'arrivée de la délégation officielle, les invités ont pu échanger entre eux, occasion pour nous de présenter l’approche de l’économie humaine et le RIEH. Trois organisations ont manifesté leur intérêt et deux d’entre elles ont déjà adhéré.
Comme vous le voyez sur la photo, notre banderole était bien visible dans la salle de réunion, car nous avions pris soin d’arriver à l’avance.
La réunion a duré plus de deux heures, signe qu’elle n’a pas été purement protocolaire.
En effet, dès son introduction, Rémy Rioux s’est déclaré là d’abord pour écouter afin de connaître la réalité des problèmes et des actions menées par les participants.
Gilbert a donné la parole aux membres de notre délégation.
Godefroid a présenté le problème du gaz carbonique contenu dans les eaux du lac Kivu et qui menace d’exploser. Pour prévenir ce risque, il faut planter des arbres sur les rives et c’est une des actions que va permettre ATEDD.
Le prof Aimé a décrit le problème des rivières dont les crues sont destructrices et meurtrières et le prof Dieudonné celui d’une agriculture insuffisamment rémunératrice et qui doit s’articuler avec la lutte contre l’érosion et restaurer la fertilité des sols.
Daniel a montré comment la culture du café, si elle est pratiquée selon les règles de l’agroécologie et intégrée dans les relations du commerce équitable peut être très rémunératrice pour les producteurs.
Célestine a plaidé pour que le développement durable soit aussi celui des femmes dont le rôle déterminant n’est pas reconnu et qui sont victimes de discriminations et de violences. En réponse à une question de Rémy Rioux,
Gilbert a montré comment ATEDD pouvait contribuer à l’action contre l’insécurité : en procurant des revenus aux jeunes tentés par l’enrôlement dans les groupes armés et en gérant les conflits entre les communautés liés à l’usage des terres et des forêts.
Pour ma part, j’ai souligné qu’ ATEDD n’est pas un projet à durée déterminée, portée par une ONG extérieure au territoire, mais une action qui s’inscrit dans la durée, portée par des organisations déjà présentes sur le territoire et qui y resteront. Ses résultats seront à mesurer à 5 ou 10 ans avec des rivières au cours maîtrisé et des rives plantées d’arbres, des collines reboisées, des pratiques agroécologiques généralisées, des paysans pouvant vivre décemment de leur travail. Et des communautés bien organisées avec les autorités locales pour maîtriser elles-mêmes leur développement.
La teneur des débats, nourris par les nombreuses questions du Directeur de l’ AFD, montrait clairement qu’ ATEDD, projet pilote, devait avoir une suite avec une phase d’extension à une zone plus vaste et une inscription structurelle dans les politiques publiques et qu'au-delà du financement du FID, il y a d'autres instruments de financement français auprès de l'Ambassade ou directement auprès de l'AFD.
Les autres organisations présentes ont parlé de leur action dans le domaine de l’apiculture, de l’autonomie des femmes – avec une très belle expérience de coopérative de café tenue par des femmes sur l’ ïle d’ Idjwi et celle d’une association qui accompagne les femmes victimes de violences et les femmes entrepreneures – et dans celui de la santé.
Au passage Gilbert n’a pas manqué l’occasion de parler d’un autre projet pour lequel le consortium sollicite un financement de l’ AFD, celui de l’Indication Géographique Protégé « Café du Kivu ».pour lequel nos interlocuteurs ont motré un vif intérêt.
En conclusion, la directrice régionale de l’ AFD et l’Ambassadeur ont invité les participants à présenter des projets à l’ AFD et au Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade. Nous ferons en sorte que cet appel ait des suites concrètes !
Le Directeur Général de l’AFD a conclu par des propos qui sonnent très bien à nos oreilles : l’ AFD, à côté de la coopération avec les gouvernements, veut développer l’appui aux organisations de la société civile. Elle veut accompagner un développement de bas en haut (bottom up).
- « Ne vous laissez pas arrêter par la complexité institutionnelle. Dîtes-nous ce que vous voulez faire et c’est à nous de trouver les procédures pour répondre. »
Il a monté de l'intérêt pour pour la coordination entre différentes actions en insistant sur la coopération inter-universitaire et Gilbert a proposé une collaboration étroite entre les universités et les actions de terrain.
Il a terminé par une belle formule :
- « Je ne crois pas aux projets mais aux acteurs qui se mettent en réseau. Pendant cette rencontre nous avons formé un réseau ».
Un moment de grâce, donc. Même si nous savons bien que les réalités administratives et institutionnelles vont continuer à s’imposer, il est rassurant de savoir que tout en haut de cette grosse machine qu’est l’ AFD, il y a une tête et un cœur.
Montrons-nous à la hauteur des attentes qu’il nous adresse.
Michel Tissier, Secrétaire international du RIEH, Hôtel Orchids à Bukavu, mercredi 30 mars 2022
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La réunion a commencé par le discours de bienvenue de M. L A Samy, coordinateur d'INHE-Asia.
Il a expliqué les raisons de l'organisation d'une telle réunion et a également remercié tous les membres de s'être joints à cette initiative dans un délai très court.
La parole a ensuite été donnée à M. Herman Kumara, responsable de la NAFSO-Sri Lanka, pour la première partie de la présentation du Sri Lanka. Cette discussion en ligne a été modérée par M. Sundara Babu Nagappan, secrétaire exécutif d'INHE-Asia.
M. Herman Kumara a fait une mise à jour générale de la situation politico-économique actuelle au Sri Lanka. Tout en abordant les questions politico-économiques, il a expliqué que la plupart des Sri Lankais se trouvent actuellement dans une situation difficile, qu'ils soient agriculteurs, travailleurs dans les plantations, pêcheurs, jeunes, étudiants ou travailleurs industriels puis insisté sur le problème actuel de la sécurité alimentaire.
Le Sri Lanka traverse actuellement une grave crise alimentaire. Les pompes à essence sont à sec, ce qui oblige les gens à faire la queue pendant des heures. Les tensions liées à la pénurie d'approvisionnement ont donné lieu à des violences sporadiques. Des personnes sont mortes en faisant la queue pour acheter du carburant sous une chaleur étouffante. Les pénuries d'articles essentiels tels que le carburant, la nourriture et les médicaments obligent même les gens, en particulier les travailleurs journaliers, à fuir le pays. Le Sri Lanka est également confronté à une grave crise de l'électricité. (Pendant que la présentation de M. Herman se déroulait, nous avons eu une panne d'électricité pendant la réunion).
Même qu'un jour, avant cette réunion en ligne, le 15 mars 2022, des dizaines et des milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale Colombo et ont protesté contre l'aggravation de la crise économique.
Le taux d'inflation global actuel s'élevait à 17,5 %, le plus élevé depuis 2015. L'économie sri-lankaise dépend des importations pour les produits essentiels. Or, elle a épuisé ses réserves de change, et ne dispose donc pas de suffisamment de liquidités pour payer les importations.
Le problème n'a pas commencé en 2022. Grâce à des cycles d'emprunts répétés depuis 2007, le gouvernement sri-lankais a accumulé une dette d'environ 12 milliards de dollars. En 2018, il s'est à nouveau endetté de quelques milliards auprès de la Chine et de l'Inde. Le Sri Lanka a loué son célèbre port de Hambantota à la Chine. Alors que le pays empruntait de toutes parts, les investissements directs étrangers (IDE) au Sri Lanka, n'ont cessé de diminuer depuis 2018.
Le Sri Lanka dépend fortement des revenus du tourisme. En effet, le tourisme représente 10 % de son PIB. Mais les attaques terroristes qui ont frappé le pays en 2019 ont entamé son secteur touristique. Le tourisme a chuté de 50 % après les attentats du jour de Pâques. Et pour ajouter de l'huile sur le feu, avec la pandémie de COVID qui a frappé le monde, le tourisme au Sri Lanka a encore ralenti.
De nouvelles exonérations fiscales ont été introduites en faveur des riches et ce, immédiatement après l'élection du nouveau gouvernement en décembre 2019.
Les principales devises étrangères du Sri Lanka, proviennent des transferts de fonds des travailleurs nationaux, du tourisme, des exportations de pierres précieuses et de vêtements. Seule l'industrie du vêtement a survécu à la pandémie, alors que tous les autres secteurs se sont effondrés au cours des dernières années. Le pays n'a donc perçu aucun revenu. C'est ainsi que la crise actuelle s'est aggravée dans la société sri-lankaise.
Il y a trois zones climatiques différentes dans le pays : humide, intermédiaire et sèche. Le Sri Lanka compte 103 bassins hydrographiques naturels. En outre, le Sri Lanka compte environ 30 000 réservoirs à petite échelle d'origine ancienne ou réservoirs villageois mineurs, dont la majorité a été construite entre le 3e et le 12e siècle avant J.-C. Les eaux souterraines sont la principale source d'eau, en particulier dans les zones rurales, et on estime qu'environ 72% de la population rurale dépend des eaux souterraines pour tous les usages domestiques.
Une détérioration de la qualité de l'eau a été signalée dans certaines rivières. La principale cause de pollution de l'eau dans les zones urbaines est le déversement de déchets domestiques et industriels et d'eaux usées non traitées dans les cours d'eau. Dans les zones agricoles, les produits agrochimiques sont les principaux polluants.
La contamination par les nitrates et les bactéries dans les eaux souterraines et de surface, principalement due à un mauvais assainissement et à des eaux usées non traitées ou insuffisamment traitées, les produits chimiques toxiques provenant des activités industrielles et agricoles, et l'eutrophisation des lacs/réservoirs, sont les principaux problèmes de la crise de l'eau.
L'expansion des activités d'extraction de sable a également affecté la qualité de l'eau des rivières, en augmentant la turbidité, en diminuant le débit de l'eau et en accélérant l'intrusion d'eau salée. L'intrusion d'eau salée accélérée par les activités d'extraction de sable a affecté l'approvisionnement en eau potable et les affaires judiciaires concernant l'extraction de sable ont augmenté ces dernières années.
La déforestation est l'un des problèmes environnementaux les plus graves au Sri Lanka. La couverture forestière en 2018 était de 30% et dans les années 1920, l'île en comptait 49%.
Un projet massif de culture d'Aloe Vera est mis en œuvre sur un terrain de 102 000 acres dans le district d'Anuradhapura, principalement pour l'exportation. Cette immense terre a été donnée à la société avec un bail de 30 ans. Un autre terrain de 21 000 hectares a été donné à une société basée à Singapour, SLI Development, avec un bail de 30 ans pour la production de sucre et la culture de la canne à sucre. Selon l'accord, l'usine sucrière de Kantale et les terres voisines ont été données à la société. L'eau nécessaire à la culture devait provenir de Kalu ganga, un affluent de la rivière Mahaweli. L'accord autorise également la société à importer du sucre non purifié, à le purifier ici et à le réexporter. Cela se fera sans pratiquement aucune surveillance. Les gouvernements précédents ont également conclu des accords qui ont conduit à des monopoles, comme celui du blé, et ceux-ci n'ont eu que des effets négatifs sur la population locale. Quelques personnes en profiteront aux dépens du pays.
De tels projets mettent en péril la sécurité alimentaire, l'environnement et la vie agricole du Sri Lanka. La protection de l'environnement est liée à l'agriculture, à la terre, au développement et à tous les autres secteurs d'un pays. Il est important de prêter attention lorsque certaines décisions politiques prises par le gouvernement entrent en conflit avec une autre série de politiques.
Puis l’accent a été mis sur les questions de changement climatique. Classé comme le 4e pays le plus touché par le changement climatique en 2016, la grande majorité des catastrophes naturelles au Sri Lanka est le résultat des variations climatiques. Par conséquent, il est nécessaire de renforcer la préparation aux catastrophes et de mettre en place des interventions appropriées pour renforcer la résistance au changement climatique. Environ 50 % des 22 millions de citoyens du Sri Lanka vit dans des zones côtières de faible altitude à l'ouest, au sud et au sud-ouest de l'île, et sont exposés à une future élévation du niveau de la mer.
En termes de conditions météorologiques, le mois d'avril était censé être le plus chaud. Cependant, il pleut actuellement dans plusieurs régions. Le temps devait être sec. De tels variations climatiques affectent et endommagent les cultures saisonnières. Le Sri Lanka a perdu plusieurs quantités d'étangs de pêche, de terres agricoles, de couverture forestière, etc.
Un autre problème important est l'augmentation des monocultures au détriment du bien-être des populations locales. Le Sri Lanka est déjà connu pour ses monocultures comme le thé, le caoutchouc, le palmier, etc. L'introduction de plantations à grande échelle entraîne souvent un transfert de propriété des communautés locales vers de grandes entreprises privées. Les priorités ne sont pas les populations locales dans les monocultures. La sécurité alimentaire locale, la santé et les autres besoins sont finalement ignorés.
M. Herman s'est ensuite attardé sur la politique des engrais et des pesticides. Le plongeon soudain du Sri Lanka dans l'agriculture biologique a récemment provoqué un énorme désastre. Le Sri Lanka a interdit les engrais chimiques sans préparer les agriculteurs, ce qui a provoqué une flambée des prix des aliments et des pénuries. En avril 2021, le gouvernement a interdit l'importation de plus de 600 articles, dont des engrais chimiques et des aliments comme l'avoine, le lait de soja, les produits laitiers et le jus de pomme. Le gouvernement a invoqué des problèmes de santé chroniques généralisés et la destruction écologique due aux produits agrochimiques pour justifier cette interdiction. Le gouvernement a invoqué l'utilisation excessive de produits agrochimiques pour expliquer l'augmentation des affections rénales, des cas de cancer et des maladies non transmissibles.
Ces mesures gouvernementales mal planifiées ont ajouté à la misère des populations locales.
Il a également exprimé sa profonde inquiétude quant au rétrécissement des espaces démocratiques dans le pays. Les organisations de la société civile ont également besoin de motivation dans la situation actuelle. Le gouvernement utilise des lois draconiennes pour cibler les travailleurs de la société civile et des droits de l'homme. Plusieurs violations illégales des droits des militants de la société civile et des journalistes se poursuivent. Les initiatives de syndicalisation sont totalement à la traîne. Au Sri Lanka, où l'espace civique a été précaire en raison de son histoire de conflit ethnique violent qui a pris fin en 2009, deux événements récents ont réduit le champ d'action civique : les attaques terroristes du dimanche de Pâques et la déclaration d'urgence qui en a résulté, et l'arrivée au pouvoir du président Gotabaya Rajapaksa, tous deux en 2019. Au Sri Lanka, le règlement d'urgence donne au président le pouvoir d'interdire les processions et les réunions publiques.
Depuis janvier 2020, les décisions du gouvernement sont prises sans aucun contrôle du Parlement. La société civile sri-lankaise craint que le groupe de travail présidentiel n'étende le contrôle militaire à la vie civile. Elle peut abuser de son pouvoir pour réduire les voix dissidentes jugées nuisibles à l'existence libre et pacifique de la société. Le déploiement accru de personnel militaire aux côtés de la police et l'usage disproportionné de la force contre des manifestants pacifiques, comme on l'a observé récemment, sont également alarmants. Le Sri Lanka est le deuxième pays au monde pour le nombre de disparitions forcées. Par conséquent, la société civile vit dans la peur en raison de ces intimidations.
M. Herman a enfin mentionné certaines des réponses de NAFSO à ces défis.
NAFSO a lancé des unités de production autosuffisantes. Environ 1500 jeunes ont reçu une formation sur les jardins familiaux et chacun d'entre eux a bénéficié d'un soutien. Des graines et du compost ont même été fournis. La formation a été accordée pour l'autosuffisance. L'idée était de lutter en priorité contre la malnutrition et la faim. Mais les problèmes et le défi de la génération de revenus pour les jeunes demeurent.
Nous avons également des problèmes d'accaparement des terres dans l'est et le nord du Sri Lanka. Partout, les gens souffrent à cause de politiques défectueuses. Il n'y a pas de direction appropriée, pas de programme de bien-être. Il y a un manque de vision. Le gouvernement développe de nouvelles villes portuaires, des ports, et la construction de nouveaux aéroports internationaux mais il n'y a pas d'argent dans les coffres. Le gouvernement est en faillite. En tant que pays à revenu intermédiaire, le remboursement des dettes représente un défi de taille.
M. Herman a transmis la présentation à un autre fonctionnaire de NAFSO, M. Gamini Thilakaratne, pour qu'il la poursuive.
M. Gamini a présenté un exposé en power-point intitulé " NAFSO & the paths and experiences of human economy ". Ce diaporama est accessible en cliquant sur ce lien.
Elle traitait de la situation politique et économique actuelle du Sri Lanka, du contexte de la crise actuelle, de la situation contemporaine, des défis nationaux auxquels NAFSO est confronté, de la manière dont NAFSO tente d'intervenir dans la production agricole et des autres contributions apportées par NAFSO.
Après la présentation de M. Gamini, M. Dulip, du district de Galle, dans la province du Sud, a fait part de ses expériences en langue cinghalaise, qui ont été traduites en anglais.
Selon M. Dulip, les jeunes de la région traversent une période très difficile. L'éducation est très compétitive pour eux. Ils doivent suivre le meilleur système éducatif pour obtenir une formation universitaire. Même trouver un emploi est très difficile pour eux. Ils ont besoin d'une influence extérieure pour trouver un bon emploi. Cette situation les rend très malheureux.
La disponibilité de drogues illégales et d'alcool et l'implication des jeunes dans cette menace est devenue un problème critique dans la région. Les jeunes dépensent au moins 50% de leur revenu durement gagné en drogues et en alcool. C'est un problème très difficile à gérer pour une agence de développement social.
Les familles de pêcheurs de la région peuvent gagner un revenu substantiel grâce au secteur de la pêche. Malheureusement, faute de consacrer leurs revenus à la jeunesse et à l'éducation de leurs enfants, les familles gaspillent leur argent en alcool et en drogues. Les agences de développement social ont du mal à protéger les jeunes et les enfants dans ces conditions. La NAFSO a élaboré un projet visant à sauver les aspects environnementaux du lagon de Rathgama, qui est une zone très précieuse dans notre district. Les groupes de jeunes et d'enfants de la NAFSO travaillent dur pour protéger l'environnement. Mais nous n'obtenons pas un soutien suffisant de la part des agents du gouvernement dans la région. C'est très décourageant pour nos groupes de jeunes.
Le système éducatif du pays est très mécanique. Il ne développe pas la personnalité équilibrée des jeunes. Les parents et le gouvernement encouragent les jeunes à suivre une éducation conventionnelle.
M. Saman, originaire de Kurunegala, dans la province du Nord-Ouest, a également partagé ses expériences en langue cinghalaise, qui ont été traduites en anglais.
Selon M. Saman, le système éducatif du Sri Lanka est totalement dépassé. Il ne donne pas la bonne direction à la jeunesse de notre pays. Il rend les jeunes très compétitifs les uns par rapport aux autres et détruit les valeurs humaines. Malheureusement, les parents et les adultes font la promotion des valeurs éducatives actuelles. Cette situation rend les jeunes très frustrés. Les jeunes de nos régions deviennent également fortement dépendants des drogues. Les groupes de jeunes qui étaient avec NAFSO pour des activités de bien-être social s'éloignent des initiatives de NAFSO. Il est regrettable que les jeunes s'adonnent à ces drogues nocives et à l'alcool et qu'ils détruisent leur vie, alors que la société a besoin de leur aide pour développer des activités sociales productives. NAFSO avait lancé un programme de jardinage domestique avec 50 familles afin d'augmenter l'approvisionnement alimentaire des familles et d'améliorer leurs revenus. Toutefois, les volontaires ne reçoivent pas de soutien approprié de la part des agences gouvernementales compétentes. NAFSO a encouragé les jeunes et les femmes de la région à soutenir ces initiatives. Mais aujourd'hui, nous ne recevons pas l'aide que nous attendions des jeunes, car ils sont très impliqués dans les activités d'éducation compétitive.
M. Saman a également évoqué les attaques d'animaux sauvages contre l'agriculture et les habitations. Il y a également une crise de l'eau dans les zones agricoles. Il y a des problèmes liés à la migration et aux déplacements forcés. Ces dernières années ont également été marquées par un nombre élevé de suicides et de problèmes de dépression mentale chez les jeunes.
M. Herman a finalement résumé la discussion par ses idées et ses réflexions.
Il a mentionné les nouveaux défis dus à l'économie actuelle, centrée sur le profit et non plus sur l'humain.
Les "grands" dominent, et les "petits" sont marginalisés.
Les initiatives de NAFSO sont très petites par rapport à l'ampleur du problème.
Les efforts de la société civile ne sont pas valorisés, ni reconnus.
L'économie néolibérale n'a rien à voir avec le bien-être des Sri Lankais ordinaires. Elle a divisé les sociétés en encourageant la compétition et l'individualisme. Elle a ruiné les coopératives et le travail d'équipe entre les gens. L'accent est toujours mis sur les grands marchés, la "petite échelle" est systématiquement mise à mal.
Cependant, le côté positif du COVID est qu'il a révélé la farce du "village global".
En conclusion, il y a un besoin urgent de commencer quelque chose de "nouveau". Il faut développer une sorte d'unités autosuffisantes. Il faut insuffler plus d'humanité dans la société et promouvoir une économie solidaire. C'est là que l'idée et la perspective de l'économie humaine deviennent significatives.
M.L.A.Samy (AREDS) Comment rendre visible le "petit" ? Nous devons y travailler davantage en utilisant la vision de l'économie humaine.
Mme Farhana (HDO) a parlé de l'existence d'une situation similaire dans le centre du Sri Lanka et des activités de l'HDO. Elle a parlé des efforts de sensibilisation et de subsistance de l'HDO. Elle a également parlé du travail effectué après le tsunami, en particulier sur les femmes. Elle a également mentionné l'autonomisation locale par le biais des élections au conseil provincial.
M. Nicholas (IRDS) a apprécié la présentation de la NAFSO. Il a remercié l'équipe pour l'opportunité d'apprentissage croisé. Il estime que cette initiative devrait être poursuivie et couvrir tous les territoires.
Mme Naiyana (RTRC) a indiqué qu'une situation similaire existe également en Thaïlande. Les jeunes sont très dépendants des téléphones portables et de la toxicomanie. C'est une grande préoccupation pour la société civile de ce pays. Il est nécessaire de faire preuve de solidarité entre les pays et l'INHE pour relever ces défis collectivement.
M. Murthy (PCDS) a mentionné les tensions liées aux problèmes côtiers entre les communautés de pêcheurs du Sri Lanka et du sud de l'Inde. Il s'est interrogé sur le rôle de NAFSO dans la résolution de ces problèmes.
Il s'inquiète également de la concurrence entre l'Inde et la Chine au sujet du Sri Lanka.
Enfin, la discussion s'est orientée vers le thème " Comment reproduire les bonnes pratiques ? " et " Comment promouvoir la visibilité et l'espace pour que les voix soient entendues ?".
Les gouvernements n'ont pas été cohérents, d'un côté ils harcèlent la société civile et de l'autre ils cherchent à soutenir la société civile dans la résolution des problèmes du pays.
Tous ont souligné l'importance de maintenir les dialogues, l'apprentissage croisé et le partage d'expériences. Il faut encourager de plus en plus le dialogue de peuple à peuple. De nouvelles propositions pour de nouvelles actions sociales ont également été formulées par tous. L'importance de la formation dans une perspective d'économie humaine a également été ressentie par tous les participants.
Enfin, il a été décidé que le processus se poursuivrait avec la deuxième présentation du Sri Lanka, à savoir HDO, et que des initiatives communes seraient élaborées collectivement par le biais de discussions et de dialogues.
L'idée principale derrière cette initiative de rencontre INHE Sri Lanka est la suivante :
Nous, INHE-Asie,
1 - Œuvrons pour créer un environnement d'apprentissage croisé entre le Sri Lanka et le reste de l'Asie et du monde.
2 - Œuvrons pour promouvoir un processus d'universalisation par lequel NAFSO et d'autres membres de l'INHE du Sri Lanka obtiennent des contributions et des points de vue tant au niveau des idées que des actions, en particulier dans le cadre du développement de la personnalité entière de chaque personne et de tous les peuples.
3 - Œuvrons pour renforcer la perspective d'une "économie humaine" avec de la vie, par opposition à l'économie néolibérale actuelle, inhumaine et sans vie.
4 - Œuvrons pour développer de nouvelles propositions par le biais d'un processus collaboratif mettant en évidence la différence entre croissance et développement, tout en ne laissant personne de côté.
Pour accéder au rapport original en anglais, cliquez sur ce lien.
Juste ici, ci-dessous, la parole est à vous...
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Nous avons désormais l’habitude de voir un écran quadrillé par des têtes de personnages installés chacun chez eux devant les caméras de leur ordinateur.
Le RIEH a connu un tel événement le 7 janvier dernier.
Une cinquantaine de connexions se sont établies reliant virtuellement Katmandou au Népal avec Buenos Aires en Argentine ; Bangui en République Centrafricaine avec Chang Mai en Thaïlande ; Le Mené en Bretagne, France avec Niamey au Niger.
Quatre continents sont ainsi représentés : l’Amérique latine, l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Liaisons souvent fragiles car les connexions Internet ne sont pas toujours stables. La diversité des costumes et des objets accrochés au mur sur les fonds d’écran témoigne de la pluralité des membres du réseau.
Dominique Lesaffre, Président de Développement et Civilisations Lebret-Irfed (DCLI) et, de ce fait, Président du RIEH sous la forme qu’il connaît depuis une dizaine d’années, anime les débats en utilisant successivement les trois langues qu’il maîtrise parfaitement.
Toutes ces personnes sont virtuellement réunies parce qu’elles représentent des organisations qui ont décidé de signer la Charte constitutive du RIEH. Certes le RIEH existe déjà, mais sous une forme où il émane d’une organisation ayant son siège à Paris et qu’on appelle couramment le Centre Lebret.
C’est l’AG de DCLI qui élit le Conseil d’administration qui fait office d’organe de pilotage du RIEH.
Les coordinateurs continentaux du RIEH ont été cooptés par le Conseil d’administration de DCLI et tirent de ce dernier leur légitimité.
La Charte met en place une autre logique, car ce sont les organisations signataires qui vont désormais constituer l’Assemblée générale du RIEH.
Ce sont elles aussi qui choisissent sur chaque continent leurs coordinateurs et les coordinateurs continentaux constituent un Comité d’orientation qui est l’instance qui décide des orientations et des actions communes à tout le réseau.
Selon la Charte, il y a pour chaque continent deux coordinateurs, une femme et un homme.
DCLI, qui a pris à cette occasion de nom de Développement & Civilisations, continue de jouer un rôle particulier, car le RIEH n’a pas de personnalité juridique et D&C est la personne morale qui porte administrativement et juridiquement le RIEH.
C’est aussi DCLI qui assure le financement des instances internationales du RIEH : AG, Comité d’orientation et Secrétariat international.
Les autres membres, quant à eux, assurent le financement des coordinations de leur continent.
Cette place particulière conduit à ce que le Président et le Trésorier de D&C soient statutairement membres du Comité d’orientation, indépendamment de la coordination Europe.
Ainsi, le RIEH, conformément à son appellation de réseau, n’émane plus de façon descendante d’un centre mais de façon montante de ses membres. On peut donc légitimement parler d’une étape décisive,
une sorte de refondation comme en témoigne le terme d’Assemblée constitutive.
A constituent assembly with many faces
We are now used to seeing a screen squared by the heads of persons each installed at home in front of their computer cameras. The INHE had such an event on January 7th 2022. About forty connections were established virtually linking Kathmandu in Nepal with Buenos Aires in Argentina; Bangui in Central African Republic with Chang Mai in Thailand; Le Mené in Brittany, France with Niamey in Niger. Four continents are thus represented: Latin America, Africa, Asia and Europe. Links are often fragile because Internet connections are not always stable. The diversity of the costumes and objects hung on the wall on the backgrounds testifies to the plurality of the members of the network.
Dominique Lesaffre, President of Développement et Civilisations Lebret-Irfed (DCLI) and, as such, President of the INHE (in the form it has taken for the past ten years), moderates the debates by using successively the three languages he masters perfectly.
All these people are virtually together because they represent organizations that have decided to sign the INHE Constitutive Charter. It is true that the INEH already exists, but in a form where it emanates from an organization with its headquarters in Paris and which is commonly called the Lebret Center. It is the GA of DCLI that elects the Board of Directors which acts as the steering body of the INHE. The continental coordinators of the INHE have been co-opted by the DCLI Board of Directors and derive their legitimacy from the latter.
The Charter puts in place another logic, because it is the signatory organizations that will henceforth constitute INHE General Assembly. They are also the ones who choose their coordinators on each continent and the continental coordinators constitute a Steering Committee which is the body that decides on the orientations and actions common to the whole network.
According to the Charter, there are two coordinators for each continent, one woman and one man.
DCLI, which on this occasion took the name of Développement & Civilisations, continues to play a particular role, because the INHE has no legal personality and D&C is the legal entity that carries the INHE administratively and legally. It is also D&C which ensures the financing of the international authorities of the INHE: GA, Steering Committee and International Secretariat. The other members, for their part, ensure the financing of the coordinations of their continent. This particular position leads to the fact that the President and the Treasurer of D&C are statutorily members of the Steering Committee, independently of the European coordination.
Thus, the INHE, consistantly with its status of network, no longer emanates in a top-down way from a center but in an bottom-up way from its members. We can therefore legitimately speak of a decisive step, a sort of refoundation, as the term Constitutive Assembly testifies.
Una asamblea constituyente con muchas caras
Ahora estamos acostumbrados a ver una pantalla cuadriculada, con las fotos de las personas instaladas en su casa, frente a las cámaras de sus computadoras. El RIEH experimentó un evento de este tipo el 7 de enero de 2022. Se establecieron unas cuarenta conexiones que unían virtualmente Katmandú, en Nepal, con Buenos Aires, en Argentina; Bangui, en la República Centroafricana, con Chang Mai, en Tailandia; Le Mené, en la Bretaña francesa, con Niamey, en Níger. Así, están representados cuatro continentes: América Latina, África, Asia y Europa. Los enlaces suelen ser frágiles porque las conexiones a Internet no siempre son estables. La diversidad de los trajes y de los objetos colgados en la pared atrás de cada persona atestigua la pluralidad de los miembros de la red.
Dominique Lesaffre, presidente de Développement et Civilisations Lebret-Irfed (DCLI) y, como tal, presidente de la RIEH en la forma que la conoce desde hace diez años, modera los debates utilizando las tres lenguas que domina a la perfección.
Todas estas personas, virtualmente juntas, representan a organizaciones que han decidido firmar la Carta Constitutiva del RIEH. Por supuesto, el RIEH ya existe, pero en una forma en la que emana de una organización con sede en París y comúnmente llamada Centro Lebret. Es la AG de DCLI la que elige al Consejo de Administración, que actúa como órgano de dirección de la RIEH. Los coordinadores continentales de la RIEH han sido cooptados por el Consejo de Administración de DCLI y obtienen su legitimidad de este último.
La Carta pone en marcha una lógica diferente, ya que son las organizaciones firmantes las que constituirán en adelante la Asamblea General de la RIEH. También ellas son quienes eligen a sus coordinadores en cada continente; las y los coordinadores continentales constituyen un Comité de Orientación que es el órgano que decide las orientaciones y acciones comunes a toda la red. Según la Carta, hay dos coordinadores para cada continente, una mujer y un hombre.
DCLI, que en esta ocasión tomó el nombre de Développement & Civilisations, sigue desempeñando un papel especial, ya que la RIEH no tiene personalidad jurídica y D&C es la entidad jurídica que apoya administrativa y legalmente a la RIEH. También es DCLI quien asegura la financiación de los órganos internacionales de la RIEH: AG, Comité Directivo y Secretariado Internacional. Los demás miembros, por su parte, aseguran la financiación de las coordinaciones de su continente. Esta posición particular lleva a que el presidente y el tesorero de D&C sean estatutariamente miembros del Comité Directivo, independientemente de la coordinación europea.
Así, la RIEH, de acuerdo con su nombre de red, ya no emana de forma descendente de un centro sino de forma ascendente de sus miembros. Por lo tanto, podemos hablar legítimamente de un paso.
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Dans cette nouvelle configuration, les coordinations continentales jouent un rôle déterminant. C’est une des spécificités du RIEH.
La principale raison de cette organisation tient à ce qu’est l’économie humaine elle-même.
Nous l’avons souvent dit, le mot économie dans cette expression est à prendre non pas au sens habituel de système d’organisation de la production et de l’échange des biens et des services, mais dans son sens originel d’organisation de la maison commune : comment l’humanité s’organise pour répondre aux besoins de ses membres et faire respecter leurs droits. Et cette économie est humaine dans le sens où ces besoins et ces droits sont de plusieurs ordres (« tout l’homme »), qu’il s’agit des besoins et des droits de toutes les personnes (« tous les hommes ») et que cette organisation donne leur place à toutes les personnes (« par tous les hommes »). Ajoutons que nous avons bien aujourd’hui la vision que pour la satisfaction de ses besoins et le respect de ses droits, l’homme ne domine pas et encore moins ne détruit pas la nature, mais qu’il en est une partie consciente, respectueuse de ses équilibres. « Il danse avec la nature » comme disent nos amis de Songhaï.
Ainsi l’économie humaine est beaucoup plus que l’économie, c’est une politique au sens large d’organisation de la société. Et dans toute société on ne peut s’organiser et agir qu’en tenant compte de sa culture, de la civilisation à laquelle elle participe.
L’économie humaine se construit ainsi dans la diversité des cultures et des civilisations, avec leur histoire, leur situation géopolitique.
Les coordinations continentales du RIEH visent donc à prendre en compte ces différences, à une échelle suffisamment large pour ne pas se limiter à des cultures trop particulières, tout en les prenant cependant en compte.
Il y en a actuellement quatre, mais d’autres pourront se constituer si des organisations venues d’autres aires culturelles décident de participer.
Pluralité donc, mais aussi unité et universalité, car le genre humain est aussi un ensemble et les droits humains sont universels.
Les interdépendances sont de plus en plus fortes et évidentes, que ce soit pour le climat, la biodiversité, la sécurité, la paix, mais aussi la recherche des équilibres dans les échanges économiques et culturels.
Le RIEH, avec son comité d’orientation constitué de représentants de coordinations continentales, cherche donc à trouver le bon équilibre, celui comme aurait dit L.-J. Lebret du « pluriversel ».
A decentralized network
In this new configuration, the continental coordinations play a determining role. This is one of the specificities of the INEH.
The main reason for this organization lies in what the human economy itself is. As we have often said, the word economy in this expression is not to be taken in the usual sense of a system of organization of production and exchange of goods and services, but in its original sense of organization of the common house: how humanity organizes itself to meet the needs of its members and to ensure that their rights are respected. And this economy is human in the sense that these needs and these rights are of several kinds (whole person), that it is about the needs and the rights of every person and that this organization gives their place to all people (by all persons). Let us add that we have today the vision that for the satisfaction of their needs and the respect of their rights, the people does not dominate and even less does not destroy the nature, but is a conscious part of it, respectful of its balances. "They dance with nature", as our Songhai friends say.
Thus human economy is much more than economy, it is politics, in the broad sense of organization of society. And in any society, one can only organize and act by taking into account the culture, the civilization to which this culture belongs. Human economy is thus built in the diversity of cultures and civilizations, with their history, their geopolitical situation. INEH continental coordinations therefore aim to take these differences into account, on a sufficiently large scale so as not to be limited to cultures that are too particular, while taking them into account. There are currently four of these continental coordinations, but others may be formed, should organizations from other cultural areas decide to participate.
Plurality, therefore, but also unity and universality, because humanity is also a whole and human rights are universal. Interdependencies are increasingly strong and obvious, whether for the climate, biodiversity, security, peace, but also the search for balance in economic and cultural exchanges.
The INEH, with its Steering Committee made up of representatives of continental coordinations, is therefore seeking to find the right balance, that of "pluriversality".
Una red descentralizada
En esta nueva configuración, las coordinaciones continentales desempeñan un papel determinante. Esta es una de las especificidades de la RIEH.
La razón principal de esta organización reside en lo que es la propia economía humana. Como hemos dicho a menudo, la palabra economía en esta expresión no debe tomarse en el sentido habitual de un sistema de organización de la producción y el intercambio de bienes y servicios, sino en su sentido original de organización de la casa común: cómo se organiza la humanidad para satisfacer las necesidades de sus miembros y garantizar el respeto de sus derechos. Y esta economía es humana en el sentido de que estas necesidades y derechos son de varios tipos ("todo el ser humano"), que se trata de las necesidades y derechos de todas las personas ("todos los seres humanos") y que esta organización da su lugar a todas las personas ("por todos los seres humanos"). Añadamos que hoy tenemos la visión de que para satisfacer sus necesidades y respetar sus derechos, el ser humano no domina y menos aún destruye la naturaleza, sino que es parte consciente de ella, respetuosa de su equilibrio. "Baila con la naturaleza", como dicen nuestros amigos de Songhai.
Así, la economía humana es mucho más que una economía, es una política en el sentido amplio de la organización de la sociedad. Y en cualquier sociedad sólo se puede organizar y actuar teniendo en cuenta su cultura, la civilización de la que participa. La economía humana se construye así en la diversidad de culturas y civilizaciones, con su historia y situación geopolítica. Por lo tanto, las coordinaciones continentales de la RIEH pretenden tener en cuenta estas diferencias, a una escala lo suficientemente grande como para no limitarse a culturas demasiado específicas, pero teniéndolas en cuenta. Actualmente, estas coordinaciones son cuatro, pero pueden formarse otras si las organizaciones de otros ámbitos culturales deciden participar.
Pluralidad, pues, pero también unidad y universalidad, porque el género humano es también un todo y los derechos humanos son universales. Las interdependencias son cada vez más fuertes y evidentes, ya sea por el clima, la biodiversidad, la seguridad, la paz o la búsqueda de equilibrio en los intercambios económicos y culturales.
Por ello, la RIEH, con su comité de dirección formado por representantes de las coordinaciones continentales, trata de encontrar el equilibrio adecuado.
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Quand on regarde la liste des organisations signataires et qu’on connaît les personnes qui les animent, on voit bien que le RIEH reste attaché à la vie et l’œuvre de Louis-Joseph Lebret et aux grandes encycliques de l’Eglise catholique que sont Populorum Progresio et Laudato Si' et qu’il s’est ouvert à d’autres traditions religieuses ou spirituelles attachées à la transformation des sociétés et du monde sur des bases humanistes.
Un humanisme radical au sens où il affirme que toute société peut et doit s’organiser pour répondre aux besoins, aux droits et aux aspirations de chaque personne et de toutes les personnes en mobilisant d’abord les ressources humaines.
Un humanisme qui vise à cultiver les liens entre les êtres humains et avec la nature, dans un échange permanent entre donner et recevoir.
Un humanisme ouvert aussi à la recherche du vrai, du bien, du beau, reconnaissant que cette quête est permanente et emprunte des voies diverses.
Toutes les organisations membres du RIEH mènent une action concrète dans un champ particulier autour d’objectifs humanistes :
- accroître les revenus de personnes ou de groupes vivant dans la pauvreté en leur permettant d’avoir une activité économique,
- développer l’éducation,
- organiser l’accès aux soins, à l’eau potable,
- développer des modèles agricoles qui ne détruisent pas la nature mais la régénère,
- lutter pour les droits des groupes discriminés.
En participant au réseau, notamment au sein de groupes locaux, ces organisations veulent s’entraider pour que leurs actions s’inscrivent toujours plus dans la perspective de l’économie humaine, dans une démarche participative qui cherche à élever le niveau de conscience de tous les membres de la société, à ce qu’ils aient tous davantage de pouvoir sur leur vie.
C’est ce que Lebret lui-même a fait avec les groupes d’économie et humanisme ou les équipes du bien commun.
C’est ce que faisaient et font encore les mouvements d’action catholique ou les mouvements inspirés par d’autres confessions religieuses, ou les mouvements d’éducation populaire.
Articuler réflexion, éducation, action collective. En renforçant ainsi la capacité collective des sociétés et de l’humanité toute entière à relever les nombreux défis auxquels elles sont confrontées.
A network that keeps its roots while being open to different humanist currents
When we look at the list of signatory organizations and the people who lead them, it is clear that the INHE remains attached to Louis-Joseph Lebret’s life and work, and to the great encyclicals of the Catholic Church such as Populorum Progresio and Laudato Si', and that it is open to other religious or spiritual traditions attached to the transformation of societies and the world on humanist bases. A radical humanism in the sense that it affirms that every society can and must organize itself to respond to the needs, rights and aspirations of each and every person by mobilizing human resources first and foremost. A humanism that aims to cultivate the links between human beings and with nature, in a permanent exchange between giving and receiving. A humanism that is also open to the search for the true, the good, the beautiful, recognizing that this quest is permanent and takes various paths.
All the member organizations of the RIEH carry out concrete action in a particular field around humanist objectives: to increase the income of people or groups living in poverty by allowing them to have an economic activity, to develop education, to organize access to health care and to drinking water, to develop agricultural models that do not destroy nature but regenerate it, to fight for the rights of discriminated groups. By participating in the network, especially within local groups, these organizations want to help each other so that their actions are increasingly in line with the perspective of the human economy, in a participatory approach that seeks to raise the level of consciousness of all members of society, so that they all have more power over their lives.
This is what Lebret himself did with the Economy and Humanism groups or the Common Good teams. This is what Catholic Action movements, or movements inspired by other religions, or popular education movements, did and still do. Articulate reflection, education, collective action. Thus strengthening the collective capacity of societies and of humanity as a whole to meet the many challenges they face.
Una red que mantiene sus raíces al tiempo que se abre a diferentes corrientes humanistas
Al ver la lista de organizaciones firmantes y las personas que las dirigen, queda claro que la RIEH sigue apegada a la vida y obra de Louis-Joseph Lebret y a las grandes encíclicas de la Iglesia católica, como Populorum Progresio y Laudato Si', y que está abierta a otras tradiciones religiosas o espirituales comprometidas con la transformación de las sociedades y del mundo sobre bases humanistas. Un humanismo radical en el sentido de que afirma que toda sociedad puede y debe organizarse para responder a las necesidades, los derechos y las aspiraciones de todos y cada uno, movilizando en primer lugar los recursos humanos. Un humanismo que pretende cultivar los vínculos entre los seres humanos y con la naturaleza, en un intercambio permanente entre dar y recibir. Un humanismo que también está abierto a la búsqueda de lo verdadero, lo bueno y lo bello, reconociendo que esta búsqueda es permanente y toma muchos caminos diferentes.
Todas las organizaciones miembros de la RIEH llevan a cabo acciones concretas en un ámbito determinado en torno a objetivos humanistas: aumentar los ingresos de las personas o grupos que viven en la pobreza permitiéndoles tener una actividad económica, desarrollar la educación, organizar el acceso a la sanidad, al agua potable, desarrollar modelos agrícolas que no destruyan la naturaleza sino que la regeneren, luchar por los derechos de los grupos discriminados.
Al participar en la red, especialmente en el seno de los grupos locales, estas organizaciones quieren ayudarse mutuamente para que sus acciones estén cada vez más en consonancia con la perspectiva de la economía humana, en un enfoque participativo que pretende elevar el nivel de conciencia de todos los miembros de la sociedad, para que todos tengan más poder sobre sus vidas.
Es lo que hizo el propio Lebret con los grupos de Economía y Humanismo o los equipos del Bien Común. Esto es lo que hicieron y hacen los movimientos de Acción Católica, o los movimientos inspirados en otras confesiones religiosas, o los movimientos de educación popular. Vincular la reflexión, la educación y la acción colectiva. De este modo, se refuerza la capacidad colectiva de las sociedades y de la humanidad en su conjunto para hacer frente a los numerosos retos que se plantean.
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IUB, Institut Universitaire du BENIN, Parakou, Bénin ;
A3T, Tondikara Theatrical Troupe, Ouagadougou, Burkina Faso ;
CAED, Coopérative Action Entraide et Developpement, Bujumbura, Burundi ;
CamCoSO, Cameroon Consumer Service Organisation, Bamenda, Cameroun ;
GIC EPESSA, Groupe d’Initiative Commune EPESSA, Yaoude, Cameroon ;
I.S.E.D., Initiative for Social and Economic Development, Yaounde, Cameroon ;
TEEN ALIVE, Bamenda, Cameroun ;
FORUM DES JEUNES ENTREPRENEURS DU CONGO, Congo Brazzaville ;
ACEVE, Association pour les Actions d’Etude et de Valorisation de l’Environnement, Bamako, Mali ;
ADAP-ONG, Association pour le développement actif et participatif, Koutiala, Mali ;
ADL-MALI, Association pour le Développement Local, Sikasso, Mali ;
AGRO-BUSINESS, Agro-business promulti-service, Sikasso, Mali ;
AMAED ONG, Association Malienne pour les Activités Environnementales et le Développement, Sikasso, Mali ;
AOPP / CRCR, Association des Organisations Professionnelles Paysannes, Sikasso, Mali ;
CLUEDUCA MALI, Club Education Actuelle Mali, Sikasso, Mali ;
CR-ONG, Coordination Régionale des Organisations Non Gouvernementales, Sikasso, Mali ;
GRAADECOM-ONG, Groupe de Recherche d’Actions et d’Assistance pour le Développement Communautaire, Sikasso, Mali ;
GRAT, Groupe de Recherche d’Application Technique, Sikasso, Mali ;
GREFFA ONG, Groupe de Recherche d’Etude de Formation Femme-Action, Région de Gao, Mali ;
IRED-MALI, Innovation et Réseaux pour le Développement / Mali – Sikasso, Sikasso, Mali ;
JIGUI (« Espoir » en Bambara) Association des personnes vivant avec le VIH, Sikasso, Mali ;
ORFED-ONG SIKASSO Organisation pour la Réflexion, la Formation et l’Education à la Démocratie et au Développement, Sikasso, Mali ;
RPL SIKASSO, Réseau-Plaidoyer Lobbing, Sikasso, Mali ;
SANTÉ SUD / ONG AJAB, Association des jeunes pour l’assainissement de Badalabougou, Sikasso, Mali ;
YA-G-TU, "Yam Giribolo Tumo" (Association pour la promotion de la femme), Sikasso, Mali ;
ANEDH IZUBUNE, Association Nigérienne pour l`Eradication des Discriminations Humaines, Niamey, Niger ;
CAMDCA, Coopérative Agropastorale et Minière pour le Développement Communautaire en Centre Afrique, Bangui, République Centrafricaine ;
FEMMES CROYANTES MEDIATRICES DE LA PAIX, Bangui, République Centrafricaine ;
W.A.L.T., Women Act for Living Together, Bangui, République Centrafricaine ;
ASSPDD, Action Sociale et Solidaire pour la Paix et le Développement Durable, Goma, R.D. du Congo ;
AVEC GOMA, Avec / Union fait la force de la femme de Goma, Goma, R.D. du Congo ;
CAA-asbl, Council – Support – Action, Tanganyika, R.D. du Congo ;
CACOPA, Central Africa Conflict Prevention Association, Goma, R.D. du Congo ;
CADRE-asbl-ONG, Comité d’Appui au Développement Rural Endogène, Goma, R.D. du Congo ;
CEPRES, Centre de Partage en Ressources et Savoirs, Goma, R.D. du Congo ;
FONDATION MATENDO, Minova, R.D. du Congo ;
G.E.V., Groupe Espoir de Vivre, Kalehe, R.D. du Congo ;
ISDR-Grands Lacs, Institut Supérieur de Développement Rural des Grands Lacs, Goma, R.D. du Congo ;
KRAAL DU LAC KIVU, Prequ'île Buzi-Bulenga, R.D. du Congo ;
SAK RDC, Safari Agricole Kinoise, R.D. du Congo ;
ASIES, Asociación de Investigación y Estudios Sociales, Guatemala, Guatemala ;
CLAEH, Centro Latinoamericano de Economía Humana, Montevideo, Uruguay ;
CTHE, Centro Transdisciplinario para el Humanismo Económico AC, México, Mexique ;
FUNDACION ESCOLARES, Bueno Aires, Argentina ;
INFODET, Instituto de Investigación y Formación para el Desarrollo Territorial, Matagalpa, Nicaragua ;
ESCUELA MAYOR DE GESTION MUNICIPAL DE VILLA EL SALVADOR, Lima, Pérou ;
AREDS, Association of Rurale Education and Development Service, Karur, India Tamil Nadu ;
HDO, Human Development Organisation, Kandy, Sri Lanka, Asia ;
IRDS, Integrated Rural Development Society, Villapuram, India Tamil Nadu ;
JCYCN, Jagriti Child and Youth Concern, Kathmandu, Nepal, Asia ;
NAFSO, National Fisheries Solidarity Organization, Colombo, Sri Lanka, Asia ;
R.T.R.C., Research and Training Center for Religio-Cultural Community, Chang Mai, Thaïland ;
S.A.E., South Asia Evaluators conclave, Bangalore, India Karnataka ;
SWATE, Society of Women in Action for Total Empowerment, Karur, India Tamil Nadu;
U.E.F., Unique Education Foundation, Maharashtra, Pune, Maharashtra India ;
D&C, Développement & Civilisations, Le Mené, Bretagne, France.
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Lors de sa première réunion tenue immédiatement après l’Assemblée constitutive, le Comité d’orientation a élu comme Président Dominique Lesaffre, Président de D&C. Il a aussi élu Michel Tissier comme secrétaire exécutif. Le Comité a explicitement souhaité qu’il y ait dans une première phase une continuité pour que la nouvelle organisation se mette bien en place. La durée du mandat a été fixée à 3 ans. La perspective d’un renouvellement à moyen terme a aussi été évoquée.
Le Comité d’orientation se réunira 4 fois par an.
Il est constitué trois groupes de travail pour lesquels chaque coordination continentale est invitée à désigner 1 ou 2 représentants :
Chaque coordination continentale va élaborer un plan stratégique avec les actions qui le déclinent.
Ce plan stratégique sera assorti d’un budget avec des ressources provenant à la fois des moyens des membres et de la recherche de financements externes.
La prochaine réunion se tiendra en avril 2022.
The first meeting of the Steering Committee
At its first meeting held immediately after the Constitutive Assembly, the Steering Committee elected Dominique Lesaffre, President of D&C, as President. It also elected Michel Tissier as Executive Secretary. The Committee explicitly wished that there be continuity in the first phase so that the new organization could be well established. The term of office was set at 3 years. The prospect of a renewal in the medium term was also mentioned.
The Steering Committee will meet 4 times a year.
It is composed of three working groups for which each continental coordination is invited to designate 1 or 2 representatives:
Each continental coordination will elaborate a strategic plan with the actions that implement it. This strategic plan will be accompanied by a budget with resources coming from both members' resources and the search for external funding.
The next meeting will be held in April 2022.
La primera reunión del Comité Directivo
En su primera reunión, celebrada inmediatamente después de la Asamblea Constituyente, el Comité Directivo eligió como presidente a Dominique Lesaffre, presidente de D&C. También eligió a Michel Tissier como secretario ejecutivo. El Comité desea explícitamente que haya continuidad en la primera fase para que la nueva organización pueda establecerse adecuadamente. La duración del mandato se fijó en 3 años. También se mencionó la perspectiva de una renovación a medio plazo.
El Comité Directivo se reunirá cuatro veces al año.
Se compone de tres grupos de trabajo para los que cada coordinación continental está invitada a designar 1 o 2 representantes:
Cada coordinación continental elaborará un plan estratégico con las acciones que lo sustentan. Este plan estratégico irá acompañado de un presupuesto con recursos procedentes tanto de los miembros como de la búsqueda de financiación externa.
La próxima reunión se celebrará en abril de 2022.
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http://www.riehlatinoamerica.org/index.php/2020/09/15/lebret-por-bernard-lecomte-03-07-20/
Caluire
Et, après trois années alsaciennes passionnantes, je démissionne de mon premier employeur, Gillet-Thaon et, dans la foulée, sonne à la grille du Centre d’études d'EH, situé non plus à l’Arbresle mais désormais à Caluire. Lebret avait quitté Caluire en 1957, au grand dam de l’équipe, pour fonder à Paris avec quelques amis, l’IRFED, Institut de recherche et de formation pour le développement harmonisé qui, selon lui, travaillerait « à l’échelle du monde ».
Quelques mois auparavant, il m'avait consacré, à Paris, une heure et demi. Je le connaissais depuis dix ans mais seulement par ses conférences et des échanges à table, lors de rencontres entre groupes locaux d’Economie et Humanisme, comme ceux de Roubaix et du Haut Rhin. Quand j’ai eu besoin de m’orienter avant mon départ de Gillet-Thaon, il m’a reçu. Un homme expérimenté qui donne sa confiance et écoute peurs, dégoûts et rêves, quelle bénédiction ! Il me dit : "J’ai pris en charge, avant la guerre, les pêcheurs français en allant dans chaque port les écouter ". A Mulhouse, j’avais - à l'usine - observé les limites de l’approche directive et - à Otmarsheim- passé du temps à entendre ce que les gens disaient avant de leur proposer depuis l’extérieur, quoi que ce soit. Il m'encourage à quitter le textile et à rester disponible.
Cette invitation à attendre, peu compatible avec mon envie de tracer mon propre parcours, je l'avais entendu, l'année précédente, d'un consultant-psychologue consulté entre deux trains de nuit, à Bruxelles quand - désarçonné par mon patron alsacien - je doutais de moi :" Ne craignez pas d'avoir votre propre façon d'être, soyez disponible aux événements, m'avait-il conseillé, et saisissez ceux qui vous paraîtrons porteurs de sens, pour vous-même". Cette phrase a éclairé la suite de mon cheminement, jusque-là marqué par des fidélités au passé.
A Caluire, dans un parc le long de la rive gauche de la Saône où j'ai nettoyé bien des sous-bois, j’ai retrouvé des amis, en particulier Robert Caillot et Gabriel Turin. Le lieu était propice pour attendre en paix jusqu'à épuisement des économies et vente de la Simca Aronde bleue. Au sein du Centre d'études, je loge du coté "couvent", partage les repas et souffre d'une certaine indigence des conversations et de la morosité des rapports humains. Heureusement, Gabriel Turin.. J’ai dépouillé des enquêtes, appris à faire des "grilles", des "échelles de niveau ", des damiers et des schémas avec Fernand Lerouge, lu des livres sur la faim et le développement et participé, en mai 1958, à la première session de l'IRFED à la Maison du Caoutchouc, à Paris.
1958, c’était le retour de de Gaulle, et la promesse des indépendances des peuples africains. Une période fascinante. L’ambiance était à l’optimisme, parmi la poignée de gens qu'il intéressait et rassemblait. Il était, par exemple, évident pour nous, jeunes et béotiens, qu’une fois libérés des chaînes de la colonisation, ces peuples allaient avancer, et vite ! On lisait et discutait « Géopolitique de la faim » du Brésilien Josué de Castro, et « Croissance zéro » d'Alfred Sauvy et d' économistes, comme Gunnar Myrdall et François Perroux, dont bien des paragraphes me dépassaient.
Une fois avalés ces livres, il restait à saisir ce que vivait Lebret et certains équipiers, toujours en déplacement, et qui m'avait frappé, dès ses conférence en 1947, à Lille : « Tu veux savoir, va voir ». Et je n’étais pas tellement enthousiaste de ses propres idées sur le « développement harmonisé », comme il le définissait, mais plus de sa façon de regarder, écouter, noter, rendre compte, provoquer. Lui, avec les pêcheurs de tout le littoral français, avait passé plusieurs années à enquêter, estimer et chiffrer mais, en même temps, il épaulait les débuts de leurs organisations professionnelles. Il aurait pu écrire: « Méfie-toi du livre, suis l’acteur », plutôt que « suis l'objet ».Car son objet était la façon dont les hommes agissent ensemble pour sortir de leurs difficultés. Et le titre de son dernier livre : « Dynamique concrète du développement » exprime que son axe de travail était bien réflexion/action. Malheureusement, épuisé par la fatigue et la maladie, il n'eut ni le temps, ni la force d’écrire ce livre lui-même et des étudiants, dont Alain Dubly, l'ont rédigé, à partir de textes et enquêtes diverses.
Lebret passait de temps en temps à Caluire et nous avait raconté que l’une de ses tâches désormais était de conseiller le tout récemment nommé chef du gouvernement du Sénégal, M. Mamadou Dia, ex-député à l'assemblée nationale française et élève de François Perroux et que, pour réaliser sa mission, il se ferait aider par une équipe. Nous suivions ses pérégrinations incessantes grâce à son journal rédigé en pattes de mouche, avec force détails, constats et réflexions, que sa secrétaire déchiffrait, tapait et faisait suivre aux équipes EH, IRFED et à bien d'autres.(Voir Annexe)
L'envie de donner un coup de main aux « nouveaux Etats africains » est venue d'une réflexion politique : nous doutions de la réalité des indépendances, à venir, mais accordées à condition qu'on reste dans la communauté française ! On parlait déjà de développement, et notre petit groupe s'est construit autour de l'idée d'un développement le plus africain et, dans le cas en question, le plus sénégalais possible. Ce que cela voulait dire, nous étions peu capables de le préciser mais conscients cependant du danger de penser à leur place, étant donné notre désir de les aider.
En novembre 1958, entre deux portes, il me dit : "J’ai conseillé à Georges de t’embaucher car il ne pourra pas être là-bas tout le temps. Tu as fait des enquêtes, c’est ce que tu feras". Je connaissais un peu " Georges " car j'avais participé à des rencontres d’EH où il avait travaillé plusieurs années comme l'un des permanents." Des enquêtes, oui Père, mais pour en faire quoi ?" " Pour réaliser des études préalables à la planification ". "Mais je ne connais rien en planification"."Oh, qui s’y connaît ? Et on t’aidera par un tel ou un tel.
...
Exemples de notes de LJ. Lebret venues du Viet Nam en janvier 1959:
" Pour nous, micro et macro-analyses sont inséparables: on ne comprend pas le petit sans référence au tout, ni le tout sans connaissance profonde du petit. Pour nous, étude et engagement vont de pair : on ne voit pas bien le réel si l'on ne s'y rend pas responsable ".
" Plus que l'avidité de plus avoir, la haine du miséreux, personne ou peuple, provient de ce qu'il n'a été ni compris, ni estimé, ni aimé. La technique de la mise en valeur doit être appliquée avec amour, et celui qui aime est seul capable de communier à tout l'humain. Il n'est pas indifférent pour l'objectivité, en sciences sociales, de considérer l'homme et les groupes avec amour.
" Nous v«us demandons de nous aider à déceler les besoins des hommes et à combattre les tares qui affectent, à tous les échelons, les collectivités. Nous vous demandons de nous aider à perfectionner nos méthodes d'analyses des faits sociaux et de la conjoncture économique, sociale, politique totale. Nous vous demandons do nous aider à préciser la dynamique du développement, la théorie do la civilisation, la formation de la morale collective. Nous vous demandons de nous aider propager le grand dessein, à déclencher la grande passion de la montée humaine solidaire.
" L'ftae des privilégiés est devenue vide à mesure que leurs désirs matériels se comblaient. Nous vous invitons à la pauvreté qui arrête le désir à ce qu suffit. Tout l'au-dessus enchaîne et mutile.
" Ce que je veux, ce n'est pas votre argent, c'est vous, disait Saint Paul Nous vous convions aux véritables enrichissements: celui de votre esprit arrivant peu à peu, après de longs efforts studieux à l'école du réel total, à comprendre 1 monde ; celui de votre vouloir s'appliquant à apporter la réponse aux besoins et au appels des " Le problème est :
" Le problème est technique et il est spirituel. Qui refuse de 1e considérer sous ces deux aspects est tissure de ne point le résoudre."
" Engages-toi pour que ceux qui sont hors du coup, qui sont non considérés, qui - eux- mêmes ne se considérant pas comme grand-chose - sont abattus, puissent trouver leur voie comme les autres."
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Samy, coordinateur du RIEH en Asie, est très engagé pour soutenir les mouvements des paysans et des travailleurs du secteur informel.
Il est vice-président de WPC : Working Peoples Charter.
Les 17 et 18 décembre 2021 il a participé à une rencontre à Chennai (Tamil Nadu) qui a adopté le texte d’une résolution. Dans son introduction, la Charte comprend la déclaration suivante :
« Nous, les 130 délégués du Tamil Nadu, du Kerala, du Karnataka, du Telengana, de l'Andhra Pradesh et de Pudhucherry, présents au SOUTH INDIA FARMERS-WORKERS ACTION-DIALOGUE, nous sommes réunis les 17 et 18 décembre 2021 à Chennai pour faire entendre la voix collective de ces ouvriers et agriculteurs. Nous rappelons que l'enregistrement des travailleurs informels est la première étape vers non seulement la réalisation de la protection sociale, mais aussi la reconnaissance des droits du travail attendus depuis longtemps et tels qu'envisagés dans notre Constitution (articles 37, 38, 39-A, 41, 42, 43, 45 et 47) et la Déclaration de l'Organisation internationale du travail (OIT) de 1998 relative aux principes et droits fondamentaux au travail. Tous les travailleurs informels de l'Inde doivent avoir droit à la liberté d'association et à la reconnaissance effective du droit de négociation collective, à l'élimination du travail obligatoire, l'abolition du travail des enfants et l'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession ».
Suit une plateforme revendicative accessible en cliquant sur ce lien (document téléchargeable)
Le RIEH soutient l’action de Samy et du WPC, qui est un combat pour la dignité de tous les êtres humains.
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Ma mission se termine et je reprends tout à l’heure l’avion pour un retour compliqué par les mesures sanitaires : Cotonou, Addis Abeba, Kigali, Bruxelles, Paris CDG.
Il me vient l’expression « Mission accomplie ».
Le projet ATEDD-Kivu est bien lancé ; le projet Charbon vert de Minova est relancé ; il y a désormais au Kivu 3 groupes locaux actifs et 4 qui devraient se constituer et agir. Le Kivu va être la principale région au monde où le RIEH est présent et actif. Cela a beaucoup de sens pour moi que ce soit cette région si éprouvée qui se montre avec nous si engagée pour une économie humaine.
Le RIEH Afrique, qui est devenu INHE/RIEH Africa grâce à nos deux Camerounaises si dynamiques, a trouvé un nouvel élan avec un tandem de choc, Augustin et Euphrasia pour en être les coordinateurs et pour participer au Comité d’orientation international.
Le Centre Songhaï, si exemplaire, mais qui jusqu’à présent nous considérait comme des diseurs, nous prend maintenant pour des acteurs et il y a de très bonnes perspectives de mener ensemble des projets communs.
Même les derniers jours m’ont permis de voir que le RIEH Bénin avec lequel le contact s’était un peu perdu est en fait très actif notamment pour promouvoir la santé par les plantes, un bon régime alimentaire et une saine hygiène de vie.
Tout cela est très prometteur pour l’avenir, même si le chemin est long et connaîtra d’inévitables moments difficiles.
Je suis content que la Vie, ou Dieu si vous croyez en lui, m’ait donné la possibilité de faire ainsi œuvre utile, après cet accident cardiaque qui a inscrit dans mon corps l’inéluctabilité de la fin.
Mais ce succès ne tient pas d’abord à ma personne. J’ai rencontré ici, partout, des personnes formidables. Qui vivent dans des conditions très difficiles. Certaines dans des zones de grande insécurité comme le Mali, le Kivu, la RCA, la région anglophone du Cameroun. Et qui font preuve non seulement d’une grande résilience – ce mot employé à toutes les sauces et qui peut être assimilé à la résignation - mais d’un engagement d’une grande constance, avec énergie, créativité. Admirables. Et avec une mention spéciale pour les femmes que j’aime toutes. Voyez les photos.
Toutes et toutes m’ont considéré comme un des leurs. J’en suis très touché.
Je ne suis pas sûr que je vais retrouver avec plaisir la médiocrité du débat présidentiel en France et des atermoiements de l’Europe. Il y a tant à faire non pas pour aider l’Afrique mais soutenir les Africains qui s’aident eux-mêmes. Et elles sont nombreuses. Ils sont nombreux. Certainement une majorité qu’il faut faire émerger et rassembler au-delà de tous les clivages politiciens ou religieux.
L’Afrique est déjà debout, même si ça ne se voit pas. Le monde a beaucoup à apprendre d’elle.
Puisse notre modeste réseau, qui va je l’espère bien grandir, permettre cet apprentissage mutuel.
C’est possible. Je l’ai vécu.
Michel Tissier
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La rencontre qui s’est tenue à Songhaï du 6 au 10 décembre 2021 était la première du genre pour le RIEH Afrique. Les précédentes avaient été organisées à l’initiative du Centre Lebret ou étaient des rencontres autour de thématiques sans référence explicite à l’économie humaine.
Là ce sont les deux animateurs du réseau, Gilbert et Augustin qui étaient à l’initiative et avaient lancé les invitations. Et tous les participants appartenaient à un groupe local. Beaucoup se connaissaient à distance. Mais le contact direct et les difficultés partagées pour faire le voyage dans les conditions sanitaires contraignantes ont d’emblée créé une proximité et une convivialité qui n’a fait que s’amplifier au cours des jours. Chacun, y compris moi-même, peut dire désormais, " le RIEH Afrique existe, je l’ai rencontré ".
Le caractère inédit de la rencontre a tenu aussi aux débats et aux décisions prises à propos de l’organisation du réseau et particulièrement de la signature de la Charte constitutive du RIEH.
Ce sont les participants qui ont désigné par un processus démocratique interne les deux personnes, un homme et une femme, qui seront à la fois les coordinateurs du RIEH Afrique et les représentants de l’Afrique au Comité d’orientation international.
Ce processus a été conduit très sérieusement et même avec solennité. En définissant d’abord les critères de choix (expérience dans le réseau, disponibilité, proximité), puis en procédant au vote et à la proclamation des résultats selon les protocoles en cours en Afrique, avec notamment l’intervention de la CENI, la Commission électorale nationale indépendante. Gilbert a fait savoir qu’il souhaitait passer la main tout en restant engagé dans le réseau, notamment pour piloter des projets engageant le RIEH.
Ont été ainsi élus Augustin Cissé de Bamako au Mali et Ndi Euphrasia Ebai-Atuh de Bamenda au Cameroun.
Découvrez leurs portraits en suivant ce lien >>
Ils ont reçu un mandat pour proposer un mode de fonctionnement du RIEH Afrique avec notamment la communication, les finances et un plan d’action.
Le RIEH Afrique confirme que son unité de base est le groupe local avec une organisation porteuse et un coordinateur, président, point focal, référent (les dénominations varient). Là où existent plusieurs groupes locaux, un référent national est mis en place (la dénomination reste à stabiliser).
La réunion a aussi acté que le RIEH Afrique pratique deux langues, le français et l’anglais.
Les modalités de ce bilinguisme se sont inventées au cours de la semaine et vont continuer à se préciser.
Ce n’est donc pas une formule creuse que de parler de nouvel élan.
Michel Tissier, Secrétaire exécutif
Euphrasia Ebai-Atuh, Coordinatrice Afrique
Augustin Cissé, Coordinateur Afrique
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Beaucoup de celles et ceux qui veulent changer le monde appellent à un « changement de paradigme », un « changement de système », un « changement de logiciel ». Ce changement est possible, il y a au moins un lieu sur cette planète où il s’est opéré ; nous l’avons visité. C’est le Centre Songhaï à Porto Novo au Bénin.
Nous n’allons pas dans cet article en faire une description détaillée. Il y a un site avec des descriptions, des vidéos sur You Tube. Disons ici en quoi Songhaï est un bel exemple d’économie humaine en acte.
Songhaï, c’est d’abord une vision, une philosophie, celle de l’homme qui danse avec la nature ; qui est relié à tous les autres hommes ; qui se place sous le regard de Dieu pour le croyant ou en recherche permanente de Sens pour l’homme de bonne volonté en quête de sagesse. C’est la jonction de la science qui nourrit les techniques, de la spiritualité qui inspire l’engagement, de l’action qui transforme la matière et l’énergie en richesse, La tête, les bras, le cœur.
D’une façon très concrète, on parcourt les 20 ha et on est frappé de voir que tout fait système, tout est intégré. Toutes les eaux sales produites sont récupérées et transformées en intrants pour le compostage ou la fabrication du biogaz ou épurées par des plantes. Les techniques de permaculture permettent des rendements particulièrement élevés avec des cycles de croissance raccourcis. Ces techniques sont donc plus productives, génératrices d’un meilleur revenu pour les producteurs et régénératrices des sols. La valeur ajoutée n’est pas captée ailleurs, car la transformation se fait sur place avec des machines fabriquées aussi sur place. Même la commercialisation est intégrée avec un magasin rempli de produits de la marque Songhaï.
Une analyse très détaillée montrerait certainement des points de fragilité. Mais il n’empêche ; il se dégage de cet espace très aménagé, où tout est pensé, une impression de plénitude. C’est propre et c’est beau !
Et cet espace est très habité. Par des personnes qui travaillent dans des conditions saines, sans stress apparent. C’est plus d’une centaine d’emplois, rémunérés en respectant le droit du travail et garantissant un accès au système de protection sociale béninois. On voit partout des stagiaires à l’ouvrage, passant 75% de leur temps d’apprentissage sur le terrain. Ils viennent de tout le Bénin et aussi des pays voisins. L’objectif est qu’elles et ils deviennent tous des entrepreneurs agricoles, ou des métiers de la transformation, des techniques de production d’énergie et de bouteilles plastiques fabriquées en recyclant le plastique usagé.
Et Songhaï les accompagne quand ils retournent dans leur communauté pour entraîner à leur tour les autres. Nous avons pu visiter à une trentaine de kilomètres de Porto Novo une coopérative d’élevage de volaille, le Jardin des Oliviers, fondée par des jeunes formés à Songhaï.
Le centre de Porto Novo n’est pas une vitrine isolée. De grandes surfaces sont cultivées selon les mêmes méthodes dans plusieurs sites du Bénin et dans d’autres pays avec lesquels des conventions ont été signées. Le modèle essaime. Mais l’institution et son fondateur, Godfrey N’zamujo, se refusent à exporter les techniques, si, en même temps, n’est pas aussi transmise la philosophie de Songhaï.
Nous y voyons le mode de transformations de la société promue par l’économie humaine. Se changer soi-même en se laissant éduquer par les autres et en se laissant interroger par les grands textes sacrés ou de sagesse ; être dans l’action localement ; s’appuyer sur cette action pour obtenir le soutien des pouvoirs publics nationaux ; faire évoluer les rapports internationaux car plusieurs pays ont demandé à Songhaï d’inspirer leur politique publique.
Peut-être une différence entre la démarche de Songhaï et la nôtre : le centre intègre toutes les activités alors que l’action territoriale que nous promouvons cherche la concertation entre les différents acteurs.
Et peut-être aussi une différence dans les sources d’inspiration et d’animation.
A Songhaï, le fondateur joue un rôle central et déterminant au point où on peut s’interroger sue ce que deviendra le centre quand il ne sera plus là.
Nos sources d’inspiration sont plus diverses. Et par exemple dans le projet ATEDD-Kivu, c’est le groupe local RIEH dans sa diversité et son unité qui est l’inspirateur du projet. Un groupe relié à tout un réseau national, continental et international. C’est plus durable sans doute.
Mais restons modestes. Le RIEH est loin d’avoir la notoriété de Songhaï.
La bonne nouvelle de cette rencontre c’est que Godfrey N’zamujo s’est déclaré totalement disposé à agir avec nous, dans la perspective d’une Afrique qui se tient debout. Africa stands up !
Nous allons dans les semaines qui viennent voir avec lui comment ces actions communes peuvent être conduites.
Nous reparlerons de Songhaï.
Michel Tissier
Secrétaire exécutif du RIEH
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Le projet initial de la rencontre de Songhaï est né à Sikasso, au Mali, où le groupe local a décidé d’organiser un voyage d’étude à Porto Novo, pour un groupe de paysans. Augustin Cissé, point focal pour l’Afrique de l’Ouest, lui-même originaire de Sikasso, et qui a animé une formation sur l’économie humaine pour le groupe local, a proposé d’étendre le nombre de participants et avec Gilbert Masumbuko, le coordinateur Afrique du RIEH, ils ont décidé d’inviter tous les membres qui voulaient et pouvaient financièrement participer et ils m’ont invité en tant que Secrétaire exécutif.
Finalement, les frontières terrestres du Mali ont été fermées pour cause de COVID et d’insécurité.
Du coup le groupe local a envoyé une délégation très restreinte qui est venue en avion :
Aïché coordinatrice genre et équité sociale de l’Association des Organisations professionnelles paysannes (OPP) de Sikasso,
Samoura, Président de l’ONG CLUEDUCA Mali, qui agit pour l’entrepreneuriat des jeunes ruraux et Président de la coordination des ONG de Sikasso.
Est venue aussi une délégation du Cameroun
Euphrasia, directrice de l’association de consommateurs Cam Co so, animatrice du groupe local de Bamenda,
Linda, membre du groupe local de Bamenda, et animatrice de l’association Teen alive, qui agit dans le domaine de la santé des jeunes,
Etienne, professeur à l’Université catholique de Yaoundé, spécialiste de l’agriculture biologique et intégrée, animateur d’une organisation de promotion des activités agro-pastorale.
De Goma, sont venus
Bertin, directeur de SAK, qui a été présenté dans un article précédent
Mathieu, président du groupe local de Goma, où il réside, professeur d’anthropologie à l’université de Lumumbashi, engagé dans le mouvement des AVEC, associations villageoises d’épargne et de crédit.
De Bangui, en République Centrafricaine
Angeline, directrice de WALT, organisation de femmes leaders
Donc, avec Augustin, Gilbert et moi, un groupe de 11.
Mais il y a aussi toutes celles et ceux qui voulaient venir et en ont été empêchés pour des raisons sanitaires, administratives ou financières :
Fatimata, de Gao au Mali, directrice de l’ONG Greffa et actuellement députée à l’Assemblée nationale de transition. Fatimata a participé à la rencontre internationale du Mené sur le développement territorial en juin 2018. Elle n’a pas pu venir car elle subit les sanctions de la CEDEAO, prises avec l’appui de la mal nommée « communauté internationale » qui ne reconnaissent pas le gouvernement actuel issu du renversement de l’ancien Président par des militaires et exigent des élections rapides. Fatimata et tous les Maliens présents à la rencontre considèrent cette exigence comme totalement inapplicable dans un pays ravagé par l’insécurité.
Ibrahim, du Niger
Lazare, de la Fondation Ki-Zerbo, au Burkina Fasso
Evariste, du Burundi
Clément, du Bénin, indisponible du fait d’une grande réunion de famille
Emilienne, de Kinshasa
Lily de Madagascar
Beaucoup de membres du Kivu voulaient aussi participer : Héritier, de Minova ; Prosper, de Goma ; Achille de la presqu’île de Buzi.
Pendant toute la rencontre, nous avons tenté d’être en contact avec eux, par Zoom ou WhatsApp. Avec des résultats peu convaincants selon les problèmes techniques et les aléas du réseau. Mais chacun avait conscience que la rencontre comprenait deux cercles, les participants présents et les participants à distance.
Configuration un peu inconfortable, mais quand même sympathique.
Le cœur de RIEH Afrique a battu à Songhaï en cette semaine du 6 au 10 décembre 2021.
Michel Tissier
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Aïché Dicko est une des participantes de la rencontre du RIEH Afrique à Songhaï.
Elle vient de Sikasso, la seconde grande ville du Mali après Bamako, au sud du pays. Elle et Modido Samoura ont dû venir en avion car les frontières terrestres du Mali sont fermées à cause du Covid et de l’insécurité.
C’est le groupe local de Sikasso qui a trouvé les financements pour payer leur billet d’avion. En se cotisant, en vendant des livres « Chemins d’économie humaine », en obtenant des subventions des autorités locales.
Ce groupe local est fort parce qu’il rassemble une quarantaine d’Organisations de la Société Civile. Il est coordonné par Samoura, Président de l’ONG CLUEDUCA Mali, qui agit pour l’entrepreneuriat des jeunes ruraux et Président de la coordination des ONG de Sikasso.
Aïché est coordinatrice genre et équité sociale de l’Association des Organisations Professionnelles Paysannes (OPP) de Sikasso, organisation régionale appartenant à une fédération nationale. Cette association mène plusieurs actions, dont la production et la distribution d’une farine améliorée à base de maïs, d’arachides et de soja, pour lutter contre la malnutrition modérée. Un enfant mal nourri qui en consomme régulièrement pendant trois semaines améliore spectaculairement son état. Citons encore des interventions pour résoudre les conflits fonciers entre deux villages.
Je me concentre ici sur un système d’assurance agricole. Le principe est qu’avant chaque campagne agricole, les paysans sont invités à cotiser pour un système d’assurance qui interviendra s’il y a un problème climatique grave, que ce soit la sécheresse ou au contraire des inondations. Le montant des cotisations varie en fonction des produits commercialisés (maïs, arachides, soja) et des risques climatiques par zone géographique. Il est calculé à l’hectare.
Le système est basé sur le volontariat. Il faut donc avant chaque campagne agricole mener des actions de sensibilisation pour que les paysans adhèrent. Voir les photos.
Il est intéressant de noter que trois types d’institutions concourent au fonctionnement du système :
une société privée d’assurance OKO; l’association animée par Aïcha OPP, qui fait la sensibilisation de la population et des MUSO, Mutuelles de Solidarité, qui prêtent aux paysans les sommes permettant de cotiser.
Les critères pour qu’une catastrophe soit prise en charge et les niveaux de remboursement sont définis de façon objective selon Aïché et Samoura.
Cela fait trois ans que le dispositif est en place.
En 2020, 7000 paysans ont cotisé et 1000 ont été indemnisés.
Il faut noter que OKO recourt à des services mobiles de transfert d’argent et à des données satellitaires pour constater les dégâts.
L’association des OPP a aussi mis en place un dispositif de banques de stockage des produits qui permet d’éviter les spéculations. Au moment de la récolte, quand les prix sont bas, des collecteurs rassemblent les produits et les stockent. Ses stocks sont ainsi disponibles quand les prix remontent parce qu’ils deviennent plus rares.
Voilà un dispositif ingénieux basé sur la solidarité dans le partage des risques et sur des moyens numériques très avancés. Ça bouge dans les campagnes du Mali ! Aïché indique que même les propriétaires de plusieurs hectares situés dans des zones peu vulnérables, acceptent de cotiser alors que le risque pour eux est faible. Par solidarité, dit-elle. Et c’est l’association d’Aïché qui les sensibilise et les convainc.
Je ne suis pas sûr que les systèmes d’assurance existants en Europe, que je ne connais pas précisément, soient aussi performant et solidaires.
Et je me dis que lorsqu’on parle des écarts Nord Sud dans la lutte contre le changement climatique, c’est un bon exemple de ce qu’il faut soutenir.
L’Etat malien, qui est impliqué dans la mise en œuvre actuelle, pourrait s’appuyer sur ces expériences pour généraliser ce système en le rendant obligatoire et donc plus performant.
Est-ce que cela ne contribuerait pas aussi à la construction de la paix ?
Michel Tissier, Songhaï Déc. 2021
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Michel vient de clore la première partie de son voyage, toujours en reconnaissance de ceux qui vivent l'économie humaine au quotidien...
Deux semaines ponctuées par de belles rencontres et de nouvelles connaissances, comme le réseau sait nous en offrir.
Un temps fort a marqué ce moment par le lancement du projet ATEDE-KIVU, auquel il a participé du 27 novembre 2021 au 2 décembre 2021...
Un projet phare du RIEH, parti et bien parti ! ;
Retrouvez-son carnet de voyage dans les posts précédents.
Ce grand et beau continent nous concocte toujours son lot de surprises et c'est ensemble que nous nous dirigeons vers Songhaï au Bénin.
Alors, on continue ?!...
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Le jour du lancement du projet ATEDD Kivu à Bushushu (cliquez ici pour retrouver le lien >>), nous avons rencontré avec Gilbert, coordonnateur Afrique du RIEH, et Prosper, membre de l’équipe du RIEH, une forte délégation de l’association Groupe Espoir de Vivre, groupe qui a adhéré au RIEH dès les premiers contacts pris par Gilbert et ma première mission en 2017.
Son objectif est d’ « améliorer les conditions de vie des personnes vulnérables ».
Espoir de vivre : voilà un nom bien choisi pour désigner la raison d’être de l’association. Dans le contexte si difficile du Kivu, il s’agit pour les membres de ne pas eux-mêmes perdre l’espoir et d’agir pour que la population autour d’eux ne perde pas l’espoir.
Espoir de vivre et pouvoir de vivre, voilà deux formules qui constituent l’économie humaine : une vision où l’humain est au centre et une démarche qui s’appuie sur la ressource humaine.
Ce groupe se présente comme un groupe de jeunes, hommes et femmes. Elles et ils n’ont pas décliné leur âge, mais on peut l’évaluer entre la trentaine et la quarantaine. Jeunes, expliquent-ils, c’est un état d’esprit. Ces membres sont majoritairement originaires de la chefferie de Bukavu dans le Territoire de Kalehe. Ils y vivent et ce territoire est leur zone d’intervention. Il est très mal relié aux deux villes importantes que sont Goma au nord et Bukavu au sud.
Ce sont tous des bénévoles, même si à l’occasion de tel ou tel projet pour lequel l’association obtient des financements, certains peuvent être temporairement rémunérés.
Les actions qu’ils mènent sont très variées : sensibilisation aux droits des femmes et des enfants, mise en place d’activités génératrices de revenus, pisciculture, pépinières, élevage de poulets, culture de champs communautaires, protection de l’environnement, prévention des catastrophes naturelles. Ils interviennent aussi auprès du Procureur de la République afin de prévenir des pratiques de « justice populaire » qui s’en prend à des innocents.
Ces différents champs d’action sont ceux de l’économie humaine, ceux où la dignité humaine est en jeu.
Ce groupe a lu et même étudié de façon approfondie le livre « Chemins d’économie humaine », dont ils disent qu’il les a beaucoup inspirés. Ils connaissent et lisent la revue « Développement & Civilisations ».
Nous convenons, que l'association cherche à ouvrir son action et qu'il devient nécessaire pour cela, de se rapprocher avec d’autres organisations partageant leur vision et leurs objectifs. La décision de constituer un groupe local s'impose et ils l'animeront.
Participer au RIEH, c’est pour eux une voie pour approfondir l’économie humaine, de donner une portée plus large à leur engagement, de s’associer à d’autres pour mener les plaidoyers auprès de autorités locales. Ils souhaitent se jumeler avec d’autres organisations et groupes locaux du réseau non seulement en Afrique, mais dans le monde. A être aussi accompagner dans la recherche de financements auprès des bailleurs de fonds, notamment au niveau international.
L’association et le groupe local vont participer activement au projet ATEDD dans le village de Bushushu.
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Le samedi 27 novembre s’est tenue à Minova, dans les locaux de l’Institut Matendo, une rencontre entre les jeunes producteurs de charbon vert et les représentants du RIEH : Gilbert Masumbuko, coordinateur RIEH pour l’Afrique, qui est originaire de Minova et fondateur de l’Institut Matendo, Héritier Kissoho, coordinateur du groupe local de Minova, Prosper Hamuli, animateur et chercheur en développement des communautés et membre de l’équipe du RIEH Afrique, et moi-même.
Rappelons que le projet Charbon vert, vise à développer la production et la consommation de briquettes de charbon vert fabriqué à partir des déchets végétaux et destiné à remplacer le charbon de bois, cause de déforestation.
Pour mémoire, voir sur le site en cliquant ici >>.
DCLI a obtenu pour ce projet un financement de l’Agence des Micros Projets.
Les jeunes ont été formés à la technique de production et dotés des équipements de base. Mais les quantités produites restent faibles, procurant peu de revenus aux jeunes. L’objet de la rencontre était d’analyser les causes qui entravent le développement de la production, de définir les solutions et d’affecter les moyens obtenus à ces solutions afin d’atteindre un volume significatif.
Les jeunes ont cité les équipements qui leur font défaut, dont un tricycle pour le transport des déchets.
Ils ont dit que les briquettes souffraient d’une image de mauvaise qualité sur le marché, parce qu’elles étaient fabriquées jusque là, avec des méthodes moins performantes. Il faut donc montrer la différence aux consommateurs, par la forme ou par un emballage spécifique.
Voilà donc le marketing qui fait son entrée dans le projet !
Ils ont donné leur accord pour s’engager à produire 40 tonnes par an si tous les moyens qu’ils demandent leur sont donnés.
Tout cela va donner lieu à un chiffrage au vu du budget dont dispose le projet.
C’est une étape très importante qui vient d’être franchie.
Jusqu’ici les jeunes considéraient que le projet était celui du RIEH et ils en attendaient les bénéfices comme d’autres bénéficiaires de projets d’ONG. Là un contrat va être passé entre eux et le groupe local. Ils négocient et passent un contrat en tant que collectif qui s’est d’ailleurs doté de structures pour fonctionner. Ce collectif est l’embryon de l’entreprise qui va se constituer avec l’objectif de devenir autonome et durable.
Quand les moyens apportés par le projet se retireront, l’entreprise des jeunes producteurs de charbon vert de Minova et de Bweremana sera en capacité de solliciter et d’obtenir des financements sur la base de la vente de leur produit.
On n’y est pas encore, mais c’est bien parti !
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Mobilisation communautaire, c’est l’expression à laquelle toute l’équipe du projet ATEDD se réfère en permanence et qui figure sur la banderole qui a été déployée lors des deux jours de lancement. Nous dirions plutôt, nous, français mobilisation populaire.
Mobilisation pour agir ensemble face aux problèmes des crues des rivières, de la déforestation, de l’érosion des collines et de la dégradation des sols.
Or qui peut mieux incarner cette mobilisation qu’un chanteur populaire ? Les amis du projet ont contacté Olivier Wa Bantu dit Olivier le Bantou, chanteur bien connu qu’on entend dans les cafés de Goma et de sa région et il est venu me voir.
La musique est qualifiée de « 5ème pouvoir », en Afrique. De tradition orale, elle est accessible à tous, plus directe, plus populaire pour parler aux gens, notamment par la radio qui peut accéder aux endroits les plus reculés de ce grand continent.
Il est originaire de la région où intervient le projet et il est très content qu’on s’attaque à ces problèmes d’environnement. Nous échangeons sur les thématiques ; « Les rivières ne sont pas non ennemies, mais nos amies si nous savons en prendre soin », « Les arbres aussi sont nos amis », « Que tout le monde, même les enfants, plante des arbres et veillent à ce qu’ils poussent », « Si les pauvres savent s’unir, les riches et les puissants devront les écouter ».
Il va enregistrer des chansons qui passeront à la radio et qu’il chantera dans les fêtes.
Nous les mettrons sur le site en traduisant les paroles !
Michel Tissier, rencontre culturelle avec Olivier le Bantou.
Après le lancement dans le territoire de Masisi le samedi, l’équipe projet s’est transporté jusqu’au village Bushushu dans le territoire de Kalehe. Les deux villages sont situés au bord du Lac Kivu et s’étendent jusqu’aux hauteurs des montagnes voisines avec plusieurs rivières qui en ce moment se limitent à un ruisseau, mais qui, quand des pluies violentes s’abattent peuvent dévaler en emportant de très gros rochers, des arbres et des torrents de boue.
En juin 2021, trois membres de CADRE et du CEREIAD, deux des organisations constituant le consortium qui porte le projet ATEDD, se sont rendus sur place après une crue particulièrement violente pour constater les dégâts et surtout faire une première analyse des causes.
Vous pouvez trouver leur rapport en cliquant >> ici
L’événement était présidé par l’Administrateur du Territoire de Kalehe, qu’on peut comparer à un département dans le système français, la Province étant comparable à la Région. C’est donc comme si le préfet de département était venu en personne lancer le projet. Avec un trajet de 45 minutes par une mauvaise route. C’est dire s’il est intéressé au projet et si les organisations du consortium sont bien implantées dans la zone.
La cérémonie s’est déroulée en trois temps :
Tous disent leur volonté de participer. Et c’est important, parce que chacune de ces tribus occupe un espace (les hauteurs, les pentes des bassins versants, les zones culturales) et ont des activités comme le pastoralisme qui ont une influence sur les crues.
Chacun doit participer car les travaux peuvent se faire sur différentes concessions avec l’accord des propriétaires et certaines pratiques dangereuses doivent évoluer.
Certains font aussi part de leur scepticisme. Ils ont souvent vu débarquer des officiels ou des ONG faisant des promesses, mais qu’on ne revoit plus. Il y a là un enjeu majeur pour un projet qui dure un an. Les moyens apportés en matériels, en formation, en conseils, en expertise n’auront qu’un temps. Ils vont permettre d’effectuer certains travaux qui auront un impact visible, mais certainement pas tous ceux qui seront nécessaires. Il faudra qu’il y ait des suites. Le projet va permettre que la majorité de la population et les responsables locaux et aux niveaux supérieurs aient une bonne conscience des causes des problèmes et des actions à mener, dont beaucoup peuvent être menées par les travaux communautaires ou par des travaux que les collectivités locales ont les moyens de financer. L’administrateur du Territoire a déjà dit qu’il était prêt à concentrer les moyens dont il dispose sur la zone concernée. Il sera d’autant plus enclin à tenir cette promesse qu’il constatera que la population et tous les acteurs qui comptent sur ce territoire sont mobilisés, sont d’accord sur ce qu’il faut faire et ont fait la partie des travaux qui leur revient.
De toutes façons, les quatre organisations resteront sur le terrain et continueront d’agir même si elles disposent de moins de moyens.
L’attente est forte, avec sans doute des illusions, mais la mobilisation est aussi là. Il faut l’entretenir, lui donner des objectifs et des résultats concrets, mener ce que tout le monde ici appelle « le plaidoyer ». Porter les revendications sur des moyens supplémentaires en s’appuyant sur les actions qu’on mène déjà.
Toutes les personnes intéressées par la suite trouveront régulièrement sur le site des informations sur le projet.
Michel Tissier à Bushushu, dimanche 28 nov. Carnet de voyage 5
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Ce projet sur lequel le RIEH travaille depuis plusieurs mois a vu le jour ce samedi 27 novembre 2021 dans le village de Buhunda située dans la chefferie des Bahunde, sur le Territoire des Masisi, dans la province du Nord Kivu, en République Démocratique du Congo. Et précisément à un endroit où récemment une rivière qui débordait a emporté un pont sur la route reliant Goma à Bukavu, tuant au passage plusieurs personnes, détruisant des maisons, arrachant des arbres et des portions de terrain.
Les photos accompagnant cet article rendent compte de l’événement qui a été suivi d’une réunion dans les locaux de la chefferie (dès qu'elles nous parviennent !). Une vidéo sera prochainement mise sur le site.
Pour le savoir, lisez >> la présentation qui en a été faite et distribuée sur place.
Il bénéficie d’un très important financement de la part de l’Aide Française au Développement. L’accord de principe a été donné sur ce projet, mais la convention n’a pas encore été formellement signée, ce qui empêche d’en dire davantage pour le moment. Accord a aussi été donné pour que le lancement s’opère dès maintenant à l’occasion de cette mission.
Nous reviendrons sur ce projet tout au long de l’année.
L’objet de cet article est plutôt de rendre compte de quelques aspects de l’événement de lancement.
Il a été présidé par le chef traditionnel, qui est un personnage éminemment important. Il a été accueilli très solennellement par la population. Son discours n’était pas que protocolaire. « C’est vous qui connaissez le secret de la rivière » a-t-il d’emblée proclamé à l’adresse des participants. « Nous remercions les organisations qui viennent apporter leur soutien, nous remercions le RIEH et la France pour leur aide. Mais c’est à vous de profiter de cette opportunité pour agir. C’est vous qui connaissez les comportements de la rivière, les événements qui sont survenus au cours des années. Transmettez cette expérience aux experts qui vont venir, discutez avec eux sur ce qu’il faut faire, mobilisez-vous pour faire les travaux nécessaires.»
On ne saurait mieux dire et il anticipait remarquablement sur les mots des discours que nous avions préparés Godefroid, le coordinateur de CADRE, et moi. C’est un très fort atout pour la réussite du projet que cette claire vision de son objectif et de sa démarche par le leader local, qui dispose de services et d’un budget qui peuvent aussi être mobilisés.
Au passage, je note que nous avons souvent en Europe l’image du Kivu comme d’un pays sans Etat, livré à lui-même, déstructuré. Dans le cas présent, une autorité existe et la collectivité territoriale qu’il préside est une organisation décentralisée. Le chef n’est pas nommé par l’État, mais il est reconnu par lui comme l’autorité locale. Il n’est pas non plus élu, mais sa légitimité est reconnue par la population.
Il y a sans doute là, matière à réflexions sur l’essence de la démocratie qui n’est pas d’abord un mode d’élection, mais un système où chaque membre de la communauté participe aux choix d’organisation de cette communauté.
Le système coutumier, si le chef incarne effectivement la volonté commune pour servir le bien commun, n’est peut-être pas si antidémocratique et archaïque qu’il paraît.
Pour organiser l’événement, le « consortium » qui porte le projet avec les quatre organisations congolaises et le secrétariat international du RIEH s’est montré très efficace. Malgré des délais très courts, banderoles, T-shirts, gilets ont été conçus et fabriqués. Marie à distance a joué tout son rôle et Godefroid a coordonné les efforts sur place.
C’est aussi Godefroid qui a été l’organisateur des événements, grâce à tout son réseau, sa connaissance intime et parfaite des coutumes et des protocoles.
Les professeurs du CEREIAD sont venus de Bukavu à Goma, pour prendre place dans le convoi qui a fait la route. Ils mettent la main à la pâte pour l’organisation matérielle. Et Dieu sait si c’est compliqué d’être efficace avec les coupures d’électricité fréquentes et les difficultés d’approvisionnement ! Mais ils y arrivent et la coopération est exemplaire entre toutes ces personnes qui se connaissent et s’apprécient. Et ils me font toute ma place parmi eux ainsi qu’à Marie, même à distance.
Une bonne journée bien remplie. Elle se conclut par le déplacement vers Bushushu dans l’autre territoire où aura lieu le lancement dimanche. 80 km d’une route praticable seulement en 4x4 ou à motos.
Il était prévu de mettre 5h, on en a mis 7 car un camion en panne bloquait le passage et nous avons dû finir en motos.
Je tire mon chapeau à cette population et à ces militants qui malgré les problèmes qu'ils traversent, gardent leur moral et leur énergie. Tout le monde fait preuve d’inventivité pour trouver des solutions et tout cela dans la bonne humeur !
Michel Tissier, ce samedi 27 novembre 2021 - ATEDD-Kivu c'est parti !
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SAK est juridiquement une association et une entreprise. C’est surtout une équipe d’entrepreneurs sociaux qui s’est constituée depuis 2011 pour mener des actions dans le domaine de l’environnement à Goma, dans des îles du lac Kivu ou des zones en bordure du lac.
Du nom un peu compliqué à comprendre qu’elle s’est donnée (Safari Agricole Kinase), retenons que la kinase est une enzyme qui transforme le milieu où elle agit. Cela renvoie à la fois au principal champ d’action de l’entreprise : la transformation des déchets agricoles pour en faire du compost ou du biogaz et au projet de mener une action qui se diffuse dans la société.
Depuis un an SAK a décidé d’intervenir dans le champ de la collecte et de la transformation des déchets à Goma.
Cela paraît incroyable pour un visiteur occidental, mais la gestion des déchets ménagers ne fait l’objet d’aucune politique publique. Des opérateurs privés payés par les ménages collectent tous les déchets en vrac pour les conduire dans des décharges elles-mêmes privées. SAK a commencé à être un de ces opérateurs.
Elle a 300 ménages clients qui payent 5 $ par mois pour qu’on vienne à domicile ramasser les ordures.
Elle loue pour cela deux camionnettes et recrute des journaliers payés 5 $ la journée pour effectuer deux tournées par semaine. Les principales charges – la location des véhicules, le carburant, les salaires des journaliers - sont à peine couvertes par les recettes.
La gestion et l’encadrement sont assurés bénévolement par les membres de SAK.
Kelly notamment, le responsable des services est sur le terrain avec l’équipe de tournée pour encadrer les journaliers car ils entrent dans les maisons et il faut veiller à des comportements respectueux de l’intimité des ménages.
L’objectif de l’association-entreprise est d’organiser un premier traitement en triant les matières organiques pour en faire du compact et du biogaz et les plastiques pour en faire des matériaux de construction. Le reste étant toujours mis en décharge en vrac.
Cela nécessitera de sensibiliser les clients pour qu’ils fassent le tri et d’organiser la transformation. L’équipe connaît les techniques qu’elle a pu observer notamment dans les pays voisins.
Les principaux besoins exprimés actuellement est de pouvoir investir dans l’achat de ses propres véhicules car la location coûte cher et de se former pour mieux maîtriser encore les techniques de transformation.
On voit tout de suite que la tâche est immense et que SAK est encore très loin d’atteindre un modèle économique durable.
On est aussi frappé par la détermination de ces personnes qui investissent de leur temps, de leur énergie et même de leur argent. Le bureau de l’entreprise est une maison personnelle mise à disposition par le directeur. Chacun des membres a une autre activité d’où il tire ses revenus.
Ce qui les motive, c’est certes la perspective qu’à terme le traitement des déchets peut devenir une affaire leur rapportant des revenus pour en vivre.Mais c’est surtout la volonté d’agir par rapport à un immense problème de société, une volonté d’innover avec des techniques modernes. Un sentiment nationaliste aussi, car la partie rentable du traitement des déchets, celui des métaux, est en fait assurée par des entreprises venant de l’Ouganda voisin.
Une colère enfin face aux autorités qui non seulement ne font rien mais cherchent d’abord à prélever des taxes sur leur activité de transport. Une colère sourde, mais réelle. Une colère génératrice d’action, comme s’ils disaient : vous ne nous aidez pas alors que nous remplissons les missions que vous devriez prendre en charge, mais nous allons quand même le faire.
SAK est membre du groupe local RIEH de Goma.
Bertin, le directeur, et Bonnechance le président du CA, en attendent des échanges et du soutien de la part des autres membres qui ont des compétences dans les domaines de la gestion d’entreprise, de l’environnement. Ils considèrent qu’ils ont la même vision que celle de l’économie humaine et que c’est intéressant d’approfondir ce concept avec l’expérience des autres membres. Ils veulent en savoir plus sur l’action en cours à Minova pour transformer les déchets agricoles en charbon vert.
Comment avec d’autres peuvent-ils faire que la vie à Goma, dans l’Est du Congo soit mieux organisée ? Que les autorités résolvent les problèmes au lieu de les aggraver ? Le groupe local est le lieu où ces questions peuvent être posées et des stratégies s’esquisser, notamment en prenant des contacts avec d’autres organisations du territoire.
Du réseau au niveau de l’Afrique et au niveau international, ils attendent des mises en contact avec des personnes et des organisations pouvant leur apporter des techniques ou des financements. Et ils sont assez fiers que leur action soit reconnue et mise en valeur.
Bertin participera à la rencontre de Songhaï en décembre. On se retrouvera donc.
Michel Tissier à Goma, visite de SAK.
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Le groupe local est pour les territoires, la vitrine qui nourrit la réflexion globale de l'économie humaine. Lieu de toutes les expérimentations, elle réunit les acteurs de terrain et rythme l’action au quotidien en lui donnant du sens. C’est aussi une véritable courroie de transmission : On y apprend à en tirer les leçons à partir d'observations concrètes et reconnaître les lignes forces de l'Économie humaine en cours de construction.
Mardi 23 novembre nous avons eu Gilbert et moi une réunion avec le groupe local de Goma. Après un temps de gestation, celui-ci s’est constitué récemment avec une vraie dynamique et cette rencontre a été l’occasion de confirmer l’engagement de ses membres à la faire vivre.
12 participants étaient autour de la table, la plupart professeurs dans l’enseignement supérieur, ayant la plupart à titre personnel un engagement dans des organisations de la société civile sur des objectifs de paix et résolution des conflits, de protection de l’environnement, de développement de l’épargne de proximité, de promotion féminine.
Est aussi membre du groupe une ONG intervenant dans la collecte, le tri et le traitement des déchets : la SAK (Safari Agricole Kinase). Je reviendrai sur cette organisation dans un prochain article car une rencontre spécifique avec elle est programmée dans la semaine.
Ce que recherchent les participants en adhérant au groupe local, c’est, en tant qu’universitaires, connaître et intégrer l’économie humaine dans leur recherche et dans leur enseignement, et en tant qu’« activistes », militants, d’échanger avec d’autres pour donner du sens à leur action et se soutenir et d’agir avec d’autres sur les grands enjeux auxquels est confrontée la population de Goma et sa région. Ils vont prochainement déterminer l’objectif et les formes de cette action. Tous sont manifestement très préoccupés par les crises permanentes que vit leur pays. Ils veulent analyser la situation et agir et le groupe local leur apparaît comme le lieu où la réflexion collective peut être partagée entre personnes partageant les mêmes objectifs et où une action peut être conduite, non seulement pour apporter une solution A particulière, mais contribuer à une transformation plus globale.
Tous, se montrent à la fois intéressés et perplexes, par rapport au concept d’économie humaine. « Nous voudrions bien comprendre la quintessence de l’économie humaine ». Un atelier de formation est prévu à cette fin le jeudi 2 décembre.
La réunion se tenait dans les locaux de l’ISDR Grands lacs (Institut Supérieur de Développement Rural). Claudine Mafuko, secrétaire académique de cet institut, spécialiste de l’environnement, a participé activement à la réunion.
Elle a décidé de suivre particulièrement le projet Action territoriale pour un développement durable au Kivu centré sur la protection de l’environnement.
Suite au rapport qu’elle a fait au promoteur et dirigeant de l’lSDR GL, ce dernier a formalisé son adhésion au groupe local.
Michel Tissier, Escale à Goma en République Démocratique du Congo
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Lundi 22 novembre j’ai rencontré l’équipe de CADRE : Comité d’Appui au Développement Rural Endogène. « Développement endogène », voilà une expression caractéristique de l’économie humaine. « Développement », c’est le passage pour une population d’une situation moins humaine à une situation plus humaine, où la dignité de chacune et de chacun est reconnue. « Endogène », cela signifie que les objectifs sont la satisfaction des besoins des personnes et des groupes concernés, selon les valeurs qui sont les leurs, dans le respect de leur culture et que les acteurs du développement sont la population elle-même, les organisations qui en sont issues et les autorités locales.
Toute l’action et le savoir faire de CADRE portent sur la transformation des comportements et des représentations qui rendent les progrès possibles. On peut parler de conscientisation ou d’empowerment, c’est-à-dire le fameux facteur humain, qui est souvent décrit comme s’opposant au progrès technique, mais qui est le facteur décisif du changement.
Le village de Nzulu n’était pas doté d’un Centre de santé, le centre le plus proche étant située à plus de quinze km par une route difficilement praticable. CADRE est intervenu non pas pour installer un centre, grâce à des financements venus de l’aide internationale, mais pour que la communauté et en particulier les femmes interviennent auprès des autorités afin que le centre soit installé, doté d’un infirmier et d’un équipement de premiers soins. « Montrer à la communauté qu’elle est capable de trouver des solutions par elle-même », dit Godefroid une des chevilles ouvrières de CADRE.
Dans une zone menacée par l’érosion, CADRE est intervenu pour que la communauté se mobilise pour planter des arbres. Les parents ont d’abord été sensibilisés pour que les enfants deviennent acteurs de l’action en les plantant eux-mêmes dans la concession familiale Chacun trois arbustes. Alors que les enfants étaient considérés comme les premiers ennemis des forêts qu’ils détruisaient par leurs jeux, changement de focale ! : ils en sont devenus les cultivateurs. Et l’un raconte fièrement que l’exploitation de ces arbres lui a permis de disposer de revenus pour payer sa scolarité.
Dans la période actuelle CADRE est mobilisée pour des actions d’éducation sexuelle et de lutte contre les violences faites aux filles et aux femmes. Une campagne locale est menée pour que le sujet de la menstruation ne soit pas traité comme un tabou. Alors que traditionnellement les filles qui deviennent pubères ont honte et cachent ce qui leur arrive, désormais suite la sensibilisation menée par CADRE, l’événement est célébré avec fierté. Les garçons sont aussi sensibilisés et invités à aller acheter des garnitures pour leurs sœurs et à leur apporter l’eau dont elles ont besoin pour se laver, car elles ne doivent pas, pendant leurs règles, porter des bidons trop lourds. Alors que souvent les filles manquaient l’école à cette occasion, les directeurs ont été sensibilisés pour que les aménagements nécessaires soient opérés et que les filles n'aient plus à se cacher ni à manquer l’école.
En lisant le remarquable ouvrage de Denis Mukwege : « La force des femmes », dans lequel il raconte son engagement pour reconstruire des femmes qui ont subi les pires sévices sexuels, je me dis que des actions de ce type, ancrées dans la culture et le quotidien, contribuent aux changements de mentalité dans une région où le viol collectif est considéré comme une arme de guerre. Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix est originaire de la région et l’hôpital de Panzi qu’il dirige est à Bukavu.
CADRE est une organisation modeste, fondée en 1994, rassemblant des militantes et des militants qui donnent de leur temps, car les moyens sont limités. Quand elle obtient des financements, ceux-ci lui permettent d’étendre son action. Mais ces derniers sont intermittents et l’association maintient la permanence de ses activités grâce à l’investissement et aux contributions de ses membres.
CADRE anime le groupe local du RIEH de Goma. Il trouve dans l’économie humaine la vision et la démarche qui guident son action. L’association sera le chef de file du projet Action territoriale pour un développement durable au Kivu.
C’est dire que je serai souvent aux côtés de ses militants pendant cette mission.
Michel Tissier Escale au Kivu en République Démocratique du Congo
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Au Kivu il rencontrera des membres du réseau RIEH et/ou des personnes et organisations intéressées par le réseau.
Il ira à la rencontre de nos partenaires terrain autour de deux projets pour lesquels des organisations africaines ont obtenu des subventions avec l'appui du RIEH.
L'un, à Minova et Bweremana, vise le développement de la filière du charbon vert dans le cadre d'un projet de traitement des déchets dans ces deux villes voisines.
L'autre se situe dans les territoires de Kalehe et Masisi. Il vise à accompagner l'organisation de la population et des acteurs de ces territoires pour faire face aux catastrophes naturelles dues au changement climatique et pour développer une agriculture rémunératrice pour les paysans et restauratrice pour l'environnement.
Pour le premier projet, n’hésitez pas à consulter les informations déjà disponibles sur le site et pour le second, ces informations seront également très rapidement disponibles suite à l'acceptation de la requête de financement effectuée auprès du Fonds d'Innovation pour le Développement (FID).
Immersion dans le Centre Songhaï. Cette ferme laboratoire à ciel ouvert, tout à fait exemplaire, fait office de référence en matière d’agro-écologie du continent africain. Un modèle de production locale et circulaire conduit par l’adage « Produire plus et mieux avec moins ».
C’est dans ce lieu, qu’il participera à une rencontre organisée par le RIEH Afrique, échanger sur l'économie humaine et se concerter sur l'organisation et l'action du RIEH en Afrique.
Une vingtaine de participants sont attendus (Covid oblige), venus du Mali, du Bénin, du Niger, du Burkina Fasso, de RCA, de RDC et du Cameroun.
Michel nous adressera régulièrement des articles sur le déroulement de sa mission que nous partagerons.
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Le RIEH Afrique organise du 5 au 11 décembre 2021 un voyage d’études au Centre Songhaï à Porto-Novo au Bénin (arrivée le dimanche 5 en soirée, départ le samedi 11 en matinée).
Le Centre agro-écologique de Songhaï est depuis 40 ans un exemple particulièrement intéressant d’économie humaine en action : agriculture régénératrice de la fertilité des sols et de la biodiversité, énergies renouvelables, économie circulaire, développement des savoirs, savoir-faire et savoir-être.
N’hésitez-pas à découvrir leur site www.songhai.org.
La semaine passée dans le Centre permettra :
Sans compter tous les contacts informels que permet une semaine passée ensemble.
Outre le coût du billet d’avion pour l’aéroport de Cotonou, il faut compter 24 € par nuit pour l’hébergement et 12 € par jour pour la restauration. Les coûts de transfert depuis l’aéroport et d’organisation de la rencontre sont pris en charge par le RIEH.
Pour les contribuables français adhérents de DCLI, il peut être réduit grâce à une déduction fiscale, n’hésitez-pas à nous contacter. Une partie du bénéfice de la réduction pourrait permettre de contribuer au financement des frais de déplacement de participants africains.
Si vous vous sentez concerné.e.s, sans engagement ferme à ce stade, par ce voyage d’étude, faîtes nous le savoir en nous contactant au téléphone. De même, si vous pensez qu’autour de vous des personnes peuvent être intéressées par le sujet, n’hésitez pas à leur en parler...
Marie Grippaudo 06 48 75 15 66
Michel Tissier 06 43 32 29 83
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Le groupe local du RIEH vient d’organiser les 12 et 13 août 2021 un atelier de formation à BAMENDA dans la REGION NORD OUEST du CAMEROUN – région anglophone.
Un évènement que nous souhaitons partager avec nos lecteurs.
Voici comment le groupe se présente à l’occasion de cette rencontre :
« En ligne avec les objectifs du réseau élargi- Réseau International pour une Économie Humaine (RIEH)- le groupe local de Bamenda a pour objectifs de promouvoir collectivement une économie plus humaine qui permet de répondre aux besoins de chacun et de tous (besoins matériels, sociaux, culturels et spirituels), par le travail et l’engagement de tous, tout en maintenant les équilibres naturels. »
« La particularité de notre réseau – RIEH/INHE (International Network for Human Economy) - est donc la référence partagée à l'économie humaine et une stratégie pour la promouvoir sur la base de l'action et de la réflexion de ses membres. »
L’action qui s'est déroulée les 12 et 13 août 2021 était intitulée « Un échange d'expériences et d'apprentissages sur l'application et l'analyse des approches de l'économie humaine à : l'éducation ; La démocratie ; Place de l'homme dans la Nature ; Spiritualité ; Culture et Anthropologie ».
Elle visait à faire dialoguer un large spectre d'acteurs du développement sur la participation citoyenne à la construction d'une société souhaitée, répondant aux besoins de toute la personne, par toutes les personnes et pour les personnes en harmonie avec l'environnement.
Cet atelier a réuni 56 participants, tous engagés pour transformer les conditions de vie des habitants de la région.
Ils ont considéré que l’économie humaine est une référence qui donne du sens à leur action et veulent continuer à approfondir comment cette référence peut inspirer les politiques publiques.
Pour regarder la vidéo réalisée lors de l’événement cliquez sur le lien >>>>
L'INHE Cameroun a été lancé à Yaoundé en décembre 2019 avec 11 organisations agissant pour l'amélioration des conditions de vie des habitants à travers :
A ce jour, le groupe de Bamenda est constitué, celui de Yaoundé va prochainement tenir une réunion constitutive et des contacts sont en cours à Douala.
Comme à chaque création d’un groupe local, les objectifs sont définis par les membres.
A Bamenda, le groupe a choisi d’unir les compétences et les moyens de ses membres pour mener l’ACTION ZÉRO FAMINE dans le territoire de TUBAH, une localité de la région.
Cette action vise à accompagner les PDI de retour (personnes déplacées à l'intérieur du pays) et les ménages mal desservis, éleveurs de volaille, dans leur quête de réinstallation et de redressement économique pour qu’ils puissent s’appuyer sur la fourniture d'un capital de démarrage sans intérêt.
Elle est actuellement à mi-chemin de sa phase pilote.
Actuellement le groupe s’organise pour participer à la visite d'étude et d'échange lors de notre rencontre régionale Afrique de l'Ouest au Centre Songhaï - Bénin du 5 au 10 décembre 2021.
Ce voyage réunira des membres du RIEH/INHE d'au moins 10 pays différents (Madagascar, RDC., Congo-Brazzaville, Niger, Togo, Centrafrique, Mali, Burkina Faso, Bénin, Cameroun, France etc.).
Le groupe local RIEH/INHE-Bamenda y voit une très belle opportunité pour :
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Au Tamil Nadu comme partout en Inde, la population a souffert au moins autant des mesures de confinement et des conséquences économiques de la Covid 19 que de ses impacts sanitaires. Des millions de personnes se sont retrouvées sans revenus, notamment tous les migrants internes contraints à un très long voyage pour revenir dans leur territoire d’origine sans aide d’aucune sorte.
Sensible à cette situation, AREDS, organisation fondatrice du RIEH en Asie, a organisé des secours d’urgence en distribuant des colis constitués grâce à des collectes locales, à des moyens fournis par des ONG internationales et en utilisant des dispositifs mis en place par le gouvernement du Tamil Nadu et le gouvernement central, même s’ils restent insuffisants.
Un des problèmes rencontrés est la difficulté qu’ont eue les travailleurs du secteur informel (qui représente 80% des emplois) pour percevoir les aides accordées.
AREDS avec d’autres partenaires du mouvement WPC (Working People’s Charter) ont réalisé une étude pour analyser les causes de cet accès limité.
Cette étude a été menée très rigoureusement et le rapport (accessible en anglais par le lien http://www.rieh.org/offres/doc_inline_src/815/Study+on+Informal+Workers+26+Social+Protection+28129.pdf) est particulièrement intéressant à lire. Sundara Babu, secrétaire de INHE Asia en est le rapporteur. Il apparaît que les bénéficiaires potentiels manquent très largement d’information, que les procédures pour se faire enregistrer pour accéder aux aides sont à la fois lourdes et coûteuses avec un recours très problématique aux outils numériques. Les moyens accordés aux bureaux distributeurs sont par ailleurs insuffisants. Enfin les travailleurs du secteur informel sont méfiants vis-à-vis d’institutions dont ils n’espèrent aucune aide concrète.
Le rapport conclut à l’inefficacité des mesures d’urgence dès lors qu’un système structurel de protection sociale n’est pas en place.
Un meeting à distance accompagnant la publication du rapport s’est tenu le 29 juin 2021 afin de lancer une campagne pour sa mise en œuvre. Notre ami Samy a présidé à la conclusion de ce meeting.
Il est largement démontré que la prospérité d'un lieu ne dépend pas de sa taille, ni de son climat, ni de ses ressources, de la couleur de la peau de son peuple, de la langue, de la religion, ni de son passé, glorieux ou non, ni de son ancienneté. De quoi dépend alors qu’une communauté, une société ou un pays est développé ou sous-développé? Quels sont les facteurs ou les processus qui conduisent au succès ou à l'échec d'une communauté? Ce sont des questions qui ont été traitées par de nombreuses personnes et institutions, en particulier à partir de la révolution industrielle lorsque la différence de niveau socio-économique entre différents territoires augmentait de manière exponentielle.
Les recherches menées il y a longtemps par Adam Smith, Gunnar MyRdal et Schumpeter, ou plus récemment par Robert Putnam, Douglas Nord, Francis Fukuyama, Amartya Sen, Martha Nussbaum, Elinor Ostrom, Daron Acemoglu et James A. Robinson, parmi beaucoup d'autres, l’ont clairement défini. En Amérique latine, ressortent les contributions de Manfred Max-Neef, Antonio Elizalde et Martín Hopenhayn, avec son livre "Développement à échelle humaine", ainsi que les documents du Centre d'intégration et de coopération latino-américains (CELADIC). Le Programme des Nations Unies pour le développement a produit des rapports brillants sur le sujet ainsi que «les objectifs de développement durable» des Nations Unies, qui apportent des réponses à ces questions.
Nous devons divers acquis à l'Église catholique depuis l'encyclique "Rerum Novarum" du pape Leo XIII en 1891, passant par Paul VI dans l'encyclique "Populorum Progresso" et l'excellent pape François avec "Laudato Si", sans compter les précieuses contributions des conférences épiscopales de l'Amérique latine, en particulier pour les textes de Puebla, Medellín et Aparecida.
Il est nécessaire de préciser que le sujet n'est pas simple, tout au contraire, sa complexité permet d'affirmer que la situation de progrès ou de retard d'une communauté n'a généralement pas une seule explication ou une seule cause, mais résulte d’un certain nombre de facteurs et de processus, certains mêmes tenant au hasard. Mais toutes ces études ont des points communs et c'est précisément ce qui est intéressant de correctement évaluer, afin d'être plus clair pour situer quelles routes mènent probablement au succès ou à la ruine.
Comme point de départ, il est préférable d'affirmer de prime abord, qu'aucun lieu, n'est voué à la réussite ou à l’échec. Même dans les pays pauvres, il existe des cas de réussite, tout comme dans les pays développés, on trouve des cas de communautés pauvres. Il existe également des expériences de sociétés réussies qui échouent plus tard, ou de sociétés défaillantes qui, après un processus approprié, réussissent. Cela conduit à la conviction que la responsabilité de ces processus vertueux ou pervers est liée aux personnes et aux institutions qu'elles créent, de l'intelligence ou de la bêtise de ses citoyens, ou il faut le dire, du caractère bon ou mauvais de ses dirigeants.
Ces auteurs démontrent avec diverses études de cas que la prospérité des pays qui réussissent dépend de la force de leurs institutions, ou du degré de confiance dans la société, de l'esprit d'entreprise de leur peuple et de l'environnement pour le déployer, de la culture citoyenne, de la sécurité juridique, des systèmes politiques pluralistes respectueux de la diversité et dotés d'une société civile organisée. Ce sont des pays où règnent la démocratie et la liberté. Il existe des facteurs qui gênèrent des "cercles vertueux", c'est-à-dire des spirales ou des "boucles" qui en se répercutant, créés de plus en plus d'effets positifs, qui renforcent les processus de promotion et de bien-être.
Les pays échouent et la pauvreté s'étend lorsque leurs institutions économiques sont « extractives », c'est-à-dire spéculatives, corrompues et concentrent la richesse de quelques-uns. Ils ont des systèmes politiques autoritaires et concentrent le pouvoir entre les mains d'une élite qui agit presque sans restriction. Il n'y a pas de confiance entre les différents acteurs sociaux, l'état de droit est faible et il existe des restrictions à l'exercice de la démocratie et de la liberté.
Là, dans ces pays avec ces déficiences institutionnelles, se produisent des cercles vicieux ou malins, qui agissent dans un sens négatif, renforçant les mécanismes pervers qui conduisent à l'échec : autoritarisme, corruption, méfiance, spéculation et autres maux.
Les chemins de la prospérité sont clairs. Ceux de l'échec aussi. Les pays qui choisissent la liberté, la démocratie, l'ouverture économique, le respect de la propriété privée avec une supervision étatique transparente pour éviter les abus, la décentralisation, une éducation de qualité et d'autres politiques qui favorisent l'innovation et l'entrepreneuriat des personnes sont sur la voie de la prospérité.
Toutes ces vertus de confiance, de participation organisée de la société aux affaires publiques, d'institutions solides, de conscience civique et citoyenne, les valeurs éthiques prédominantes, l'exercice responsable de la démocratie et de la liberté, sont appelées « capital social ». Ces valeurs ne sont le patrimoine héréditaire d'aucun groupe social, ni la dotation naturelle d'un lieu ou d'un pays.
Ce sont des vertus qui se construisent, non pas avec de l'argent, de la ferraille et du béton, mais avec la parole, un formidable outil dont tous les êtres humains sont dotés. Il y a des manières de le faire, il y a des techniques adaptées et elles partent toutes de savoir écouter et parler, une affaire bien plus complexe que la construction d'un bâtiment. En fin de compte, le succès ou l'échec d'un territoire, d'une communauté ou d'un pays, ne dépend que de la qualité avec laquelle ses habitants se considèrent les uns les autres.
« Le développement dans la liberté est essentiel pour évaluer le niveau de croissance d'une nation.
Celle-ci doit être mesurée en fonction du niveau de vie de ses citoyens et de leur capacité à être libres. "
Amartya Sén. Prix Princesse des Asturies en sciences sociales 2021. Prix Nobel d'économie 1998.
La nouvelle flambée de violence qu’ont subie les populations palestiniennes et israéliennes montre d’abord que l’impasse politique est totale dans la région. Il n’y a aucune perspective pour les Palestiniens, pour qu’ils puissent exercer leurs droits politiques, économiques, sociaux et culturels. Ils subissent la loi du plus fort simplement d’abord car leur souveraineté n’est pas reconnue par la majorité des États de la planète.
La situation quotidienne diffère selon que les Palestiniens vivent dans les territoires illégalement occupés, qu’ils soient formellement contrôlés ou non par l’Autorité palestinienne, dans la bande de Gaza - prison à ciel ouvert - ou en Israël comme citoyens de seconde zone ou enfin dans les camps de réfugiés ou dans la diaspora. Mais globalement, en référence à l’économie humaine, ils n’ont pas droit à une vie digne car ils ne peuvent pas exercer leurs droits politiques pour décider du cadre constitutionnel, législatif et réglementaire dans lequel ils vivent, ni choisir leurs dirigeants, ni exercer leurs droits économiques pour subvenir à leurs besoins par leur travail ou leurs droits à organiser librement leur vie sociale et culturelle.
Et non seulement ces droits ne sont pas reconnus, mais il n’y a pas de perspective que la situation évolue. C’est la cause fondamentale des révoltes que lancent périodiquement les Palestiniens et qui continueront tant qu’une vraie perspective ne sera pas ouverte et que les bases d’une coexistence pacifique avec égalité des droits ne seront pas trouvées.
Ce blocage résulte d’abord du fait que dominent en Israël des forces politiques d’un sionisme fondamentaliste et exclusif selon lequel les droits des Juifs s’exercent en niant ceux des Palestiniens vivant sur le même territoire au prétexte d’un dessein divin. Cette vision contredit l’égalité entre tous les êtres humains quelle que soit leur religion affirmée dans la Déclaration universelle des droits humains que fait sienne l’économie humaine. Elle contredit aussi le type de spiritualité promue par l’économie humaine, selon laquelle l’homme est appelé à s’ouvrir à la transcendance, mais ne saurait instrumentaliser celle-ci pour servir des intérêts particuliers, comme ce fut aussi le cas durant les années d’apartheid en Afrique du Sud : Dieu ne donne pas une terre, il appelle tous les humains qui vivent sur cette terre à s’organiser eux-mêmes pour vivre ensemble dans la dignité.
Comment ce principe d’égale dignité des personnes et des peuples peut-il se traduire en formes politiques concrètes sur un territoire où vivent des peuples ayant des cultures différentes ? L’économie humaine ne propose pas un modèle unique en réponse à cette question, car des formes différentes peuvent exister. Dans le cas présent, ce peut être soit la mise en place deux États égaux en souveraineté et vivant en paix, soit un Etat fédéral reconnaissant des communautés différentes, soit, encore, un seul Etat reconnaissant l’égalité des droits de tous les citoyens quelles que soient leur culture et leur religion.
C’est aux peuples juifs et palestiniens de trouver les modalités qui respectent les principes d’égale dignité. Cette recherche est actuellement bloquée par la volonté des forces politiques qui gouvernent l’Etat d’Israël d’imposer unilatéralement par la force une organisation du territoire correspondant à sa vision de ses droits et de ses intérêts. Certaines forces politiques arabes actuelles ou passées ont pu avoir le même dessein d’imposer aux Juifs leur même domination en les rejetant à la mer. Mais l’histoire ne justifie pas la loi du plus fort, loi qui n’a aucune légitimité pour l’économie humaine. Seule est légitime la force qui s’exerce au nom du droit.
L’économie humaine considère que toutes les personnes vivant sur un même territoire, tous les peuples qu’ils constituent partagent dans leur vision d’eux-mêmes comme personnes et comme peuples les principes d’égale dignité de tous, de solidarité, de responsabilité, de pluriversité. C’est donc une action éducative, culturelle et spirituelle qu’il faut mener. Car il n’y pas de solution politique durable si elle n’est pas portée par un consensus majoritaire. Cette action peut prendre des formes multiples.
L’autre volet de la démarche de l’économie humaine est de mettre en place et appuyer des actions collectives pour prendre en charge les problèmes communs que rencontrent les populations du territoire. Des actions qui améliorent concrètement les conditions de vie et qui réunissent des personnes de groupes sociaux culturels, confessionnels différents. Ces actions collectives pour le bien commun peuvent aussi être menées par des entreprises, dès lors que celles-ci ne visent pas seulement le profit de leurs propriétaires, mais cherchent à répondre aux attentes de leurs parties prenantes.
Le RIEH appelle toutes les personnes et les organisations qui sur le territoire, en Palestine et en Israël partagent cette vison et adhèrent à cette démarche à se constituer en groupes locaux.
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Agé de 63 ans en 2021, je suis le fils aîné d’une famille paysanne de 12 enfants. Hors de question pour ma famille de me financer des études, j’ai pu néanmoins aller à l’école secondaire grâce au soutien d’un parent. Je deviens enseignant et pendant mes études théologiques, l’Eglise Evangélique d’Haïti (EEH) me nomme pasteur d’une Eglise protestante.
Quelques années plus tard, j’ai eu le privilège de participer à une formation de superviseurs d’écoles primaires du secteur protestant - sur laquelle je reviendrai plus bas – et qui m’a profondément marquée.
Ma femme Eudèze et moi, mettons au monde 4 enfants (deux garçons, deux filles). Nos enfances ainsi que nos expériences personnelles avec nos propres enfants, comme avec les gens que nous côtoyons, nous encouragent à nous impliquer dans le travail de développement durable dans la vie de chaque jour. La vulnérabilité des gens nous incite à faire quelque chose pour les motiver à se prendre en charge eux-mêmes et à prendre leurs responsabilités.
Chrétien, je suis aussi guidé par le Christ et retiens cette parole: «L’esprit du Seigneur est sur moi, il m’envoie annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres…».
A la fin des années 90, la formation de superviseurs d’écoles primaires protestantes me fait découvrir la recherche-action qui dépasse de loin l’inspection d’écoles et s’étend à tous les domaines de la vie. Dans ce même cadre, j’ai eu la chance de faire un stage de deux mois en Europe au Collège Coopératif de Paris [1] [2] et de connaître le Centre Lebret qui nous accompagnait et encourageait l’expérience de notre groupe [3], le Mouvement pour la Coopération Internationale (MCI) [4] à Genève, EIRENE-Suisse [5], ainsi que quelques brefs voyages d’immersion et d’échanges dans des réalités en France et en Suisse [6]. Cette formation et ces échanges internationaux m’ont aussi aidé dans la prise de recul : il y a des erreurs qui se produisent, dont on ne deviendrait jamais conscient si on ne pouvait prendre du recul.
Bien avant ces parcours de formation, dès mon plus jeune âge, j’étais déjà motivé pour constater la précarité, l’isolement des communautés rurales, l’injustice ; je voulais prendre la défense des autres, particulièrement avec ceux envers qui je me sens avoir des responsabilités.
Notre organisation est née sous le nom de PAIS (Programme d’Appui à l’Insertion sociale) ;
au moment de la déclaration officielle et de son enregistrement, nous avons dû adopter un autre nom qui est désormais ICIS (Initiative Citoyenne et Insertion Sociale) [7].
Pendant quatorze ans (environ de 2005 à 2014) nous avons mené des actions dans la région de la Grande Ravine à env. 25 km, Mapou à moins de 5 km de Cap Haïtien, et à Grosse Roche. Nous avons débuté avec un groupe de 17 membres et nos premiers pas étaient :
D’autres formations ont lieu à la demande des participants. Mais bientôt ceux-ci font part de leur souhait de ne pas seulement échanger des idées, mais aussi de mettre en place des actions concrètes qui améliorent réellement leur situation. La première d’entre elles consiste à reconstruire dans une école les latrines détruites par un cyclone. Cette école se trouve située à un carrefour stratégique, près d’une église, d’un marché et d’une station de bus. La décision est prise que ces latrines soient accessibles au public au-delà des élèves de l’école. Ce qui implique une attention d’autant plus grande à l’hygiène publique. L’autorité locale est partie prenante et offre de payer l’entretien. Il s’agit là d’un premier acte de coopération entre ce groupe de la société civile et le pouvoir public local.
Les activités se diversifient : école et éducation, atelier de couture, agriculture, santé, formation citoyenne, micro-crédit…
Tout n’a pas marché idéalement… Il a fallu constater des échecs, arrêter des activités, en ré-orienter d’autres, faire des apprentissages et en tirer des leçons…Mais commençons par les avancées.
En 2008, PAIS sollicite un appui extérieur pour sa consolidation. EIRENE Suisse répond positivement en envoyant un jeune couple (le mari avec des compétences de renforcement institutionnel, l’épouse étant médecin). Leur départ aurait exactement coïncidé avec le terrible tremblement de terre survenu le 12 janvier 2010 ! Il est différé d’un mois ; lorsqu’ils arrivent sur place, des centaines de rescapés du séisme – qui avait surtout détruit Port au Prince et environs – avaient fui vers toutes les provinces et donc aussi sur les lieux d’implantation de PAIS.
Les compétences des volontaires sont immédiatement mises à contribution. Des «groupes de parole» sont imaginés et mis en place pour permettre aux rescapés l’expression de leurs traumatismes et souffrances, leur faire comprendre ce qu’est un tremblement de terre, que les victimes ne sont pas punies de Dieu et pour faire renaître l’espoir aussi. Ces groupes ont un tel succès que les populations locales en réclament pour elles aussi.
Sous l’impulsion de la jeune femme, médecin, des «cliniques mobiles» voient le jour, avec des déplacements à pied et sac à dos. Des tournois de foot produisent une mobilisation impressionnante et mélangent rescapés et habitants. L’atelier de couture est élargi aux nouveaux venus.
Les groupes de parole ont permis aux participants d’être sensibilisés quant à leurs comportements et de passer d’une mentalité passive à une mentalité de développement. La réussite de cette activité était si impressionnante que cela a motivé les gens pour parler aussi de ce qui les préoccupe. Jusqu’à ce jour ça marche et nous en sommes fiers !
La plupart des bénéficiaires des ateliers de couture ont de bons souvenirs de leur apprentissage et ont pu l’utiliser pour gagner leur vie, leur avenir et celui de leur famille. Par exemple : Marianite rapporte qu’elle arrive à assurer le soutien de sa famille, paie les études de son fils et construit sa maison avec la couture ! Elle travaille à présent sur la vision d’ouvrir son propre atelier de formation.
Les tournois de football sont l’une des activités qui – après plus de dix ans – continuent, non seulement à attirer beaucoup les gens de la communauté, de toutes confessions et sexes. Certains viennent même y écouler leurs produits; d’autres arrivent avec des flûtes, des tambours et des guitares pour renforcer l’animation ! Des fanatiques s’arrangent autour de leurs équipes pour chercher la victoire et un groupe de leaders avisés organisent des affiches, des slogans Même des victimes déplacées du séisme de 2010 s’installent définitivement dans la communauté avec leurs projets d’avenir.
L’impact du passage des volontaires a laissé des traces positives. Après ce jeune couple, il y en a eu d’autres encore, individuels. Pleins d’idées et de capacités, ils ont aidé à risquer des initiatives qui continuent à s’étendre jusqu’à ce jour comme celles qui viennent d’être relatées.
Ceci dit, des difficultés ont existé, qu’il s’agisse des volontaires, des populations locales, ou de l’environnement :
Et puis, avec l’apport de ressources externes – bienvenues - il y a la tentation de l’imposition sur les ressources internes. Quel que soit le niveau de compétences et du financement externe, sans une appropriation profonde à l’interne, le développement est voué à l’échec. S’il y avait eu plus de respect mutuel, nous aurions probablement mieux profité les uns des autres…
La communauté de Grosse Roche par exemple, qui est l’une des plus isolées, ne se laisse plus manipuler par des leaders politiciens, qu’ils soient corrompus ou traditionnels, qu’ils veuillent maltraiter la population ou les induire en erreur. Pendant la période appelée «pays lock» [9], nous avons pris notre distance pour continuer à faire fonctionner l’école, qui est restée ouverte pendant toute l’année 2020 sans interruption.
L’important pour nous est que le développement n’est pas chrétien, ni vodouisant, ni musulman non plus : les marres d’eau insalubre et les moustiques ne sont adeptes ni de l’un, ni de l’autre. Pour le bien du développement durable, nous devons mettre de côté nos discours de chapelles.
Aussi la proposition de micro-crédit – qui sera décrite plus tard dans ce texte - n’était pas du tout acceptée facilement ! Bien des gens ne voulaient pas croire que même pauvre, on pouvait s’y mettre.
Nous avons décidé de nous tourner de plus en plus vers les jeunes (et cela de 12 à 25 ans) ; cela ne va pas tout seul non plus : ils s’intéressent d’abord à la musique, aux réseaux sociaux virtuels. Mais ils sont quelquefois plus capables d’ouverture pour des choses nouvelles. Nous multiplions les formations à la citoyenneté : il y a même de la demande.
En conclusion : il nous importe de mettre les jeunes au centre des activités d’ICIS pour les prochaines années ; il nous semble que c’est un choix judicieux pour influencer le changement visé.
1. L’implication de la femme dans la gestion des activités économiques d’une famille, d’une communauté est de rigueur. Elle rend nécessaire la solidarité entre le mari et la femme.
2. Le développement durable d’une communauté est à la fois individuel et collectif : cesser les luttes de chapelles, de clans, en faveur d’une approche inclusive. Mettons de côté, pour le bien commun, les discriminations politiques, familiales, ecclésiales, intellectuelles et sociales pour une communauté solidairement responsable
3. Il en résulte une philosophie partagée par les gens les plus humbles de la communauté. C’est l’âme, l’essence, la mentalité des gens. Je/nous ne dépendons de personne que de moi/nous-mêmes. Je/nous ne devons plus attendre de l’extérieur. Agissons ensemble pour faire basculer le sous développement.
4. Il y a un prix à payer : je/nous nous engageons à payer ce prix en sacrifiant du temps, de l’argent, l’expérience, la connaissance, le potentiel et le confort.
5. Il faut un leader désintéressé, convaincu, courageux, éclairé qui parle moins et agit en permanence ; qui voit l’autre avant lui ; qui connaît la route et a de l’impact sur les autres, quel que soit son sexe, son âge, sa richesse, sa connaissance, son appartenance…
6. Il y a besoin d’un plan de travail explicite, précisant la vision, les orientations des actions, les moyens et le temps. Les besoins sont identifiés et priorisés ; la solution est envisagée, les initiatives sont prises et les mises en applications sont garanties.
Avec le livre publié par Etzer EMILE [10], nous considérons la pauvreté comme un manque d’accès aux actifs, une croissance économique insuffisante ou inapropriée, une mauvaise gouvernance. Nous distinguons :
Nous retenons 10 justes raisons qui ont fait de nous une communauté pauvre :
1. L’implication de la femme dans la gestion des activités économiques d’une famille, d’une communauté est de rigueur. Elle rend nécessaire Notre système d’éducation a choisi de former des professionnels pour amasser de la richesse et non pour la créer.
2. Nous avons choisi de nous laisser appauvrir par notre mentalité d’assistanat, au lieu de prendre conscience de notre potentialité en nous et chez nous.
3. Nous n’avons jamais pu construire des institutions inclusives, fortes et permanentes.
4. Nous n’avons pas encore compris que le développement de la communauté doit passer par le développement des acteurs locaux.
5. Nous avons choisi de ne pas rendre accessibles les services financiers et n’avons jamais fait de la création d’emplois une priorité. Involontairement, on nous impose un système financier qui renforce violence, injustice, exploitation, endettement, et misère.
6. La classe possédante n’a pas encore compris que plus les consommateurs seront riches, plus elle s’enrichira.
7. Nous avons toujours eu un comportement irresponsable vis à vis de notre environnement physique naturel. Nous n’avons pas pu identifier, transformer et exploiter intelligemment les ressources locales disponibles pour créer des richesses et des revenus.
8. Nous avons choisi d’attendre de l’extérieur au lieu de faire ce que nous sommes capables de faire. Nous favorisons la fuite de cerveaux.
9. Nous faisons preuve d’un manque d’esprit d’initiative personnelle, collective et citoyenne. Nous avons peur de réussir ensemble.
10. En voulant vivre comme des riches, la communauté s’appauvrit.
A partir de ces 10 constats, nous avons décidé d’agir autrement, jusqu’à ce que s’impose un modèle de comportement, un système de développement d’une personne, famille ou communauté à une autre, de génération en génération.
Au cours des années 2000 à 2014 nous avons pris un virage en vue d’arrêter le plus possible les financements extérieurs (sauf pour l’école). Si nous rêvons de développement durable, nous devons nous financer nous mêmes avec notre propre crédit local : apportons ce dont nous disposons pour créer notre propre épargne et crédit. Ce n’était pas chose facile. Dans un dialogue d’abord difficile et tendu, peu à peu devenu plus constructif, nous avons pu lancer «Epay ak Kredi Lakay» (EKL) : «Epargne et Crédit Local» en 2015. Il s’agit d’une activité solidaire qui unit tous les gens locaux sans discrimination aucune (catholiques, protestants, vodouisants) y compris ceux qui ont peu ou pas d’argent.
Tout le monde est concerné, c’est notre affaire : pas de salarié, que des volontaires ; tout le monde vient de la communauté : épargnant, emprunteur, comptable, caissier, etc… participe dans les décisions. Les participants deviennent des responsables au plan local. Ils ont les yeux ouverts sur toute la communauté et doivent décider des services de base.
Il faut signaler aussi que plusieurs élus des autorités locales (ASEC et CASEC [11]) sont membres d’EKL.
Ils sont engagés et impliqués à la fois comme citoyens et autorités ; leur présence a de l’impact à la fois sur la communauté et sur le gouvernement local.
Le crédit est devenu la principale source de financement des activités individuelles et collectives. Tout se fait à partir du crédit. Sans influencer les décisions des gens, ICIS est là pour aider dans la prise de décision, l’organisation des activités : rédaction, montage, systématisation, reformulation des documents, évaluation, suivi…
Tout le monde met son argent pour donner des prêts à ceux qui en veulent à un taux fixé par l’assemblée des membres qui établit les règles du jeu. Tout le monde est garant. On est solidairement responsables du remboursement. Si quelqu’un ne rembourse pas, c’est l’argent du voisin qui est en jeu. Les emprunteurs s’organisent en petits groupes solidaires sous caution avec un dispositif de remboursement du groupe pour l’octroi de nouveaux prêts.
Au moment de redistribuer : il y a de l’argent versé au profit des activités et projets d’ICIS (en agriculture par ex.) ; l’argent reversé aux épargnants soutient leurs projets personnels (construire ou améliorer leur habitat, acquérir un outil de travail comme une «moto-taxi» pour transporter les gens, payer les frais de scolarité et permettre aux enfants d’aller à l’école, etc).
Tenant compte de la situation précaire des gens, celui qui a la plus petite épargne aura le plus grand profit.
Avec l’église, nous organisons des journées de reboisement, de clinique mobile, de conservation des sols.
Avec les écoles [12], nous organisons des activités de formation citoyenne et d’éducation civique, ainsi que la fête du drapeau.
Avec les parents, nous organisons des ateliers sur l’agriculture (théories et pratiques), distribution de semences,
Avec les élus locaux, nous organisons des séances sur les principes de droits humains, de bonne gouvernance.
ICIS peut percevoir – parfois 15% par an – des fonds épargnés à EKL.
Pour nous EKL n’est pas un nouveau micro-crédit, ce n’est pas non plus une caisse populaire en plus des autres. EKL est une nouvelle façon de voir, de concevoir, de capter la vie. C’est une conception renouvelée pour transformer son environnement. C’est une lutte contre l’endettement, l’exploitation, l’injustice, la violence, la misère.
En somme EKL est une stratégie qui vient appuyer tout le travail de ICIS.
Nous considérons EKL comme une stratégie de lutte émancipatrice en appui à ICIS et rendant ICIS plus visible, plus présent, plus écouté et plus sollicité. Aujourd’hui ICIS dispose de cette structure EKL pour financer ses activités ainsi que nos bénéficiaires et des particuliers (des maisons sont en construction, des activités génératrices d’emplois sont financées, des projets d’agriculture sont financés, etc…).
Rappelons simplement pour finir cette explication, que malgré la satisfaction des bénéficiaires actuellement, toute notre première période de micro-crédit n’a pas été efficace [13].
Les jeunes et les adultes doivent avoir la possibilité d’échanger, de se concerter, de prendre part à la vie sociale. Pour y arriver, nous allons capitaliser sur des atouts comme : mentalité, attitude, aptitude, potentialité, capacité, connaissance, expérience, environnement, destin, vision, leadership, communauté, citoyenneté, initiative, échec, succès, avenir…
Nombreux sont les jeunes déjà en activité qui souhaiteraient élargir leur champ de confrontation avec d’autres jeunes externes à la communauté et même au pays en vue d’élargir leur horizon. Nous optons pour des visites d’échanges sur des bases réciproques, permettant de libérer et capter en même temps nos différences et créer de l’impact. Nous pouvons compter sur un compte de l’EKL nous permettant de placer des fonds d’amortissement qui nous faciliteront les déplacements.
Avec ce plan, notre volonté est déjà dite de poursuivre et d’élargir nos projets. C’est pourquoi nous terminons par le résumé de nos objectifs généraux et spécifiques, notre démarche. Nous sommes ouverts bien sûr pour accueillir de nouveaux partenaires qui se reconnaîtraient dans notre démarche et nos propositions.
1. Contribuer au développement durable en valorisant les potentiels, les savoirs expérientiels, l’environnement et toutes autres ressources locales disponibles.
2. Conscientiser la communauté autour de ses richesses pour assurer le développement durable
a/ Analyser sa propre réalité (mentalité, différence, capacité, environnement, vision)
b/ Entreprendre des actions inclusives pour un changement durable.
3. Créer et soutenir un mouvement social inclusif facilitant l’exploitation de toutes les ressources locales disponibles.
1. Offir aux familles la possibilité de se prendre en charge mutuellement
2. Encourager individuellement et/ou collectivement les gens à la responsabilité citoyenne
3. Renforcer le pouvoir d’achat de chaque acteur local
4. Orienter les jeunes vers l’entreprenariat
L’activité s’inscrit dans le but de favoriser une approche nouvelle impliquant les acteurs dans une démarche inclusive, collective, responsable. La priorité est accordée aux jeunes, porteurs de changement qui ne sont pas encore influencés par le système.
1. Renforcer l’EKL pour encadrer chaque famille
2. Faciliter l’éducation des enfants et des jeunes de la communauté pour qu’ils deviennent des entrepreneurs responsables.
3. Accompagner chaque acteur du développement local.
Les choses n’ont pas été faciles. Nous avons connu des moments bien difficiles qui ont causé des échecs presqu’au cours de chacune de nos actions. C’est le courage, la conviction du développement endogène qui nous a motivés pour recommencer.
Nous avons le sentiment d’avoir réussi à demi puisque nous avons fait beaucoup. Le reste, reste à faire : nous sommes mandatés pour annoncer, dénoncer, renoncer, : avec Louis-Joseph Lebret, Henri Desroche, et tout autre qui manifeste le souci du monde nouveau plus juste, plus humain, plus viable auquel nous aspirons. Brillons là où nous sommes.
Anice LADOUCEUR
Mars 2021
[1] Dans un groupe d’une douzaine de participants à cette formation
[2]
[3] Le Centre Lebret a mis pendant toute la durée de notre stage sa salle de réunion à notre disposition pour que nous puissions étudier personnellement, faire des travaux de groupes et être suivis individuellement au besoin.
[4] Le MCI a soutenu (entre autres organisations) financièrement notre formation en Haïti ainsi que notre voyage et séjour en Europe
[5] EIRENE, organisation suisse d’envoi de volontaires qui contribuera plus tard par l’envoi de volontaires dans le projet PAIS
[6] Comme les Jardins de Cocagne par exemple
[7] C’est pourquoi dans le texte apparaissent successivement PAIS et ICIS pour la seule et même organisation.
[8] En 2006, j’ai la chance de participer à un atelier régional organisé par le Centre Lebret et de partager cette expérience avec d’autres partenaires d’Haïti, République Dominicaine, Cuba, centré sur : «Les rapports entre Société civile et Pouvoirs publics». Il y était spécialement question d’encourager la mise en oeuvre de la «Décentralisation» inscrite dans la Constitution de 1987 (et jamais accomplie) par une démarche de bas en haut, sans attendre que cela ne vienne que du haut en bas.
[9] Pays lock signifie pays bloqué, correspond à une période de paralysie totale du pays d’env. 3 mois fin 2019, menée par l’opposition, mais qui empêche les paysans de sortir de leur zone avec leurs produits;
[10] Etzer S. EMILE, Haïti a choisi de devenir un pays pauvre. Les vingt raisons qui le prouvent. Les Presses de l’Université Quisqueya, 2017, 251 p.
[11] ASEC : Assemblées des Sections Communales (instance législative) - CASEC : Conseils d’Administration des Collectivités Territoriales (instance exécutive)
[12] Dans le cas des écoles, des fonds nous sont parfois mis à disposition à raison de 75% par Compassion Internationale (ONG Nord Américaine). D’ailleurs, je suis partie prenante du Réseau national de Compassion en Haïti qui apporte un appui financier à environ 300 écoles à travers le pays.
[13] Probablement qu’au delà de ce résumé succint, l’expérience d’EKL mériterait une description plus détaillée du cheminement, des obstacles et progrès, des échecs et réussites comme de la transformation des mentalités et des changements concrets dans la vie des participants, des réflexions et évaluations faites au fur et à mesure.
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L’annonce par le Président Américain, Joe Biden, de vouloir relever la fiscalité appliquée aux profits réalisés par les entreprises multinationales a suscité des espoirs et des résistances aux États-Unis comme dans le monde entier. L’intention annoncée est de faire passer le taux d’imposition sur les bénéfices réalisés aux États-Unis de de 21 à 28% et sur les bénéfices réalisés à l’étranger de 10,5 à 21%.
Cette annonce a ressuscité l’espoir de débloquer la négociation entreprise depuis plusieurs années au siège de l’OCDE entre 124 pays pour : répartir les bénéfices et droits d’imposition là où les entreprises multinationales ont leurs marchés et s’accorder sur un taux international d’imposition minimum sur les bénéfices. Dans les discussions en cours avant la déclaration de Joe Biden, le taux international minimums envisagé oscillait entre 12,5% et 15%, bien en-dessous des 21% que souhaite le Président américain.
La réforme de Joe Biden doit être acceptée par le Congrès et les réformes actuellement débattues à l’OCDE doivent l’être par les 124 pays évoqués plus haut ; un accord devra être trouvé sur un taux d’imposition minimum commun. D’un point de vue technique, les mesures relatives au calcul des bénéfices, à la répartition entre pays des droits d’imposition sont au point et ne devraient pas retarder la mise en œuvre des réformes dès que l’accord sur les principes et sur le taux minimum aura été entériné. Avant la fin de l’année, espèrent certains.
Du point de vue de l'économie humaine, ces réformes vont dans le bon sens encore faut-il que chaque État assume ses responsabilités de contrôle et fasse bon usage des ressources supplémentaires générées. Le contrôle citoyen animé par les ONG et les partis politique sera essentiel.
On peut attendre des réformes en cours de discussion :
Pendant de nombreuses années, les pays en développement, soucieux d’attirer les investissements étrangers pour se développer, ont offert aux entreprises
Avec les mesures envisagées, les exonérations d’impôt sur les bénéfices disparaissent puisque les bénéfices réalisés à l’étranger seront taxés au taux minimum international de (21% si la projet Biden est retenu). L’entreprise paiera alors l’impôt sur les bénéfices réalisés localement au taux local et un complément dans le pays où est installé son siège social si le taux local est inférieur au taux minimum retenu. Les entreprises n’auront plus intérêt à rechercher les pays où les taux sont inférieurs au taux minimum.
Yves BERTHELOT
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Depuis janvier 2021, le RIEH a signé la Charte des Transitions, acte par lequel il est entré dans l’ensemble des « alliés » de la Fabrique des Transitions.
La Fabrique des Transitions est née de la volonté de quatre villes, Loos-en-Gohelle, Grande Synthe, Malaunay et Le Mené, qui avaient engagé depuis plusieurs décennies une stratégie de transition de leurs territoires vers des sociétés durables, de confronter leurs expériences pour voir s’il s’en dégageait des principes directeurs communs à valeur générale.
Cette démarche de capitalisation activement soutenue par l’Agence de la transition écologique, ADEME, et accompagnée par le laboratoire d’intervention et de recherche ATEMIS, s’est révélée féconde.
Une vingtaine d’organisations de la société civile invitées à réagir à ce processus s’y sont pleinement reconnues. Elles ont constaté qu’elles partageaient la même conviction du rôle des territoires dans la transition. C’est le noyau fondateur de la Fabrique.
La Charte fondatrice, élaborée en 2019 par ce noyau fondateur, constitue le socle et le ciment de la Fabrique. Elle est appelée à être enrichie tous les trois ans au regard de l’expérience.
Le RIEH est entré en contact avec la Fabrique par l’intermédiaire du Mené.
C’est une institution française, mais elle est ouverte aux expériences internationales.
Notre adhésion vise à apporter un soutien à cette initiative qui promeut la démarche territoriale que nous menons avec plusieurs de nos membres.
Nous comptons, au sein de la Fabrique apporter ces expériences et partager les enseignements que nous en tirons.
Nous pensons que la dimension internationale que nous apportons ainsi peut être intéressante pour les expériences françaises et nous espérons que la collaboration que nous engageons avec cette adhésion le démontrera.
La Fabrique utilise le terme de « Transition », qui s’est imposé dans le débat public pour désigner un processus de « changement de paradigme » ou de « changement systémique ».
Avec l’Economie humaine, nous affirmons non seulement une volonté de changement structurel, mais nous indiquons aussi vers quelle société et quelle humanité nous voulons aller et par quelles démarches.
Nous ferons entendre cette voix et cette voie dans les travaux auxquels nous participerons.
Michel Tissier
Secrétaire exécutif du RIEH
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Vient de paraître en français aux éditions Philippe Rey Le fagot de ma mémoire, un livre où Souleymane Bachir Diagne retrace son parcours entre le Sénégal, la France et les Etats-Unis.
Pour ceux qui ne le connaissent pas encore Souleymane Bachir Diagne, Sénégalais né en 1955, est actuellement professeur à l’Université de Columbia à New-York. Il est spécialiste en histoire des sciences et en philosophies islamique et africaine.
Il incarne en lui-même la « pluriversalité » qu’il promeut. « L’universel ne saurait être la propriété d’une seule province du monde ». Avec Aimé Césaire il invite à faire mouvement vers « un universel riche de tous les particuliers, et qui n’est pas donné », mais à construire par le dialogue.
Le livre, simple d’accès, évoque les différentes figures qui ont marqué l’univers intellectuel de l’auteur, depuis son père qui l’a élevé dans la tradition d’un islam soufi jusqu’à Mamadou Diouf, son prédécesseur à la direction de l’Institut d’études africaines de Columbia, en passant par Louis Althusser et Léopold Sédar Senghor.
Il permet notamment de prendre du recul par rapport aux querelles superficielles à propos de la pensée postcoloniale et décoloniale.
Il dresse un portrait qui force l’admiration pour un homme qui fait preuve d’une grande rigueur et d’un total engagement. Pour nous, tenants de l’économie humaine, Souleymane Bachir Diagne, musulman et africain, donne toute sa portée, à partir de sa propre culture si métissée, à la vision d’un monde « de tout l’homme et de tous les hommes ».
Un prochain numéro de la revue Développement et Civilisations présentera de larges extraits de ce livre important.
Michel Tissier
Secrétaire exécutif du RIEH
20/04/2021
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Les élections législatives et communales qui se sont tenues, mardi 6 avril, au Groenland ont été largement remportées par Inuit Ataqatigiit (IA, « communauté du peuple »), parti qui avait fait notamment campagne contre le projet de mine de terres rares et d’uranium de Kuannersuit, dans le sud du Groenland. Au cours de ce qui a été qualifié d’« élection de l’uranium », IA a obtenu 36,6 % des suffrages, devant Siumut (29,4 %), le parti social-démocrate, qui a détenu le pouvoir presque sans discontinuer depuis les premières élections, en 1979.
Le débat a largement porté sur ce projet d’exploitation. La compagnie australienne Greenland Minerals, dont le principal actionnaire est une entreprise publique chinoise, a obtenu, en 2007, une licence pour explorer la possibilité d’en extraire des terres rares. La compagnie assure pouvoir créer 300 emplois locaux et reverser pour 200 millions d’euros par an au Groenland, soit presque la moitié de ce que verse chaque année le Danemark à son territoire autonome.
Les enjeux sont donc forts pour un pays de 57 000 habitants !
Nous ne disposons pas de toutes les informations sur la vie sociale et politique groenlandaises et il faudra observer comment cette victoire électorale se traduira dans la composition du gouvernement local et dans l’action qu’il conduira.
Les commentateurs parlent de succès écologiste et ils ont raison car les arguments tenant aux risques de pollution ont été importants. Mais ce ne sont pas les seuls. C’est aussi le refus d’un modèle économique de l’argent facile. On a pu parler ailleurs de « la malédiction de l’or noir ». Certes certains pays pétroliers sont riches. Mais quelle société est induite par l’accaparement de la manne pétrolière par une minorité clanique ou bureaucratique et la maîtrise par cette dernière de la redistribution sur des critères clientélistes ?
Les Groenlandais ont fait le choix d’un développement certainement moins rapide et spectaculaire, mais fondé sur une utilisation des ressources naturelles respectueuses de leur régénération et sur le travail partagé par tous. Ils ont fait le choix de la qualité de vie et de la dignité.
Au passage ils affirment leur volonté de maîtriser leur destin à un moment où le réchauffement climatique modifie profondément la donne pour le pays.
Une belle leçon d’économie humaine !
Michel Tissier
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Le 14 mars dernier, au terme d’une crise qui durait depuis plusieurs mois, le Conseil d’administration de Danone mettait fin avec effet immédiat aux fonctions de PDG d’Emmanuel Faber.
Danone est une multinationale dans trois secteurs de l’industrie agro-alimentaire : les produits laitiers frais et d’origine végétale, les eaux conditionnées, la nutrition infantile et médicale. Ses produits sont vendus dans 120 pays et le groupe emploie plus de 100 000 salariés dans 55 pays.
Le groupe se caractérise aussi par la façon de se définir.
Dans les années 70, son fondateur, Antoine Riboud affirmait le principe du double projet, économique et social de l’entreprise. Cette référence s’est maintenue sous la direction de son fils Franck qui lui a succédé, puis sous celle d’Emmanuel Faber depuis 2014.Tout au long de ces années, Danone s’est engagée dans le mouvement de la RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Dans notre livre Chemins d’économie humaine nous avons cité l’exemple de Grameen Danone Foods au Bangladesh, entreprise créée avec Mohammed Yunus pour produire et distribuer un yaourt à fort pouvoir nutritif.
Cette orientation s’est consolidée en avril 2019 quand Danone a décidé de prendre le statut d’entreprise à mission. Ce statut a été défini par une loi de mai 2019 inspirée par un rapport « Entreprise et intérêt général » de 2018 auquel la revue Développement et civilisations a consacré son numéro 344. Précisons que l’adoption de ce statut a été décidée à l’unanimité du Conseil d’administration et avec une majorité de 98% par l’Assemblée générale des actionnaires de juin 2020.
« Apporter la santé par l'alimentation au plus grand nombre », telle est la définition générale de la mission. Elle se décline en quatre grands objectifs : un « portefeuille de produits plus sains » apportant la santé au plus grand nombre ; le soutien à une « agriculture régénératrice » pour protéger et renouveler les ressources de la planète (usage de l’eau, réduction du plastique et des émissions de CO2) ; la poursuite de l’innovation sociale ; et une politique inclusive pour ses salariés et son écosystème proche (prestataires…).
Se transformer en « entreprise à mission » dotée d’une raison d’être, insiste M. Faber lors de cette AG, « ce n’est pas business as usual d’un côté et philanthropie de l’autre, mais une démarche intégrée ».
« Les décennies de croissance économique auront épuisé les ressources de la planète avant d’étancher notre soif de posséder, notre modèle de production-consommation nous ayant entraînés dans une économie de l “avoir” plutôt que de l “être” », avec pour conséquence « l’insoutenable concentration de la richesse dans le monde, véritable bombe à retardement ».
Pour se préparer aux défis qui jalonneront les cent prochaines années, M. Faber estime donc qu’il faudra notamment lutter contre « la déshumanisation de l’économie ».
« Oui, nous pensons qu’il n’y aura plus d’économie de marché sans justice sociale, que c’est le seul enjeu légitime de la mondialisation. »
Et lors d’un emblématique discours devant les étudiants d’HEC en 2016, Emmanuel Faber a notamment déclaré que « Le pouvoir n’a de sens que si vous vous en servez pour rendre service ».
Le statut d’entreprise à mission ne se limite pas à des déclarations. Le conseil d’administration nomme un comité de mission « composé de personnalités d’expertise mondiale » venues de tous les horizons. Le respect des objectifs est vérifié chaque année, sur la base d’indicateurs précis, par un « organisme tiers indépendant ». Les résultats seront présentés aux actionnaires lors de l’assemblée générale annuelle. Cette démarche s’inscrit dans le mouvement de certification « B Corp » dans lequel Danone s’est engagé en 2015.
Avec la pandémie de Covid, le chiffre d’affaires et la marge opérationnelle courante du groupe ont baissé de 1,5% en 2020 par rapport à 2019. A noter cependant que cette marge reste largement positive, 13% et que depuis plusieurs mois au moins, deux fonds activistes, Artisan Partners et Bluebell Capital qui détiennent chacun environ 3 % du capital mènent campagne contre le PDG, mettant en avant une chute du cours de bourse d’un quart de sa valeur. Ils soulignent aussi qu’entre 2014 et 2020, ce cours de bourse a augmenté de 3% pour Danone alors qu’il a augmenté de 45% pour Nestlé et de 70% pour Unilever les concurrents mondiaux de Danone.
C’est ce conflit qui a débouché sur la mise à l’écart d’Emmanuel Faber le 14 mars 2021.
Les opposants à Emmanuel Faber ainsi que les nouveaux dirigeants ont déclaré qu’ils ne remettaient pas en cause le statut d’entreprise à mission ni les objectifs sociaux et environnementaux du Groupe. Ils ont critiqué un exercice solitaire du pouvoir ainsi qu’un plan de réorganisation qui visait à donner le pouvoir à des entités nationales par rapport aux entités par produits.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de cet épisode, nous qui, avec l’économie humaine, soutenons que l’économie a pour objet de répondre aux besoins de tous les hommes et non de dégager du profit pour une minorité et que les acteurs économique, comme tous les acteurs de la société sont responsables des impacts qu’ils ont sur la société et sur l’environnement naturel ?
Nous ne disposons pas d’éléments d’appréciation des modes de direction pratiquée par Emmanuel Faber. Mais si tous les dirigeants qui ont un mode d’exercice du pouvoir très personnels et autoritaires étaient écartés pour ces raisons, on assisterait très probablement à une avalanche de départs !
Ce n’est pas la personne d’Emmanuel Faber qui est en jeu, mais bien sa conception de l’entreprise. Saluons cependant l’homme qui a délibérément renoncé à sa retraite chapeau et à son parachute doré en cas de départ. Et qui a pris publiquement des positions humanistes, en prenant de véritables risques sur sa personne.
Ses opposants ont voulu administrer la preuve que le seul objectif de l’entreprise est de dégager le maximum de profit pour l’actionnaire et que le cours de bourse est l’indicateur qui doit guider toutes les décisions d’un dirigeant. Toutes les autres considérations sont secondes par rapport à ce paradigme.
Et on ne peut pas ne pas voir dans l’événement, la volonté de donner aussi une leçon à un trublion qui « faisait tache » au milieu de ses pairs.
L’idéologie qui fait de la maximisation du profit pour l’actionnaire le seul guide de l’action de l’entreprise et plus largement de l’activité économique n’a aucune base scientifique. C’est un positionnement purement idéologique.Toutes les études montrent au contraire que la réussite économique durable de l’entreprise et la qualité de vie d’une société suppose la prise en compte de l’ensemble des parties prenantes de l’entreprise et des composantes de cette société.
Exiger une profitabilité minimale de 15%, voire beaucoup plus puisque la comparaison est toujours faite avec les taux les plus élevés, est à la fois injuste et irrationnel. Injuste dans une période où les revenus du travail du plus grand nombre stagnent ou régressent, irrationnel car le bien-être de l'ensemble de la population ne peut pas progresser chaque année à de tels niveaux. C'est injuste et irrationnel, mais cela sert les intérêts de la caste de ceux qui accaparent les leviers de l'économie à leur profit.
Faire monter le cours de bourse à court terme, sans considération des dégâts collatéraux, pour empocher le profit et passer à une autre proie ne sert aucunement l’intérêt général mais le seul intérêt des détenteurs de capitaux qui se désintéressent de l’économie réelle et de ce que l’économie peut apporter à une société en quête du bien-être de tous.
Et ce sont bien les tenants de cette idéologie " inanciariste " qui ont eu la peau du soldat Faber.
Nous sommes délibérément dans l’autre camp et nous condamnons ce qui vient de se passer.
La finance privée fait tout pour éviter l’instabilité des profits. Les risques de l’économie réelle sont reportés, d’une part, sur les salariés avec la flexibilité des salaires ou des emplois et sur ceux que l’on appelle pudiquement des travailleurs indépendants, voire des entrepreneurs individuels, d’autre part sur les sous-traitants avec l’externalisation des processus de fabrication, sous-traitants qui portent le poids des ajustements. D’un autre côté, les dirigeants des entreprises cotées en bourse sont intéressés à la valeur des actions et, surtout, ont vu leur poste lié à leur capacité de maintenir un retour sur investissement, ROE, dont le minimum est fixé par les gros actionnaires. En conséquence des entreprises s’endettent en rachetant leurs actions avec des prêts bancaires aujourd’hui à taux très bas. Dès lors entreprises et banques ont un intérêt commun : celui de faire monter les cours. Les gestionnaires d’actif deviennent les maîtres du jeu.
Dans ce système dont le paradigme est la recherche du profit maximal pour le détenteur du capital, l’engagement et les qualités personnelles d’un dirigeant ne suffisent pas à garantir la prise en compte des intérêts et des logiques des différentes parties prenantes et l’intérêt général de la société. Il y a bien là un changement structurel à opérer avec l’affirmation du principe que l’économie a pour objet de servir el bien commun en répondant aux besoins dans leur diversité de touts les membres de la société dans leur diversité. Dans cette perspective, la finance est bien un moyen et non une fin pour elle-même. C’est ce que le RIEH promeut avec l’économie humaine et que beaucoup d’autres promeuvent en recourant à d’autres concepts ou approches inscrivant leur action en réponse aux besoins humains. L’important, c’est à la fois que cette vision soit partagée et qu’on en tire toutes les conséquences. Ce n’est manifestement pas le cas quand on donne comme objectif aux dirigeants d’une entreprise de faire monter son cours en bourse et comme objectif aux politiques économiques publiques de faire croître le Produit Intérieur Brut du pays.
Dans cette perspective, la gouvernance des entreprises privées doit également être structurellement réorganisée, notamment celle des entreprises cotées. Celle-ci est entièrement aux mains des actionnaires et même, l’exemple de Danone le montre, dans le cas d’un actionnariat très dispersé, aux mains d’actionnaires activistes même très minoritaires. Les actionnaires ne sont qu’une des parties prenantes et les autres doivent aussi être représentées, non pas au demeurant pour faire valoir leurs intérêts propres, mais parce qu’elles concourent toutes à la réussite de l’entreprise. L'objet social de l'entreprise ne se réduit pas à la somme des intérêts des parties prenantes. Comme porteurs de l’économie humaine nous n’avons pas un modèle unique de gouvernance à proposer. A la différence d’ailleurs des porteurs de l’idéologie de la maximisation du profit pour l’actionnaire qui ont réussi à imposer un modèle unique de la bonne gouvernance. Il peut y avoir plusieurs modèles répondant au principe de viser l’intérêt social de l’entreprise, en prenant en compte les parties prenantes et l’intérêt général de la société.
C’est d’ailleurs l’intérêt du statut d’entreprise à mission qu’a adopté Danone que de comporter un certain nombre de dispositions concernant la gouvernance... Il met en place deux comités, un interne, l’autre externe et indépendant en charge de s’assurer que la mission est respectée. Ce dernier établit un rapport basé sur des indicateurs précis et qui est présenté à l’Assemblée générale. On verra dans le cas de Danone si ces structures permettent à la mission d’être poursuivie au-delà du changement de la personne du dirigeant. C’est ce que certains commentateurs mettent en avant. Compte-tenu des logiques qui ont été mises en œuvre lors de la crise de Danone, on peut légitimement avoir des doutes à ce sujet. Le nouveau Président et le prochain Directeur auront bien compris qu’ils seront jugés sur leur capacité à faire remonter le cours de la bourse et non sur le soutien qu’ils auront apporté à un « modèle d’agriculture régénérative, plus juste et plus durable ».
Il est temps que le beau mot d’entrepreneur ne soit pas dévoyé pour désigner la petite minorité des dirigeants attentifs à protéger les privilèges de leur caste, mais toutes les personnes qui se dédient à organiser le travail collectif pour répondre aux besoins de tous par le travail de tous. Emmanuel Faber était de ceux-là. Souhaitons lui de trouver la place où il pourra continuer à exercer ses talents.
Michel Tissier
Secrétaire international du RIEH
Minova et Bweramana sont deux bourgades voisines qui forment une même agglomération bien qu’elles soient situées de part et d’autre de la limite administrative entre deux provinces de la région du Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Il est difficile d’y accéder par la route et les liaisons par le lac qu’elles bordent sont aléatoires. Un territoire qui n’est pas dans les radars médiatiques nationaux ou continentaux et encore moins internationaux.
Avec une population qui subit les conséquences d’une insécurité chronique, d’un isolement des circuits économiques, de l’absence de services publics, d’un environnement dégradé.
C’est pourtant dans ce contexte désespérant, qu’un groupe local du RIEH se montre particulièrement actif et inventif.
Il est constitué par toutes les personnes de bonne volonté et les organisations locales de solidarité qui ne veulent pas subir, mais agir. Elles ont trouvé dans l’économie humaine une perspective qui les mobilise. Elles ont peu de moyens, mais elles font avec ceux qu’elles ont, comptant d’abord sur elles-mêmes et sur les soutiens que peut leur apporter le réseau.
Leur principal atout est leur insertion dans le tissu des relations sociales qui structurent ce territoire et qui leur permet d’impliquer tous les acteurs : les autorités publiques et traditionnelles, les autorités religieuses, les opérateurs économiques avec leurs organisations formelles et informelles, les média locaux.
Il s’est jusqu’à présent concentré sur deux enjeux : la lutte contre la Covid-19 et la collecte et le traitement des déchets. D’autres pourront être abordés.
L’important, c’est que cela renforce la capacité de la population et des acteurs locaux à analyser leur situation et à agir collectivement pour la transformer. Et le groupe local anime cette prise de pouvoir de la population du territoire sur ses conditions de vie. Il n’en est ni le dirigeant, ni l’avant-garde, mais le cœur et l’âme.
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Préparer les repas faits maison, avec la nourriture locale traditionnelle consiste à faire en permanence quatre actions: pénétrer dans les plantations, dans les champs et dans la campagne pour collecter les intrants, les matières premières, et toutes sortes de colorants et arômes. Une fois choisis, collectés et emballés, ils doivent être ramenés à la maison. À la maison, vous procédez à la sélection de ces ressources indispensables pour préparer une recette. Enfin, vous devez élaborer le plat .
Paroles d'une femme ejidataria de Morelos
. Préparer la nourriture dans la ville, c'est aller aux marchés, les supermarchés, et magasins pour acheter tous les produits et aliments nécessaires. La préparation est rapide ou lente selon les produits utilisés. Disposer des appareils ménagers permet de gagner du temps pour d'autres activités. Mais la nourriture élaborée avec des produits, des assaisonnements et des colorants artificiels ne préserve pas l'unité avec la terre, le territoire et la vie naturelle.
Mots d'une mère célibataire de Morelos
Nos fils et nos filles dans les écoles et dans la rue mangent des produits transformés qui ne rassasient pas, mais font grossir. Les sept T sont largement consommés : tartes (gâteaux), tacos, tamales, tlacoyos, tostadas, teleras et tortillas. Ces repas sont un mélange de cuisine traditionnelle avec de la nourriture moderne. Il est impressionnant de voir quand les garçons et les filles mangent, que leurs uniformes se salissent de graisse, d'huile, de beurre et de colorant alimentaire. Quand ils ont fini de manger, ils montrent leur visage plein de joie et en même temps trempé de sueur à cause des épices à l’image du repas qu’ils viennent d’avaler ».
Paroles d'une personne âgée qui amène et ramène toujours ses petits-enfants à l'école.
.
Ces paroles ont été éclairés par la déclaration d'une personne âgée indigène Mazahua :
Pour vivre, il faut marcher que ce soit la nuit ou le jour
Chaque pas qui est fait, est tourné vers un objectif et un but poursuivi
Subsister, c'est chercher, collecter, transporter, entretenir, stocker et préparer
Préparer le repas est le résultat d’un effort constant.
Manger est l’aboutissement d’un dur travail
Les propos de Mme CRECENCIA condensent avec précision et clarté ce qu’est la lutte quotidienne pour la vie et la subsistance.
La condition pour rester vivant est mouvement, déplacement et travail.
Doña Mercedes, une habitante de HUEYAVAPAN (sur le flanc du volcan actif Popocatépetl) à Morales, nous a emmenés dans la partie haute du volcan à Tetela et nous a montré une vue panoramique. En descendant vers la vallée, elle nous dit :
Vous qui nous parlez d'économie humaine, vous savez sûrement que la vie est délicate et pleine de mystères. Cela ressemble à ce que vous voyez en ce moment : c'est vert, c'est bleu et c'est scintillant. Au loin, vous pouvez voir les collines et les montagnes. Au premier plan, vous pouvez voir la forme et la taille des arbres. Cela vous donne envie de sentir la terre, de prendre l'air et de profiter du vent. De là les maisons ont l’air de brosses. Les creux, les descentes et les montées sont visibles apparaissent. Voir loin c’est observer la surface, mais sous cette verdure se meut la vie. La vie dépend de tout ce qui nous entoure.
Apprécier ce que c'est de vivre, c'est trouver compagnie et amitié avec tout ce qu'il y a.
En grimpant, on est fatigués. Lorsqu’on lève la tête, on voit loin.
Quand on regarde le sol, on voit la poussière, l'herbe et la litière des feuilles sur le sol. La vie ici, c'est marcher sur des routes pleines de pierres, de poussière, de trous, de hauts et de bas. Pour avoir de la nourriture, des boissons, des vêtements, des chaussures et la santé, il faut transpirer beaucoup, travailler dur, bouger et agir. L'économie que nous avons est celle de la survie.
Je pense que c'est ce qu'on appelle l'économie humaine.
Au cours de la tournée dans plusieurs communautés, villages et petites villes, nous avons pu détecter quatre éléments qui définissent le territoire sur lequel opère l’économie humaine : - la richesse du sol contenant les ressources naturelles, avec ses grands dénivelés, et qui sont inégalement réparties; - les populations qui se consacrent à une diversité de tâches, d’occupations, de métiers et d’activités pour prendre en charge et satisfaire leurs besoins; - le contraste entre la vie urbaine et rurale qui apparaissent comme deux pôles opposés de la civilisation et du bien-être ; - le déplacement de l’eau vers d’autres lieux qui laisse certains endroits sans la dotation du liquide vital.
En allant sur le terrain, en ressentant la chaleur et le froid selon les altitudes parcourues, nous sommes parvenus à percevoir COMMENT l’économie humaine dans les villages et les communautés est imbriquée dans les phénomènes naturels, dépendant de la proximité et de l’éloignement, du passé et de l’avenir, et par la combinaison de la nature, de l’histoire et de la spiritualité. « C’est là que se trouvent la surprise, le mystère, la force et l’élan ».
Nous considérons qu'il est important dans le fonctionnement de l'économie humaine de prendre en compte trois dimensions :
Les réalisations, les acquis et les apports du passé constituent le patrimoine qui anime l’action, la réalisation et le développement d’aujourd’hui.
Le présent est une ouverture sur le passé et un regard vers l'avenir.
Dans, avec et à travers l'économie humaine on part d'un lieu considéré comme origine et on va vers une destination qui est le but et l'espace d'arrivée.
La marche des territoires vers l'économie humaine est la poursuite d’efforts, des sacrifices, des travaux et des aspirations de plusieurs générations. Les initiatives, les engagements, les plans et les actions d'aujourd'hui, certes plus efficaces et maîtrisées qu'hier, continuent de se mouvoir avec d’une part, l'application combinée des moyens et des fins, et de l’autre avec l'utilisation intensive du pouvoir, des technologies et de la connaissance. Les Responsables de l’économie humaine et du développement global des personnes et des collectivités, qui utilisent pleinement leurs disponibilités, capacités et compétences, voient toujours leurs résultats s’orienter vers la réalisation de la pleine satisfaction des besoins fondamentaux et à leur amélioration. L'économie humaine cherche ainsi l’être plus et mieux, l’avoir et la possession sont des moyens d'avancement, de développement et de progrès.
La crise sanitaire qui affecte le monde entier, en particulier les pays dits du Sud, ne s'arrête pas et ne peut pas arrêter la lutte pour la vie et pour la subsistance.
Les habitants, les populations urbaines, les familles et les personnes qui ne disposent pas d'une source de travail sûre et permanente contribuant à un revenu régulier pour couvrir leurs dépenses, ne peuvent pas rester en confinement. Rester à la maison, c'est ne pas avoir l'argent nécessaire pour assurer les moyens de subsistance C’est pour cette raison, que non seulement les activités informelles continuent à fonctionner, mais aussi transgressent les règles sanitaires imposées par les institutions de l'État national.
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Dimanche 7 février, le gouvernement sud-africain annonçait la suspension du déploiement des vaccins AstraZeneca, tout juste livrés, après la publication des résultats d’une étude mettant en doute leur efficacité face au variant qui domine les infections dans le pays. Co-président du comité ministériel de conseil sur le Covid-19, le professeur Salim Abdool Karim, épidémiologiste et spécialiste des maladies infectieuses, est la voix scientifique de référence sur le virus en Afrique du Sud. Il revient sur ce choix et réclame que le reste du monde arrête de parler de « variant sud-africain ».
Avant tout, il faut noter que les vaccins AstraZeneca ne représentent qu’une petite partie des doses achetées par le gouvernement sud-africain. La stratégie était d’acquérir un portefeuille varié en cas de problème de production ou de danger sur un vaccin. Nous avons acheté environ 20 millions de doses Pfizer, 9 millions de Johnson & Johnson et 1,5 million d’AstraZeneca. Quel est le problème avec celui-ci ? Un essai clinique a été réalisé par AstraZeneca en Afrique du Sud.
D’une taille modeste, menée sur des individus jeunes, cette étude se concentre sur l’efficacité face aux formes légères de Covid-19 et quelques cas modérés. Elle montre qu’en présence du variant 501Y.V2, le vaccin n’est pas efficace. Sa capacité à prévenir les formes légères et modérées de la maladie tombe à 22 %. C’est un problème car cela crée de l’incertitude. Si le vaccin ne protège pas des formes légères, est-ce qu’il permettra d’éviter les formes graves ? L’étude ne le dit pas, or c’est notre principale préoccupation.
Le conseil donné au gouvernement est de déployer le vaccin AstraZeneca pas à pas, en vaccinant par exemple 100 000 personnes pour commencer, afin d’évaluer le taux d’hospitalisation. Si celui-ci ne dépasse pas un certain seuil, nous estimerons que le vaccin est efficace pour prévenir les formes graves en présence du variant 501Y.V2 et nous poursuivrons le déploiement.
Nous n’excluons pas ce vaccin, mais nous avons besoin de plus d’informations. Idéalement, nous aimerions qu’AstraZeneca nous donne ces informations mais s’ils ne sont pas en position de le faire, nous les collecterons nous-mêmes pour être en confiance. Nous ne voulons pas injecter un vaccin à 1 million de personnes pour nous apercevoir ensuite qu’il ne permet pas d’éviter les hospitalisations.
A l’inverse d’AstraZeneca, Johnson & Johnson a mené en Afrique du Sud un essai à grande échelle dans lequel un tiers des participants avaient plus de 65 ans. Dans un contexte où le variant 501Y.V2 est prévalent, ils ont montré que leur vaccin, qui ne nécessite qu’une seule injection, est efficace à 85 % pour prévenir les formes graves de Covid-19. Pour nous, c’est une preuve assez convaincante qu’il fonctionne en présence du variant 501Y.V2 et nous le considérons désormais comme notre premier choix. Peut-être qu’AstraZeneca fonctionne aussi, simplement nous n’en savons rien pour l’instant.
Dans le cas de Pfizer, nous leur avons envoyé le virus vivant 501Y.V2 pour qu’ils réalisent des tests. Il en ressort une baisse d’efficacité relativement faible et le vaccin produit tellement d’anticorps que nous ne sommes pas inquiets.
Absolument ! Il ne faut pas parler de « variant sud-africain », c’est inapproprié pour trois raisons. En premier lieu, c’est stigmatisant. Cela donne l’impression que nous avons créé le variant et que nous le propageons partout. Personne n’a apprécié quand des politiques ont appelé le SARS-CoV-2 le « virus chinois » ou le « virus de Wuhan ». C’était déplacé.
Ensuite, c’est inadapté parce que nous ne savons pas où le variant est apparu. Nous ne savons pas qui est le patient zéro, il peut très bien être arrivé par un voyageur d’un autre pays venu en Afrique du Sud, l’origine du variant n’a pas été établie. Enfin, c’est faux de dire que c’est un « variant sud-africain » parce qu’il est désormais présent dans une trentaine de pays. Il faut l’appeler par l’un de ses deux noms, B.1.351 ou 501Y.V2.
Le premier, B.1.351, est issu de la nomenclature du Phylogenetic Assignment of Named Global Outbreak Lineage, un outil destiné à classer les génomes de SARS-CoV-2. Le second, 501Y.V2, est le nom que nous lui avons donné après sa découverte, en référence à la mutation N501Y que nous considérions comme la mutation dominante. Les chercheurs britanniques avaient décrit un virus présentant cette même mutation, nous avons appelé le leur 501Y.V1 et le nôtre 501Y.V2. Le variant proche identifié au Brésil est appelé 501Y.V3 ou P1.
C’est à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) que revient la responsabilité de nommer les lignées. Je sais qu’ils ont eu des réunions sur le sujet et qu’ils sont en train de finaliser le fonctionnement des appellations, nous attendons qu’ils prennent une décision. Avec le recul, je me dis qu’on aurait dû lui trouver un nom simple, « Harry », « Matilda » ou je ne sais quoi. 501Y.V2, c’est trop compliqué !
Les vaccins doivent permettre d’éradiquer une épidémie mondiale. Si ce n’est pas le cas, nous échouerons purement et simplement à y mettre fin. Certains pays pensent qu’ils peuvent contenir le Covid-19 en vaccinant leur population. Mais si pendant ce temps le virus continue de circuler ailleurs, des variants qui échappent à la réponse immunitaire vont émerger. Tous ceux qui auront été vaccinés seront de nouveau à risque. Cette idée qu’un pays est une île et qu’il peut se protéger sans se soucier des autres, cette croyance presque « trumpienne », « Moi d’abord et au diable les autres ! », c’est précisément ce qui met en danger notre capacité à contrôler le virus.
La seule solution, c’est de faire front commun. Il faut être clair : les vaccins doivent être distribués équitablement. Il est inconcevable d’imaginer Israël et le Royaume-Uni vacciner les jeunes et les personnes qui présentent peu de risques quand l’Afrique n’a pas donné une seule dose à ses soignants. Dans quel genre de monde vivons-nous si nous laissons faire ça ?
Certains pays achètent plus de vaccins qu’ils n’en ont besoin. Le Canada a acheté assez de doses pour vacciner cinq fois chacun de ses citoyens. Ne pas s’associer à Covax, le mécanisme destiné à distribuer équitablement les vaccins à travers le monde, est aussi une forme de nationalisme vaccinal. Passer des accords directement avec les laboratoires conduit à détourner des vaccins de Covax et à faire monter les prix. Les pays passent des accords pour des petites quantités, là où Covax négocie de grandes quantités pour un prix unique.
Bien sûr, si vous êtes un laboratoire, vous préférez avoir trente pays qui se bousculent pour acheter le même produit plutôt qu’une seule organisation. Certaines nations négocient avec les laboratoires pour passer devant tout le monde. Ça se paye. L’Afrique du Sud est de celles-là : elle a acheté ses vaccins AstraZeneca trois fois plus cher que l’Union européenne. Nous les voulions en premier parce que la pression politique était très forte. On ne réglera pas le problème ainsi. Comme l’a dit le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, « le monde est au bord d’un échec moral catastrophique ».
Mathilde Boussion (Johannesburg, correspondance)
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« Fraternité et espérance sont des remèdes dont le monde a besoin aujourd’hui, autant que des vaccins. » Pape François
Je saisis au vol cette phrase du Pape en conclusion de son discours devant les ambassadeurs, le 8 février dernier.
J’hésite à rédiger ce commentaire pour notre site, car je suis soucieux de ne pas limiter le RIEH à la sphère de l’Eglise catholique. Mais cet homme est en position de faire entendre une voix qui est celle de l’économie humaine que nous portons. Il s’efforce de le faire avec les représentants d’autres religions et plus largement avec tous les hommes de bonne volonté. Il faut donc se faire écho de ses propos.
Pour les religions qui ne s’enferment pas dans leurs dogmes, la fraternité est fondée sur le partage pour toute l’humanité de la même relation à Dieu. Et on peut faire sien le principe de commune humanité, que met en avant le convivialisme par exemple (lien avec l’article sur le second manifeste) sans le fonder sur la foi en Dieu, mais sur une conviction à la fois rationnelle et existentielle.
Quant à l’espérance, elle peut être celle d’une vie éternelle avec Dieu, mais aussi la conviction rationnelle et existentielle qu’on peut et doit agir collectivement contre l’inacceptable et pour la reconnaissance de la dignité de chacun.
Le pape ne dit pas que le monde n’a pas besoin de vaccin. Il incite à traiter cet enjeu avec fraternité et espérance, ce qui en l’occurrence conduit à agir pour que tous les êtres humains aient un accès à la vaccination.
Mais surtout il resitue l’enjeu sanitaire dans une perspective plus large.
Trop de personnes dans le monde vivent dans des conditions si précaires que les mesures de protection sont inapplicables et, dans tous les pays, il faut que les mesures de protection n’anéantissent pas toute vie sociale ni toute vie culturelle.
Comme le Pape et comme beaucoup d’autres nous refusons avec l’économie humaine un monde où chacun est en lutte contre tous les autres et les discours qui annoncent l’effondrement. A chacun personnellement et à nous tous collectivement d’agir pour que la fraternité et l’espérance soient à la fois le phare qui nous indique le chemin et la lampe qui éclaire le prochain pas.
Michel Tissier, secrétaire international du RIEH
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Source photo : https://esprit.presse.fr/actualites/esprit/emmanuel-mounier-1905-1950-42628
(1) Revue du Cercle Agénor octobre 2020
"Demander à un homme de voter et puis l'écraser sous le poids trop lourd
des inégalités économiques, c'est se moquer de lui"
Marc Sangnier
Débuter une réflexion sur Emmanuel Mounier en commençant par une citation de Marc Sangnier peut paraître étonnant. Ils ne sont pas de la même génération, mais ils sont morts la même année. Le premier a été un philosophe de l‘engagement, le second un politique engagé. Les deux ont partagé la même ambition pour la paix et la justice sociale. Malgré leurs différences, ils symbolisent un engagement qui concilie la radicalité sociale et le refus des totalitarismes. Ils ont été des constructeurs de ponts, des messagers de la Paix. Marc Sangnier eut l’intelligence et le courage, au lendemain de la Première Guerre, de réunir de jeunes Allemands et de jeunes Français dans un château dans la banlieue parisienne qui aujourd’hui est devenu le centre de formation de la CFDT. De son côté, Emmanuel Mounier fut un résistant, combattant le nazisme, mais pas les Allemands. Ces deux hommes sont l’expression de l’idée d’un engagement dans « des combats discutables sur des causes imparfaites ». « Refuser pour autant l’engagement », dit Mounier, « c’est refuser la condition humaine. On aspire à la pureté : trop souvent, on appelle pureté l’étalement de l’idée générale, du principe abstrait, de la situation rêvée, des bons sentiments, comme le traduit le goût intempérant des majuscules : le contraire même d’une héroïcité personnelle (1) »
En permanence, se laisser interpeller par l‘évènement, son maître intérieur, et refuser de se laisser enfermer dans une pensée figée et dogmatique. La force de la pensée de Mounier réside certainement dans cette capacité d’indignation permanente devant les injustices et la misère provoquées par les désordres établis d’une société individualiste mue par l’argent ou ce que nous appellerions aujourd’hui un capitalisme débridé. Mounier se révolte contre le primat de l’argent qui met l’économie et le travail à son service. Il dénonce avec vigueur « le règne de la spéculation, ou jeu sur l’argent, mal encore plus grand que le productivisme. Elle transforme l’économie en un immense jeu de hasard étranger au souci de ses contrecoups économiques et humains (2) ». C’est cette même volonté que l’on retrouvera dans le prospectus de lancement de la revue Esprit où les personnalistes se révoltent contre les « sociétés gouvernées et fonctionnant comme des maisons de commerce ; des économies qui s’épuisent pour adapter l’homme à la machine et ne tirer de l’effort humain que l’or ; (…) l’indifférence (…) de ceux qui ont la charge du monde et l’avilissent, le gaspillent ou le méprisent (3) ». Mounier est un indigné et sa philosophie est celle de l’engagement.
Sa philosophie, bien qu’insuffisamment connue, est encore d’une étonnante actualité et pourrait être une des pierres qui nous permettra de redynamiser l’indispensable réflexion pour la construction d’une Europe retrouvant les lettres de noblesse de l’humanisme et de la justice sociale.
L’Union européenne, Mounier ne l’a pas seulement pensée, il l’a également pratiquée. De sa France d’origine, il a bâti un pont pour rejoindre l’Allemagne, tout en passant par la commune bruxelloise de Woluwé-Saint-Lambert où il résidera de 1936 à 1939 et où il unira sa vie à celle de Paulette Leclerc. Ce couple franco-belge sera actif dans la mise en place et la dynamisation des groupes « Esprit » qui foisonneront en Belgique jusqu’à la fin des années soixante.
Il est impossible de séparer Mounier de la revue Esprit qu’il fonda. Autour de cette revue, des groupes régionaux vont se constituer, notamment en Belgique. Ils vont avoir une importance considérable, car ils vont fédérer de nombreux acteurs de la société issus du monde tant socialiste que chrétien. Paulette Leclerc, l’épouse d’Emmanuel Mounier, assurera la responsabilité de l’édition du Journal intérieur mensuel des groupes Esprit de Belgique. Ces groupes se rassembleront en 1936 et choisiront un thème d’étude commun qui est toujours d’actualité : la lutte contre les mythes et l’affaiblissement de la pensée critique.
Après la Seconde Guerre, ils vont se renouveler et poursuivre le travail entamé. Dans certaines villes, comme à Charleroi, ils réuniront notamment des syndicalistes socialistes et chrétiens, dont celui qui fut l’historien du mouvement ouvrier en Belgique, Hubert Dewez. Aujourd’hui, ces groupes ont disparu, mais ils ont laissé des traces dont la plus vivante est certainement le CRISP (Centre de Recherche et d’Information Sociopolitique) qui publie un courrier hebdomadaire et qui constitue la référence de l’analyse sociopolitique en Belgique francophone.
Dans l’évolution de la revue, un homme va avoir une importance particulière. Juif allemand, réfugié en Espagne puis en France dès le début de la guerre civile, Paul-Louis Landsberg sera un précieux compagnon pour Emmanuel Mounier. Ce dernier dira de lui « il fut, il reste à jamais, par ce qu’il nous a donné, une des pierres d’angles d’Esprit. Nul plus que lui n’a contribué aux environs de 1935, à nous sauver des tentations utopiques (4) ». Arrêté par la Gestapo, Landsberg décédera en déportation. Son combat contre le nazisme, contre le franquisme puis dans la résistance est à l’image de son engagement antitotalitaire. Comme il l’écrivait : « Nous ne sommes pas maitres de nous désolidariser de l’avenir collectif ». D’après Olivier Mongin, Paul-Louis Landsberg se situait « à la jonction de l’École (de Francfort) et d’Esprit (5) ».
Nous y reviendrons. Internationaliste et européen, Mounier l’était également dans sa conscience des enjeux du moment ; « les aires d’influence préludent à l’unité mondiale qui devra se faire sous trois conditions : que les nations renoncent à la souveraineté totale, non pas au profit d’un super impérialisme, mais d’une communauté démocratique des peuples, que l’union se fasse entre les peuples et leurs représentants élus, non entre les gouvernements : que les forces impérialistes notamment économiques, qui se servent du nationalisme, tantôt du cosmopolitisme, soient brisées par les peuples unis (6) ». En visionnaire, il mettait déjà en garde face aux dangers d’une Europe se limitant à un grand marché et fonctionnant sur le mode de l’intergouvernementalité.
Dans l’ouvrage « Agir avec Mounier », Jean-François Petit constate qu’« en relisant les articles d’Esprit sur les « poussées personnalistes hors de France » de 1946, on peut être surpris de voir combien la référence personnaliste a pu être mise en œuvre de façon diverse (7) ». Mounier lui-même affirme que « le personnalisme n'annonce pas la constitution d'une école, l'ouverture d'une chapelle, l'invention d'un système clos (8) ». Il témoigne d'une convergence des volontés et se met à leur service, sans toucher à leur diversité, pour leur chercher les moyens de peser efficacement sur l'histoire. Pour lui, le personnalisme doit se décliner au pluriel. Évoquer un auteur c’est s’en emparer, pour le traduire avec ses propres mots, dans une autre époque et dans un autre contexte. C’est un peu le trahir, mais c’est aussi le faire vivre.
Parfois, tant en Belgique que sur le plan européen, le personnalisme est utilisé pour justifier une pensée conservatrice se cachant derrière un hypothétique centre, une troisième voie entre la gauche et la droite, une voie prêchant la modération. La pensée de Mounier est tout autre, c’est celle d’un radicalisme social mettant l’autre au centre de la société. Il s’agit d’une pensée combattante, car « plus que jamais, il nous faut reprendre la révolte de nos vingt ans, les ruptures de nos vingt-cinq ans. Le chrétien ne quitte pas les pauvres, le socialiste n’abandonne pas le prolétariat ou ils parjurent leur nom (9) ». Mounier lui-même était en « colère contre tous les centres béatifiques, tous les justes milieux (10) »
Marc Sangnier est un des précurseurs du syndicalisme chrétien, de la CFTC puis d’une CFDT déconfessionnalisée et avec sa revue Le Sillon et son engagement pour un catholicisme social, il est une figure du courant personnaliste. Jacques Le Goff montre que « dans le sillage de Proudhon, il y a là une vue d’une grande modernité qu’il n’a pas eu le temps d’élaborer et dont l’écho se retrouvera plus tard, au sein de la deuxième gauche et dans son discours de désengagement de l’État au profit d’une restauration du social dans son rôle d’acteur à travers, en particulier, la négociation collective. N’oublions pas qu’il avait le projet d’une histoire du mouvement ouvrier français (11) ». Pour une partie du mouvement syndical en Europe, notamment des organisations faisant partie de la Confédération Mondiale du Travail (12) , le personnalisme a été et reste une balise importante. En Belgique, la Confédération des Syndicats Chrétiens (CSC) qui est la première organisation syndicale du pays avec près d’un million sept cent mille membres a toujours cette référence même si elle l’a élargi aux valeurs des Droits Humains.
Comme responsable syndical, j’ai partagé les combats de nombreux travailleurs-euses s’opposant aux restructurations ou aux fermetures d’entreprises. Dans un premier temps, à l’annonce de ces décisions, ce n’est pas la peur de perdre leurs revenus qu’ils expriment. Leur première expression, leur première colère c’est celle de ne pas être reconnu-e-s. À chaque fois, c’est avec les larmes aux yeux et la colère au ventre qu’il nous disent qu’après autant d’années de labeur dans l’entreprise on s’en débarrasse comme on le ferait avec des mouchoirs jetables, des Kleenex. C’est leur identité même qui est ainsi balayée.
L’année dernière, les ronds-points de France se sont recouverts de jaune. Même si les motivations de ce mouvement sont complexes, il a été l’expression d’une demande de reconnaissance. Le gilet fluorescent, l’occupation des ronds-points, pour être vu et être entendu. Il en va de même aujourd’hui au travers de la crise du Covid-19. Celles et ceux qui ont été, et sont toujours sur le pont, ce sont les invisibles, les personnels du secteur non marchand ou du soin à la personne. Leur demande est d’être reconnus alors qu’ils ont le sentiment d’avoir été oubliés et sacrifiés. Pierre Rosanvallon avait, en son temps, parlé d’un Parlement des invisibles (13) , il s’exprime chaque jour et c’est sur cette non-prise en compte des invisibles que les forces d’extrême droite construisent leur discours en orientant les colères vers le rejet de l’autre, vers les tentations totalitaires. La question de la reconnaissance est une question centrale si nous voulons redynamiser nos démocraties.
Par sa philosophie, Mounier introduit l’autre et l’altérité dans le sujet individuel, la personne occupe une place centrale et est conçue comme un être de relation. C’est au travers de ma relation avec les autres que je me construis et que je participe à la construction des autres. Pour Mounier, la personne « ne se tourne que vers autrui, elle ne se connaît que par autrui, elle ne se trouve qu’en autrui. L’expérience primitive de la personne est l’expérience de la seconde personne (14) ». Paul Ricoeur qui a, en quelque sorte, prolongé la réflexion d’Emmanuel Mounier, tout en refusant d’en faire un dogme ce qui l’a amené à écrire « meurt le personnalisme, revient la personne (15) » et à insister sur la fécondité de l’idée de personne qui « est le meilleur candidat pour soutenir les combats juridiques, politiques et économiques (16) ».
Dans le dernier livre publié de son vivant, Ricoeur donne une place centrale à la question de la reconnaissance. Ce faisant, il fait un pari positif sur la personne, s’opposant à la philosophie de Hobbes qui ne voit que le Léviathan, un pouvoir fort, pour canaliser la « guerre des uns contre les autres ».
Dans son ouvrage « Parcours de la reconnaissance », Paul Ricoeur consacre plus d’un chapitre à discuter les conceptions d’Axel Honneth, l’actuel directeur de l’Ecole de Francfort, qui insiste notamment sur l’importance des dénis de reconnaissance. Tout comme Ricoeur, Honneth démontre que le mépris provoque l’indignation qui à son tour peut permettre la construction de mobilisations pour la conquête de nouveaux droits. C’est cette vision qui permet à Axel Honneth de faire de la reconnaissance un enjeu de lutte.
La démocratie européenne ne se porte pas bien. Dans nos différents pays, les formations populistes ou anti-européennes occupent un espace de plus en plus important et, plus grave, les citoyens ont de moins en moins confiance en nos institutions démocratiques. Au cœur de cette évolution, la déliquescence des deux courants politiques qui ont été au cœur de la fondation de l’Union européenne : la social-démocratie et la démocratie chrétienne. La première s’est perdue entre un accompagnement purement gestionnaire du néo-libéralisme et un courant croyant pouvoir retrouver une pertinence dans le retour à un verbe radical digne d’un gauchisme que même Lénine aurait qualifié d’infantile. De son côté, la démocratie chrétienne a perdu toute référence à ce que fut le christianisme social ou le personnalisme inspiré par des personnalités comme Emmanuel Mounier. Elle s’est repliée sur un conservatisme éthique et un dogmatisme ordo-libéral, acceptant même la coexistence avec des formations illibérales et même des compromissions avec des fractions non démocratiques comme les alliances passées en Italie entre « Forza Italia » et les postfascistes.
Le vide, qui s’est ainsi créé, offre un espace pour des réponses autoritaires et rend indispensable la construction de nouveaux référentiels politiques. Je fais l’hypothèse qu’un de ceux-ci peut prendre appui sur le courant qui s’est développé autour de la revue Esprit (Mounier, Ricoeur), et aussi ceux que l’on peut « classer » dans une gauche antitotalitaire (Claude Lefort, Pierre Rosanvallon,…) et la pensée critique de l’École de Francfort (avec Habermas et surtout Axel Honneth). En quelque sorte un pont entre une philosophie chrétienne et une philosophie postmarxiste, un pont entre une pensée française et une pensée allemande. Un peu comme feu Philippe Maystadt (17) l’avait évoqué, je fais le vœu que se multiplient les espaces d’échanges et de réflexions entre des personnes issues de différents horizons que l’on pourrait qualifier de « progressistes », socialistes, écologiques, libéraux sociaux et démocrates-chrétiens. Une ambition pour construire une convergence des volontés afin de peser sur l’histoire. Un chemin pour faire la renaissance européenne.
« Une des déviations maîtresses du capitalisme est d’avoir soumis la vie spirituelle
à la consommation, la consommation à la production et la production au profit,
alors que la hiérarchie naturelle est la hiérarchie inverse.
C’est donc la hiérarchie inverse qu’il faut restaurer. Une économie personnaliste règle
au contraire le profit sur le service rendu dans la production, la production
sur une éthique des besoins humains replacés dans la perspective totale de la personne ».
Emmanuel Mounier
(1) Emmanuel Mounier, Le personnalisme, PUF, 1949, p. 105.
(2) Emmanuel Mounier, Refaire le Renaissance, Seuil, 1961, p. 192
(3) Sibylle Schulz (extrait du prospectus annonçant la publication d’Esprit), in Jean-François Petit et Rémy Valléjo (dir.), Agir avec Mounier. Une pensée pour l’Europe, Chronique sociale, juin 2006, p. 61.
(4) Cité par Bernard Comte, « Paul-Louis Landsberg », Esprit, URL : https://esprit.presse.fr/ressources/portraits/paul-louislandsberg-483.
(5) Olivier Mongin, « Paul-Louis Landsberg, un lien entre Esprit et l’Ecole de Francfort ? », Esprit, mai 1978, p. 59, URL : https://esprit.presse.fr/article/olivier-mongin/paul-louis-landsberg-un-lien-entre-esprit-et-l-ecole-de-francfort-24797
(6) Emmanuel Mounier, Le personnalisme, PUF, 1949, p. 127
(7) J.-F. Petit, in J.-F. Petit et R. Valléjo (dir.), op. cit., p. 129
(8) Ibid.
(9) Emmanuel Mounier, Certitude de notre jeunesse, février 1950 (cité par Yves Le Gall in J.-F. Petit et R. Valléjo (dir.), op. cit., p. 123)
(10) Jean-Marie Domenach, Emmanuel Mounier, Seuil, 1972, p. 70
(11) Jacques Le Goff in J.-F. Petit et R. Valléjo (dir.), op. cit., p. 58.
(12) La CMT s’est dissoute pour former, avec la Confédération des Syndicats libres (CISL), une nouvelle internationale : la Confédération Syndicale Internationale (CSI).
(13) Pierre Rosanvallon, Le Parlement des invisibles, Seuil, 2014.
(14) Emmanuel Mounier, Le personnalisme, PUF, 1949, p. 40.
(15) Paul Ricoeur, préface de Emmanuel Mounier, Ecrits sur le personnalisme, Seuil, 1961, p. 7. 16 Ibid., p.10.
(17) Philippe Maystadt, démocrate-chrétien belge, fut notamment président le la BEI de 2000 à 2011.
(18) Cité par Jean-Marie Domenach in Emmanuel Mounier, Seuil, 1972, p. 88.
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Mardi est le jour du marché le plus achalandé à Minova, situé à 50 km au sud de la ville de Goma d’où viennent plus de cent petits commerçants pour chercher des vivres frais à écouler en ville.
Ce jour-là, depuis quelques mois, un à deux bateaux, d’une capacité de 5 à 10 tonnes chacun, amènent des commerçants venus s’approvisionner en produits agricoles à écouler à Bukavu, 150 km plus au sud.
A terme, cette abondance en vivres frais est menacée par l’usage des produits chimiques qui s’installe dans les pratiques agricoles au Buzi en Territoire de Kalehe au bord du lac Kivu. En effet, " si tu ne pompes pas, tu n’auras même pas une tomate ", fait remarquer Bumanoro qui plante ses tomates à Kikunda.
La pulvérisation des pesticides sur les plants de tomates est devenue tellement courante que plus personne ne se pose la question de ses effets nocifs sur la santé. Aujourd’hui les paysans vont plus loin et récoltent des haricots hors saison. " Depuis un certain temps, il y a de gros et beaux haricots qui apparaissent au marché de Minova à la fin de la saison sèche. Nos investigations ont montré qu’il s’agissait de cultures faites à coup de fertilisants sur des parcelles de location. Demandez aux autorités d’agir vite parce que la guerre entre locataires et métayers se prépare. Les locataires récoltent mais la terre est stérilisée ". Cette analyse de Buja, un militant des droits de l’homme, est alarmante !
Avant même que les cours et tribunaux ne soient sollicités pour départager les propriétaires terriens et leurs locataires pour stérilisation des sols, les apiculteurs eux ne savent pas qui accuser.
Ngeregeza fulmine de colère : " Sans me vanter, je suis parmi les plus grands apiculteurs d’ici. Mais je ne peux pas vous dire où vont mes abeilles. Avant je croyais qu’il y avait des voleurs d’abeilles et j’ai même engagé des veilleurs pour surveiller les ruches. Mais j’ai fini par comprendre que mes abeilles étaient empoisonnées par des faux agriculteurs. Ce sont des faux. Il faut les mettre en prison pour assassinat d’insectes indispensables déjà pour eux-mêmes. La pollinisation c’est quoi ? Ils le savent ? Ce sont des faux !!! J’espère qu’ils seront les premiers à attraper le cancer qui vient de leurs pesticides. Je n’ai plus de miel à vous donner. Il est empoisonné je suis sûr. Mais bon, le Congo c’est comme ça. Vétérinaires et agronomes sont des taxateurs au lieu d’interdire tous ces poisons pompés sur les plantes destinées à nos estomacs et aux abeilles. "
Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Et d’ailleurs il est encore temps d’arrêter les mauvaises habitudes qui s’installent. Le prix abordable des pesticides ne s’expliquerait-il pas par le fait qu’il s’agit plutôt de produits chimiques interdits en Europe et ailleurs et massivement déversés sur l’Afrique ?
Que dire des effets des engrais chimiques sur la texture des sols ?
Les pouvoirs publics sont interpellés sur leurs responsabilités. L’attention des agriculteurs est attirée sur l’avenir de leur métier avec un sol stérilisé. Les consommateurs ne devraient plus continuer à accepter de manger n’importe quoi !!
Le lien entre les pesticides et certaines maladies est scientifiquement établi.
En définitive, une étude devrait être menée pour expliquer ce nouveau comportement des paysans du Buzi et de plus loin pour proposer des pistes de travail destinées à inverser cette tendance suicidaire qui s’installe lentement mais sûrement au vu et au su de nous tous.
Prosper Hamuli Birali à Minova le 04 décembre 2019
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En Mauritanie, un maraîcher transforme le désert en jardin.
En grande banlieue de la capitale Nouakchott, Carlos Gil Casado cultive tomates, aubergines, gombos, concombres et feuilles de bissap. Un jardin vert rebaptisé El Jenna (« le paradis »).
De la maison de Carlos Gil Casado, on ne ressort jamais les mains vides. A l’entrée de sa villa à Nouakchott, sur de grands plateaux, des semis de différentes variétés de tomates jouxtent des plants d’artemisia ou de persil. Il y a deux mois, il a acheté des figues sèches chez un épicier et en a fait germer les graines.
« Si, dans quelques années, on pouvait distribuer cinq figues par jour à tous les enfants de Mauritanie, on aurait réussi un défi fabuleux ! », lance-t-il. En Mauritanie, 43,9 % de la population active a souffert d’un retard de croissance pendant l’enfance, selon l’ONU.
« Si tu veux nourrir quelqu’un, donne-lui des tomates. Si tu veux le sauver, apprends-lui à les cultiver. » Carlos Gil Casado pourrait faire sien cet adage traditionnel revu et corrigé. En ce début septembre, l’Espagnol, installé depuis dix ans en Mauritanie, vient de terminer de dispenser une formation au maraîchage. Une activité pour laquelle il réserve sa patience, lui qui, en route dans sa vieille guimbarde pour récupérer du fumier de cheval dans un centre équestre, s’impatiente dans les embouteillages de Nouakchott.
En grande banlieue de la capitale du pays, l’homme a transformé un hectare désertique en une zone de maraîchage où poussent désormais tomates, aubergines, gombos, concombres et feuilles de bissap. Et même « du piment pour mettre dans le yassa ou le thiéboudienne », se félicite Mohamed Mokhtar, l’un des trente élèves formés par M. Casado de janvier à juillet.
De janvier à juillet, la ferme pédagogique de Carlos Gil Casado a formé trente élèves. Pendant sept mois, ils ont suivi une heure quotidienne de cours théorique, puis des ateliers pratiques.
Au début de sa formation, chaque élève a reçu une parcelle d’environ 10 m2 « pour créer son propre jardin en fonction d’un projet intégrant la nature des plantations, la surface cultivable et le prix des légumes à la vente », explique Mohamed Mokhtar.
Chaque bénéficiaire a commencé par monter son propre business plan. C’est le sens du projet global de Carlos Gil Casado, financé par l’Union européenne, et mis en œuvre par Agri Sahel et le Groupe de recherches et de réalisation pour le développement rural (GRDR).
Avant de suivre sa formation, Fatimatou Mint Deya, 62 ans, était cuisinière et ignorait « comment poussaient des légumes », et même « qu’il fallait de l’eau et du soleil ». Aujourd’hui, elle garde une partie de sa production pour sa famille et vend l’autre, s’inventant au passage « une source de revenus supplémentaire ».
Comme elle, les autres stagiaires ont apprécié et se sont regroupés en coopérative au terme de leur apprentissage, « installés autour de nous, ce qui nous permet de rester en contact et de continuer à suivre leur projet », assure Carlos Gil Casado.
Lorsqu’on lui demande comment il est possible de cultiver sur un sol aussi aride, l’agriculteur-enseignant rappelle qu’« il faut de l’engrais naturel, du sable, un goutte-à-goutte bien réglé et une plante brise-vent ».
La ferme pédagogique prouve pour l’instant qu’il est possible de faire du maraîchage à quelques kilomètres de la capitale mauritanienne, et pas uniquement le long du fleuve Sénégal, où la terre est très fertile. Autour du site, des centaines de producteurs, inspirés par la réussite de la ferme agricole, et un vaste projet gouvernemental de zone agricole périurbaine ont commencé à planter en suivant le modèle de l’Espagnol.
« Je suis heureux d’être copié, mais je le serai encore plus lorsque les Mauritaniens mangeront tous leurs propres tomates », espère Carlos Gil Casado. Il suffit d’un peu de patience.
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Les jeunes participants, filles et garçons, vivent difficilement, en marge de la société, du fait de leurs handicaps physiques – l’un d’eux est albinos, de leur appartenance sociale (plusieurs sont Pygmées), du fait de la misère, car beaucoup appartiennent à des familles au revenu très faible.
En acquérant ces techniques de transformation, ils pourront accéder à des revenus issus du produit de la vente des objets fabriqués. Ils s’organiseront pour cela en micro-entreprises collectives, qui seront accompagnés par le groupe-projet.
Les techniques utilisées sont simples et ne nécessitent pas d’équipements importants. Les formateurs sont des RD congolais de la région du Kivu.
Le lancement a donné lieu a des rencontres avec les autorités et différents acteurs qui participent au projet notamment en mettant à disposition des habitants, un lieu de décharge et des conteneurs pour le tri sélectif.
La formation dure 26 jours et a commencé le 26 décembre 2020.
A suivre donc, avec beaucoup d'intérêt...
Pour rejoindre leur action, cliquer sur le lien ici.
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Depuis plusieurs semaines, l’Inde est marquée par des mouvements des organisations paysannes contre des lois adoptées en septembre 2020. Ces lois sont décrites par les protestataires comme « anti-farmers laws », des lois contraires aux intérêts des paysans, car elles mettent ces derniers à la merci des grandes entreprises agro-alimentaires. Ces lois mettent fin à tous les mécanismes qui permettaient de garantir les prix et de lutter contre la spéculation.
Des organisations membres du RIEH Asie participent aux manifestations qui sont interdites et réprimées. C’est à l’occasion d’une de ces manifestations à Karur que Christina Samy a été arrêtée le 14 décembre, puis relâchée le lendemain.
ChristI est une des animatrices du RIEH. Elle a fondé et présidé SWATE, organisation pour la prise de pouvoir des femmes sur leur vie (empowerment), dont l’histoire est racontée dans le livre "Chemins d’économie humaine" . Elle est actuellement un des leaders de SWARAJ, parti politique dont le nom signifie Autonomie et politique alternative.
Voir le lien vers le texte de INHE Asia exprimant sa solidarité avec les protestations paysannes (en anglais).
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En cliquant sur la photographie d'Antoine, partageons ses dernières paroles bouleversantes.
A la veille du départ, il nous offre avec sa pudeur naturelle,
un regard sensible sur sa Vie terrestre et l'Espérance pour celle d'après.
Développement & Civilisations Lebret IRFED (DCLI) et le Réseau International d’Economie Humaine (RIEH) ont la douleur de vous informer du décès du Père Antoine Sondag, membre du RIEH et du Conseil d’Administration de DCLI, victime d’une longue maladie.
Le Père Antoine a été le rédacteur en chef durant plus de 10 ans de notre publication Développement & Civilisations diffusée dans le monde entier. Il a contribué de ses conseils aux réflexions de DCLI puis du RIEH sur l’économie humaine les faisant bénéficier de son regard aigu sur l’actualité de monde, et de sa connaissance des pays en développement pour lesquels il avait une expertise reconnue. Dans notre publication, il avait veillé à faire connaître des personnes de tout horizon porteuses de riches expériences de ce que peut être une économie humaine. Son sens critique des choses invitait chacun à préciser la pensée et à avancer.
Nous nous joignons à ses proches pour partager leur peine, dire adieu à Antoine et faire vivre sa mémoire.
" Si vous voyez cette vidéo, si vous entendez ma voix, c’est que je serais décédé.
J’ai eu un cancer et il semblerait que le traitement n’a pas été un succès. En cette heure, je suis animé par trois attitudes, qui se résument par trois mots :
le premier c’est MERCI.
Merci à tout ceux que j’ai croisé, merci à tous ceux que j’ai aidé.
Merci à tous ceux que j’ai rencontré.
Merci à tous ceux qui m’ont permis de vérifier que la vie est belle.
Merci à ceux qui m’ont donné, de grandes choses : la vie, ou des petites choses, des petites rencontres qui font le charme de chaque journée.
La vie est un don et il faut savoir dire merci.
Merci aux inconnus, aux anonymes, qui ne verront pas cette vidéo, ceux qui ne me connaissent pas mais qui m’ont donné ponctuellement une aide, un coup de main, un sourire.
Merci surtout à ceux à qui on a oublié de dire merci et qui ne le sauront jamais.
Nous sommes invités à dire souvent merci.
Merci à qui, merci pourquoi, merci pour être là, merci pour la vie, et nous autres chrétiens nous disons merci, nous sommes invités à dire merci très souvent et nous utilisons un mot pour dire merci, c’est EUCHARISTIE.
La deuxième attitude qui est la mienne en cette heure c’est de dire PARDON.
Pardon à ceux que j’ai blessé, volontairement ou involontairement.
Pardon à ceux qui se sont sentis délaissés, meurtris, pas assez pris en considération.
A eux tous et à beaucoup d’autres, pardon.
Et plus encore, pardon à tous ceux nombreux, que j’aurais pu aider, à qui aurais pu tendre une main secourable, sans l’avoir fait.
Tous ces blessés au bord du chemin que nous sommes invités à secourir, et comme tant d’autres j’ai passé sans regarder.
Troisième attitude en cette heure, c’est ESPÉRANCE.
Rien ne mérite de durer et il ne restera pas grande chose, il ne restera rien de ma vie.
Et pourtant, j’ai cette conviction cette intuition, cette espérance que cette vie n’est pas vaine, que ma vie n’a pas ente vaine, même s’il ne restera rien.
Ou peut-être si, il restera mon nom, le souvenir dans la mémoire, dans la mémoire de celui que nous appelons Dieu.
En cette heure, je n’ai pas d’image, pas de représentation de cette espérance. Je ne me soucie pas non plus, je ne me soucie plus de chercher des mots justes, des images justes, la rigueur du raisonnement ou d’honorer l’esprit critique qui m’a animé pendant si longtemps.
Mais on accueille, j’accueille la gratuité, tout ce qu’on appelle avec un mot maladroit, la survie.
J’accueille ce qu’on appelle avec un autre mot maladroit Dieu, ce Christ qui nous a aidé à traverser la vie et qui nous aide aussi à traverser la mort."
Un article posté par Stefan Gigacz
Très triste cette semaine d'enregistrer et de rapporter la mort, samedi 7 novembre, du prêtre français, le père Antoine Sondag, ami depuis plus de 30 ans, aumônier du YCS international à la fin des années 1980 et de Pax Romana ICMICA une vingtaine d'années plus tard.
Né en 1948 à Sarraguemines près de Metz dans la Lorraine, aujourd'hui partie du Grand Est, Antoine est ensuite diplômé de l'élite Institut de Sciences Politiques de Paris, plus connu sous le nom de Sciences Po par ses étudiants.
Rapidement, cependant, il emprunte une autre voie, entre au séminaire et est ordonné prêtre du diocèse de Metz, où il sert dans une paroisse pendant dix ans.
Je crois que c'est là qu'il s'est engagé comme aumônier dans le mouvement Jeunesse Etudiante Chrétienne (Jeunes étudiants chrétiens).
Au moment où je l'ai rencontré à Hong Kong en 1989, il était aumônier du YCS international .
Mais j'ai vraiment appris à le connaître et à apprécier son amitié et sa générosité plus tard lorsque j'ai étudié et travaillé à Paris pendant plusieurs années.
À cette époque, il était devenu secrétaire général de la Commission nationale des évêques français pour la justice et la paix. Plus tard encore, il a travaillé pour le Secours Catholique (Caritas France) en tant que chef de son département de recherche.
Par la suite, il retourna à la Conférence des évêques catholiques français en tant que directeur de leur «mission universelle» ou département des affaires internationales.
En 2011, il s'est joint à nous à Bangkok en tant que conférencier principal pour un forum de consolidation de la paix organisé par Cardijn Community International.
Plus récemment, il a édité "Développement et civilisations", la revue publiée par le Centre Lebret-IRFED (aujourd'hui DCLI-RIEH) , qui promeut un développement en phase avec le travail du dominicain Louis-Joseph Lebret , qui avait fondé le mouvement spécialisé d'inspiration jociste pour les jeunes travailleurs maritimes. avant de se faire un nom en tant que spécialiste du développement et d'inspirer l'encyclique du Pape Paul, Populorum Progressio .
Sur le plan intellectuel, il a publié un certain nombre d'ouvrages traitant de sujets allant de la démographie de la population catholique à la question de la pauvreté.
Un de ses livres les plus percutants porte le titre " On ne supprimera jamais la pauvreté. Même pas vrai " - "Nous ne nous débarrasserons jamais de la pauvreté. Totalement faux." Dans le même esprit, il a également publié «La solidarité, chemin de spiritualité» - «Solidarité, un chemin spirituel».
Et enfin, " Pour une église diaconale, Chrétiens au service de la société "
Je l’ai traduit en anglais ici.
En effet, à peine six jours après sa mort, son « testament » a déjà été traduit dans plus de dix langues dont l’arabe, le chinois, l’allemand, l’espagnol, l’italien, le philippin, le tamoul, le vietnamien, l’indonésien.
C’est un hommage approprié à l’influence et à l’impact discrets mais puissants d’Antoine.
De manière significative, voire providentielle, ses funérailles auront lieu demain, le 13 novembre, qui est également l’anniversaire de la naissance de Cardijn ainsi que la « Journée mondiale de la JECI ».
Comme le notent ses collègues de la paroisse de Villejuif, il « s’est placé dans la ligne de la doctrine sociale catholique développée par Frédéric Ozanam au XIXe siècle ».
À une époque fatiguée d’une Eglise autoritaire, cléricale et très lourde, Antoine Sondag nous a montré ce que signifie être un prêtre véritablement diaconal au service de son peuple et nous propose un modèle pour construire une Eglise authentiquement diaconale.
En septembre 2019, il a déménagé à Villejuif, dans la banlieue parisienne, où il est devenu membre de la paroisse catholique locale. À ce moment-là, cependant, il savait qu'il avait le cancer qui lui coûterait la vie.
Pourtant, il a continué à accueillir des amis du monde entier et à aider financièrement ceux qui en.avaient besoin.
Conscient de son destin probable, Antoine en a profité pour enregistrer une vidéo remarquable que je posterai ici pour ceux qui comprennent le français et qu'il divise en trois parties: merci, pardon et espoir.
par Stefan Gigacz
A Dieu (Joseph Cardijn Digital Library - in 10 languages)
A Dieu père Antoine (Eglise de Villejuif)
Guido Mocellin, Un testamento spirituale in Rete: i grazie, il perdono, la "speranza" (Avvenire)
Fr Antoine Sondag (Online celebration 21 November) (Pax Romana ICMICA)
Décès du Père Antoine Sondag (Diocèse de Metz)
Antoine Sondag funeral details and live broadcast (Diocese of Metz/Facebook)
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L’intérêt du Second Manifeste Convivialiste est double : dans son contenu et dans les signatures qu’il rassemble.
Avant d’analyser le contenu, il faut noter et saluer le grand nombre et la diversité des signatures obtenues, même si on en note aussi les limites. 276 personnalités (quelque 300 dit la quatrième de couverture !) de 33 pays.
58% sont des Français (161), les autres pays les plus représentés étant, loin derrière, le Brésil (19), les USA (16), l’Allemagne et l’Italie (10), le Japon (9), la Suisse (8). Seulement 3 du Maghreb et 4 d’Afrique subsaharienne.
En France, on y trouve des représentants de l’Economie sociale et solidaire, de l’hebdomadaire Alternatives économiques, du monde diplomatique, de la revue Esprit, d’Attac, de l’écologie politique, de la collapsologie, d’ATD Quart Monde, de Dialogues en humanité. Emmanuel Faber est le seul dirigeant économique.
Parmi les personnalités qu’on peut considérer comme proches du RIEH: Elena Lasida, Patrick Viveret, Jean-Baptiste de Foucauld, Gaël Giraud, Edgard Morin, sans oublier bien sûr Yves Berthelot. Au plan international : Noam Chomsky, Susan George, Shirin Abadi, Chico Whitaker, Leonardo Boff, Olivier de Schutter, Jean Ziegler, Mathieu Ricard. Le spectre est donc assez large.
Le Manifeste assume que les signataires sont des intellectuels. On peut penser que tous ne sont pas en accord complet avec l’ensemble des propositions du Manifeste, mais ils ont estimé que les points d’accord étaient suffisamment nombreux pour engager leur signature. C’est un fait très positif pour tous ceux qui, comme nous, veulent construire le consensus le plus large possible pour des changements structurels dans l’organisation du monde fondés sur l’humanisme.
L’objectif central du Manifeste est de définir les valeurs et les principes qui fondent une alternative au néolibéralisme. « Ce qui manque le plus aux milliers et aux dizaines de milliers d’associations ou de réseaux, aux dizaines ou aux centaines de millions de personnes qui à travers le monde cherchent à échapper à l’emprise du capitalisme néolibéral, ce qui les empêche de se coordonner et qui les condamne à une forme d’impuissance, c’est l’absence d’un consensus explicite et clairement partagé sur quelques valeurs ou principes centraux ».Les signataires « ne se contentent pas des dénonciations stéréotypées des marchés ou du capitalisme qui n’aboutissent à rien aussi longtemps qu’elles ne nous disent pas quel autre type de société nous pouvons raisonnablement espérer pouvoir construire ». Cette ambition rompt avec le discours porté par beaucoup des ouvrages ou des productions audiovisuelles qui relatent toutes ces expériences et qui refusent de répondre à la question de la définition d’une alternative. Il suffit selon eux de raconter ces expériences et de considérer qu’elles dessinent le monde de demain sans avoir besoin d’en décrire les fondements. Par défiance vis-à-vis des idéologies et défiance vis-à-vis des partis et hommes politiques qui prétendent incarner le changement. Pour les signataires du Manifeste on ne peut pas se contenter d’appeler à la transition sans dire vers quoi ou à « un monde d’après » défini par sa rupture avec le « monde d’avant » ou encore à un « changement de paradigme » sans préciser quel est le nouveau paradigme auquel on entend se référer.
Le convivialisme se présente ainsi comme une philosophie politique, la philosophie de l’art de vivre ensemble, de la convivance.
Nous sommes en accord total avec cette ambition, même si nous appelons cette référence partagée « économie humaine », et non pas « convivialisme ». Et l’économie humaine est aussi une philosophie politique, la philosophie du passage d’un monde moins humain à un monde plus humain. Je reviendrai plus loin sur cette question du choix des mots. Mais nous sommes bien dans le même champ.
Pour la définition de cet ensemble de valeurs et de principes, le manifeste présente une position très affirmée et très forte, puisqu’il formule cinq principes et un impératif catégorique qui les traverse tous :
et
Voir en annexe les définitions que donne le manifeste des 5 principes et de l’impératif.
C’est là le cœur du Manifeste et son apport principal, d’autant plus intéressant qu’il est très précis, tout en étant capable de faire consensus, ce qui ne va pas de soi, surtout à un niveau international. Les formulations sont fortes : « La seule politique légitime, mais aussi la seule éthique acceptable sont celles qui s’inspirent des cinq principes ».
Il nous semble qu’il faudrait aussi dans ce corpus central faire place à ce que le manifeste appelle le pluriversalisme ; c'est-à-dire la synthèse à trouver entre l’universalisme et la pluralité des cultures.
Par rapport à cet énoncé, on peut bien sûr se demander si l’on est en accord avec les cinq principes et l’impératif. Mais surtout, il faut se demander si, comme on dit en mathématiques, ils sont nécessaires et suffisants et s’ils transcendent les différences de cultures et de situations économiques et sociales. Ne faut-il pas en rajouter d’autres ? Chacun a-t-il vraiment une importance telle qu’on ne peut l’écarter sans déstabiliser l’ensemble ? Il est difficile de répondre à ces questions si ce n’est en confrontant ces principes aux principales questions qui se posent à notre humanité et en voyant comment ils éclairent les choix à opérer et les politiques à conduire. J’y reviendrai plus loin.
En attendant nous pouvons comparer ces cinq principes du convivialisme aux quatre principes de l’économie humaine :
Une comparaison vraiment approfondie dépasserait le cadre de cette note. Globalement, on relève :
A ce stade, je veux surtout souligner le dernier point, car il me semble que le convivialisme nous fait avancer dans notre approche de l’économie humaine. Là où nous mettons en avant la solidarité, la prise en compte de l’intérêt commun, la nécessaire concorde, le convivialisme fait droit à l’intérêt personnel, à la rivalité, aux conflits. « La politique légitime est celle qui permet au mieux de développer son individualité singulière en développant ses capacités, sa puissance d’être et d’agir, sans nuire à celle des autres, dans la perspective d’une égale liberté ». Ou encore : « Parce que chacun a vocation à manifester son individualité singulière, il est normal que les humains s’opposent. Mais il ne leur est légitime de le faire qu’aussi longtemps que cela ne met pas en danger le cadre de commune humanité, de commune socialité et de commune naturalité qui rend la rivalité féconde et non destructrice ». Nous devrions intégrer ces apports du convivialisme.
Un autre apport à intégrer est la place centrale faite par le convivialisme au concept de démesure (hubris). Celle-ci est considérée comme la cause fondamentale de tous les maux qu’affronte l’humanité et la maîtrise de la démesure comme l’objectif premier de la « politique bonne ». C’est donc dans l’homme lui-même que résident à la fois le problème et la solution. C’est le fondement de la place de la spiritualité à la fois dans la civilisation que nous voulons promouvoir et dans la stratégie de changement que nous mettons en œuvre, qui doit conjuguer transformation personnelle et mise en place de nouvelles structures.
A partir du corpus central, le manifeste présente quelques implications générales, puis des propositions concrètes.
Les implications générales sont présentées dans 4 champs :
Le texte mérite d’être cité dans son intégralité :
« Ce qu’il est permis à chaque individu d’espérer, c’est de se voir reconnaître une égale dignité avec tous les autres êtres humains, d’accéder aux conditions matérielles suffisantes pour mener à bien sa conception de la vie bonne, dans le respect des conceptions des autres, et de chercher ainsi à être reconnu par eux en participant effectivement, s’il le souhaite, à la vie politique et à la prise des décisions qui engagent son avenir et celui de sa communauté.
Ce qui lui est interdit, c’est de basculer dans la démesure et dans le désir infantile de toute-puissance (l’hubris des Grecs) […] en prétendant appartenir à quelque espèce supérieure ou en accaparant et en monopolisant une quantité de biens et un quantum de pouvoir tels que l’existence sociale de tous en soit compromise ». Il en découle concrètement le devoir de refuser pour soi-même la corruption et de la dénoncer par la pratique de lanceur d’alerte.
Tout en étant d’accord avec ce texte, l’économie humaine affirme aussi la responsabilité de chacun pour respecter la dignité des autres, pour travailler afin de participer à la création de richesse, pour participer activement à la prise de décision dans un cadre démocratique et pour respecter les décisions prises dans ce cadre. Il faudrait aussi préciser ce qu’on entend par communauté, qui comprend au moins trois niveaux : local, national et international.
Le convivialisme prend acte du fait que ce sont les Étals qui organisent la vie politique.
Le manifeste emploie une expression très forte en affirmant qu’un Etat ne peut être tenu pour légitime que s’il respecte les cinq principes et observe l’impératif de maîtrise de l’hubris. Compte tenu du caractère très général des principes, on peut craindre que toute personne ou tout groupe se considère fondé à contester la légitimité de tout Etat. Mieux vaudrait dire que les cinq principes constituent une référence pour l’action de l’Etat.
Le problème se retrouve dans une affirmation très problématique quand le manifeste déclare aussi que ne sont légitimes que les États qui garantissent à leurs concitoyens un revenu de base et instaurent un revenu et un patrimoine maximum pour les plus riches. A cette aune, aucun Etat au monde n’est légitime. Mais surtout, on peut parfaitement adhérer aux 5 principes sans être en accord avec ces deux mesures, d’ailleurs très controversées. Le manifeste déclare que « la misère doit être déclarée hors la loi ». Cette affirmation peut figurer dans le programme d’un parti politique en France, mais elle ne fait guère de sens dans le contexte de pays où la misère est endémique. C’est conférer à l’Etat une toute-puissance tout à fait excessive. Selon l’économie humaine, toute société doit s’organiser pour que chacun puisse tirer un revenu de son travail lui permettant de mener une vie décente. D’un autre côté, la mesure sur le revenu maximum peut aussi être débattue. L’essentiel à nos yeux est que tout revenu, quelque soit son niveau, soit obtenu en respectant les attentes et les droits de toutes les personnes qui concourent à le générer et en respectant les équilibres naturels. Quant aux limites du patrimoine, elles doivent être gérées selon nous par une révision fondamentale du droit de propriété.
Plutôt que les deux mesures mises en avant par le convivialisme, nous mettons en avant le système de mutualisation de la protection sociale fondée sur le principe « De chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins », dont curieusement le manifeste ne parle pas alors qu’il est fondamental dans l’organisation de la société que nous prônons. Il est vrai qu’il n’est pas nouveau !
Le manifeste traite assez longuement de la démocratie. Il relève le paradoxe entre le fait que la démocratie s’impose comme une référence avec l’égalité de principe de tous avec tous et qu’on relève en même temps des signes alarmants d’une désaffection à son égard. On peut regretter qu’il insiste surtout sur les raisons de ne plus croire en la démocratie. Pourtant le principe d’égalité qui est le fondement de la démocratie est équivalent à celui de commune humanité. Pour notre part nous ne considérons nullement que la démocratie est un modèle dépassé destiné à être remplacé par un autre. Il doit au contraire être approfondi. Le manifeste n’échappe pas ici au risque de surfer sur l’air du temps. Par exemple quand il déclare que « la démocratie participative ne peut être effective que si elle est la plus directe possible, autrement dit si elle repose largement sur le tirage au sort ». On est aussi étonné de lire que « la revendication d’égalité s’étend à présent au monde animal au nom de l’antispécisme ».
Les humains ne doivent pas se considérer comme des maîtres de la nature mais comme en faisant partie. Le manifeste mentionne une relation de don/contre-don « au moins métaphoriquement », ce qui signifie que les humains « doivent rendre à la Nature autant ou plus qu’ils ne lui prennent ou n’en reçoivent ». On ne peut qu’être en accord avec cette déclinaison du principe de commune naturalité. La difficulté se trouve dans la mise en œuvre, dès lors qu’on entend aussi répondre aux besoins d’une nourriture saine pour tous les êtes humains et aux besoins d’énergie, même maîtrisés, pour réduire la pénibilité du travail, se chauffer ou se rafraîchir, se déplacer, échanger des biens et des services. Là, le convivialisme n’apporte pas de réponse particulière, mais sans doute n’est-ce pas son rôle. L’économie humaine non plus. Car une fois les principes posés, il n’y a pas de solution pré-définie qu’il suffirait d’appliquer. Le convivialisme n’échappe pas totalement à un travers fréquent sur ces sujets. Il affirme par exemple qu’il faut sortir des énergies fossiles à horizon 2040-2050. Ce genre de déclaration relève très largement de la pétition de principe et conduit inévitablement à la dénonciation globale des politiques qui ne permettent pas d’atteindre ces objectifs. C’est qu’il ne suffit pas de décréter qu’on arrête d’extraire les énergies fossiles en faisant preuve d’une grande détermination politique. Il faut continuer à répondre à la demande d’énergie et on voit bien qu’il n’y a pas de consensus social pour opérer des coupures d’électricité ou pour limiter drastiquement et par la contrainte l’usage de la voiture ou de l’avion. Pour avancer, il ne suffit donc pas de poser ainsi des grands objectifs surtout à moyen et long terme. C’est pourquoi, avec l’économie humaine nous mettons l’accent sur l’éducation qui permet à chacun et à chaque groupe social d’être conscient des enjeux et du rôle qu’il doit jouer pour atteindre l’objectif commun et sur la démocratie qui permet de faire des choix partagés. Et des choix qui sont souvent des compromis entre divers impératifs. Il faut renforcer la capacité à s’écouter entre écologistes et agriculteurs, entre protecteurs de la nature et producteurs d’énergie, entre promoteurs de la diversité culturelle et touristes désirant voyager, … Nous insistons aussi sur le fait que tout changement doit être à la fois personnel par la spiritualité, sur le territoire où l’on vit grâce à un développement local humain et durable, dans les structures et les politiques menées par les Étals et par des accords internationaux. C’est l’articulation des quatre niveaux qui est déterminant.
Dans ce champ il y a une grande proximité entre le manifeste convivialiste et les choix de politique économique inspirés de l’économie humaine. Je trouve même que plusieurs formulations du manifeste sont plus fortes, plus nettes que les nôtres. Quelques citations illustrent ce rapprochement :
« Le véritable développement de toutes les richesses humaines [est] bien loin de se réduire à la seule richesse économique, matérielle ou monétaire. La richesse effective passe par le sens du devoir accompli, de la solidarité ou du jeu ; par toutes les formes de la créativité, artistique, technique, scientifique, littéraire, théorique, sportive, etc. En un mot, elle est inhérente à une forme ou une autre de gratuité ou de créativité et à la relation aux autres ».
« Le Marché et la recherche d’une rentabilité monétaire sont pleinement légitimes dès lors qu’ils respectent – notamment via les droits (sociaux et) syndicaux – les postulats de commune humanité et de commune socialité, et qu’ils sont en cohérence avec les considérations écologiques précédentes ».
« La priorité est de lutter contre les dérives rentières et spéculatives de l’économie financière qui sont la principale cause de la démesure capitaliste actuelle ».
« Il est impératif dans une visée d’économie plurielle, d’instaurer un équilibre entre Marché, économie publique et économie non marchande et non monétaire […] selon que les biens ou les services à produire sont individuels, collectifs, communs ou privés ».
Le manifeste emploie l’expression « prospérité sans croissance » qu’on peut rapprocher de celle de « sobriété heureuse » de Pierre Rabhi ou de « l’abondance frugale » de Jean-Baptiste de Foucauld. Il se réfère aussi à « une société post-croissantiste » et à la « démarchandisation », désignant ainsi « toutes les manières de mieux satisfaire les besoins avec moins de marchandises et moins d’argent ».
Il appelle aussi à remodeler en profondeur le statut de l’entreprise, ses responsabilités et sa gouvernance.
Tout ceci demande à être précisé, décliné dans des contextes culturalo-socio-économiques différents. Mais c’est tout aussi vrai pour l’économie humaine.
Au total, on peut relever :
Une très grande proximité entre le projet même du Manifeste convivialiste et celui de l’Economie humaine : construire un consensus international, reconnaissant la diversité des cultures, sur les principes d’organisation des sociétés humaines et de l’humanité dans son ensemble afin d’opérer les changements structurels dans les champs politiques et économiques nécessaires pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés
Dans la formulation de ces principes, les convergences entre les deux approches l’emportent sur les différences qui sont néanmoins importantes. Il faut donc à la fois se reconnaître comme participant à un même courant, une même alliance et à l’intérieur de cet ensemble faire vivre un débat. Le choix des mots pour désigner cet ensemble est important. Mon avis personnel est que ni le mot convivialisme, ni l’expression économie humaine ne sont satisfaisants. Il faut laisser le champ ouvert, chacun gardant à ce stade sa référence.
La principale différence est qu’avec l’économie humaine nous ne proposons pas seulement une vision sous forme d’un ensemble de principes, mais aussi un chemin, une démarche pour parvenir aux changements structurels. Cette démarche s’appuie sur deux piliers que sont l’éducation (la conscientisation) et la démocratie (la participation active aux affaires communes). Elle articule action et réflexion. Elle articule aussi les niveaux personnel, du territoire où l’on vit, de l’Etat, du monde.
Là où le Manifeste convivialiste peine dans ses conclusions à définir comment s’organise l’internationale convivialiste et est tenté par une action politique directe, nous proposons d’organiser un réseau fondé sur des groupes locaux, des coordinations continentales et une coordination internationale dont l’action politique est indirecte, c'est-à-dire vise à renforcer les consciences et les capacités des personnes et des groupes à participer aux changements.
Pour paraphraser un slogan d’une autre époque : « C’est un bon début, continuons le débat » … et surtout l’action.
Michel Tissier, Secrétaire exécutif du RIEH
Le Mené, le 17 octobre 2020
www.rieh.org
" Les principes de commune naturalité, de commune humanité, de commune socialité, de légitime individuation, d’opposition créatrice. Ces cinq principes sont subordonnés à l’impératif absolu de maîtrise de l’hubris.
Impératif de maîtrise de l’hubris. La condition première pour que rivalité et émulation servent au bien commun est de faire en sorte qu’elles échappent au désir de toute-puissance, à la démesure, à l’hubris (et a fortiori à la pléonexie, (au désir de posséder toujours plus). Elles deviennent alors rivalité pour mieux coopérer. Dit autrement : tenter d’être le meilleur est hautement recommandable s’il s’agit d’exceller, à la mesure de ses moyens, dans la satisfaction des besoins des autres, de leur donner le plus et le mieux possible. Voilà qui est bien différent du désir de l’emporter à tout prix en prenant aux autres ce qui leur revient. Ce principe de maîtrise de l’hubris est en réalité un méta-principe, le principe des principes. Il imprègne tous les autres et doit leur servir de régulateur et de garde-fou. Car chaque principe, poussé à son extrême et non tempéré par les autres, risque de s’inverser en son contraire : l’amour de la Nature ou celle de l’humanité abstraite en haine des hommes concrets ; la commune socialité en corporatisme, en clientélisme, en nationalisme ou en racisme ; l’individuation en un individualisme indifférent aux autres ; l’opposition créatrice en combat des ego, en narcissisme de la petite différence, en conflits destructeurs. Cet impératif peut donc être dit “catégorique”."
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Trente ans dans la vie d’un homme, c’est l’âge de la maturité. Si cette réalité était extrapolable aux faits sociopolitiques, on dirait que le multipartisme malien est aujourd’hui dans sa phase de maturité. Dans cet état de maturité supposée dans l’apprentissage de la démocratie multipartite, notre pays se trouve confronté à une crise sans précédent. Encore une crise. A l’analyse, les symptômes de cette crise s’apparentent à ceux d’une maturité tardive. Oui nous en sommes là. Les maux sont nombreux pour exprimer la crise. Ils ont pour nom : mauvaise gouvernance, corruption, népotisme, insécurité grandissante, impunité, appui inadéquat à l’armée dans la guerre contre le terrorisme qui menace l’existence même de notre pays. Oui ce sont les vrais maux dont souffre notre pays. Des maux qui sont à l’antipode de nos aspirations de mars 1991. Ils donnent de la matière pour des discours populaires, souvent populistes, mais leurs vraies causes sont encore mal élucidées et exprimées de manière précise. En la matière, évitons les amalgames en étant suffisamment pédagogues pour distinguer entre causes et effets. La gouvernance mal faite conduit à la corruption, aux détournements de fonds publics, à l’impunité, au laxisme, à la gabegie, à l’insécurité, à l’arrogance ; à la mauvaise qualité de l’éducation et des soins de santé. Résumons tous ces maux manifestes de notre réalité sociale d’aujourd’hui en effets de la Mauvaise Gouvernance, la vraie source de notre mal commun.
Oui c’est de Mère, pardon, Grand-Mère Mauvaise Gouvernance dont nous souffrons. Appelons-la grande mère, vu le nombre d’années qu’elle existe et nous mine. Effet, depuis trente ans de parcours dans la quête de démocratie, nous la chantons comme la source de notre malheur. Cette mauvaise gouvernance est aussi notre petite fille commune parce que nous l’avons enfantée depuis 1991, à partir de nos textes, nos pratiques et nos comportements. Oui, au commencement nous avons confondu forme et fond d’une même chose. Pire nous avons mal conçu la forme de notre démocratie et dans la pratique, nous avons écrasé et mis de côté le minimum convenu qui pouvait nous faire avancer. Il est temps que nous nous ressaisissions. Prenons le taureau par les cornes. De sérieuses réformes politiques s’imposent comme la rigueur dans l’application de l’existant.
Dans la gestion des crises antérieures liées à la même mauvaise gouvernance, nous avons agi sur les effets mais les causes sont restées intactes. Il nous faut arracher le mal à la racine. Durant la transition qui s’annonce, osons des réformes en profondeur sans pression externe et interne liée au temps. Retenons la leçon de notre passé récent : «le temps qu’on ne donne pas au temps en matière de réformes politiques se vengera». Le temps non accordé à des réformes nécessaires durant la transition de 2012- 2013 se venge de nous aujourd’hui, en nous rappelant à travers la présente crise que la racine de notre mal était toujours là.
Oui cette racine reste bien enfouie dans nos textes, nos pratiques et nos comportements parce que la transition de 2012- 2013 s’était bien clôturée dans la forme sans avoir réglé les questions de fond qui l’avaient générée. Ne ratons donc pas cette deuxième opportunité offerte par la présente transition. Donnons-nous le temps qu’il faut pour enfin nous coudre le boubou qui nous ira bien parce que passant sur toutes les parties de notre corps social sans l’écorcher. Prenons garde du clientélisme politique, de la recherche de positionnements immédiats, des règlements de comptes, des pressions internationales qui, mis ensemble, réduisent nos transitions à de simples revues de postes, à des discours creux d’apaisement des tensions sociales, et à l’organisation prématurée d’élections sans entame de l’objet ayant justifié le renversement des dirigeants du pays.
ATT a été renversé pour sa mauvaise gouvernance des questions de défense et de sécurité. La même cause figure en grande place dans la grogne sociale qui a emporté aujourd’hui IBK venu après une transition politique de quelques mois que j’avais jugée trop courte pour régler des questions de fond. Oui la Mauvaise Gouvernance est encore présente. Elle a même pris plus carapace et de graisse avec IBK. De Dioncounda à IBK, le Mali aura accusé un recul considérable en matière de gouvernance. Non seulement ces deux dirigeants n’ont pas entrepris grand-chose pour une meilleure gouvernance du pays, ils ont en plus totalement ignoré le formidable travail de réforme entrepris par ATT à travers la commission Daba Diawara (Commission de réflexion sur la consolidation de la démocratie). Cette œuvre était bien avancée sur la base d’une approche participative et ouverte, mais, les dirigeants qui ont succédé à ATT n’ont pas suivi. Quel gâchis de ressources investies dans ce merveilleux projet qui annonçait des transformations qualitatives de la gouvernance politique dans notre pays ? Rappelons juste un des résultats de cette commission : l’Agence générale aux élections, une sorte de Céni unique et pérenne, faite de personnel technique qualifié, recruté uniquement sur la base de leurs compétences et expériences en administration électorale.
Qui dit mieux ? Il n’y aura jamais une bonne gouvernance des élections au Mali, tant que nous aurons des Céni non permanentes, budgétivores, faites de politiciens soucieux seulement de se refaire les poches et de redorer leur image en roulant dans des 4X4 flambants neufs juste le temps des élections. Il n’y aura jamais d’élections de qualité au Mali, tant que l’administration des élections, pour les mêmes raisons de gain d’argent, sera assurée par une multitude de centres de décision. En la matière, la multitude des acteurs est un terreau pour les magouilles électorales, la corruption et les détournements de fonds publics. A l’opposée, il faudrait mettre en place un organe unique compétent mêlant qualité, efficacité et efficience. La Céni du Ghana que j’ai eu l’occasion de visiter avec une dizaine de hauts cadres de partis politiques maliens en est la parfaite illustration. Des réformes majeures sont aussi indispensables pour réduire considérablement le coût des institutions publiques. Leurs budgets font toujours saliver les gourmands de la République. S’il est vrai de dire que la démocratie n’a pas de prix, il n’est pas moins vrai que le coût de nos institutions démocratiques dépasse nos moyens. En juin 2006, dans son ouvrage « Mali : une démocratie à refonder », mon grand frère Ali Cissé attirait notre attention sur le coût des institutions démocratiques au Mali et nous invitait à revoir le format de notre démocratie. Son analyse avait bien montré comment les budgets de fonctionnement des institutions de la République augmentaient en proportions démesurées au détriment du développement des secteurs sociaux de base : éducation et santé.
Dans ce contexte de transition en perspective, une attention particulière devra être faite au train de vie de l’Etat. Plus les ressources sont abondantes dans ces institutions, sans cadrage suffisant pour leur bonne gestion, plus la convoitise d’être assis sur ces mannes et de se sucrer rapidement est grande. On veut devenir député parce qu’en 5 ans, en plus des affaires et du trafic d’influence, on peut se faire des centaines de millions de nos francs. Les courtisans des postes ministériels sont dans le même état d’esprit de même que ceux de l’administration rapprochée du Président de la République
Bref, les champs à explorer au Mali pour une meilleure gouvernance sont nombreux. Des reformes sont nécessaires, l’application rigoureuse des textes existants et la modernisation des pratiques fiscales et douanières s’imposent. La justice devra se faire correctement et les auteurs sanctionnés quels que soient leurs liens de protection sociale et politique. En ces temps de sanctions économiques injustes de la Cédéao, les traces des ressources financières détournées devraient être suivies pour assurer le retour de l’argent mal acquis dans les caisses de l’Etat : mesure tactique en ces temps de vaches maigres pour notre pays.
En ces temps durs, la transition en cours gagnera en légitimité interne et en crédibilité externe si elle parvenait à combiner de manière équilibrée des mesures tactiques assurant la survie de l’Etat et des réformes politiques majeures et stratégiques. Cet équilibrage réussi dégraissera Grand-Mère Mauvaise Gouvernance dont le décès annoncé après la transition ne sera pas à regretter par le peuple malien. Je terminerai mon propos par quelques conseils et suggestions aux dirigeants de la transition en cours :
- Evitez de personnaliser la victoire collective. L’égo est satanique en pareilles circonstances. Le vouloir se distinguer individuellement, de paraître et de s’attribuer la victoire, finit par faire imploser l’équipe. En dépit des multiples épreuves, le M5 a su se garder de cette recherche d’image personnelle, ce qui l’a soudé jusqu’au résultat final. Il y a certes eu incontestablement une autorité morale de ce mouvement, mais un leader technique n’a jamais pu prendre le dessus sur les autres durant le combat. Il y avait une équipe technique tout court dont la solidarité opérationnelle a été efficace. Un exemple à suivre par le Comité National pour le Salut du Peuple et les instances de la transition. En 2012, Amadou Aya Sanogo, s’était trop vite mis devant comme l’avait fait ATT en 1991. L’affirmation de l’égo se vit mal de l’intérieur et braque l’extérieur sur l’individu tout en le rendant vulnérable.
- Evitez de vous laisser distraire et gardez-vous de distraire le peuple. Le jeu des intérêts externes et internes est si fort qu’il peut amener à vous faire dévier la bonne voie et perdre du temps dans ce qui n’est pas essentiel. Notre discernement collectif a pu nous faire nous soustraire des mesures distractives de la Cédéao et nous conduire jusqu’au bout de notre combat. Avec ce même discernement, traitons les mesures injustement punitives de cette institution. Combien d’économistes talentueux prédisaient la chute du pouvoir de Patrice Talon actuellement au Bénin avec la fermeture des frontières avec le Nigéria sur décision unilatérale du président de ce pays ? Récemment classé par les institutions financières comme pays à revenu intermédiaire au même titre que la Côte d’Ivoire, et comme bon élève dans la gestion de sa dette publique, le Bénin semble tenir bon. Notre pays devra aussi tenir bon malgré toutes les sanctions annoncées. Un pays qui ne peut donner de réponse adaptée à des conjonctures qui l’affectent survivra difficilement. En évitant de vous laisser distraire de l’extérieur, ne vous laissez pas non plus distraire de l’intérieur. La seule chose qui vaille, c’est la bonne gouvernance dans la forme et le fond. Le reste c’est de distraction.
- Ne laissez pas déformer le discours sur le sens du combat collectif. Les médias internationaux ont la mémoire courte, malheureusement ils sont faiseurs d’opinion à large échelle. La tendance actuelle est de transformer l’aboutissement de la lutte du peuple malien en coup d’Etat militaire. Ce raccourci est injuste et malintentionné. Il urge de redresser ce discours à chaque occasion et d’assurer une communication externe correcte durant toute la transition ;
- Soyez et demeurez cohérents dans vos comportements avec le sens de la lutte du peuple. Le but de la transition étant de refonder l’Etat avec comme toile de fond des mécanismes pour éradiquer la mauvaise gouvernance, il convient de se garder de pratiques de mauvaise gouvernance, qu’elles soient collectives ou individuelles ;
- Pratiquez la redevabilité dans les actes à poser. La victoire du peuple a été grandement célébrée le 21 août là où la contestation a commencé, à savoir, la fameuse place de l’indépendance. Allons-nous laisser nostalgique de nos «shows» pour le changement, ce lieu sacré de la gouvernance ? Non et non. Les rassemblements populaires devront être ponctués avec les étapes d’évolution de la transition pour rendre compte au peuple là où tout a commencé, des avancées tactiques et stratégiques pour réduire la mauvaise gouvernance au Mali. Cette transition devra être collectivement célébrée de manière continue dans le partage de ses fruits, occasion de se ressourcer, de s’ajuster à temps pour éviter des ratées.
- Parlez moins mais posez plus d’actions à effets positifs et durables pour la consolidation de la démocratie et le dégraissage de Grand-Mère Mauvaise Gouvernance. Quand on construit, on parle peu en laissant l’action le faire à sa place. A l’œuvre on voit l’artisan.
Sur le fond, les défis sont de taille tant Grand-Mère Mauvaise Gouvernance est à tous les niveaux, la demande sociale importante et les questions sécuritaires et de défense prennent de l’ampleur. Sur ces grands chantiers, les attentes sont grandes.
- Soyez réalistes dans votre mission (objectifs et actions) en vous disant que la vie de la nation ne se limite pas au temps de la transition. Dans chacun de ces vastes champs, des priorités existent. Il vous faut les identifier dans une approche participative et les prendre en compte dans votre plan d’action. En voulant tout faire, on s’étouffe sans rien achever. Rappelez-vous que la place de l’indépendance vous attend pour les séances populaires de redevabilité ;
- Recherchez l’équilibre entre les actions à effets immédiats et les actions à effets durables sur la gouvernance. Il s’agit là de réparer les dégâts et de prévenir les manquements ;
- Intensifiez les actions de sécurité des populations et de défense nationale. Des partenariats nouveaux sont à explorer pour parer aux éventuelles restrictions d’appuis extérieurs ;
- Prenez des engagements pour la relance de l’école et le traitement de la demande du personnel éducatif et honorez-les ;
- Réduisez le plus vite possible le train de vie de l’Etat pour vous donner les moyens de votre action et donner des réponses rapides à des revendications d’ordre financier ;
- Dans vos actes et vos attitudes, veuillez lever les équivoques sur le respect des valeurs sacrées de notre constitution et qui font la crème de notre cohésion sociale. Jusque-là, les discours pour le changement ont été focalisés sur Grand-Mère Mauvaise Gouvernance. La refondation de notre Etat gagnerait aussi à ne pas occulter le nécessaire besoin de consolidation des acquis en matière de libertés religieuses et de laïcité de l’Etat. Malgré les interpellations sur ces valeurs, les discours des leaders pour le changement n’ont pas apporté des assurances. Vous êtes aussi attendus sur ces questions, dans vos actes et vos comportements ;
- Ne vous trompez pas dans le choix des hommes pour conduire le changement. Les mangeurs sont nombreux mais les ouvriers sont très peu. Il est heureux de voir émerger une vision réductionniste du nombre des dirigeants de la transition. Il faut en outre faire de la qualité, de la compétence et du désintéressement, les principaux critères de choix des membres de l’équipe.
C’est par ces quelques suggestions que je termine ma modeste contribution à la conception de la transition qui s’ouvre dans notre pays en réponse à la demande sociale pour une meilleure gouvernance
Que Dieu, le Tout Puissant qui entend les souffrances de notre peuple, guide les dirigeants de la transition dans leur noble mission de redressement de la gouvernance dans notre pays.
Vive le Mali !
Augustin Cissé
Sociologue du développement et analyste politique
Initiateur et ancien directeur exécutif de la Fondation
Centre Malien pour le Dialogue Interpartis et la Démocratie (CMDID)
Expert international en gouvernance politique,
en mission dans la région des Grands Lacs.
Sursaut national de mars 1991 : Renversement du régime autoritaire de Moussa Traoré par des militaires. Le Mali connaît alors une transition porteuse d’espoirs de changements qui conduit à l’élection du Président Amadou Toumani Touré (ATT) qui engage des réformes démocratiques.
La transition de 2012-2013 : Période qui a suivi le coup d’état militaire qui a renversé ATT et qui s’est conclue par l’élection d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
Dioncounda : Dioncounda Traoré, Président par Interim 2012-2013. Auquel a succédé IBK.
Céni : Commission électorale nationale indépendante. Institution mise en place dans plusieurs pays d’Afrique pour organiser les élections.
Des centaines millions de nos francs : 1 million FCFA = 1 524 €
Sanctions économiques injustes de la CEDEAO : La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest a adopté des sanctions économiques contre le Mali pour contester le coup d’Etat militaire du 18 août 2020
M5 : Voir l’introduction de l’article
Comité national pour le salut du peuple (CNSP) : organe de pouvoir mis en place par les militaires après le renversement de IBK
Patrice Talon : Président de la République du Bénin depuis avril 2016
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Ça y est, nous y sommes presque… Le terme de cette belle aventure énergétique, partagée pendant ces 3 jours arrive à son terme… La matinée est consacrée à la séance plénière de clôture où tables rondes et témoignages se succèdent encore. Pendant la séance, un dessinateur croque portraits et propos des intervenants : des petites bulles d’oxygène drôles et pleines de malice ! De quoi tenir 3 heures assis, masqués, sans pose et sans café… un exercice à pratiquer !
Quelques notes relevées durant cette matinée…
Une expérience passionnante qui donne envie d’en savoir plus...
Marie-Hélène Muller présente le projet Tera, qui se définit comme la construction d’un « écosystème coopératif » et qui comporte toutes les caractéristiques de ce que nous appelons « économie humaine » à l’échelle d’un peu plus, qu’une implantation locale, quasiment d’un territoire. Ce territoire est situé en Lot et Garonne et s’articule entre les communes de Tournon d’Agenais, Masquières et Trentels.
Marie-Hélène, est chercheuse à l’INRA avec une grande expérience de la conduite de projet de développement durable et elle a fait le choix de se mettre en disponibilité pour s’investir entièrement dans Tera.
L’idée de l’écosystème coopératif est d’articuler ensemble les différents volets d’une micro-société :
Une des particularités du projet est qu’il se construit à partir de rien (des bâtiments vacants, des terres en friche) avec les savoirs faire, les compétences et le travail des personnes qui viennent y participer. De ce fait, il a fallu gérer les relations avec les populations, les infrastructures, les institutions du territoire. Cela a pu générer des tensions, mais la tendance actuelle est celle de l’ouverture pour associer le territoire au projet.
Ça paraît presque trop beau, pour être vrai !
Mais c’est vrai et nous avons envie de suivre l’aventure de Tera, d’en tirer avec eux des leçons.
Florilège de propos choisis et retenus pour vous :
- Samuel Aubin, qui pilote un projet de transition systémique dans les Pays de la Loire : « pour réussir la transition, le changement le plus important est d’ordre anthropologique, spirituel. Il faut passer d’une identité construite par la consommation, le contrôle, la maîtrise, voire la prédation à une identité par la qualité du lien, par la créativité. »
- Christian Couturier, directeur de Salengro : « l’autonomie, ce n’est pas le refus de l’échange ; c’est garder la capacité de déterminer les termes de l’échange pour qu’ils soient justes, profitables aux deux parties. »
- « Ce ne sont pas les institutions qui coopèrent, ce sont les personnes. Mais elles doivent embarquer les institutions… »
- « Trop souvent pour les élus, la participation des citoyens se réduit à une réunion où la population peut s’exprimer. Puis on se retrouve entre soi pour décider. On laisse « les états d’âme » s’exprimer, mais on ne tient aucun compte de ce qui se dit.»
« Le bon débat n’est pas celui où ne s’exprime aucun désaccord, mais celui où les désaccords s’expriment, sont gérés et conduisent à des conclusions partagées. »
- « A noter une différence de points de vue entre ceux qui, à l’instar de Nicolas Hulot, disent que l’urgence climatique oblige à sortir des petits pas et ceux qui savent d’expérience que si on veut embarquer toute la population, cela prend du temps et qu’il faut marcher pas à pas. »
Jacky Aignel : « Moi et ceux de ma génération, Paul Houée nous a formés au développement local ascendant. C’est toujours ma référence. On nous parle de ruissellement, mais nous qui sommes en bas, savons que la goutte qui nous parvient n’est pas bien grosse. Nous préférons l’image de l’arbre avec la sève qui monte des racines pour nourrir les feuilles et les fruits. La marmite commence toujours à bouillir par le fond ! »
Michel Tissier & Marie Grippaudo
A bientôt !
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Cet après-midi, nous nous sommes séparés sur les 4 coins du territoire… La commune Le Mené est la plus étendue de Bretagne donc 13 km a pu séparer deux ateliers. Pour ma part « L’implication des citoyens » fut l’atelier choisi pour la journée avec la problématique soulevée « Comment peut-on mobiliser les gens sur la transition énergétique ? ». Après une remise à niveau ce matin, intéressante certes, mais un peu lisse pour les plus férus d’entre nous, le programme de l’après-midi intitulé « Modalités de co-construction » apportait son lot de promesses.
On nous a parlé des « Conversations carbone » comme une puissante méthode d'animation de groupe pour faciliter, par l'apprentissage mutuel et le partage de valeurs, l'adoption de mesures concrètes de lutte contre le changement climatique ancré dans le quotidien. Cela repose sur un petit groupe de vies qui passe à l’action, on les accompagne dans leur cheminement, pour changer leurs habitudes…
Et puis des phrases retenues à la croisée des discussions :
- « Il y a des gens qui pensent que l’écologie, ce n’est que pour les gens riches »
- « Sortir de l’entre soi est une nécessité »
- « Pour parler de la transition à des publics éloignés de ces enjeux, il faut casser les codes, changer de regard, c’est bien souvent un problème de vocabulaire… »
- « On devrait pouvoir inscrire les financements d’une opération comme « La transition prend ses quartiers », dans un temps long, 3 ans par exemple pour préparer l’après…»
- « La transition c’est comme l’éducation, cela devrait être retenue comme de l’investissement ! »
- « Avec la transition prend ses quartiers à Malaunay nous aurons ouvert la voie à un mode de fonctionnement qui ne pourra plus nous quitter : inventer ensemble un nouveau jardin des possibles. »
…
Michel est revenu de sa journée en ayant notifié des intitulés un peu compliqués :
« Initier et faire vivre un écosystème territorial coopératif pour agir en complexité »
« Stratégies systémiques et coopératives de transitions territoriales »
« Ingénierie de la conduite du changement systémique en partant du réel »
« On a peur de se perdre dans des débats bien théoriques. Mais on a tort. Tous les intervenants qui présentent leur expérience sont tout à la fois des manieurs de concepts et des praticiens de l’action collective. Souvent en plus, ils sont experts dans un domaine technique et presque toujours des militants… Toujours des pédagogues et des animateurs.
Ils n’hésitent pas à parler aussi des tentatives qui ont échoué.
Ils se sont dotés d’outils qu’ils présentent avec modestie et détermination. Sans prétendre que ce sont des modèles très robustes, mais convaincus, parce qu’ils en ont fait l’expérience, qu’ils aident à s’interroger, à prendre en compte des aspects d’un problème, d’une situation, d’une action auxquels on n’est pas spontanément attentifs.
Des ateliers où s’exerce et se développe la capacité à tirer des enseignements de son expérience.
Sans employer le mot ils pratiquent la recherche-action auxquels sont attachés les porteurs de l’économie humaine. »
Des histoires de territoires, des histoires de personnes
Voici Anaïs. Elle raconte qu’elle a fait des études de chimie, dont elle a notamment retenu le principe : « Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme ». Après ses études, elle trouve un poste de cadre en CDI dans un laboratoire qui teste le degré de radioactivité dans divers produits. Elle gagne bien sa vie, mais elle s’ennuie. Elle décide de saisir une opportunité pour reprendre une entreprise de lombriculture, qui permet de transformer du carton en engrais organique grâce à la culture de vers de terre. Avec son compagnon, ils apprennent la technique auprès d’un artisan. Malgré l’échec de la reprise pour des problèmes juridiques, ils créent leur propre entreprise. Ils s’installent dans Le Mené. Quand ils sont contactés pour l’opération Grand Défi, qui vise à mobiliser les citoyens pour définir des projets environnementaux, elle accepte de coacher un groupe de commerçants sur les conditions dans lesquelles ils peuvent recycler les déchets de leur activité, notamment les cartons. Le groupe décide de s’appeler « les décartonnés ». Elle n’avait pas de problème à résoudre personnellement, car son entreprise ne produit pas de déchets. Mais elle est motivée pour mettre son savoir-faire et son expérience au service d’un projet collectif.
Voici Dominique, il raconte comment avec quelques amis ils ont restauré des maisons délabrés dans un hameau, pour qu’elles soient belles et bien isolées. Et ils les ont reliées par un réseau de chaleur alimenté par les déchets de bois issus de l’entretien des bocages, des taillis et des zones boisées. Ce bois est fourni gratuitement par les agriculteurs qui doivent entretenir ces espaces et ne veulent pas brûler les déchets pour ne pas aggraver l’émission de gaz à effet de serre. 20 ans après le réseau de chaleur fonctionne toujours. Ils vont remplacer la chaudière. Grâce à ce système chaque maison est chauffée pour moins de 50€ par mois. Les maisons sont louées à des prix qui les rendent très accessibles aux personnes à faible revenu. Le hameau est beau et les paysages sont bien entretenus. Beaucoup de personnes veulent venir y habiter. Voilà un bien commun gérer par des personnes privées soucieuses à la fois de la qualité de leur vie et de celle des autres personnes qui habitent leur territoire.
L’économie humaine, ce sont aussi des choses toutes simples.
Michel Tissier & Marie Grippaudo
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JOUR 1
Territoire à énergie positive. Le terme est très bien choisi. On peut le prendre au sens premier. Ce sont les territoires qui produisent plus d’énergie (renouvelable) que ce qu’elles consomment. Mais on peut lui en donner un sens plus symbolique : ce sont des territoires qui dégagent de l’énergie parce qu’ils décident de se prendre en main, de ne pas subir.
C’est la vision positive qui nous vient au cœur en voyant arriver environ trois cent personnes, majoritairement jeunes, qui, malgré les masques qui recouvrent une bonne partie du visage, sont manifestement heureux de se retrouver. Elles représentent plus de cent territoires. Elles viennent de toute la France parce qu’elles sont engagées pour ce qu’il est convenu d’appeler la transition énergétique ou plus globalement la transition écologique ou encore plus globalement la transition écologique, solidaire et démocratique !
Elles veulent présenter leur expérience et apprendre de l’expérience des autres. Elles se retrouvent au Mené parce que les élus de cette commune ont été parmi les fondateurs du réseau TEPOS et ont accueilli les premières Rencontres en 2011.
- « Quand on a un projet, il ne faut pas s’arrêter aux moyens très limités dont on dispose ».
- « Ne pas s’arrêter non plus, à cause de la réglementation existante. L’action du territoire peut faire bouger les lignes, faire évoluer la réglementation ».
- « Au sein du réseau TEPOS, on apprend les uns des autres. C’est la vulgarisation par-dessus le talus, on regarde ce que fait son voisin. Ce qu’il fait et pas seulement ce qu’il dit »
- « Pour faire avancer la transition, il ne s’agit pas d’abord de demander que l’Etat change de politique pour agir. Il faut faire bouger les choses en bas de chez soi. »
- « Ne suis pas celui qui sait, mais celui qui cherche. »
- « Ce qui motive les élus, c’est tout simplement de servir le bien commun. »
- Sur un territoire, la première chose à faire si l’on veut le changement c’est une compréhension commune des enjeux, la construction d’une culture commune. »
- L’important c’est de savoir travailler ensemble, d’unir nos forces. »
Une déclaration a aussi été présentée et sera diffusée dans la presse. En voici les principaux extraits, en totale consonance avec l’économie humaine.
Face à la crise sanitaire, les territoires ont révélé tout leur potentiel de créativité et de mobilisation collective. Depuis, de nouveaux élus locaux sont arrivés, avec l’envie de faire bouger les lignes. C’est une chance, car si elles ne sont rapidement prises en main, les questions énergétiques deviendront une menace pour des territoires ruraux déjà vulnérables tant dans le secteur du logement que des déplacements. Se lancer dans une démarche de territoire à énergie positive permet de générer de la valeur locale. La production d’énergies renouvelables et la localisation des dépenses énergétiques sont créatrices d’emplois et de ressources financières nouvelles – en particulier lorsqu’elles s’appuient sur l’utilisation de gisements et de savoir-faire locaux. C’est un facteur d’attractivité et de dynamisme. La réduction de la facture énergétique fait émerger localement de nouveaux acteurs économiques et protège contre les hausses erratiques mais continues des prix des énergies.
La transition a besoin d’un accompagnement de proximité. C’est un changement global qui implique toute la société, transforme les modes de vie et qui doit nécessairement s’enclencher sur le terrain. Tous les territoires qui ont engagé ce changement au sein du réseau TEPOS, l’on fait grâce à des animateurs territoriaux qui au plus près des équipes élues, des acteurs économiques et des citoyens, font émerger les projets. Ils sont trop peu nombreux pour cette tâche immense et l’épuisement guette.
A elle seule, une ingénierie portée uniquement par l’Etat ne sera jamais en capacité de mettre tout un territoire en mouvement. Le plan de relance prévoit des milliards pour investir, encore faut-il pouvoir les mobiliser ! Le premier investissement productif, c’est de miser sur le capital humain en embauchant des animateurs locaux de la transition. Prises dans un carcan budgétaire particulièrement contraignant, les collectivités ne peuvent assumer seules le financement de leurs besoins d’ingénierie d’animation pour réussir la transition. L’Etat et les Régions doivent apporter leur contribution. C’est possible : les montants nécessaires ne dépassent pas 1% du montant du plan de relance ! Alors, pourquoi attendre plus longtemps ?
Michel Tissier & Marie Grippaudo
A demain !
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Le « Grand Défi » du Pays du Mené n’est pas une initiative ponctuelle mais une nouvelle étape dans un parcours de développement territorial engagé il y a plus de cinquante ans.
En effet, sensibilisés plus tôt que d’autres aux menaces pesant sur les territoires ruraux en France et dans le Monde, les habitants du Mené ont, dès cette époque, décidé de prendre en charge eux-mêmes leur avenir pour sauver leur pays du déclin.
Sous l’impulsion de Paul Houée, animateur rural, issu d’une famille d’agriculteurs locaux, prêtre, maire de Saint-Gilles et sociologue inspiré par le Père Lebret, ce « Pays qui ne veut pas mourir » est devenu un « Pays qui se prend en mains » puis un « Territoire pionnier », en s’attachant à appliquer une vision globale du développement et de ses objectifs, dans le respect des valeurs humaines et du vivant.
Dès le début, Le Mené a su partager son expérience avec d’autres territoires, notamment au niveau national en participant à la création des « TEPOS » (Territoires à Énergie Positive) mais aussi au niveau européen en tant que co-fondateurs du réseau RURENER (Rural Energy). En juin 2018 un colloque « Du Souffle pour nos Territoires » co-organisé avec le réseau RIEH, réunissait, dans le Pays du Mené, des représentants de plusieurs continents et des intervenants du Mali, du Tamil Nadu, du Pérou et Le Mené, consacrant ce territoire breton comme une « terre humaine ouverte sur le Monde ».
Concrètement, sur le plan économique, depuis les années 2000, le Mené a centré ses efforts sur la recherche de l’autonomie énergétique, en exploitant, selon des technologies durables, ses ressources naturelles : vent, lumière solaire, bois, agro-carburants à haut potentiel énergétique.
Désormais proches de cet objectif, les habitants du Mené sont maintenant prêts pour répondre, avec LE GRAND DÉFI !, à d’autres problématiques actuelles des territoires ruraux : éloignement (mobilité), transition énergétique et écologique (pollutions de l’air et de l’eau (assainissement et protection de la planète), gestion et élimination des déchets...) C’est donc un nouveau départ, sur une base environnementale plus large.
Cette nouvelle étape, indispensable et urgente elle aussi, est préparée avec le même réalisme et la même solidarité que la première phase énergétique. C’est le sens et le but du « GRAND DÉFI ! » qui mérite son nom par la multiplicité de ses objectifs et par le puissant effort d’engagement collectif nécessaire à son succès.
Par le Grand Défi !, c’est la population elle-même qui s’approprie la politique environnementale du territoire du Mené. Pour associer les citoyens à l’action collective, il faut les informer le plus efficacement possible de l’existence du projet et des moyens d’y participer.
La commune du Mené édite deux publications périodiques : L’Info (mensuel) et l’Hebdo (hebdomadaire). Ces deux supports ont diffusé, pendant plusieurs semaines, des articles présentant le projet, ainsi que des avis, plus courts, permettant de suivre sa progression puis une diffusion via la presse locale pour élargir l'auditoire et communiquer plus largement sur l’opération.
La "toile" a, bien sûr, été mis à contribution : Les annonces et les dossiers d’inscription des magazines se sont retrouvés aussi en ligne sur le site de la Mairie « https://www.mene.fr/presentation-2/ », qui ont renvoyé aux réseaux sociaux (Facebook) pour compléter la présentation www.facebook.com/le.grand.defi.le.mene/.
Des flyers et affiches ont été édités et déposés dans différents lieux-relais du territoire. Des pages volontairement claires, porteuses de slogans mobilisateurs et de photos attrayantes.
Le lancement de l’opération a été mis en évidence par une grande réunion dans la principale salle de spectacles de la commune (Mosaïque), où se sont retrouvés plus de cent participants.
Cette soirée a directement provoqué la création de deux équipes et plusieurs participants retardataires.
Le principe n’est pas d’imposer d’en haut des améliorations mais de les faire surgir de la base, suivant un adage de la tradition locale : « la marmite commence toujours à bouillir par le fond ».
Finalement, ce sont 23 équipes et 850 participants qui se lancent dans le Grand Défi ! qui se sont réparties de la manière suivante :
Chaque équipe est accompagnée par un coach qui est un habitant de la commune ou un agent de la mairie du Mené. Les coachs ont suivi une journée de formation pour créer ensemble les outils de construction du projet.
Le travail est organisé sur 3 étapes :
Des réunions d’équipes sont organisées par les coachs au sein des trois périodes, grâce au "carnet de bord des coachs" édité, suite à la formation.
Les temps collectifs permettent de faire la transition entre 2 périodes, de maintenir la dynamique de groupe et la convivialité du projet.
Un collectif de 6 dessinateurs-illustrateurs et un scénariste a été composé par le biais d'un groupe de pilotage, avec mission de "croquer" les équipes et initiatives prises pendant le Grand Défi.!
Une Bande dessinée valorisant les acteurs de cette belle aventure, est née... En voici quelques extraits :
Un territoire en action : cliquer sur ce lien https://www.facebook.com/le.grand.defi.le.mene/
Une restitution générale particulièrement importante aura lieu à l’occasion de la rencontre nationale des « TEPOS » (Territoires à Energie Positive) qui se tiendra au Mené le samedi 26 septembre 2020. (voir tous les détails sur le site Le Mené).
Pour poursuivre les échanges d’expériences engagés lors du colloque de juin 2018 « Rencontres internationales pour une économie humaine : Du souffle pour nos territoires », Le Mené, avec « Le Grand Défi » entre de plein pied dans le programme international des actions de territoires du RIEH.
Une Association est en cours de constitution : « Le Mené,territoire d’économie Humaine ».
Avec le RIEH, Le Mené participe à un programme territorial d’échange dans le monde. Derrière toutes ses actions et ce, depuis plus de 50 ans, l’humain reste au centre de l’équation.
Le Grand Défi a permis de faire émerger des projets à la fois ingénieux et innovants. Des initiatives qui doivent perdurer et essaimer non seulement le territoire mais bien au-delà. Leur expérimentation peut faire l’objet d’échanges de savoir-faire et de savoir-être sur les références de l’économie humaine pour le devenir d’une même planète et de ses habitants.
Cet article a été élaboré avec la collaboration de Pierre de Leusse, membre du RIEH et Lucie Prunault, coordinatrice du Grand Défi ! Qu'ils en soient ici remerciés.
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Cris ! Pleurs ! Larmes ! Colères ! Désespoirs ! Rage ! Choc et Incompréhension ! Situation qui relève de l’irréel ! Morts et victimes ! Destructions ! Traumatismes ! Et bien plus….Voici ce qu’a provoqué en 15 secondes, l’explosion d’un hangar de nitrate d’ammonium le 4 Août 2020 dans le port de Beyrouth.
Explosion qui est venue aggraver la situation déjà désastreuse du peuple Libanais, otage depuis plus de 30 ans d’une classe politique inepte et corrompue, qui n’a fait que prêcher la division et piller le pays et ces citoyens et ce en plus d’être négligente, négligence qui pourrait être la cause directe de cette catastrophe et qu’on peut dire criminelle !
Dieu, que justice soit faite ! Que le Liban retrouve des fondements d’équité et de liberté. Qu’il puisse faire rayonner sa part de beauté intérieure comme disait le grand poète Gibrane Khalil Gibrane.
Cette explosion a soufflé le port de Beyrouth, cœur économique de tout le pays.
De terribles conséquences en ont découlées :
- Plus de 158 décès jusqu’au 10 août. Et, à la même date,
- Plus de 6000 blessés
- Plus de 300000 personnes, soit environ 60000 familles (dont 100000 enfants), se sont retrouvées dans la rue, hors de leurs logements entièrement détruits ou totalement endommagés
- Plus de 8000 bâtiments détruits ou inutilisables (soit des entrepôts, des bureaux, des logements)
- Plus de 100 écoles endommagées
- 4 hôpitaux hors d’état de fonctionner
- Plus de 1000 personnes encore sous les décombres
- Plus de 10000 commerces disparus
Un grand élan de solidarité s’est manifesté dans le pays : des jeunes et des associations, toutes communautés confondues, se sont mis à l’œuvre pour secourir les victimes, transporter les blessés aux hôpitaux, nourrir les personnes et les vieux démunis, déblayer avec pelles et balais les débris de verre et autres des bâtiments, assurer des passages dans les rues couvertes de gravats…
Les débris amassés forment d’énormes piles qu’on retrouve à chaque bout de rue. L’atmosphère de Beyrouth est chargée de composés chimiques résultant de l’explosion ; Il est malsain de la respirer ; malgré cela, les jeunes sont sur place pour relever le pays !
Des Individus, des Municipalités, des Écoles, des institutions religieuses, des Hôtels et autres Institutions ont mis à la disposition des nouveaux sans logis des milliers de logements… Certains de ces donateurs ont proposé la nourriture avec le logement ; d’autres ont assuré des soins médicaux et d’hygiène !!
Aujourd’hui, les Beyrouthins et le Liban frappés par cet énorme malheur qui se greffe et s’ajoute à une situation déjà désespérante : peuple appauvri n’ayant pas accès à son argent retenu par les banques ; inflation galopante et monnaie en chute libre et qui a perdu 80% de sa valeur par rapport au dollar US ; 40% de chômage ; des milliers de jeunes émigrés, ont des besoins urgents qui nécessitent qu’une aide extérieure s’ajoute aux efforts de solidarité interlibanais.
Cette aide serait importante dans les domaines suivants :
- La nourriture qui, à cause de l’inflation, était devenue très coûteuse, et qui est à 80% importée. Avec l’absence du port de Beyrouth, elle risque d’être de plus en plus rare en attendant la mise en place du bon fonctionnement d’autres ports soit dans la ville de Tripoli dans le nord du pays, soit dans les villes de Saida et de Tyr au sud-Liban.
- Les médicaments qui sont eux aussi à 80% importés et qui deviennent inaccessibles pour les personnes sans couverture médicale (soit 50% de la population).
Des médicaments qui, déjà avant ce drame, étaient pour certains, même ceux des cancers, en rupture de stock !
- Des jeux, pour tous les enfants traumatisés par cette catastrophe !
- Des habits pour les sans abris !
- Des nécessités hygiéniques pour les maisons, les femmes, et la pandémie du Corona dont les ravages ont augmentés depuis, (soit environ 200 cas par jour pour une population de 6 millions de résidents).
- La réhabilitation d’un patrimoine urbain disparu dans les décombres et qui représente la culture et l’image du pays : maisons anciennes, musées, disparition de certaines rues emblématiques de la vie Beyrouth, telle la rue Goureaud à Gemmayzeh.
Pour toutes ces raisons, l’ILDES (Institut Libanais de Développement Économique et Social) qui essaie d’assurer une aide aux personnes victimes de ce carnage, demande votre aide et votre soutien.
Compte-tenu des difficultés actuelles, nous traitons actuellement avec une association "Mission Solidarité Liban (MSL)" depuis plus de trente ans.
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Pour l’ILDES (Institut Libanais de Développement Économique et Social)
Boutros Labaki
Administrateur chargé des études
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Bien qu'il adhère entièrement aux objectifs d'une «économie humaine», le professeur Defourny est particulièrement réticent à l'idée de mobiliser des acteurs ou chercheurs économiques belges et autres autour de ce concept car ceci risquerait de disperser et de fragiliser la réflexion et l'action que le concept et le modèle de l'économie sociale ont réussi à créer et faire reconnaître en Belgique et à un niveau international.
Ceci lui semble d'autant plus dommageable que l'économie sociale lui apparaît comme concrétisant en très grande mesure les aspirations d'une « économie humaine » telles que décrites dans le livre « Chemins d'économie humaine ». Représentant en Europe 15 % de l'emploi salarié et des millions de volontaires, l'économie sociale est parfois appelée aussi « troisième secteur » car elle se distingue tant du secteur privé de type capitaliste que du secteur public. Elle apparaît surtout comme une réponse, certes partielle, mais néanmoins pertinente, à de nombreux défis d'aujourd'hui, tant sur le plan de la cohésion sociale que du respect de l'environnement, et aussi bien en termes d'emploi que de gouvernance.
Cette percée du concept et modèle de l'économie sociale est attestée par le fait qu'avec l'appui d'acteurs et chercheurs du secteur, le professeur Defourny est parvenu à réunir en Wallonie un consensus au plan politique autour de la définition suivante de cette forme d'économie à la fois concise, claire et précise qui a été reconnue en 2008 par le Parlement wallon et en ces termes :
« Par économie sociale, on entend :
- les activités économiques productrices de biens ou de services,
- exercées par des sociétés principalement coopératives et/ou à finalité sociale, des associations, des mutuelles ou des fondations,
- dont l'éthique se traduit par l'ensemble des principes suivants: finalité de service aux membres ou à la collectivité, plutôt que finalité de profit ; autonomie de gestion; processus de décision démocratique ; primauté des personnes et du travail sur le capital dans la répartition des revenus ».
Il convient aussi de noter que, comme cela est mentionné dans l'ouvrage collectif «Économie sociale et solidaire - Socioéconomie du 3e secteur», qui est publié sous la direction de Jacques Defourny et de Marthe Nyssens, en 2017 aux Éditions De Boeck et est cité tout au long du présent apport, la définition de l'économie sociale « a été reprise dans les années 1970 par diverses instances au niveau fédéral belge, mais aussi pour la rédaction du premier Libro Banco de la Economia Social, remis au Gouvernement espagnol en 1991, ainsi que pour le Chantier de l'Économie sociale lancé par le Gouvernement du Québec en 1996.».
En revanche, le monde anglo-saxon utilise le concept « entrepreneuriat social » qui correspond assez bien à la philosophie de l'économie sociale (et de l'économie humaine).
On observe une « étonnante montée de l'entrepreneuriat social et des entreprises sociales dans pratiquement toutes les régions du monde ». Et nous pouvons d'ailleurs noter que de telles initiatives menées dans les pays du Sud sont principalement citées comme exemples dans le livre sur l'économie humaine du RIEH.
L'entrepreneuriat social a été particulièrement étudié aux USA, où une école de pensée analyse ce phénomène sous l'angle de l'innovation sociale et relève que « certains entrepreneurs sociaux emblématiques ayant réussi un tel développement ... sont de plus en plus souvent présentés comme des ' héros des temps modernes ' (Bornstein, 2004) ».
Mais une notion analogue à l'américaine est apparue aussi en Italie. En effet, le Parlement italien a voté, dès 1991, une loi offrant le statut spécifique de coopérative de solidarité sociale.
Par ailleurs, aux USA, de jeunes entrepreneurs de la Silicon Valley se sont mis à appliquer la méthodologie rigoureuse du capital-risque dans leur soutien philanthropique aux porteurs de tels projets, avec l'objectif d'en faire des « champions ».
En Europe, près de 200 Fonds se sont organisés pour procéder de façon analogue, avec un appui financier et un accompagnement de candidats sélectionnés par un appel à projets.
Plus récemment, des plateformes en ligne (social purpose online platforms-SPOPs) se sont mises en place afin de mutualiser et professionnaliser la recherche de fonds destinés aux porteurs de projets en économie sociale.
Il s'avère donc qu'alors elle était un phénomène inimaginable il y a encore peu de temps, la recherche académique autour des options d'économie sociale et d'entrepreneuriat social «se répand aujourd'hui dans la plupart des régions du monde : après une première décennie presque confidentielle , celle des années 1990, on a vu des communautés de recherche émerger de part et d'autre de l'Atlantique, puis s'étendre vers l'Europe centrale et orientale (Borzaga et al, 2008), dans la plupart des pays d'Asie de l'Est, y compris en Chine (Defourny et Kuan, 2011), ainsi qu'en Inde, en Australie, en Israël et dans plusieurs pays d'Amérique latine.».
C'est ainsi qu'au début des années 1990, le professeur Defourny créa le Centre d'Économie Social ou CES (www.ces.uliege.be). Situé dans l'École de Management de l'Université de Liège ou HEC, ce centre de recherches compte aujourd'hui une dizaine de collaborateurs et collaboratrices grâce aux nombreux soutiens obtenus de façon presque inespérée, voire au grand dam de certains collègues. Et c'est lors d'un séminaire de recherche du CES qu'a été, par exemple, présenté le 28 janvier 2020 une communication relative à des formes alternatives de philanthropie.
Le professeur Defourny a aussi fondé le réseau EMES (www.emes.net) qui met en contact 15 centres de recherches européens et dont les travaux « ont fourni les premières bases théoriques et empiriques pour une conceptualisation de l'entreprise sociale. Cette approche est le fruit d'un long travail de dialogue entre plusieurs disciplines (économie, sociologie, science politique et management), mais aussi entre les diverses traditions et sensibilités nationales au sein de l'Union européenne ».
De plus, au départ de l'Université de Liège et de l''Université catholique de Louvain, les professeurs Jacques Defourny (Ulg) et Marthe Nyssens (UCL) coordonnent le Projet ICSEM pour International Comparative Social Enterprise Models (www.iap-socent.be/icsem-projet). Fondé en 2013, ce Projet réunit actuellement 230 chercheurs de 50 pays ! Sans du tout chercher à minimiser tout ce qui est lié aux initiatives regroupées sous le vocable de l'économie sociale et de l'entrepreneuriat social, deux raisons majeures justifient sans doute le fait de ne pas vouloir réduire à celui-ci le concept d'économie humaine, même si des exemples cités dans le livre du RIEH pourraient parfois le donner à penser :
Plus fondamentalement en effet, le concept d'économie humaine souligne la nécessité d'une attention et d'une réponse à l'ensemble des besoins d'une personne et de chaque personne. Il s'inscrit dans le cadre d'un humanisme intégral qui prend en compte aussi bien les besoins matériels et sociaux que les aspirations spirituelles, tout en respectant chacune des composantes de la société, y compris et surtout les plus exploitées et/ou discriminées (femmes, minorités raciales, paysans, pêcheurs, etc.).
De plus, cet humanisme intégral n'a lui-même de sens que dans un rapport des humains avec la nature respectant et protégeant celle-ci, surtout qu'il s'agit de « notre maison commune » et que l'avenir de l'humanité même en dépend. Une « économie humaine » implique cette « écologie intégrale qui a clairement des dimensions humaines et sociales », comme l'a écrit le pape François dans son encyclique « Laudato Si’ », tout en proposant des lignes d'orientation et d'action.
Comme celles et ceux qui les promeuvent, les entreprises sociales constituent un élément très significatif de réponse à tous les défis que l'humanité doit relever. Mais il n'est évidemment pas le seul. Car ce qui est aussi en jeu, c'est toute l'organisation socio-économique, que ce soit la fixation des salaires (et des prix), les politiques de l'emploi et de la formation, l'organisation de la santé et de l'enseignement, l'aménagement du territoire, la politique agricole, etc. Le montrait déjà fort bien le livre « Chemins d'économie humaine » en renvoyant à la nécessité de syndicats, mouvements et associations luttant pour la reconnaissance des droits humains les plus fondamentaux tout autant que pour l'auto-promotion des laissés et laissées en marge de la société et du développement.
Et cela a été clairement confirmé par ce que le monde a vécu dans les premiers mois de 2020.
En conclusion, entre économie sociale et économie humaine, il y a une démarche de fertilisation croisée tant au niveau des expériences que des concepts.
a) La finalité première de l'économie sociale est le service aux membres ou à la collectivité. Ceci n'exclut pas nécessairement la recherche d'un minimum de rentabilité: "Le dégagement éventuel de bénéfices ou surplus financiers est parfaitement concevable, mais il est alors un moyen au service du développement de l’activité et non le mobile central de cette dernière."
En Europe, "Les activités peuvent s’inscrire dans des champs très divers, tels que les services de proximité, la formation et l’insertion professionnelle, le développement local et l’appui à la création d’entreprises, la finance éthique ou solidaire, la production et la diffusion culturelles, la coopération au développement et le commerce équitable, la protection de l’environnement, le recyclage et le traitement des déchets, la production d’énergies renouvelables, l’artisanat, les services aux entreprises, l’éducation et la santé, les loisirs culturels, sportifs et autres, etc."
b) " L’autonomie de gestion doit être entendue comme un positionnement en dehors de l’appareil de l’État et en dehors de groupes d’entreprises privées de type capitaliste ".
c) " La démocratie dans le processus de décision renvoie avant tout au principe « une personne, une voix »... Dans bien des cas cependant, des pratiques de gestion participative et/ou d’implication des différentes « parties prenantes » (travailleurs, bénévoles, usagers, communauté locale, autorités communales, etc.) font que les dynamiques démocratiques dépassent largement les seules prescriptions statutaires."
d) " Primauté des personnes et du travail dans la répartition des revenus : utilisation des excédents pour le développement de l’activité, rémunération limitée du capital, limitation ou absence de plus-value lors de la cession de parts de capital, répartition de tout ou partie des bénéfices entre les membres associés (usagers ou travailleurs) sous forme de ristournes ou d’autres avantages, mises en réserve pour des investissements futurs, affectation à d’autres projets à finalité sociale, etc. "
La définition de l'économie sociale a pour mérite qu'elle " ne sous-entend aucun mode particulier de financement, et qu’est donc possible un financement via le marché tout comme en dehors de celui-ci." .
En France, les coopératives ont particulièrement été étudiées et conceptualisée, par Desroches par exemple, mais il y a d'autres formes juridiques possibles (associations de type ASBL, mutuelles, etc.). Bien qu'elle renvoie à des statuts juridiques privilégiés, cette définition permet " une ouverture explicite à des sociétés commerciales qui n’adopteraient pas l’un des statuts du triptyque central, mais qui se conformeraient pratiquement aux mêmes principes que les sociétés adoptant l’un de ces statuts."
Si l'économie sociale est souvent appelée "troisième secteur", à côté des entreprises privées et du secteur public, elle n'est pas pour autant déconnectée des autres sphères de la société et de l’économie. "Au contraire, elle peut être vue comme un espace d’interactions entre :
On a tendance à opposer une économie sociale « arrivée » et une autre « arrivante ». Defourny et Nyssens font remarquer que " s’il existe des différences évidentes entre les générations d’économie sociale, il ne faut cependant pas oublier que l’économie sociale plus ancienne est elle aussi loin d’être un ensemble homogène : elle est plutôt constituée de vagues successives d’entreprises qui ont, chacune, relevé les défis de leur époque (Demoustier, 2001). Ce sont souvent leurs réussites et leur croissance qui ont engendré un besoin plus grand d’institutionnalisation, celle-ci remettant parfois – mais pas toujours – en question leurs principes fondateurs. Enfin, il est de plus en plus fréquent de voir des organisations traditionnelles établir avec de jeunes initiatives des partenariats significatifs (Favreau et Lévesque, 1996)."
Les " entreprises solidaires " constituent probablement un des fleurons de l'économie sociale " arrivante ", alors même qu'elles n'adoptent pas nécessairement les formes juridiques de l'économie sociale historique. Leur originalité est "l’insistance ... mise sur la réciprocité et l’engagement mutuel entre les personnes qui font naître l’initiative : il y a au départ une « impulsion réciprocitaire ». En effet, elles "peuvent compter sur du travail bénévole, parce que ces activités ont assez de sens pour être en partie entreprises ou soutenues sans contrepartie monétaire" tout en faisant aussi appel :
Quoiqu'en pensent certains, il faut clairement distinguer le troisième secteur - qu'est l'économie sociale - et le "non-profit sector" (NPO), particulièrement développé et étudié aux USA. Dans ce dernier cas en effet, il s'agit d'associations et fondations d’intérêt général qui respectent une "interdiction absolue de distribuer tout ou partie des excédents de l’organisation aux personnes qui la contrôlent ou la dirigent". Dans "ce concept d'économie ont exclues toutes les entreprises coopératives et mutualistes qui redistribuent une partie de leurs bénéfices à leurs membres (principalement par le biais d’une rémunération limitée des parts sociales dans les coopératives ou par une réduction des cotisations – ou un élargissement des risques couverts – dans les organisations mutualistes)."
Or, cette exigence - encouragée par la fiscalité américaine - est spécifique à ce pays mais elle est irréaliste dans le reste du monde, particulièrement dans les pays peu développés du Sud où il faut souligner " les rôles majeurs joués par des formes variées d’organisations où les dynamiques d’entraide mutuelle et d’intérêt mutuel se combinent à un intérêt communautaire plus large, comme pour la construction et la gestion de périmètres irrigués, la création de banques céréalières ou le développement de pratiques communautaires freinant la désertification des sols. "
Enfin, il faut remarquer que les organisations philanthropiques telles que les fondations sont critiquées par leur gestion très verticale, top-down, réalisée le plus souvent par des citoyens fortunés (ploutocratie), parfois même de façon assez amateuriste[1]. Ceci les distingue clairement du secteur de l'économie sociale où c'est une gouvernance horizontale et démocratique entre simples citoyens qui est la règle, du moins en principe.
"Malgré la pauvreté des statistiques disponibles sur chaque composante de l’économie sociale, des travaux du CIRIEC (Liège) ont débouché sur des estimations qui permettent d’identifier quelques grandes tendances au niveau de l’Union européenne.
En premier lieu, on constate des divergences très marquées entre les pays membres quant aux poids respectifs des trois composantes. Ainsi les associations représentent-elles en Belgique plus de 90 % des emplois de l’économie sociale, tandis que les coopératives en représentent plus de la moitié en Espagne, en Italie, en Finlande et en Slovaquie, et même les deux tiers en Pologne. Malgré leur importance en France, les mutuelles apparaissent partout comme une composante beaucoup plus mineure, du fait de leur concentration très fréquente sur le champ de la santé et de l’ampleur des responsabilités directement assumées par le secteur public en ces matières.
Globalement, enfin, c’est clairement la composante associative qui occupe le plus de travailleurs, soit plus de 9 millions de personnes, sur un total d’environ 14 millions d’emplois rémunérés dans l’économie sociale" en Europe.
En pourcentage, l'économie sociale représente généralement entre 5 et 10% de l'emploi salarié, avec une moyenne de 7,41% pour les 15 premiers membres de l'Union européenne et de 6,53% pour les 27 pays de cette région du monde.
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(*) cf « Économie sociale et solidaire – socioéconomie du 3e secteur » , ouvrage collectif sous la direction de Jacques Defourny et Marthe Nyssens, paru aux Éditions De Boeck en 2017.
[1] Songeons par exemple à la fondation Bill Gates
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"
Bonjour,
Je remercie nos amis du groupe Economia humana qui ont organisé ce forum et m’ont invité à y participer. Depuis quelques mois Economia humana fait partie de notre Réseau international pour une Economie humaine dont je suis le secrétaire exécutif.
Le RIEH est présent en Afrique, en Asie, en Amérique latine et en Europe. En Amérique latine il est animé par le CLAEH, Centre Latino-Américain d’Economie humaine, de Montevideo en Uruguay dont mon ami Andrés Lalanne est le recteur. Andrés, je sais que tu nous écoutes et je te salue ainsi que nos amis présents dans 12 pays d’Amérique latine.
Ce réseau a quatre caractéristiques :
Nous donnons au terme Economie son sens large qui est son sens originel : l’organisation de notre maison commune pour répondre aux besoins de ceux qui l’habitent. Dans ce sens large, l’économie n’est pas si loin de l’écologie, si celle-ci comme le dit le Pape François dans l’encyclique Laudato si est une écologie intégrale, à la fois naturelle et humaine. Pas loin non plus de la politique, si on désigne par là non pas seulement l’exercice du pouvoir mais la façon de s’organiser pour vivre ensemble.
Et finalement, la vision des porteurs de l’économie humaine est toute simple et dans sa simplicité constitue une critique radicale de nos sociétés et du monde :
- Non l’économie, n’a pas pour objet de produire de plus en plus de profit, mais de répondre aux besoins humains, à tous les besoins dans leur diversité et aux besoins de tous.
- Non la politique n’a pas pour objet d’exercer le pouvoir au profit d’un groupe de privilégiés mais de déterminer ensemble ce qu’est le bien commun et d’agir ensemble pour le servir.
Economie du bien commun, politique du bien commun, écologie intégrale sont d’autres noms de l’économie humaine.
Etre porteur de l’économie humaine, c’est promouvoir cette vision et c’est aussi une démarche. On ne peut transformer la société qu’avec et par les personnes et les groupes concernés.
D’où les deux piliers de l’économie humaine que sont l’éducation et la démocratie :
- L’éducation, pas seulement au sens du système éducatif initial pour les enfants et les jeunes, mais tout au long de la vie et par tous les canaux permettant aux personnes et aux groupes d’être conscients et d’agir consciemment. Une éducation émancipatrice. Et beaucoup des membres du RIEH sont des organisations d’éducation populaire.
- La démocratie, qui est bien sûr une façon de désigner des représentants pour exercer le pouvoir et un état de droit respectueux des libertés, mais qui est aussi l’ensemble des processus nous permettant de faire des choix collectifs sur tous les enjeux communs, y compris les enjeux économiques, sociaux et culturels. Et beaucoup des membres du RIEH sont des organisations d’animation de la vie démocratique.
Pour progresser vers les ODD, éducation et démocratie sont essentiels. Ce sont toutes les composantes de la société qui doivent se les approprier et se mobiliser pour les atteindre.
C’est la combinaison de ces trois niveaux qui nous paraît importante. Je mets juste l’accent sur le niveau du territoire car le RIEH lance actuellement une recherche-action sur les conditions dans lesquelles, au niveau local, il est possible d’organiser une concertation de tous les acteurs, la société civile, les acteurs économiques, les acteurs culturels, les pouvoirs publics pour que la population du territoire vive mieux. C’est d’ailleurs une proposition que nous faisons par rapport aux Objectifs de Développement Durable : que se constituent au niveau local des comités d’action concertée pour les ODD.
Nous avons des membres qui sont d’abord tournés vers l’action, d’autres vers la réflexion. Mais ce qui nous caractérise, c’est l’articulation entre les deux et nous donnons à cette articulation le nom de recherche-action.
Les ODD concernent tous les pays, même si on les présente trop souvent comme n’ayant du sens que pour les pays pauvres. La pandémie de Covid-19 est la démonstration éclatante que nous sommes tous interdépendants.
Notre réseau promeut donc la capacité à agir ensemble et solidairement au niveau mondial et de la planète.
Mais il est aussi attaché à la diversité culturelle et c’est cette articulation entre l’universel et les civilisations telles que l’histoire les a constituées que nous cherchons à mettre en avant.
Pour illustrer ce qu’est le Réseau international pour une économie humaine et dire quelques mots sur le sujet de cette conférence, je peux présenter ce qu’ont été les axes d’action de membres du RIEH dans la crise du Covid-19.
Toutefois les politiques mises en œuvre par les gouvernements ont été critiquées sur trois points essentiels et liés entre eux selon le référentiel de l’économie humaine :